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477 COMMUNION DES SAINTS (MONUM. DE L’ANTIQUITÉ CHRÉT.) 478

d’oratoires en leur honneur, dont plusieurs remontent au ive siècle. So/.omène, H. E., 1. II, c. iii, P. G., t. lxvii, col. 939, 910. Un objet particulier de vénération étaient les reliques. Les fidèles recueillaient soigneusement les restes des martyrs, plusieurs portaient au cou des parcelles de leurs reliques. Leurs tombeaux et leurs sanctuaires, où brûlaient des lumières sans nombre, étaient visités de bien loin. On en emportait des souvenirs et des reliques, pour les traiter ensuite avec la plus grande religion, Pour le détail, voir Saints (Culte des) et Reliques (Culte des) d’après les monuments de l’antiquité chrétienne.

2° La foi en la puissance des saints, la conviction ferme qu’ils feraient valoir leur crédit en faveur des hommes, l’idée constante que les saints et surtout les martyrs avaient en quelque sorte envers leurs clients des devoirs de protection et d’assistance analogues à ceux des familles nobles vis-à-vis des humiliores, demandant leur patronage, tout cela engageait les fidèles à demander leur secours et à les intéresser au sort des vivants et des morts.

1. Les premiers chrétiens se mettaient sous la protection des saints et se recommandaient à leur bienveillance. C’est dans ce sens qu’il faut interpréter toutes sortes de pratiques dans le culte des saints, par exemple, le port des médailles de dévotion et du nom d’un saint déterminé, l’usage de consacrer les enfants devant leurs autels, etc. Le christianisme ayant tranformé et ennobli le sens du mot alumnus, il arriva souvent que les fidèles prirent ce nom à l’égard des saints pour lesquels ils professaient une dévotion particulière : sancti Pelre, Marcelline, suscipite vestrum alumnum. Wilpert, op. cit., p. 461 ; Bulletin, trad. franc., 1875, p. 33 ; Le Blant, op. cit., t. ii, p. 596, n. 708 ; Cabrol, Dict. d’archéologie, t. r, col. 1299-1301, etc. Ce titre fut gardé jusque dans la mort. La même constatation est à faire pour le terme ancilla que prend par exemple, sur un donarium en argent du ive siècle, une dame pieuse en se mettant sous la protection de saint Silvestre : sancto Sylvestrio (sic) ancilla sua votum solvit. Bullelt., 1890, pi. viii-ix. Le même terme ancilla, 80uXt], se rencontre sur des monuments qui parlent des anges, en particulier de saint Michel. A une époque postérieure, la ville de Calama, en Afrique, s’est mise sous la protection des saints Clément, Vincent, etc., en inscrivant leurs noms sur les portes du mur d’enceinte. Rabeau, op. cit., p. 51, 56. Sur un verre à fond d’or, du IVe siècle, on lit à côté du buste de saint Pierre : Petrus PROTEG(ai). Garrucci, Yelri ornati di figure in oro, Rome, 1858, pi. x, n. 1. Pour la mort on leur confie la garde du corps et de l’àme. Explicitement on leur recommande les défunts, par exemple, sur deux inscriptions du m » siècle, musée du Latran, p. viii, 16, 17 ; Bulletin, trad. franc., 1875, p. 32 ; Kirsch, Acclamalionen, p. 41 j Perret, op. cit., t. v, pl. xxix, n. 71 : Commando Dassila (sic) innocentia(/u) GEMELLI. Implicitement on se mettait sous leur protection en plaçant sa sépulture ou celle des siens dans leur voisinage immédiat. Cet usage est attesté par l’épigraphie chaque fois qu’elle mentionne une tumulatio ai sancta martyra, ad sanctos, ad sanctum N., rétro sa7tctos, ad A’., ad domnum A’., î’:  ; ro âysiov (xaprjpiov, in sancto martyr io, etc. Cf. Cabrol, op. cit., t, l, col. 491 sq. ; Kraus, Realencyclopàdie der christl. Aller lûmer, Fribourg-en-Iirisgau, 1882, t. i, p. 19, 20 ; Martigny. Dictionnaire des antiquité » chrétiennes, 2’édit., p. 21 sq. ; Le Blant, op. cit., t. I, p. 398, notes.

