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CLEMENT D’ALEXANDRIE


concept de l’eucharistie, sa désignation même expresse. Le mélange des deux, du breuvage et du Aôyoç, s’appelle eucharistie, grâce excellente et digne de louange, îj 8s àp.tpoiv aûOiç y.pSa-t ;, 7ïotoù te xa Xôyou, E-j/apiaxia x£x).Y|tai, /.âpi ; iTza.ivo>p.évr xai xaXVj. Les effets du sacrement sont d’ailleurs très clairement exprimés : union à la personne divine ; par suite, le Christ agit sur l’homme, ce composé de corps et d'âme, pour le sanctifier ; cette sanctification n’est autre que la participation à l’incorruption du Seigneur, rîjç xupcaxr, ç p.sTaXagEÏv àyOapcrc’a ;.

d) Quis diivs, c. xxiii, P. G., t. ix, col. 627 : je suis ton nourricier ; je me donne à toi, pain qu’il suffit de goûter, pour échapper à la mort ; je me donne quotidiennement, breuvage d’immortalité. Je suis le maître des enseignements supracélestes. 'Eyù crou Tpotpsùç, â'ptov È(j.a-jTÔv Siôcrj ;, oCi ye - j<râ[xevo ; oJSe’i ; en Ttsipav Oavârou ) ay.ôâvst, xai uô|xa xaô' ï)|jipav êvSiooviç à8ava<r ; 'aç. iyù) StSâaxetvo ; v7repo ; jpavt’wv Ttat5ev)|xâTtov. Ce texte désigne, avec une clarté bien suffisante, la réalité de l’aliment divin et ses effets sanctificateurs.

e) Quis dives, c. xxix, col. 634. A l’occasion de la parabole du Samaritain. C’est lui qui verse sur nos âmes blessées le viii, le sang de la vigne de David, o’jto ; 6 rôv oïvov, xb alp.a Tr, c a|j.711/.o’j rr, ç vauîS, éxy_Éaç t, |jlù)v litl ri ; Tsipup-Évaç tyvydz. Pour Clément, on l’a déjà vii, la vigne de David, c’est le Christ. Si le vin de la parabole sert à désigner le sang du Christ, c’est que Clément fait allusion à la présence du Christ sous les apparences du vin.

Dans les Stromates, les allusions à l’eucharistie sont rares et toujours très allégoriques :

S Iront., I, ci, P. G., t. viii, col. 691, nécessité de s'éprouver et d'être pur avant de recevoir la doctrine, de même que pour recevoir l’aliment eucharistique, lorsque, selon la coutume, on l’a partagé pour laisser chacun en prendre sa part ; citation de I Cor., xi, 27. Il faut remarquer cette comparaison du pain de vie et de la doctrine, rapprochés par l’analogie, pourtant distincts ; Clément ne les confond pas comme si le pain eucharistique était un pur symbole du Verbe et de sa doctrine.

Strom., I, c. x, col. 744 : allusion rapide à l’institution de la cène.

Strom., I, c. xix, col. 814, à propos de Prov., ix, 16, où Clément veut voir la condamnation de certains hérétiques qui pour le sacrifice, Ttpoo-cpopS, usaient seulement de pain et d’eau, contrairement à la règle ecclésiastique.

Simm., IV, c. xxv, col. 1370. Le sacrifice de Melchisédech est présenté comme type du sacrifice eucharistique, si ; rj-ov c-jy_api<m’aç.

Strom., V, c. xi, P. G., t. ix, col. 101-105, analogie de la doctrine et de l’eucharistie : recevoir pour aliment < t pour breuvage le divin Ariyo ;, c’est avoir la gr.osc de la divine substance, ppwui ; yàp xai 7rd<riç toû /'i-oj r, yvâaf ; Eau t/, ; Osi’a ; oûc-i’a ;  ; la gnose nous est une nourriture spirituelle, Xoyixôv r, |xtv fJpwp.a r, yvwiT ! {. Kn concédant que Clément, en cet endroit, ne parle point directement de l’eucharistie, il suffit qu’il fisse allusion. L’analogie dont il tire parti, entre la réception de la doctrine et la manducation du pain de vie, s’expliquerait mal si elle n’avait pour fondement la présence réelle dans l’eucharistie du corps et du sang du Aôyo ; Cf. Schanz, Lehre von den hl. Sakramenten, Fribourg-en-Brisgau, 18913. p. 337.

I n résumé, Clément professe que, dans l’eucharistie le chrétien reçoit le corps <>i le sang, l'âme et la divinité du Sauveur ; c’est le Christ lui-même qui se donne connue aliment à l'âme fidèle. Les effets de cette nourriture divine sont l’union au Christ, la sanctification du n » et de l'âme, la maîtrise îles passions, l’immortalité du corps lui-même. Cf. M » ' JJalillbl, Études d’hit toire et de théologie positive, 2e série, Paris, 1905, p. 182-192.

