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CŒUR DE MARIE (DÉVOTION AU) — COLARBASE

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dans l’Église un courant de dévotion privée envers le Cœur de Marie, qui se manifeste particulièrement en sainte Gertrude, Jules II, saint François de Sales et la vénérable Marie de l’Incarnation. Nilles, op. cit., t. i, p. 557, 46(5 ; Le Doré, Le vénérable Jean Eudes, premier apôtre des sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, 2e édit., Paris, 1870, p. 16 sq. Cette dévotion privée commence aussi à s’introduire dans l’enseignement théologique avec Barthélémy de los Rios, augustinien, De hierarchia mariana, l.V, c. xxxix, Anvers, 1641, p. 608 sq., ouvrage publié en 1636.

2° Au XVIIe siècle, le vénérable Jean Eudes, fondateur de l’ordre de Notre-Dame de la Charité et de la congrégation de Jésus et de Marie, fut le premier apôtre de la dévotion publique au Cœur de Marie, comme du culte public envers le Cœur de Jésus. On peut prudemment admettre que la source première de cet apostolat fut une lumière divine toute spéciale, communiquée directement ou par l’intermédiaire d’âmes privilégiées. Le Doré, p. 9 sq. Voir col. 317-320.

Sur l’initiative de Jean Eudes se produisirent bientôt en France les premières manifestations de la dévotion publique au Cœur de Marie. La fête du saint Cœur de Marie d’abord célébrée au séminaire de Cæn (1647), et à la cathédrale d’Autun (1648), fut bientôt définitivement établie en beaucoup de points de la France avec l’approbation des évêques. En même temps se propageaient des prières spéciales au Cœur de Marie, se bâtissaient en maint endroit des églises placées sous son vocable et s’organisaient des confréries vouées à son culte et favorisées de nombreuses indulgences concédées par l’autorité épiscopale. Dans cette active propagande, Eudes fut puissamment aidé par les franciscains et par les bénédictines du Saint-Sacrement. A l’apostolat de la prédication, Eudes joignit celui du livre, en publiant Le Cœur admirable de la très sainte Mère de Dieu ou la dévotion au très saint Cœur de la bienheureuse Vierge Marie, Cæn, 1681, où sont surtout exposés les fondements et la pratique de cette dévotion. Au point de vue critique, nous devons observer que la plupart des autorités patristiques et théologiques sur lesquelles s’appuie i’auteur ne contiennent guère qu’un éloge doctrinal des vertus du cœur de Marie, sans aucune expression de culte formel même privé, aux époques antérieures. Le 2 juin 1668, le cardinal de Vendôme, légat du pape en France, ayant examiné, sur la demande d’Eudes, son livre intitulé : Officium Cordis sanctissimi bcatissimae virginis Marise, loua, approuva et confirma cette dévotion en vertu de son autorité apostolique : apostolica auctoritate qua fungimur in /tac parle, laudamus, approbamus et confirmamus hanc laudabilem et ulilem erga sanctissimum cor et gloriosissimum nomen virginis Marise devotionem. Nilles, op. cit., t. i, p. 547. Cependant, le 8 juin 1669, la S. C. des Rites répondait à une supplique pour l’approbation de l’office et de la messe du saint Ca ; ur de Marie, imprimés en France en 1650 : non esse approbandum, parce que l’innovation ne paraissait point suffisamment justifiée ou parce qu’elle était jugée inopportune. Nilles, p. 550. Un premier encouragement pontifical fut donné le 28 avril 1668 par Clément IX et confirmé par Clément X le 4 octobre 1674, sous la forme de décrets d’indulgences en faveur de confréries vouées au Cœur de Jésus et au Cœur de .Marie. Ces confréries se multiplièrent rapidement, non seulement dans les régions catholiques de l’Europe, mais même en Orient et en Amérique. Cependant, en 1726, la S. C. des Dites écartait une supplique du jésuite de Gallillet sollicitant la concession d’une double fête en l’honneur du Cœur de Jésus et du Cœur de Marie, avec messeetoftice spécial. On sait 1rs raisons pour lesquelles la demande relative au CœurdeJésusne tut point acceptée à cette époque. Le refus atteignit en même temps la dévotion au culte du Cœur de Marie que l’on ne présentait

