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CONFÉRENCES ECCLÉSIASTIQUES


sa paroisse ; il pouvait être puni, s’il y avait lieu, par une nionition fraternelle, ou une amende, ou même la prison. Les amendes étaient versées dans une caisse commune pour achat de livres, ou appliquées soit à l’église, soit aux pauvres. Le procès-verbal de la séance passait sous les yeux du vicaire général. Concilia Germanise, t. viii, p. 560-561.

Au début du XVIIIe siècle, l’archevêque de Trêves établit, sous le nom de Congrégation de Saint-Charles, des conférences mensuelles dans son diocèse. Son ordonnance de 1720 reproduit en substance tous les règlements du saint archevêque de Milan. Concilia Germanise, t. x, p. 412-417. Elle y ajouta la visite des églises. Ces réunions avaient un cérémonial grave, profondément religieux, qui contribuait beaucoup au maintien du prestige moral du clergé.

Les évêques du Nord s’attachaient surtout à assurer par ces conférences l’exacte observation des décrets du concile de Trente, des conciles provinciaux et des statuts diocésains, et ce fut un des principaux résultats qu’ils en retirèrent. Concile de Cambrai de 1586 ; synode de Tournai de 1574 ; synode de Saint-Omer de 1583. Us s’en servaient aussi comme d’un moyen de communiquer avec leur clergé et de lui faire parvenir leurs instructions.

IV. En France au xvii » siècle sous l’influence de saint Vincent de Paul. — A cette époque, les conférences furent portées, en France, à leur apogée, grâce à l’inlluence d’une pléiade de saints prêtres, et surtout de saint Vincent de Paul. Ses Conférences du mardi, commencées en 1633 à Saint-Lazare, devinrent le signal du rajeunissement de cette antique institution. Plus de 300 membres y prirent part du vivant du saint, et, parmi eux, tout ce que le clergé comptait de plus remarquable à cette époque. Il en sortit une légion d’apôtres qui portèrent partout avec eux l’esprit de Jésus-Christ. Maynard, Saint Vincent de Paul, t. ii, p. 73. On connaît l’éloge que Bossuet en fit dans sa lettre à Clément XI. Epist., LXxiu. Le double but de ces conférences du mardi était la sanctification personnelle et la direction du ministère pastoral au tribunal de la pénitence par la discussion et la solution des cas de conscience les plus pratiques.

C’est ce double souci que l’on retrouve dans les conférences établies ou renouvelées par le zèle des évêques qui en étaient sortis. Pavillon, à Alet, les établit en 1650 et les rendit obligatoires en 1674. Godeau à Grasse (1644), Vialart à Chàlons-sur-Marne (1650), Actes de la prorince de Reims, t. iv, p. 289, Potier à Beauvais (1616), ibid., p. 136, LeTellierà Reims, François de Harlay (1673). à Paris, (iront des règlements à ce sujet, dans lesquels ils ordonnaient aux vicaires forains ou aux vicaires généraux de traiter de la méthode d’oraison, de l’examen de conscience et de la vie spirituelle, et de s’efforcer d’établir l’uniformité de direction morale ; ils accordaient aussi des indulgences aux fidèles qui profiteraient de cette occasion pour s’approcher des sacrements. A Reims, Le Tellier en régla soigneusement tous les détails et fit savoir à son clergé qu’il s’inspirerait des comptes rendus dans le choix des sujets aux cures. Aussi son diocèse devint-il, dit Saint-Simon, « le mieux réglé du royaume. » Mémoires, Paris, 1829, t. viii, p. 127.

A la même époque, les conférences ecclésiastiques nt instituées à Troyes, à Amiens en 1662, à Paris en 1673 (voir le règlement dressé par de Noailles, le 9 février 1697, Actes de l’Église louchant la discipline et l’administration, Paris, 1854, t. i, p. 172-174), à Toul par Jacques de Fieux en 1078, à Soissons et à Noyon, en 167 : ’.. a Luçon, vers 1070. Tous les synodes diocésains de la seconde moitié du x vu » siècle en France recommandent la tenue régulière des conférences. Le nombre des conférences variait beaucoup avec les

diocèses ; il allait de deux à douze, mais le chiffre le plus répandu était celui de six. Partout les prêtres occupés aux travaux du ministère étaient tenus d’y prendre part.

