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    1. CONCINA##


CONCINA.

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prsescripsimus… conscientiam uniuscujusque vestrum onerandam esse duximus. De nombreuses discussions s’engagèrent sur la valeur comminatoire de ce document pontifical. Les uns prétendaient qu’il ne s’agissait que d’un conseil et non d’un précepte ; d’autres, que cette sentence ne s’adressait qu’aux moines ; certains, qu’elle ne visait que ceux qui avaient obtenu dispense de la nourriture quadragésimale ; enfin, il s’en trouva pour dire que Benoît XIV n’avait parlé que comme docteur privé et que son jugement était rapportable. C’est alors que, le 22 août de la même année 1741, le pape publia une seconde encyclique In suprema, pour expliquer la première. La conclusion était : Nemine excepta unicam comestioncm servandam declaramus et edicimus, quemadmodum unicuique expresse prsescribimus, atque prxcipimus. Concina composa un bref commentaire des deux encycliques. Il l’intitula : La disciplina anlicae moderna délia Romana Cltiesa intorno al sacro quaresimale digiuno, espressa ne’due brevi : Non ambigimus, et In suprema c/el régnante somma ponte fice Benedetlo XI V, illustrata con osservazioni storiche, crilichee teologiclte, in-4°, Venise, 1742, 1756. Le commentaire était dédié au cardinal Passionei. Sandelli, op. cit., Lettera / a, 17 lévrier 1742.

5° Ces deux décisions pontificales ayant donné lieu en Espagne, et en particulier dans le diocèse de Cornpostelle, à beaucoup de discussions, pour couper court à toute fausse interprétation, Benoît XIV adressa, sur ces matières, un rescrit à l’archevêque de Cornpostelle (8 juillet 1744). Sur le conseil du cardinal Passionei, cf. Epis t., xin, xiv, p. 21 sq., 24, Concina fit un commentaire de ce rescrit. Il parut sous ce titre : In rescriptum Benedicii XIV, ad postulala septem arcliiepiscopi Composlellæ, jejunii legem spectanlia, commentarius theologicus, in-4°, Venise, 1745, 1755. Il s’attachait surtout à montrer que le rescrit pontifical n’était pas la promulgation d’une loi nouvelle dans l’Église, mais qu’il n’était que le rappel de l’ancienne discipline. Ce commentaire ainsi que ceux qui accompagnèrent les deux encycliques de 1741, reçurent la haute approbation de Benoit XIV, dans une Lettre circulaire adressée aux patriarches, aux primats et métropolitains de l’Église catholique. Cf. encyclique Libentissime.

