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CONCORÉZIENS — CONCOURS DIVIN


concoréziens croyaient au libre arbitre ; d’après P. Alphandéry, Les idées morales chez les hétérodoxes latins au début du xiiie siècle, Paris, 1902, p. 96, cette croyance au libre arbitre est « formellement niée » dans deux textes publiés par Dollinger, op. cit., t. ii, p. 326, 612. Cela est vrai du premier de ces textes, mais il traite des cathares en général, non des concoréziens en particulier ; l’autre concerne les dualistes mitigés et prête à certains d’entre eux cette croyance que, parmi les anges, les uns péchèrent par contrainte, les autres librement.

I. Sources.

Salve Burce, Liber qui Supra Stella dicitur, dans I, von Dollinger, Beitràge zur Sektengeschichte des Mittelalters, Munich, 1890, t. ii, p. 52-84 ; Rainier Sacconi, Summa de catharis et leonistis scu pauperibus de Lugduno, dans Martène et Durand, Thesaurusnovusanecdotorum, Paris, 1717, t. v, col. 1761, 1767-1768, 1773-1774 ; Pseudo-Rainier ou anonyme de Passau, Liber contra waldenses hxreticos (titre faux), dans M. de la Bigne, Biblioth. Palrum, 4’édit., t. IV 6, col. 755, 759, 763. L’apocryphe intitulé : Joannis et apostuli et evangelists interrogatio in cœna sancta regni cselorum de ordinatione mundi et de principe et de Adam, a été publié par J. Benoist, Histoire des albigeois et des vaudois, Paris, 1691, t. i, p. 283, 296 ; J. C. Thilo, Codeur apocryphus Novi Testamenti, Leipzig, 1832, t. i, p. 881 sq. ; C. U. Hahn, Geschichte der Ketzer im Mitlelalter, Stuttgart, 1847, t. ii, p. 815-820 ; Dollinger, op. cit., t. H, p. 92-97. Voir trois textes non datés dans Dollinger, op. cit., t. ii, p. 320, 326-327, 612. La table de concordance des opinions des diverses sectes cathares, conservée par Peregrinus Priscianus, a été publiée par L. A. Muratori, Antiquitates italicse medii sévi, Milan, 1741, t. v, col. 93-96 ; Richini dans ses notes del’Adversus catharos et waldenses de Moneta de Crémone, Rome, 1743, p. xxi-xxiii ; C. U. Hahn, op. cit., 1845, t. i, p. 528-532.

II. Travaux.

Il n’y a pas un bon travail d’ensemble. Ce que nous avons de plus complet c’est encore C. Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des cathares ou albigeois, Paris, 1847, 1. 1, p. 165-166 ; t. ii, p. 63-78, 285. Voir aussi Dollinger, op. cit., 1. 1, p. 118, 120, 157-174 ; Alphandéry, op. cit., p. 96."

F. Vernet.

    1. CONCOURS DIVIN##


CONCOURS DIVIN. - I. Notion et nature. II. Existence. III. Doctrine de saint Thomas. IV. La coopération divine et le péché. V. Concours et prédétermination physique.

I. Notion et nature.

Sous le nom de concours divin général, les théologiens désignent l’aide immédiate et physique, qu’il est nécessaire que Dieu donne à toutes les forces créées, en chacune de leurs opérations et pour chacun de leurs effets, chaque l’ois que le terme de l’activité créée est réel. Sans cette aide, toute production, toute activité de l’agent créé, fût-elle la plus insignifiante, est impossible, même dans le cas où, de son côté et dans son ordre d’être, la cause créée se trouve pourvue de tout ce qui est requis pour qu’elle passe à l’acte et exerce son activité’, en d’autres termes, même quand cette cause est in actu primo completo et proximo. Le concours divin général suppose, en effet, que, du côté de la créature, rien de ce qui constitue la pleine puissance à l’acte ne fait défaut. La raison en est que, dans cette question du concours divin général, il ne s’agit que de la production pleinement connaturelle de leurs effets par les causes créées. Si, par hypothèse, la créature, dans son ordre, manquait de l’un des éléments nécessaires pour qu’elle fût parfaitement capable de produire son acte, le concours général de Dieu ne saurait suffire à la réalisation de cet acte : il y faudrait une intervention particulière de la toute-puissance divine, cette action spéciale qui produit le miracle. Par conséquent, le concours divin général est le complément nécessaire, intime, qu’en vue de leur activité’Dieu donne à toute force et à toute cau^ mme l’exige l’entière dé pendance de la créature par rapporta la cause première. Ce concours est donne dans l’ordre naturel aussi bien que dans l’ordre surnaturel ; dans ce dernier cas, il est surnaturel ; dans le premier, il est naturel.

