Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée
269
270
CŒFFETEAU


roi publia, alors une Défense du serment d’allégeance (1607). Après une réponse de Bellarmin, le roi d’Angleterre publia une nouvelle édition, avec une préface en forme d’Avertissement aux princes chrétiens contre le pape. Henri IV demanda que l’on répondit à l’Avertissement. Coeffeteau en fut chargé après le refus de deux jésuites, Fronton du Duc et Coton. Le livre parut sous ce titre : Réponse à l’Avertissement adressé par lesérénissime roi de la Grande-Bretagne, Jacques 1°, à tous les princes et potentats de la chrétienté, in-8°, Paris, décembre 1609 ; Rouen, janvier 1610 ; in-12, Lyon, 1610, trad. allemande, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, -1661-. — 3. Du Moulin publia aussitôt : Défense de la foi catholique contenue au livre du très puissant et sérénisshne roi Jacques 1 er, contre la réponse de F. N. Coeffeteau, in-8°, s. 1., 1610. Empècbé par ses ebarges, Coeffeteau ne répondit qu’en 1614 par V Apologie pour la response à Yadvertissement du sérénissime roy de la Grande-Bretagne contre les accusations de P. du Moulin, ministre de Charenton, in-8°, Paris, 1614. — 4. Le ministre du Plessis-Mornay avait violemment attaqué la papauté qu’il représentait comme l’Antéchrist dans un ouvrage intitulé : Le mystère d’iniquité ou histoire de la papauté, in-fol., Sauraur, 1611. Coeffeteau ne put répondre aussitôt, car à deux reprises, son manuscrit lui fut volé. Enfin il le fit sous ce titre : Réponse au livre intitulé le mystère d’iniquité, du sieur du Plessis, où l’on voit fidèlement déduite l’histoire des souverains pontifes, des empereurs et des rois chrétiens, depuis saint Pierre jusqu’à notre siècle, in-fol., Paris, 1614. — 5. Marc-Antoine de Dominis, ex-jésuite, puis évêque de Segna et archevêque de Spalato, ayant apostasie en 1616, fit paraître en Angleterre, où il s’était réfugié, un livre intitulé : De republica christiana, in-fol., Londres, 1617, t. i ; 1620, t. H ; Francfort, 1658, t. m. Il y combattait la primauté du pape, défendait les idées de Wiclef et de Jean lluss, etc. Après l’évéque d’Orléans, Gabriel de l’Aubespine, Coeffeteau fut chargé de réfuter Dominis. Mais l’ouvrage ne parut qu’après la mort de l’auteur : Pro sacra monarchia Ecclesise catholicæ apostolicæ et romanse adversus Rempublicam Marci Antonii de Dominis quondani archiepiscopi Spalatensis libri quatuor apologetici, quatuor ejus prioribus libris oppositi, 2 infol. . Paris, 1623.

Dans ses polémiques touchant l’autorité pontificale, Coeffeteau professe un gallicanisme mitigé. Voir la Réponse à l’Avertissement du roi d’Angleterre. Il n’admet pas sur la puissance pontificale toutes les gloses des canonistes « entre lesquelles, dit-il, nous confessons ingénument qu’il y en a de bien ineptes » . Réponse à du Plessis-Mornay, p. 914. L’infaillibilité du pape aussi bien que celle du concile œcuménique, au dire de Coeffeteau, ne porte que sur les points de foi et non sur les questions de fait ou de personne. Ib’ul., p. 388, 482, 546, 580, 1026. Ainsi la distinction du fait et du droit n’a pas été inventée par les jansénistes. Arnauld, d’ailleurs, invoque l’autorité de Coeffeteau. Voir Le fantôme du jansénisme, c. xiii, 2e édit., in-12, Cologne, 1688, p. 129. Comme docteur privé, le pape peut errer ; il perd alors son autorité, ipso facto. Le concile n’est supérieur au pape qu’en cas de schisme, quand on ne sait où est le pape légitime. Alors, le concile peut déposer le pape en’lire nu dont l’autorité soit incontestée, Rél’i iin Plessis-Mornay, p. 1135, 1(91 ; sur ce point, feteau allait contre la Sorbonne qui soutenait la supériorité du concile sur le pape, dans tous les cas. appuyai) sur un décret du concile de Bâle. Coefi remarque que ce décrel lui porté, alors que le le avail perdu son caractère œcuménique, I.’autorité’royale vient directement de Dieu, quanl au temporel ; « ils ne dépendent nullement des suffrages îles peuples ou de la disposition d’aucune puissance qui soit sur lune, s Ibid., [>. 472.