2. L’agape.

Dans Strom., III, c. x, P. G., t. viii, col. 1104-1113, Clément décrit les banquets des carpocratiens, flétrit l’immoralité qui règne dans une agape de cette sorte, èv TotaÛTY) àycturi, et paraît ainsi l’opposer à l’agape des chrétiens.

Le passage le plus étendu et le plus important que nous fournisse le catéchiste d’Alexandrie est le c. vi du Pédagogue, 1. I, P. G., t. viii, col. 377-408. Clément y condamne vivement les abus qui s'étaient glissés dans les agapes chrétiennes ; il blâme les repas licencieux, SîtTuvâptâ Ttva, qu’on ose appeler du nom d’agapes, ov àyàirrjv rivèç ToX|xà><n xaXeïv ; ils osent ainsi profaner par leurs mets et leurs sauces la sainte agape, œuvrebelle et salvifique du Verbe, tô xaXbv xai <j(oTr, piov, s’pyov toû Xôyou, tyjv àyâ7rr)V ttjv riyta5(ilvY]v, x - j8pc8cot ; xaî ÎWIJ.OU p-Ja-ei xaOuop^ovTE ?. Ibid., col. 384, 385. La charité est vraiment une nourriture supercéleste, un festin spirituel ; elle supporte tout, elle souffre tout, elle espère tout : la charité jamais ne défaille, àyûm ! 8è T(T> ovTt ÉTroupoeveo ; sort Tpocpï], sa-rcao-iç Xôyixrf IlâvTX orlyEi, irâvra Û7T0[j.£vsi, itâvta IXizVfci' r àydtTtr) oÙSéttote ; èxtuhtsi. Ibid. A la charité se rattachent entièrement la loi et le A<5yoç, allusions à Matth., xxii, 37, 30, 40. Ibid., col. 388. La cène se fait pour l'àyâirri ; mais la cène n’est pas l'àyàV/] elle-même, elle n’est que la représentation de la charité qui se communique et se donne, Si' ayâir^v jxèv ycvdjuvov tô 8Et7tvov àXX' oùx àyâ-rer/ tÔ 8eÏ7Tvov, SEÏyjjia 6È eûvoi’a ; xoiv(i>vixr, ç xa eùf/.ETa8ÔTOU. Ibid. Par la communauté du repas, ces fêtes nous donnent comme une étincelle d’amour, qui nous familiarise aux délices éternelles. L’agape ne consiste pas dans la cène, mais la cène doit tenir de l'àyaTiï) son existence et son sens. A ! 8k sOcppouCvai aÙTai èvaûcuari àyârcïjç sx T/|? ^avôr^o-j Tpoçrj ; k'^ouffe, o-jvE(h !  ; ôfj.êvov s !  ; àtBiov rpuçT)v. àyct7rï) jj.sv ovv Ssïtivov oùx î'otiV tj 8è s<TT ; a<ni ; àyâirr) ; r^r^ui. Ibid.

Il faut encore signaler Strom., VII, c. vii, P. G., t. ix, col. 466. Le gnostiqueprie toute sa vie, s’efforçant de s’unir à Dieu dans la prière, d’employer tous les moyens qui conduisent à cette vie plus haute, comme ayant déjà atteint ici-bas la perfection du mystère qui s’accomplit dans l’agape, toû xatà àyâir ?)v 8pto(iÉvou. Voir Hort, op. cit., p. 261, une note sur le sens de ce passage, sur la signification du verbe Spâto, usité dans un sens liturgique, par exemple par Plutarque.

De ces passages, rapprochés de ceux où il est question de l’eucharistie, cf. Hort, op. cit., p. 381 ; Struckmann.op. fit., ressort la pensée générale et la tendance de Clément : mettre en rapport étroit l’idée de repas et l’idée de charité, unissant l’une et l’autre au mystère de l’eucharistie et à la charité qu’elle produit dans l'âme.

Relativement à ' identification ou dissociation de l’agape et de l’eucharistie, Hort., loc. cit., après examen de nombreux passages, conclut : « Il ne me semble pas que nous puissions affirmer positivement l’une ou l’autre hypothèse — que dans le milieu où vivait Clément, l’eucharistie fut célébrée le matin, sans l’agape, comme Keating semble incliner à le croire — ni qu’elle fut toujours associée à l’agape vespérale, comme le veut Bigg. » Hort s’appuie pourtant sur Strom., VII, c. vii, P. G., t. ix, col. 456, voir ci-dessus, pour admettre que l’eucharistie a pu quelque temps l’aire partie de l’agape. Voir Ma' Baliffol, Études d’histoire et de théologie positive, l r « série, 3e édit. Paris, 1904, p. 310-312.

BiBMor.nAPiiiK GÉNÉRALE. — N. I.c Nourry, Disscrtationes de omnibus démentis Alexandrini operibut, P. G., t. ix, col. 796-1486 ; II. E. F. Gucrike, De selwla quse Alezcandriæ ftorttit catechetica commentatio historien et theolopira, Halle, 1824 ; A. F. D.xline, De fiùtu démentis Ale.ramlrini et do vesti’jiis ncoplatonicx philosophix (n ea ubviis commentatio