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COMMUNION DANS LA FOI — COMMUNION DES SAINTS


dnisant au salut surnaturel. Mais avec cette communauté substantielle de la même loi, il y a une profonde différence dans la révélation divine à laquelle on adhère. Sous l’ancienne alliance, Dieu n’avait point manifesté à l’humanité ni sur lui-même ni sur la rédemption tout ce qu’il a voulu dans la plénitude des temps nous révéler entièrement par son divin Fils. Aussi, malgré une certaine identité de foi, nous sommes tenus par des obligations beaucoup plus étroites relativement à l’objet de cette foi et à l’autorité chargée d’en garder fidèlement le dépôt intégral.

Outre les documents ecclésiastiques indiqués dans l’article, outre les nombreux ouvrages classiques sur la loi et sur l’Église et les traités apologétiques sur l’Eglise publiés au xixe siècle, voir t. I, col. 1500 sq., on eut particulièrement consulter : Tertullien, De præscript., P. L., t. ir, col. 12 sq. ; S. Cyprien, De unitate Ecclesise, P. L., t. IV, col. 485 sq. ; S. Pacien, Epistolse très ad Sympronianum novatianum, P.L., t. XIII, col. 1051 sq. ; S. Optât, De scltismate donatistarum, P. L., t. XI, col. 885 sq. ; S. Augustin dans ses ouvrages polémiques contre les donatistes, particulièrement, Epistola ad catholicos contra donatistas, ou Liber de unitate Ecclesi.v, P. L., t. xliii, col. 391 sq. ; Enchiridion ad Laurentium, c. i.vi sq. ; c. lxv, P. L., t. xl, col. 258 sq. ; S. Vincent de Lérins (-j-450), Commonitorium primum, P. L., t. L, col. 637 sq. ; Pierre Lombard, Sent., 1. III, dist. XXV, et ses commentateurs ; S. Thomas, Sum. theol., IMI", q. i, a. 7, 10 ; q. ii, a. 5 sq. ; q. V, a. 3 ; Expositio super symbolum apostotorum, édit. rom. ; Opusc, vi, Opuscula selccta, Paris, 1881, t. i, p. 422 =q. ; Jean de Tiurecremata († 1468), Summa de Ecclesia, Venise, 1561 ; MelchiorCano (fl560), De locis theologicis, 1. IV, Opéra, Venise, 1759, p. 88 sq. ; Canisius, De corruptelis verbi Dei, 1. I, c. IX, Ingolstadt, 1583, t. i, p. 83 sq. ; Bellarmin, De controversiis, 1. III, De Ecclesia militante ; Stapleton († 1598), Principiorum fldei doctrinalium relectio scliolastica et compendiaria, Anvers, 1590 ; Grégoire de Valence († 1603), Analy<is ftdei catholicm, Ingolstadt, 1585 ; Gravina(-{- 1643), Catholicx prxscriptiones adversus omnes réfères et noslri temporis hxreticos, Naples, 1619 ; Libère de Jésus († 1719), Controversiarum schulastico-polemico-historico-criticarutn, t. viii, De Ecclesia militante, disp. I, cont. vu sq. Milan, 1757, t. viii, p. 85 sq. ; Gotti († 1742), Vera Ecclesia Christi, c. viii, n. 18 sq. ; c. xvii, Venise, 1750, p. 72 si ;., 176 sq. ; cardinal Newman, An essay on the development o’f Christian doctrine, ouvrage composé par Newman immédiatement avant son abjuratinn, mais revu après sa conversion <-.. vi. sect. ii, 11e édit., Londres, 1900, p. 248 sq. ; Murray ! tatUS de Ecclesia Christi. disp. VI, VII, Dublin, 1860, t. i 9 sq. ; Billot, Traclatus de Ecclesia Christi, part. I, q. iii, lit., Rome, 1903, p. 151 sq. ; E. Dublanchy, Extra Ecclesiam nulla sains, Bar-le-Duc, 1895.

E. ItUBLANCIIY.

2 COMMUNION DES SAINTS. Ce dogme sera étudié d’abord sous son aspect dogmatique et historique, puis spécialement dans les monuments de l’art chrétien.

I. COMMUNION DES SAINTS, SON ASPECT DOG-MATIQUE ET HISTORIQUE. — Sur le sens et l’origine de cette formule dogmatique insérée tardivement dans le symbole des apôtres, la crilique moderne a soulevé de vives discusions, qui ne sont pas encore closes. Pour procéder à l’analyse exacte d’une matière aussi délicate que complexe, nous traiterons séparément : I. La question dogmatique. II. Le problème historique.

u estion DOGMATIQUE. — L’Kgli.-e catholique entend, par communion des saints, le lien transcendant qui rattache entre eux les fidèles virants et défunts dans l’unité d’un même corps mystique dont Jésus-Christ est le chef* ! dans la solidarité d’une même vie.

