Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée

21 :

CLÉMENTINS (APOCRYPHES)

214

IlÉTpov) ; 2° une compilation des deux sources précédentes sous la forme d’un roman de Clément pour les rapprocher de la communauté chrétienne et du monde liellénique (écrit fondamental) ; 3° deux rédactions faites toutes deux sur le précédent travail par des rédacteurs catholiques pour édifier et amuser (Homélies et Récognitions). Les Homélies se ressentent davantage de l’écrit judéo-chrétien primitif. L’écrit fondamental (e2*) aurait été compilé à Rome vers 260, p. 532 ; par suite, les Homélies et les Récognitions seraient au plus tôt de la iin du IIIe siècle ; on peut les placer de 290 à 360. Quant au Kr, puYfa Ilérpou que Wailz place vers l’an 135, on ne le saisit qu’au commencement du IIIe siècle, il faut donc rester autour de l’an 200, p. 537-538. Il n’est pas sûr que leur lieu d’origine soit Césarée. Les Ilpâhi ; fléxpou étaient un écrit catholique, antignostique, du commencement du ine siècle.

iv. conclusion. — Les Clémentines prêtent, comme on vient de le voir, aux théories littéraires les plus diverses. Il semble certain que les Homélies et les Récognitions ne proviennent pas l’un de l’autre, mais dérivent tous deux d’un écrit de même famille ou écrit fondamental que l’on peut reconstituer. Il est plus difficile de définir et de reconstituer les sources de l’écrit fondamental, car ici les hypothèses se superposent aux hypothèses précédentes et augmentent donc les chances d’erreur ; on ne peut que les choisir de manière à satisfaire au plus grand nombre possible de difficultés. Dans cet ordre d’idées, la décomposition adoptée par Waitz en Kr, pûyjj.aTa et en HpâÇetç Ilérpou est digne de crédit. On n’oubliera pas cependant que M. Paul de Lagarde s’est trompé, lorsqu’il a voulu rétablir l’écrit fondamental de la Didascalie et des six premiers livres des Constitutions apostoliques, il a supprimé comme interpolations bien des passages originaux, cf. Altchrist. Lilleratur. Die Ueberlief., p. 515, car c’est la Didascalie tout entière qui semble constituer l’écrit fondamental. Il est donc toujours possible que l’on se trompe en quelque point, lorsqu’on veut reconstituer l’écrit fondamental des Homélies et des Récognitions et surtout les sources de cet écrit. — Il est certain aussi que l’ouvrage présente des éléments syriens aussi bien que des éléments romains. Waifz lève cette difficulté en plaçant en Syrie la rédaction des sources et à Rome la rédaction de l’écrit fondamental. — Il est certain que les Homélies contiennent de nombreux passages judéo-chrétiens ou ébionites et que certain passage des Récognitions semble être arien ; mais il est difficile de décider dans quelle mesure ces passages doivent être imputés aux sources ou aux auteurs des Homélies et des Récognitions, car ces derniers ont pu reproduire quelques passages hérétiques qu’ils n’approuvaient pas, ou bien ils ont pu modilier dans un sens hérétique ou orthodoxe, selon leurs propres idées, divers passages de l’écrit fondamental. L’écrit a été beaucoup rajeuni. Au milieu du siècle précédent, on plaçait les sources et les remaniements de la fin du I er siècle au milieu du H", Harnack, Die Chronologie, t. ii, p. 519, en tout cas on ne descendait pas au-dessous de 180 ; actuellement on tend à placer les sources seules au IIe siècle, l’écrit fondamental aurait été rédigé vers le milieu du iiie, et les derniers écrits, les Homélies et les Récognitions, ne l’auraient été qu’à la fin du ine siècle ou même au commencement du IV e. Ces diverses dates sont plus ou moins vraisemblables, mais toutes sont hypothétiques et dépendent de postulais ou de conclusions précédentes, hypothétiques elles aussi. Par exemple, si l’on admet qnr les Récognitions citent Bardesane d’après la Préparation évangélique d’Eusèbe, il s’ensuit que leur dernière rédaction ne peut être placée qu’après la Pré/million évangélique, c’est-à-dire, ’ismv. loin dans le iv siècle, mais si l’on suppose qu’elles ont utilise directement la source citée par Kusèbe, le terminus