Coeffeteau se distingue dans les polémiques par une modération relative dans un temps où l’invective le plus souvent tenait lieu de réponse. Dans la discussion, il s’attache uniquement à ce qui est essentiel, à l’exposition pure et simple du dogme. Très érudit, Coeffeteau dans ses discussions avec les ministres protestants fait preuve d’un véritable esprit critique, recourt aux manuscrits, discute les différentes leçons, compare la Vulgate avec le texte grec du Nouveau Testament, rapproche les versions des Pères des originaux, rétablit les textes tronqués ou mal interprétés, etc. Voir ses Œuvres de polémique avec le ministre du Moulin.

Théologie non polémique.

1. Premier essay des

questions théologiques traitées en noslre langue selon le stile de S. Thomas et des autres scolastiques, par le commandement, de la règne Marguerite, duchesse de Valois, in-4°, Paris, 1607, 1608, 1632. La faculté s’émut de cette tentative et demanda à Coeffeteau d’abandonner son entreprise. La raison donnée était la crainte « que la doctrine de saint Thomas ne perdit son prix, si on la soumettait au jugement des femmes ou des gens mal disposés » . Duplessis d’Argentré, Collectio judiciorum de novis erroribus, t. n a, p. 547, donne la date du 1 er août 1607. Le ms. latin 15445 de la Bibliothèque nationale, p. 82, porte la date du 30 août et le Registre M. 71 des Archives, celle du 3 août. Coelfeteau ne traduisit que les 26 premières questions de la Somme (traité De Deo uno). — 2. Tableau des passions humaines, de leurs causes et de leurs effets, in-8°, Paris, 1620. Jusqu’en 1661, ce livre compta 16 éditions ; il y a de plus une traduction anglaise, par Edw. Grimeston, ^4 Table of humane passions, in-12, Londres, 1621. — 3. Tableau de l’innocence et des grâces de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, reine des hommes et des anges, in-12, Paris, 1621, 1623 ; in-8°, Lyon, 1628 ; in-12, Lyon, 1637.

Histoire.

1. Histoire romaine de L. Amtwus

Florus, depuis la fondation de la ville de Rome jusqu’il l’empire de Tibère, trad. française, in-8°, Paris, 1615. 1618, 1625, 1628 ; in-16, 1629 ; in-8°, Lyon, 1613 ; in-32, Paris, 1626 ; Rouen, 1627. — 2. Histoire romaine contenant tout cequi s’est passé de plus mémorable depuis le commencement de l’empire d’Auguste, jusqu’il celui de Constantin le Grand, avec l’Epi tome de Florus depuis la fondation de Rome jusques à la fin de l’empire d’Auguste, in-fol., Paris, 1621. Ce livre n’a pas eu moins de 50 éditions jusqu’en 1680.

Exégèse.

L : n certain nombre d’ouvrages inédifs

de Coeffeteau se rapportent à l’exégèse. Ce sont surtout des traductions en français du Nouveau Testament : 1. Évangile selon saint Matthieu, c. 1-Xlll, Irait. en français, bibliothèque Mazarine, n. 2119. — 2. Les Actes des apôtres, traduits en français, Mazarine, n. 2119, 707, 3053. — 3. Les Épitresde suint Paul, traduites eu français, Mazarine, n. 724, autographe. — 4. L’F.pitre de saint Paul aux Romains, et la première aux Corinthiens, trad. française, Mazarine, n. 707, 1053. Cf. Molinier, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque Mazarine, t. i, p. 23-25.

On ne doit point oublier que Coeffeteau fut un des maîtres de la langue française. Le XVIIe siècle ton ! entier a été à son école. Vaugelas s’était formé à la lecture de ses ouvrages : < Ces deux grands maîtres de noire langue, Amyot et Coeffeteau, » disait-il. Remarques, t. II, p. 372..Malgré’son excessive vanité, Balzac a été contraint de rendre hommage à Coeffeteau. Cf. Lettres, édit. Cassagne, t. i, p. 388 ; t. ri, p. 605. En 1638, l’Académie met Coeffeteau au nombre des écrivains dont on doit dépouiller les ouvres pour composer le Dictionnaire. Cf. Pélisson et d’Olivet, Histoire de l’Académie franc., édit. Livet, 2 in-8°, Paris, 1858. La Bruyère, Caractères, c. i, en quelques mois faisait l’éloge de l’écrivain : « Un lit Amjol et Coeffeteau. Lequel lit-on