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COLONIA — COLORBASUS


meilleurs travaux ont pour objet l’histoire religieuse et profane de la vieille cité lyonnaise : Antiquilez profanes et sacrées de la ville de Lyon, avec quelques singularitez recueillies et présentées à Monseigneur le Duc de Bourgogne, in-4°, Lyon, 1701 ; Dissertation sur un monument antique découvert à Lyon sur la montagne de Fourvière, au mois de décembre 1704, in-12, Lyon, 1705 ; cf. Correspondance de Boileau et de Brosselte, p. 98 ; Lettre à M. Chartes Anlelmy, évêque de Grasse, établissant qu’il n’y a eu qu’v.n seid saint Euclier, évêque de Lyon, in-4°, Paris, 1726 ; Histoire littéraire de la ville de Lyon, avec une bibliothèque des auteurs lyonnais sacrés et profanes, distribués par siècles, in-4°, Lyon, 1728, t. i ; part. II, ibid., 1730. Il s’est beaucoup aidé, pour ce travail, des manuscrits laissés par le P. Menestrier. Cf. Journal des savants, 1729, p. 247 sq. ; Acta eruditor. Lips., 1730, p. 36I sq. ; Instruction sur le jubilé de l’église primatiale de S.-Jean de Lyon, à l’occasion du concours de la Fête-Dieu avec celle de la Nativité de S. Jean-Baptiste en cette année 1734, in-12, Lyon, 1734. Cf. Jmirnal des savants, 1734, p. 356 sq.

A une époque où l’incrédulité et l’athéisme faisaient partout de si grands progrès, il était naturel que l’apologétique chrétienne prît à cœur de défendre les principes mêmes de la foi. Le P. Colonia, bientôt suivi sur ce terrain par l’abbé Houteville, fut le premier qui aborda dans ce but les études de théologie fondamentale. En 1718, sous les auspices de l’Académie de Lyon, qui avait applaudi à l’idée de l’œuvre comme à son exécution, parut La religion chré tienne autorisée par le témoignage des anciens auteurs payens, 2 in-12, Lyon. Cf. Journal des savants, 1718, p. 139 sq. C’est aux jansénistes et aux quesnellistesque Colonia s’en prit le plus vivement, même avec un zèle parfois excessif. Il publia en 1722 un ouvrage qui suscita bien des polémiques et des colères : Bibliothèque janséniste, ou catalogue alphabétique des livres jansénistes, quesnellisles, baianisles, ou suspects de ces erreurs : avec un traité dans lequel les cent et une propositions de Quesnel sont qualifiées en détail. Avec des notes critiques sur les véritables auteurs de ces livres, sur les erreurs qui y sont contenues et sur les condamnations qui en ont été faites par l’Eglise gallicane ou par les évêques diocésains, in-12, s. 1. (Lyon), 1722. Des éditions augmentées parurent à Lyon, 1731 ; s. 1. (Hollande), 1735 ; Bruxelles, 1739, 1744. L’auteur était trop prodigue de la qualification déshonorante de janséniste ; il inscrivait dans ses listes d’écrivains suspects de hauts personnages ecclésiastiques, tels que les cardinaux Hona et Noris, dont les ouvrages, d’ailleurs, dénoncésauSaint-Siège, étaient restés indemnes de censure. Ainsi la S. C. de l’Index, par décret spécial du 20 septembre 1749, prohiba-t-elle cette Bibliothèque comme contenant des choses « relativement fausses, téméraires, injurieuses à des écoles et à des écrivains catholiques même revêtus de hautes dignités ecclésiastiques, et donc contraires aux décrets du siège apostolique » . Le P. Patouillet en donna une édition corrigée et fort augmentée sous le titre de Dictionnaire des livres jansénistes ou qui favorisent le jansénisme, 4 in-8°, Anvers (Lyon), 1752 ; mais elle lut également mise à l’Index, en 1754. Toutefois le nouvel Index de Léon XIII (1900) ne mentionne plus ni la Bibliothèque ni le Dictionnaire antijansénistes..1. Hilgers, S., 1., Der Index der verbotencn Bûcher in seiner neuer Fassung dargelegl mut reclitlich-historisch gewùrdigt, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1904, p. 139. Le P. de Colonia n’avait pas vu la condamnation de son livre. Il était mort à Lyon, le 12 septembre 1741, entouré du respect et de l’estime publics.

neBacker-Sommervopct. Bibliothèque de In C’de Jésus, t. ri, 120-1332 ; Hurler, Nomenclator. t iii, ml. 1822-1324 ; Dictionnaire àe Moreri, augmenté par Gougel et Drouet, 1750, t. iii, p. 830-837 ; Dumas, Histoire de l’Académie royale de Lyon, 1. 1,

p. 229 ; Nouvelles ecclésiastiques, 1731, p. 66 ; 1732, p. 80 ; 1731, p. 99 ; 1748, p. 88 ; [Pernetti.J Recherches pour servir à l’histoire de Lyon ou des Lyonnais dignes de mémoire, 2 in-12, Lyon, 1757, t. ii, p. 299 et passim ; Reusch, Der Index, t. ii, p. 827-831, raconte la longue polémique que suscita la mise à l’Index de la Bibliothèque janséniste.

