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COLÈRE — COLET


représenter vivement les effets désastreux qui sont si souvent le résultat d’un accès de colère même comprimée. Puis, se faire une conviction profonde de cette vérité proclamée parles païens eux-mêmes, que méditer vengeance c’est s’avouer vaincu, c’est vouloir perdre sa supériorité morale, no ?i est magnus animus quem incurvât injuria, a dit Sénèque, De ira, 1. III, c. V. Enfin, les médecins reconnaissent que les passions irritantes, telles que la colère, sont heureusement modérées par un régime réglé et des calmants. Surbled, Vie affective, c. xvi ; cf. Descuret, Médecine des passions, Taris, 1844, p. 410.

2. Remèdes curalifs.

Quand la colère s’est allumée en nous, il faut la modérer et au besoin la calmer. Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, part. III, c. VIII, Œuvres complètes, Paris, 1862, t. I, p. 126, recommande de procéder « doucement, tranquillement, et non point violemment, ce qu’il faut observer en tous les remèdes qu’on use contre ce mal » . On peut employer trois moyens ou remèdes principaux : a) Vu la difficulté naturelle d’arrêter l’élan de cette passion, il faut invoquer aussitôt le secours de Dieu « à l’imitation des apostres tourmentés du vent et de l’orage emmyles eaux, car il commandera ;  ! nos passions qu’elles cessent et la tranquillité se fera grande » . S. François de Sales, loc. cit. — b) Selon le conseil de saint Alphonse, loc. cit., p. 165 : « Il faut répondre par quelques bonnes paroles ; mais tant que durera l’émotion le meilleur parti sera celui du silence. » Par conséquent, il faut se faire une loi de ne rien dire et de ne rien faire tant que la colère agite le cœur. — c) Un dernier remède, également très rationnel, est de faire diversion : « Qu’on s’applique à quelque lecture, recommande encore saint Alphonse, loc. cit., p. 104, qu’on entonne quelque pieux cantique, qu’on aille s’entretenir agréablement avec quelque ami. »

S. Thomas, Sum. theol., I’II", q. xlvi-xlviii ; IPII*, q. clviii ; S.Alphonse deLiguori, Theol. mor., tract, de peccatis, l.Y, n. 19, 80, Opère complète, Turin, 1887, t. vi, p. 57, 58 ; Pratique de l’amour envers J.-C, c. xii, trad. Pladys, Paris, 1883, p. 1591C8 ; S. François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, 1. X, c. xv, Œuvres complètes, Paris, 1862, t. H, p. 349-360 ; Introduction à la vie dévole, part. III, c. viii, p. 123-127 ; Louis de Grenade, Guide des pécheurs, 1. II, c. vii, Œuvres complètes, trad. Bareille, Paris, 1862, t. x, p. 453-458 ; Noël Alexandre, Tract, de peccatis, c. IX, dans Migne, Theol. curs. compl., t. xi, col. 1112-1148 ; Ferraris, Biblioth. cunonica, juridica, moralis, etc., v Ira, Paris, 1858, t. IV, col. 795-800 ; Marc, In-Stitutiones mor. alphonsiame, 12’édit., n. 370, 371, Rome, 1904, t. i, p. 230 ; Aertnys, Theol. mor., 1. I, tr. IV, n. 256, 257, Paderbom, 190"l, 1. 1, p. 109, 110, et tous les auteurs de théologie morale au traité De peccatis.

Pour la colère considérée surtout au point de vue physiologique et médical, consulter D’Surbled, Vie affective, c. xv, xvi. Paris, 1900 ; D’Descuret, La médecine des passions, Paris, 1844, p. 391-430 ; D’Belouino, Des passions, 1. IV, c. vii, Lyon, 1k.7_>, t. ii, p. 221-243 ; D’Poujol, Dictionnaire des passions, v* Colère, dans Migne, Encyclopédie théol., t. xxxix, col. 316-326.

