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441 COMMUNION DES SAINTS (ASPECT DOGMATIQUE ET HISTORIQUE) W2

plus pénétrantes chez les Occidentaux. C’est chez eux que devait progressivement s’élaborer la lormule délinitive.

Saint Hilaire de Poitiers n’est pas loin d’entrer au cœur même de la question, quand il nous dépeint la communion sacramentelle comme un viatique qui nous dispose à jouir de la société de Dieu et à entrer en communion avec le corps sacré du Christ. Et quis hic cibus est" ? llle scilicet usque ad Dei consortium prseparamus, per communionem sancti corporis in communione deinceps sancti corporis coUocandi. Tract, in Ps. lxiv, n. 14, P. L., t. ix, col. 421. L’Église du ciel est appelée le corps de la gloire de Dieu ; elle est le type de l’Église de la terre : c’est pourquoi nous devons lui être conformes. Confidamus in Domino ut conformes corpori glorise Dei simus. Habitemus nunc Ecclesiam, cœlestem Jérusalem… In hac enini habitantes, habitabimus et in Ma, quia hœc illius forma est. Tract, in Ps. cxxiv, n. 4, P. L., t. ix, col. 681. Le Christ habite en nous et nous sommes des frères ; nous formons la demeure de l’Esprit, fondée sur l’esprit. Fandandi ergo sumus in Spiritu… Tract, in Ps. U, n. 3, col. 310 ; Tract, in Ps. CXLY/I, n. 2, col. 875. Et comme les saints du ciel ne font qu’une àme, ainsi devons-nous être unis. Nous sommes aussi la cité sainte construite de pierres vives et que l’assemblée des saints achève sur le modèle de la Jérusalem d’en haut. Les anges et les saints, les apôtres, les patriarches, les prophètes nous entourent de leur vigilance et de leur aide. Ac ne levé præsidium in aposlolis, vel palriarchis, vel prophetis, vel potius in angelis qui ecclesiam quadam custodia circumsepiant. Tract, in Ps. cxxiv, n. 5, col. 682. Civilatem vero hanc… sanctorum ca-tus conformis gloriæ Dei ex resurreclione consummat. Tract. in Ps. cxLvn, n. 2, col. 875.

Le caractère moral de la doctrine de saint Ambroise se retrouve éminemment dans les développements consacrés aux pratiques ou aux effets surnaturels de la charité chrétienne. Il faut prier pour les pécheurs, parce que le mérite des uns contribue au pardon des autres. Le juste est un intermédiaire entre Dieu et le coupable : son intervention est eflicace et sanctionnée par un droit strict. Mag>tus Dominus qui aliorum merito ignoscit aliis, cum apud Dominum servus et interreniendi merilum et jus habeat impetrandi. Expos, in Luc, 1. V, n. ii, P. L., t. xv, col. 1723. Aux souffrances et aux bonnes œuvres Dieu a attaché une valeur propitiatoire particulière, par considération pour son Église, où il n’a pas voulu que le salut fût l’œuvre d’un seul. De punit., L I, c. xv, P. L., t. xvi, col. 510. Aussi la prière en commun a-t-elle une vertu toute-puissante. Adliibe precatores, adhibe Ecclesiam quse pro te precetur, cujus contemplatione quod tibi Dominus negare posset, ignoscat. Expos, in Luc, 1. V, c. xi, P. L., t. xv, col. 1723. Cf. De. Cain et Abri, 1. I, c. xxxix, P. L., t. xiv, col. 354. Avec saint Ambroise apparaît pour la première fois, en termes explicites, la doctrine de l’application des mérites surabondants de l’Eglise. Sive quod Uila Ecclesia suscipiat ouus peccaloris, ul per ersos ea quse superf.ua sunt in aliquo pwnitentiam ai/rnle virilïs misericordise aut compassionis relut colli’diva quadam admixtione purgentur. De psenit., 1. I, c. xv, P. /.., t. xvi, col. 511. Cf. De virginibus, 1. I, c. vii, col. 208 sq. ; De excessu fratris sui Sah/ri, 1.1, c. i, col. 1347. Telle est la solidarité dos membres du Christ que les prières, les œuvres, les (preuves ne sont jamais des éléments isolés : leur vertu est comme

la manifestation (le la justice dont le Christ est le centre

C’ini n ; elle est des lors, pour ainsi dire, collective.