P. Bernard.

    1. COLORBASUS##


COLORBASUS. - I. Nom. II. Personnage. III. Doctrine.

I. Nom.

Ce nom est diversement orthographié. Tantôt il est écrit Colarbasus, Colarbasos, Ko), àpgao-o ;, par exemple par le pseudo-Tertullien, Præscr., 50, P. L., t. il, col. 70 ; par Tertullien, Adv. Valent., 4, P. L., t. H, col. 546 ; et l’auteur des Philosophoumena, IV, i, 13 ; VI, v, 16, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 76, 332 ; tantôt Colorbasus, Colorbasos, Ko^opëas-oç, par exemple par saint Philastrius, Hær., 43, P. L., t. XII, col. 1159 ; saint Augustin, Hær., 15, P. L., t. xlii, col. 28 ; saint Épiphane, Hær., xxxv, P. G. A. xli, col. 628 ; Théodoret, Hær. fab., i, 12, P. G., t. lxxxiii, col. 361 ; saint Jean Damascène, Hær., xxxv, P. G., t. xciv, col. 700.

La source unique de renseignements se trouve dans saint Irénée, Cont. hær., I, xii, 3, surtout I, xiv, 1, P. G., t. vii, col. 573. Voici le passage : Hic igitur Marcus vulvam et susceptorium Colorbasi silentii semet solum fuisse dicens, quippe unigenitus existens, semen, quod depositum est in eum, sic enixus est. Or ce passage est fort obscur et a donné lieu à bien des discussions. Heumann d’abord, Haniburgische vermischte Bibliothek, 1743, t. i, p. 145 ; Volkmar ensuite, Die Colorbasus-Gnosis, dans Zeilsclirift fur histor. Théologie, 1855, p. 002-616, ont essayé de l’interpréter. Comme, d’une part, dans saint Irénée, Marc prétend, à la phrase qui suit, que la tétrade de Valenlin peut se comparer à une femme, c’est-à-dire au principe passif de la généralion, ou mieux à une matrice ; comme, d’autre part, les marcosiens empruntaient à l’hébreu ou à l’araméen des termes pour désigner leurs mythes et leurs rites, il se pourrait que Colorbasos ne fut qu’un mot hébreu sous forme grecque, tel que Kol-Arbas. Or Kol-Arbas, signifiant tous les quatre, désignerait simplement la tétrade. Baur, au contraire, préfère y voir Col-Arbas, la voix des quatre. Mais, dans l’un comme dans l’autre cas, il faudrait renoncer à prendre Colorbasus pour un nom d’homme, pour un gnostique.

L’explication est ingénieuse, mais nullement convaincante ; elle reste une hypothèse. Car, ainsi que l’a montré Hilgenfeld, dans Zeitschrift fîir wiss. Théologie, IbHO, p. 481, ce terme est connu en Egypte comme un nom d’homme ; on trouve KoXopëiaiç dans les inscriptions grecques et KoÀopëâatoç dans Nil, Epist., ni, 52, P. G., t. lxxix, col. 416. Du reste, saint Irénée écrivait pour des lecteurs qui ne connaissaient pas l’hébreu ; par suite, s’il avait employé ce terme inconnu, il l’aurait expliqué, et ce n’est pas le cas. Les hérésiologues, qui ont eu sous les yeux son texte original, ont tous vu sans exception le nom d’un gnostique dans Colorbasus. Le système de Marc, en particulier sa théorie sur la S^yJ ou Silence, est fort imprécis. Saint [renée ne parle du gnosticisme égyptien que tel qu’il le trouvait dans l’école italique. On peut donc voir dans Colorbasus le nom d’un hérétique gnostique du IIe siècle.

II. PERSONNAGE.

Si l’existence de ce Colorbasus ne semble pas devoir être mise en doute, on ignore complètement en revanche, les diverses circonstances de la vie de ce personnage ainsi que l’influence qu’il eut et le rôle exact qu’il joua parmi les gnostiques de son leinps. Sa place même parmi les disciples de Valentin est diffï ci le à préciser. Nulle difficulté a ce qu’il ait été Égyptien de naissance ; il est certain du moins qu’il a vécu quelque temps à Rome, puisque son nom est cité avec ceux de Ptolémée et de Marc, deux gnostiques valentiniens que nous savons pertinemment avoir appartenu à l’école italique. Dom Massuet, Diss., I, v, P. G., t. vii,