m. histoire du probabilisme. — 1° Œuvre. — 1. On a dit que Concina avait entrepris l’Histoire du probabilisme et du rigorisme, directement contre les jésuites. Plusieurs auteurs, Patuzzi, en particulier, ont réfuté celle opinion. Concina explique lui-même la genèse de cet ouvrage. Sloria del probabilismo, A clii legge, p. xxvi. Dans la Disserlazione teoloqico-morale critica, publiée par Cazali et Copelloti, au sujet du jeûne, ces auteurs avaient longuement parlé de la probabilité réflexe et directe. Concina avait répondu dans la Quaresima appellante en exposant brièvement la théorie de la probabilité. Le P. Monti, S..1., en termes très vifs avait combattu la notion de la probabilité d’après Concilia. Il le renvoyait, disait-il, Difesa délia disserlazione, p. 13 sq., à Copelloti, à Cazali, à Segneri, à Camargo. Malheureusement, pour la thèse de Monti, Concina se montra docile à ses conseils et se mit à étudier les auteurs en question. Au bout de sept mois, il sortit de cet examen, un livre intitulé : La morale evangelica conlenente i punti fundamentali. Le manuscrit ayant été remis au vicaire général de la congrégation, celui-ci délégua d’abord le P. Jean Bernard de Rubeis qui s’excusa ; plusieurs autres déclinèrent après lui l’office de eur du livre, timebant plerique n’hua suis, et PP. imis plus gequo verebantur, dit Sandelli, op. cit., p 36. Ne sachant que faire, Concina parla de ses difficulté au P. Joseph-Augustin Orsi, maître du sacré-palais cl qui fut dans la snile cardinal ; pu i ^. aidé du cardinal Xi no Corsini, protecteur de l’ordre, il obtint que l’on déléguât le P. Forlunato Tamburini. Ce dernier se dé clara pour la prompte publication du livre. Mais en y réfléchissant davantage, Corsini et Orsi jugèrent peu prudent de s’éloigner de la façon d’agir ordinaire. Le manuscrit fut donc renvoyé au général de l’ordre, avec prière de le faire examiner et de donner l’imprimatur le plus tôt possible. Les examinateurs nommés furent les PP. Ricchini, socius du général, et dans la suite maître du sacré-palais, et Schiara, bibliothécaire de la Casanate. Ils retinrent le manuscrit plus d’un an et y firent de nombreux changements et coupures. Concina, impatienté, fit savoir aux examinateurs que s’ils tardaient encore, il donnerait’son manuscrit à une personne étrangère à l’ordre qui pourrait le publier en son propre nom. L’imprimatur et l’approbation du général furent aussitôt envoyés ; mais, en même temps, le manuscrit était remis directement à l’inquisiteur à Venise, avec prière de le livrer à l’imprimeur, tel quel, sans que Concina pût le revoir. Cependant, ayant obtenu, non sans difficulté, de l’imprimeur, la permission de parcourir son manuscrit, quelle ne fut pas sa stupéfaction en voyant combien on l’avait mutilé. Le titre lui-même n’avait pas été respecté : La morale evangelica contenenlei punti fundamentali, était devenue : La giuslificazione di Fr. Daniele Concina. Il réclama, mais en vain ; on lui répondait toujours que l’ouvrage ne serait pas reçu avec faveur, si le titre déplaisait. Voyant cela, sans se décourager, Concina se remit au travail, et remaniant tout ce que ses censeurs avaient cru devoir changer, il composa un ouvrage beaucoup plus considérable encore que le premier et qu’il dédia au cardinal Nereo Corsini, sous ce titre : Délia storia del probabilismo e rigorismo, disserlazioni teologiclte, morali, criliche, nelle quali si spiegano, e dalle soltigliezze de’moderni probabilisti si de/endono iprincipi fondamenlali delta teologia cristiana. Si aggiugne sulla fine una confutazione di certo libretto intitolato : Difesa délia disserlazione ec, de’signori Copelloti, e Casali contro il altro libro, cite haper titolo : la Quaresima appellanle, in-4°, Venise, 1743, 1748,

2. La Storia del probabilismoe rigorismo se compose de cinq dissertations réparties en deux tomes. Le r r comprend deux dissertations : dans la première, Concina fait l’historique du probabilisme ; dans la seconde, il examine trois lettres du P. Paul Segneri sur le probabilisme. La troisième dissertation est consacrée à l’examen des principes fondamentaux du probabilisme exposés dans la troisième lettre sur le probabilisme, attribuée à Segneri. Dans la quatrième dissertation, l’auteur expose la vraie doctrine de l’Église en morale, par opposition à la morale relâchée de certains casuistes modernes. Dans la cinquième, il examine un certain nombre de propositions censurées, comme entachées les unes de rigorisme, les autres de laxisme. Enfin, en forme d’appendice au t. ii, se trouve la Disserlazione apologelica contro il libro intitolato : Difesa délia disserlazione teologico-morale crilica, de Copelloti et de Cazali.

3. Aussitôt après l’apparition du livre, il vint à Concina des approbations de toutes parts. Cf. Epistolm clarorum virorum ad P. Danielem Concinam, en appendice à la vie par Sandelli, Epist., iii, p. 5 ; iv. p.’.) ; v. p. Il ; vii, p. 13 ; xv, p. 25. Benoit XIV fit savoir au général tout le gré qu’il avait à son ordre d’avoir fourni un tel défenseur de la morale chrétienne. En même temps, par l’intermédiaire du cardinal Passionei, le pape demandait à Concina de dresser une liste des propositions extraites des livres de casuistes et qui lui paraîtraient mériter une condamnation. Cf. Lelterc, IV, p. sq., du cardinal Passionei à Concina, 22 décembre 1742. Concina se mit à l’œuvre et envoya au cardinal Passionei une liste de 120 proposili ons (210 d’après Reusch, Index, t. ii, p. 82). Ces propositions restèrent longtemps sans être examinées. Cf. In commentant}