Cille solidarité spirituelle, qui s’étend, hors de l’Église militante, a l’Église triomphante <i à l’Kglise souffrante, impliqua un.’change de relations spéciales entre (rois termes. Par leur entremise auprès de Dieu, les saints du cid procurent aux fidèles de la lerre comme Boxâmes du purgatoire tout un ensemble de grâces et de faveur, de même que les fidèles, par la prière et bonnes œuvres, s’unissent aux élus dans un culte d’honneur et d’amour qui provoque leurs bienfaits, et

aux âmes du purgatoire dans une compassion effective qui apporte des soulagements à leurs peines. Ces points particuliers seront traités à pari, voir Intercession, Culte et Invocation des saints, Suffrages, et nous n’avons à envisager ici que la question générale, l’idée foncière de la communion des saints, cette unité et solidarité de vie surnaturelle qui existe entre tous les membres du Christ, sans entrer dans le détail de ses principales manifestations.

Il faut reconnaître que cette idée grandiose n’a pas toujours rencontré, chez les théologiens du haut moyen âge, la précision qu’elle comporte aujourd’hui et il y a lieu d’être surpris qu’elle n’ait point été traitée ex professa, comme les autres articles de foi, dans les Sommes et commentaires des scolastiques ultérieurs. C’est peut-être ce qui explique l’étrange conceplion que les théologiens protestants et les rationalistes modernes ont fini par se former d’un dogme qui répond si bien, en chacun de ses éléments, aux tendances les plus légitimes et les plus douces de la nature humaine. Les uns ne voient dans cette doctrine qu’un retour aux superstitions païennes, M. Nicolas, Le symbole des apôtres, Paris, 1867, p. 219, une sorte de polythéisme très mal déguisé et « comme un triomphe remporté sur la religion de l’esprit par cette religion de deuxième ordre toujours présente dans l’Église » . A. Harnack, Dogmenqeschichle, Fribourg-en-Brisgau, § 46, p. 216. Les autres, dans cette répercussion des mérites de tous sur chacun, ne veulent reconnaître qu’un système purement mécanique de justification, A. Viguié, art. Communion des saints, dans V Encyclopédie des sciences religieuses, de F. Lichtenherger, Paris, 1878, t. iii, p. 286 ; la transmission par la collectivité de grâces impersonnelles et, dès lors, la suppression pour l’individu de toute responsabilité, la négation des principes mêmes de la moralité. Car « cetle union mystique de tous les membres de Christ établit entre eux au point de vue moral une solidarité d’intérêts et de privilèges qui permet aux plus indignes de s’approprier par le canal de l’Eglise les mérites des saints — mélange habile de pélagianisme et de magie, d’incrédulité et de superstition » J. A. Dorner, Histoire de la Ihe’ologie protestante, trad. A. Paumier, Paris, -1870, p. 12, 28. Cf. Seeberg, Lehrbuch der Dogmatik, Erlangen et Leipzig, 1895, t. i, p. 243 ; t. ii, p. 207.

Non contente d’interpréter ainsi, à la seule lumière de ses préjugés, la doctrine catholique de la communion des saints, la critique protestante se croit fondée, en outre, à en déterminer les origines, à établir les responsabilités, à fixer des dates. Tous étrangers au christianisme primitif, les éléments principaux de cetle superfétalion grossière ne seraient pas antérieurs au Ve siècle, époque « on il se fit un revirement complet dans la notion des rapports existant entre les saints, les martyrs glorifiés et les chrétiens vivant sur terre » . A. Viguié, Le symbole des apôtres, Nimes, 1884, p. 38 sq. Cf. Encyclopédie des sciences religieuses, t. iii, p. 286. L’élaboration doctrinale de ces divers éléments fui lente à s’accomplir. Au vie siècle, le dogme de la communion des saints était encore une nouveauté, « une nouveauté telle que pendant longtemps il fut expliqué dans des sens 1res différents. » M. Nicolas, Le symbole des apôtres. Paris, 1867, p. 223. Harnack attribue au pape Grégoire le lirand. le mérite — si c’en est un — d’avoir codifié ces idées jusqu’alors incertaines, éparses dans le cerveau superstitieux des foules, et de les avoir « placées sur les hauteurs de la théologie, consolidant ainsi par la doctrine une pratique mauvaise o. Dogmengeschichte, § 56, p. 266. Dorner recule encore plus loin les dates. Pour lui, une pareille doctrine est essentiellement scolaslique. C’est à liiins Seul que revient « l’audacieuse tentative de reléguer dans l’ombre Dieu et Jésus-Christ et de substituer à la communion des ftn