C. Bl.ANC.

COLERIDGE Samuel Taylor (1772-1834), poète et philosophe anglais, fut un des fondateurs du romantisme anglais, un des plus célèbres membres de l’école des Lacs, Lake school. De son œuvre poétique nous n’avons pas à parler ici. Mais son influence philosophique et religieuse fut profonde surses compatriotes. Un voyage en Allemagne (1798) lui avait permis de suivre les leçons de Blumenbach et d’Eichhorn, et de s’initier à l.i philosophie de Kant. Les o-uvres de ses dernières années, l.ay sermons, 1816, 1817 ; Aids to reflection, 1825 ; Essay on chwch and state, 1830, et celles publiées après sa mort. Confessions of an inquiring spirit, 1840 ; Essay on method, 1845 ; Il mis toioards a nation of a more comprehensive theory fo life, 1818 ; Notes theological, polilical and miscellaneous, ont contribué à répandre en Angleterre la philo sophie de Kant. Elles sont aussi pour beaucoup dans le mouvement libéral qui porte le nom de Broad cliurch. Pour Coleridge, en effet, le but de toute religion est purement pratique : l’amélioration intellectuelle et morale de l’homme ; l’Évangile n’est pas une théologie, c’est un ensemble de préceptes et d’exemples ; quiconque s’y conforme est chrétien, quelles que soient ses idées métaphysiques. Le meilleur exposé des idées de Coleridge est celui de Hort dans les Cambridge Essays, 1856, p. 292 sq.

Gillman, Life of S. T. Coleridge, Londres, 1838 ; Cottle, Réminiscences of S. T. Coleridge and R. Southey, Londres, 1847 ; articles de Lestie Stephen dans le Dictionary of national biograpliy, t. xi, p. 302 sq. ; de C. Schœll dans Realencykl. fur prot. Theol., t. iv, p. 216 sq.

, 1. DE LA. SERVIÈRE.

COLET Jean (1467 7-1519), humaniste et théologien anglais, naquit en 1466 ou 1467 à Londres ; son père, sir Henry Colet, fut deux fois lord-maire de la ville. Après de bonnes études scolastiques à Oxford, Jean partit pour le continent, et pendant un voyage en France et en Italie (1493-1496) apprit le grec et se donna avec passion à la lecture des Pères. De retour en Angleterre, il reçut le diaconat (17 décembre 1497) et le sacerdoce (25 mars 1498), et commença à Oxford une série de leçons libres sur FEpîtrè aux Romains et la I re aux Corinthiens. Son commentaire, historique et critique avant tout, faisait contraste avec l’enseignement tout scolastique des professeurs officiels ; le succès fut grand ; en 1498, Erasme prit place parmi les auditeurs, et contracta dès lors avec Colet une étroite amitié. Entre temps, Colet se livrait à l’étude des œuvres du pseudo-Denys et s’en inspirait pour la composition de deux ouvrages importants : De sacrantentis Ecclesias ; De compositione sancti corporis Christi mystici. Ils contiennent de nombreuses attaques aux abus alors existants dans tous les rangs de la hiérarchie ecclésiastique et suscitèrent à leur auteur bien des ennemis ; une série de quatre lettres sur le récit mosaïque de la création, où Colet interprète allégoriquement les quatre premiers chapitres de la Genèse, est de la même époque. En 1504, Henri VIII conféra au « lecturer » d’Oxford le doyenné de Saint-Paul, à Londres ; Colet mena jusqu’à la fin de sa vie une existence simple et frugale, dépensant en généreuses aumônes la grande fortune dont la mort de son père l’avait rendu maître en 1506, prêchant assidûment en anglais, entretenant d’affectueuses relations avec les humanistes les plus célèbres de l’époque, et tout spécialement avec Thomas More, qui le proclamait son directeur spirituel. La plus belle œuvre de Colet fut la fondation de l’école de Saint-Paul, où 153 enfants, sachant lire et écrire, et bien doués pour l’étude, devaient recevoir une solide instruction chrétienne, apprendre le grec et le latin (1510). Pour ses enfants de Saint-Paul, le doyen rédigea une grammaire latine et un plan d’études que maîtres et élèves devaient suivre ; Érasme et d’autres amis du fondateur composèrent divers traités à l’usage de Sat71t Paul’s school. Le De copia rerborum d’Erasme est resté célèbre. Sur le manuel de religion de Colet, voir t. ii, col. 1906-1907.

Le 6 février 1512, la « convocation » de la province de Canterbury s’étant réunie pour prendre des mesures contre les lollards dont l’hérésie reprenait vie, Colet fut chargé par l’archevêque Warham de prononcer le discours d’ouverture ; il profita de l’occasion pour attaquer vigoureusement la corruption de nombreux ecclésiastiques, leur ignorance de l’Écriture et des Pères, leur luxe et leurs manières toutes mondaines ; l’orateur réclamait une prompte reforme et faisait observer que l’Église avait, dans ses canons, si on savait en nrger l’exécution, un remède à toutes les misères signalées. Le sermon, immédiatement traduit en anglais et publié, fit une grande impression et augmenta le nombre des