Les conférences des diocèses de France se tenaient aussi avec beaucoup de religion ; on y retrouve la plupart des pratiques que nous avons vues usitées dans les régions du Nord. Dans la plupart, chaque membre de la conférence devait produire un travail personnel écrit, qui était ensuite transmis à l’évêché par le doyen avec le procès-verbal. Toute absence était frappée d’une amende, parfois élevée. Un compte rendu des travaux était communiqué au clergé par les soins de l’évêque. Au doyenné on conservait le registre des assemblées comme un livre de famille. Le repas commun continua, au cours des siècles, à être l’objet de cent prescriptions en vue d’en écarter les abus. Partout les femmes et les étrangers en étaient exclus et le nombre des mets était strictement déterminé.

Grâce à la vigilance et à la fermeté des évêques, les conférences tournèrent, au xviie siècle, au grand profit des études du clergé, de la discipline et de l’uniformité de direction morale. « Les conférences, dit M9 r Darboy, Lettre pastorale sur la nécessité de l’étude, Œuvres pastorales, 1. 1, p. 184, se continuent pendant deux cents ans, encouragées par les plus grandes autorités et soutenues par leurs propres succès. Elles produisent dans quelques diocèses des travaux remarquables et partout les meilleurs fruits du salut. »

On peut citer parmi ces travaux, au xviie et au xviii » siècle, les Actes des curés de Paris, 1682. Les Conférences de Luçon, publiées par ordre de Mfl’de Barrillon, portent sur les dix commandements de Dieu, 2 in-12, 1672 ; 2e édit., 1680-1681 ; 4e édit., Paris, 1684 ; puis sur les sacrements et en particulier sur la pénitence, 4 in-12, Lyon, 1699-1702 ; continuées plus tard, elles eurent traita l’Épitre aux Romains, 2 in-12, Paris, 1658, 1704 ; à la IIe Épitre aux Corinthiens, 2 in-12, Paris, 1704 ; aux Épitres et aux Évangiles, 2 in-12-, Paris, 1728. Sur les Conférences ecclésiastiques du diocèse d’Angers, voir t. i, col. 2265 ; t. il, col. 4-5. D’autres conférences ecclésiastiques furent publiées au XVIIIe siècle : Conférences sur le mariage et sur l’usure, par le P. Le Sémelier, de la doctrine chrétienne († 1725), 9 in-12, Paris ; c’est le fruit des conférences établies en 1697 au séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet. On a publié après sa mort dix autres volumes de conférences : Conférences ecclésiastiques sur plusieurs points importants de la morale chrétienne, 6 in-12, Bruxelles, 1755 ; et quatre sur le décalogue. Les Conférences ecclésiastiques du diocèse de Lodève paraissent par ordre de Ms r de Souillac, 4 in-12, Paris, 1740. On cite encore celles de Poitiers, de Périgueux, de la Rochelle, de Tours et de Besançon, qui traitent du dogme, de la liturgie, de l’histoire ecclésiastique, mais surtout de l’Écriture sainte et de la morale. Quelques-uns de ces recueils, surtout ceux de Paris, de Luçon et d’Angers, eurent un succès prodigieux, et l’on peut, aujourd’hui encore, les lire avec beaucoup d’édification et de profit. On y constate que le clergé de cette époque scrutait avec la plus grande sagacité tous les points de morale, et que, s’il était moins avancé sur les questions d’exégèse qu’on ne l’est de nos jours, il nous était bien supérieur par la connaissance pratique des textes sacrés. Les Conférences du mardi ne continuèrent pas seulement à Saint-Lazare ; elles furent instituées ailleurs. A la suite de la mission que la reine-mère fit donner à Metz en 1058 et pour laquelle saint Vincent de Paul avait envoyé vingt prêtres, on les établit dans cette ville. Voir la lettre de liossuet à saint Vinrent de Paul, du 23 mai 1658. Elles passèrent en Italie. Le synode provincial de Bénévont, en 1693, et celui de Naples, en 1699, ordonnent de faire chaque semaine des conférences