a quo se trouve reporté avant la mort de Rardesane († 222). Nous tenons la première hypothèse pour plus probable, mais la seconde a aussi des chances d’être exacte ; on peut donc éloigner ou rapprocher la composition des Récognitions en se ralliant à l’une ou à l’autre. De même, la Philocalie d’Origène et son commentaire sur saint Matthieu contiennent un très long fragment des Récognitions et une citation de Clément qui ne se retrouve pas textuellement dans les Homélies et les Récognitions. Cf. Harnack, Altcli. LUI. Die Ueberlief., p. 219-221 ; Waitz, p. 40-41. Aussi longtemps que ces citations ont été attribuées à Origène, on a obtenu pour terminus ad quem des Clémentines en général et des Récognitions en particulier l’année 232. Waitz, p. 70. Les Récognitions auraient donc été composées entre la rédaction (ou la traduction grecque) du Dialogue des lois du pays par Rardesane (vers 200 ?) et l’an 232. Mais si l’on admet, avec M. Robinson, que la citation des Récognitions n’a pas été faite par Origène, mais a été introduite par Basile et Grégoire de Nazianze, compilateurs de la Philocalie, si l’on admet aussi avec dom Chapman que la citation de Clément dans le commentaire sur saint Matthieu n’est pas d’Origène, mais a été prise dans YOpusimperfeclum in Mat thseum, ouvrage de date incertaine, et introduite postérieurement dans le commentaire d’Origène sur saint Matthieu, le terminus ad quem descend jusqu’à Eusèbe. Cf. Waitz, p. 7071 ; Harnack, Altchr. Litt. Die Chronologie, t. il, p. 532. Ces deux exemples montrent bien ce qu’ont d’hypothétique les dates proposées. En somme, on peut, suivant le point de départ choisi, placer la rédaction actuelle des Récognitions ou bien au commencement du iiie siècle, ou bien au commencement du ive ; la critique interne montre aussi que les Homélies semblent présenter plus de passages archaïques que les Récognitions et ne doivent pas être placées à une date postérieure. — La critique moderne, qui rajeunit les Clémentines, diminue autant qu’elle le peut leur importance ; « après avoir été trop louées, dit M. Uhlhorn, elles sont maintenant trop méprisées. » Realenci/clopàdie, 3e édit., t. iv, p. 179. C’est peut-être une simple réaclion qui fera place de nouveau à plus d’égards. « Un siècle qui se préoccupe avec autant de chaleur que le nôtre de la littérature apocryphe ne pourra manquer de les retirer du coin où on veut les reléguer pour les produire à nouveau, » écrit M. G. Kriiger, Kritische Bermerkungen zuA. Harnacks Chronologie, dans Gott. Gel. A nzeigen, janvier 1905. En réalité, ces anciens écrits si nombreux et si apparentés présentent aux chercheurs une mine de longtemps inépuisable pour rechercher leurs relations mutuelles, leur provenance et leurs sources, les croyances de leurs auteurs immédiats ou médiats et celles du milieu où ils ont pris naissance, l’organisation de l’Église à cette époque et le mode de polémique mi-scripturaire et mirationnel adopté par l’auteur ; un grand nombre de fragments peuvent être étudiés à part et comparés aux restes de la plus ancienne littérature chrétienne : à saint Justin, à Bardesane, à Eusèbe, etc. M. Harnack réclame avant tout une édition critique annotée des Récognitions, car Jes manuscrits dirent ici de grandes divergences. Cette édition est préparée par M. Bichardson, Altchr. Lill. Die Ueberlief.. p. 229-230. Nous ne doutons pas que des monographies soignées, dans le genre des études ou recueils de Waitz, p. 259-3(51, de Van Nés et de Preuschen sur les citations bibliques, ne rendent aux Clémeni Unes une partie de l’importance qu’elles ont perdue.

I. Textes.

Le texte des Honn’-lies a étr cité pour la premièrerois parTurrianus(Torrés), Adwerswa Magdeburgen&es centuriafores pro canonibus apostolorumlibriquinque, Florence, 1572. La plupart < ! < ses citations ont été reproduites par Preuschen, dans VAUchristliche Litteratur de Harnack, /)" Ueberlief., p. 215-219. Nous avons trouvi ttions faites par Torrés,

1. il, c. î, xin ; 1. v, c. ix, qui n’ont pas été relevées par