On l’appelle concours divin général, concursus generalis, commuais, parce qu’il s’étend à toutes les acti vités, à tous les effets de tous les êtres créés ; concours universel, concursus universalis, parce que, procédant de la cause universelle de tout ce qui existe, il atteint, pénètre et soutient jusque dans leur fonds toute action, tout effet de chacune des causes secondes. Par opposition, le concours divin spécial, concursus specialis, est celui qui n’est donné que pour certaines opérations et dans certaines hypothèses : cas de la création des âmes et des actes surnaturels.

LTne autre distinction importante dans la question de la coopération divine est celle que les théologiens établissent entre le concours in actu primo et le concours in actu secundo. Le premier est l’éternel décret de la volonté divine — l’acte immanent par lequel Dieu veut concourir avec les causes créées d’une manière conforme à leur nature, en tant que ces causes font ce qui leur est propre, concursus oblatus, concursus Itypotheticus. Le second est la réalisation contingente de ce décret éternel de la volonté divine qui a trait à l’activité et à l’effet de la cause créée, en tant que Dieu produit, immédiatement avec les créatures, et leur activité et leurs effets, concursus collalus, exhibitus, actualis, etc. L’un est en soi simple, mais virtuellement multiple, multiplex, non seulement par rapport aux êtres variés auxquels il est offert, mais aussi par rapport à un seul et même sujet : cas de la volonté libre. L’autre, au contraire, est, à tous les points de vue, simple et individuellement déterminé. Le concours in actu secundo est ce qu’on appelle proprement le concours.

IL Existence. — 1° Certitude et adversaires. — La doctrine de la coopération immédiate de Dieu est affirmée comme vraie par tous les théologiens et tous les philosophes chrétiens. Plusieurs la représentent comme faisant partie du dépôt de la révélation, de fide ; le plus souvent on la considère comme une doctrine théologiquement certaine, sententia theologice certa. Cf. Suarez, Metaph., disp. XXII, sect. i, n. 6 ; De auxiliis, 1. I, c. iv ; Grégoire de Valentia, t. I, disp. III, q. i ; Jean Capreolus, In IV Sent., dist. XII, q. i, a. 1 ; Lessius, De divinis perfectionibus, 1. X, c. iii, n. 9. Les voix discordantes sont rares : Durand, 1. II, dist. I, q. v ; dist. XXXVII, q. I, et quelques-uns de ses contemporains, comme Aureolus ; cf. Suarez, Melaph., disp. XXII, sect. I, n. 2 ; un théologien, qui jouit au XVIIe siècle, d’une certaine renommée, le capucin Louis de Dole. Cf. Hurter, Nomenclator, 2e édit., t. I, p. 256. Un pourrait ajouter un théologien du XIIIe siècle, nommé Prepositivus, auteur d’une Somme restée inédite. Cl. Jeiler, S. Bonavenlurse principia de concursu, Quaracchi, p. 3. On attribue quelquefois, et peut-être non sans raison, la même opinion à Pelage : ainsi font Bellarmin, De gratia et libero arbilrio, 1. IV, c. iv ; Lessius, loc. cit., n. 9, 10 ; Scheeben, Handbuch der kath. Dogmatik, 1. III, n. 52 ; trad. franc., Paris, 1881, t. iii, p. 35-36. D’autres auteurs pensent que les témoignages de saint Jérôme, d’Orose, etc., peuvent s’interpréter autrement : ainsi Suarez, De gratia, proleg. V, c. îv. Ct. Ernst, Die Werke und Tugenden doUnglâubigen, p. 230 sq.

Preuves.

1. Scripturaires. — Au livre de Job, x,

8-11, il est écrit de l’homme : Manus tua’[Domine] fecerunt me et plasniaverunt nie…, pelle ci carnibus restisti me, ossibus et nervis compegisti me. Cf. II Mach., vu, 22, 23 ; Ps. cxxxviii, 5-10. Et l’Écriture tient le même langage à propos des êtres inanimés. Ps. cxlvi, 7. Isaïe, xxvi, 12, dit sans restriction ; Domine, dabis pacem, omnia eniiu opéra nostra operatus es nobis. Ces textes et beaucoup d’autres semblables deviendraient de violentes hyperboles et ne seraient vrais que dans un sens très adouci, s’ils ne voulaient dire autre chose que ceci : Dieu a créé toutes les créatures ; il les conserve et, en tant que cause première de teintes les causes secondes, il est la cause médiate de tout ce qui existe. Au contraire, si l’on admet que Dieu coopère intimement et