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point sous son véritable aspect. A partir de 1765, date de la première approbation pontificale du culte et de la fête du Cœur de Jésus, non seulement l’objection de 1726 était définitivement écartée, mais une forte impulsion était donnée en vertu de l’intime union entre les deux dévotions. Aussi les approbations épiscopales en faveur de fêtes diocésaines du Cœur de Marie se multiplièrent rapidement. Elles furent bientôt suivies de l’approbation du Saint-Siège. En 1799, Pie VI, dans sa captivité de Florence, envoyait, sur la demande du clergé et de quelques communautés de Palerme, un rescrit autorisant l’évêque à établir lui-même cette fête. Le 31 août 1805, la S. C. des Rites, accédant à de très nombreuses suppliques, accorda à ceux qui en feraient la demande, l’autorisation de célébrer la fête du saint Cœur de Marie, avec l’office et la messe de Notre-Dame des Neiges et les leçons du second nocturne assignées au cinquième jour dans l’octave de la Nativité de Marie. D’où nombreuses concessions à des ordres religieux et à des diocèses, avec fixation de la fête d’abord au troisième dimanche après la Pentecôte, puis au dimanche après l’octave de l’Assomption. En même temps le saint-siège, par l’intermédiaire de ses nonces apostoliques, réprouvait toute approbation d’office et de messe spéciale en dehors de l’approbation pontificale et enjoignait de s’en tenir strictement à la concession de Pie VII du 31 août 1805. En 1838 et 1844, Grégoire XVI accordait à l’archiconfrérie du très saint et immaculé Cœur de Marie, établie dans l’église de Notre-Dame des Victoires à Paris, le privilège de célébrer la fête du saint et immaculé Cœur de Marie comme fête patronale de l’archiconfrérie, le dernier dimanche après l’Epiphanie. Sur de nouvelles instances présentées au saint-siège, Pie IX fit examiner par la S. C. des Rites l’opportunité de la concession d’une messe et d’un office spécial. La demande fut finalement exaucée le 21 juillet 1855. Le culte public du Cœur de Marie recevait ainsi pleine et définitive approbation et prenait rang dans l’Église, tout près de la dévotion publique au Cœur de Jésus.

Barthélémy de los Rios, De hierarchia mariana, 1. V, c. xxxrx, Anvers, 1641, p. 608 sq. ; Jean Eudes, Le Cœur admirable de la très sainte Mère de Dieu ou la dévotion au très saint Cœur de la bienheureuse Vierge Marie, Cæn, 1681 ; 2e édit., 2 in-8° Paris, 1834 ; Muzzarelli, Le trésor caché dans le sacré Cœur de Marie, ou motifs particuliers de la dévotion au sacré Cœur de Marie proposés aux fidèles, traduit de l’italien, Avignon, 1826 ; Ange Le Doré, Le vénérable Jean Eudes premier apôtre des sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, 2e édit., Paris, 1870 ; Nilles, De rationibus festorum sacratissimi Cordis Jesu et purissimi Cordis Marise, 5’édit., Inspruck, 1885, t. I, p. 549 sq. ; t. ii, p. 366 sq. ; Nix, Cultus SS. Cordis Jesu cum additamento de cultu purissimi Cordis B. V. Maria ?, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1891 ; Schmùde, Dus reinste Herz derheiligen Jungfrau und Gottesmutter Maria, Vienne, 1875 ; Terrien, La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, 2e édit., Paris, 1902, p. 293 sq. ; Kircltenlexikon, 2e édit., t. v, col. 1927 sq.

E. Dlblanchy.

COLANGELO François, oratorien italien, né à Naples en 1767, mort dans cette même ville en 1836. D’abord chanoine régulier, il entra à l’Oratoire en 1785, fut nommé évëque de Castellamare en 1820. En 1824, il fut placé à la tête de l’instruction publique dans le royaume de Naples, et en 1830, il devint directeur de l’imprimerie royale. Ses ouvrages sont surtout littéraires. Mais on lui doit encore, outre plusieurs biographies, un ouvrage sur La liberté irréligieuse de penser, in-4°, Naples, 1804 ; les Principales préventions des incrédules contre la religion, in-4°, ibid., 1820 ; une Apologie de la religion chrétienne, 2 in-4°, ibid. Tous ces ouvrages, écrits en italien, témoignent de l’érudition de l’auteur et de la sagesse de ses principes.

Villaron, Memorie degli scriltori pliilippini, t. I, p. 112.

A. Ingold.


COLARBASE. Voir Colorbasus.

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