Ecclesia qutedarn forma juslilim est. Commune jus omnium in commune oral, in commune operatur, in commune tenlatur. De ofpciis ministrorum, I. I, c. xxix, P. L., t. xvi, col. 70. Ainsi le chrétien est-il

représenté par tous ses frères : il ne fait qu’un avec eux. Siquidem et tu in omnibus es. De Cain et Abel, 1. I, c. xxxix, P. L., t. xiv, col. 354. Cette unité parfaite, qui est celle de la foi et de la charité, est constituée par le Christ, qui a rassemblé tous les peuples, et par l’Esprit-Saint qui met l’union dans les cœurs. De Spiritu Sancto, 1. II, c. x, P. L., t. xvi, col. 798. Elle n’est point, d’ailleurs, brisée par la mort. Nos aumônes font la joie des anges et des saints et nous attirent leurs faveurs. Expos, in Luc, 1. VII, n. 245, P. L., t. xv, col. 1854. Cf. De excessu fratris sui Satyri, 1. I, n. 18, P. L., X. xvi, col. 1352. Les saints du ciel gémissent encore avec nous et pour nous, et leur compassion vient se joindre aux souffrances de l’Église ici-bas. Episl., xxxv, ad Horontianum, n. 7, P. L., t. xvi, col. 1124. Voir aussi S. Jérôme, Epist., cviii, ad Euslochium, n. 31, P. L., t. xxii, col. 905 ; Episl., xxxix, ad Paulam super obitu Blsesillge filise, n. 6, col. 472.

C’est dans les écrits de saint Augustin que se trouve l’expression la plus complète, la mieux harmonisée et la plus juste de la doctrine sur la communion des saints. L’analyse de l’unité de l’Église, maintes fois reprise par lui et appliquée à la vie intérieure de la communauté chrétienne, a fourni au grand docteur tous les éléments d’une majestueuse synthèse, à laquelle les maîtres du moyen âge ne trouveront rien à ajouter. Étant posé ce principe fondamental que l’Église est le corps du Christ, que son unité est parfaite et qu’elle est le fruit de la charité, qu’il appelle pour cette raison unitatis charitatem, De unilate Ecclesise, c. il, P. L., t. xliii, col. 392, Augustin détermine aussitôt l’extension de cette Église, qui est la cité de Dieu. Les hérétiques, les apostats, les schismatiques n’en font point partie, car la vie qui circule dans l’organisme ne les atteint plus : ce sont des membres amputés. Il est recommandé toutefois de prier pour eux, alin que Dieu les convertisse. Serm., cxxxvii, n. 1, I L., t. xxxviii, col. 754. Cf. Serm., cclxxiii, in natali Frucluosi episcopi, n. 2, col. 1249 ; Serm., cclxvii, n. 4, col. 1231. Mais les pécheurs qui tiennent encore par quelque attache au corps de l’Église, ne sont que des membres malades, d’où le sang se retire. La santé, c’est-à-dire la vie de la charité, pourra leur revenir avec l’aide du Christ. Scrnt., cxxxvii, n. 1, col. 754. Ils ont part aux prières des justes. Enarr. in Ps. CV, n. 21, P. L., t. xxxvii, col. 1412. Toutefois l’unité véritable, l’unité parfaite, n’existe que pour les bons. Vnilas quæ nisi in bonis intelligi. intelligi non potest. De baptismo contra donatistas, 1. III, c. XVII, P. L., t. xliii, col. 149. Elle comprend dès lors tous ceux qui ont eu le Christ pour chef dès le commencement du monde, omnibus connumeratis fidelibus ab initia usque in finem, adjunctis etiant leginnibus et exercitibus angelorum, ut fiât illa una civilas sub uno rege. Enarr. in Ps. XXXVI, serm. ni, n. 4, P. L., t. xxxvi, col. 385. Entre l’Église du ciel et l’Eglise d’ici-bas, règne une intime union, qui deviendra un jour l’unité parfaite. Serm., CCCXLI, n. 9, P. L., i. xxxix, col. 1499. Ou plutôt il n’y a qu’un temple de Dieu, qui est la sainte Église universelle, celle du ciel et de la terre. Templum ergo Dei… sancta est Ecclesia, scilicet universa in cselo et in terra. Encliiridion, c. i.vi, P. L., t. XL, col. 258. Cette unité qui repose sur le Christ, lotus Chris tus et caput et corpus est, Serm., cxxxvii, n. 1, P. L., t. xxxviii, col. 754, a pour principe actif l’Esprit-Saint. Hoc agit Spiritus Sanclus in tota Ecclesia quod agit anima in omnibus membril unius corporis. Serm., CCLXVII, n. 4, P. L., t. xxxviii, col. 1231. L’Esprit-Saint, qui remet les péchés, constitue par là même le lien d’unité pour les membres de l’Eglise : c’est son œuvre propre, mais non point on dehors du l’ère et du Fils, dont il est en quelque sorte le lien, ldeo societas unilatis Ecclesise Dei… lanquam proprium est opus Spirilus Sanvli,