L’architecture des catacombes atteste aussi cette piété parfois mal entendue : on ne se contentai ! pas de creuser des galeries à part directement à côté ou derrière le tombeau vénéré et dont beaucoup sonl encore visibles aujourd’hui, par exemple, à Sainte-Félicité, Marucchi, Éléments, t. ii, p. 298, 299 ; à Commodille, Nuovo bul lett., 1901, p. 60, 78, 82 sq., 211, etc. On multipliait encore les tombeaux dans le voisinage immédiat des saints corps — c’était à qui serait placé le plus près — en démolissant même d’anciennes fresques qui servaient d’ornement et en endommageant d’autres tombes. Wilpert, op. cit., pl. 10, 54, 63, etc. ; P. Gavault, Étude sur les ruines romaines de Tigzirt, Paris, 1897, p. 17, 42, 69 sq., etc. On cherchait aussi une sépulture au chœur d’une basilique ou d’une église, dans le voisinage de l’autel qui renfermait des reliques, sous le pavé des nefs, ou à défaut de place, à l’entrée du sanctuaire, dans le parvis. Témoin les inscriptions très nombreuses et les fouilles anciennes et récentes pratiquées en Afrique, en Italie, en Dalmatie, etc. Corpus inscript. lat., t. viii, n. 9271, 9715 ; Mélanges, 1895, p. 51 ; Aringhi, Roma solterranea, t. i, p. 214 ; Bulletin, trad. franc., 1874, pi. m-iv ; 1875, p. 5 sq. ; 1878, p. 125 sq. ; Nuovo bullelt. , 1904, p. 63, 61, 80, 168 ; St. Gsell, Les monuments antiques de l’Algérie, Paris, 1901, t. ii, p. 323 sq., 333 sq. ; Jelic, Bulic et Rutar, Guida di Spalatoe Salona, Zara, 1894, p. 240 sq., etc. Enfin, faute de sépulture dans le voisinage d’un martyr, on y suppléait par des reliques qu’on mettait dans les tombeaux pour servir de protection au défunt. On a trouvé dans des tombeaux des ampoules renfermant des reliques en Asie-Mineure, en Egypte, etc. Revue archéologique, 1878, t. I, p. 299 ; Forrer, Die fruhchristlic/ien Allertumer aus dem Gràberfelde von Achmim-Panopolis, Strasbourg, 1893, p. 11, pl. I, etc. ; cf. p. 15, pl. xi, n. 5.

2. Très nombreuses et très touchantes sont les invocations et les prières proprement dites, dans lesquelles on s’adressait directement aux saints. Cf. Origène, De oralione, c. xiv, P. G., t. xi, col. 463 sq. On leur demande des biens matériels, comme ce pieux pèlerin, probablement du iiie siècle, qui inscrivit à l’entrée de la chapelle des papes la prière : (petite spirit)a sancta, ut Vericundus cum suis benenaviget, De Rossi, Roma sotterranea, t. ii, p. 17 ; des biens spirituels : du secours en général, aiutes qui botum (votum) compleverunt, Mélanges, 1890, p. 527 sq. ; Corpus inscrip. lat., t. viii, n. 16743 ; un souvenir devant Dieu : Santé Suste, in mente habeas in horaliones Aureliu(m) Repentinu (m), De Rossi, Roma solterranea, t. il, p. 17 ; des prières : Marcelline Petre petite (p)ro Gall(ie)n(o) (c)hristiano, dit un graffito du iii » -iv° siècle à Saints-Pierre et Marcellin, Kaufmann, Uandbuch, p. 252 ; l’exaucement de ses propres prières : ut Damasi precib (us) faveas, prccor, inclyta martyr, Ihm, op. cit., p. 44, n. 40 ; cf. p. 36, n. 30 ; p. 51, n. 52 ; l’assistance au moment du jugement : Succuril(e)utvinca(m) in die jud(icii), porte un graffiloà Prétextât, Armellini, Cimiteri, p. 404 ; l’admission au ciel pour soi-même et pour les autres : in pa|cem te suscipiant omnium ispiri|ta sanctori’M…, Bulletin, trad. franc., 1875, p. 22, m » siècle ; ACCIP1TE SANCTI VOBIS | (/V)ATREM DIGNUMQ( « fl), MINESTRUM (sic) |TULLIUM | ANATOLIUM ARTEMIUM…, du

iv » siècle. Bulletin, trad. franc., 1878, p. 167. Sur une épitaphe de Spolète, du iv » siècle, Bulletin, trad. franc, 1878, p. 97 sq., on lit cette prière de l’évêque Spes au martyr saint Vital : Hune (le martyr) prccor, ut Vucis promisses gaudia car}iam | et qusc virgo precans posât, Calventia (tille de l’évêque), prxstet corporis intacto puri decorala pudore |…ulque probante Deo mancal pcr(sx) cla fideh(s) ] prxmia Imta sibi concesso muncre sume(ns) Notons encore que saint Damase aime à se servir du mot supplex, dans ses prières aux saints. Ihm, op. cit., p. 37, n. 32 ; p. 47, n. 41 ; p. 49, n. 46 ; p. 50, n. 17 ; p. 63, n. 61.

De bonne heure on invoquait également les esprits célestes, spécialement saint Michel. Nous ne parlerons pas des nombreux monuments gnostiques très anciens qui fournissent une preuve indirecte de cette pratique, ni des amulettes d’un caractère plus ou moins douteux,