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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)

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cernait le retour à l’unité catholique des chrétiens dispersés dans l’empire ottoman. Au xix c siècle, dès 1848, Pie IX adressait aux Églises orientales une encyclique, à laquelle s’empressèrent de répondre de façon peu amicale le patriarche Antilime VI et l’un de ses prédécesseurs, Conslantios du Sinaï. L’inclination du pape vers les frères séparés n’en fut pas arrêtée et, d’accord avec Pitzipios, un Grec converti, il songea à convoquer un concile œcuménique pour la réunion des Églises. Mais le plan de Pitzipios de faire inviter les futurs membres du concile par les empereurs de France et de Russie n’ayant pas été approuvé, il se retourna désormais contre Rome, ainsi que sa Société chrétienneorientale, et s’il poursuivit son idée de l’union, ce fut à condition d’en exclure le pape. L’invitation d’assister au concile du Vatican (1870), offerte à Grégoire VI par le délégué apostolique, ne fut pas même reçue par celui-ci. Dès son avènement, 1878, dans une lettre au cardinal Nina, Léon XIII manifesta ses sympathies envers les Églises orientales et, le 30 septembre 1880, il étendait à toute l’Église la fête des saints Cyrille et Méthode, apôtres des Slaves, ce qui souleva de vives réclamations de la part des Grecs. Tout son pontificat fut marqué de manifestations touchantes et de créations favorables à son idée de rapprocher les Églises. Tels sont, pour ne citer que quelques actes, la tenue à Jérusalem du congrès eucharistique, mai 1893 ; les conférences pour l’union des Églises tenues sous sa présidence entre les chefs des Églises orientales catholiques et les plus éminents cardinaux, octobre 1894, et d’où sorlit la commission cardinalice permanente préposée au même but ; le 30 octobre 1894, la constitution apostolique Orientalium dignilas, lancée en faveur des rites orientaux et de leurs Églises ; la donation aux assomptionnistes, en 1895, de deux paroisses grecques à Stamboul et à Kadi-Keui (Cbalcédoine), ainsi que l’invitation à créer un séminaire grec ; l’érection, 24 mai 1898, de l’archiconfrérie de N. D. de l’Assomption pour le retour des Églises dissidentes, établie dans l’église grecque de l’Anastasis des mêmes religieux ; la reconstitution, en 1897, du séminaire grec de Saint-Athanase à Rome, etc. Et je ne mentionne aucune des initiatives de ce pape en faveur des Russes ou des autres Églises orientales. En 1884, lors de l’élection de Joachim IV, on avait vu le délégué apostolique de Constantinople venir lui offrir les félicitations du pape ; le 20 juin 1894, on vit Léon XIII se tourner lui-même, dans son encyclique Prseclara, vers l’Orient, « d’où le salut s’est répandu dans tout l’univers, » et le convier très affectueusement à rentrer dans le sein de l’Église. A cette invitation charitable, le patriarche Anthime VII et son synode répondirent par une autre encyclique, d’un ton assez grossier, mais dans laquelle on a au moins l’avantage de rencontrer les griefs théologiques ou autres qui tiennent les Grecs éloignés de la communion catholique, août 1895.

L’encyclique patriarcale parut dans l’organe du Phanar la’ExxXridiaiTixii à’/./Oi.c/., 29 septembre 1895, et fut réfutée par les théologiens catholiques. Parmi les meilleurs signalons : L. Duchesne, Églises séparées, Paris, 1896 ; p. 59-227 ; S. Brandi, De l’union des Eglises, Rome, 1896 ; J.-B. Bauer, Argumenta contra orientaient Ecclesiam ejusque synodicam encyclicam, Inspruek, 1897 ; le même ouvrage, en grec, Syra, 1899 : et surtout au point de vue dogmatique, M. Malalakès (grec converti), Réponse à la lettre patriarcale et synodale de l’Église de Constantinople sur les divergences qui divisent les deux Églises, Constantinople, 1896 : l’original grec de cette traduction.’Aitàvti-.tnç

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ffuvoStxijv ÈyxûxA’.ov t ? ;  ; ’ExxXijffïaç KwvfffavTtvouitô^Euç, Constantinople, 1895. Quant aux travaux de Léon XIII, relatifs à l’Église orientale, voir la plaquette de dom PI. de Meester, Leone Xllle la Chiesa greca, Rome, 1904.

Depuis lors, le patriarche actuel, Joachim III, a pris Uie initiative analogue à celle de Léon XIII et demandé,

le 12 juin 1902. aux chefs des autocéphalies orientales, s’il n’y avait pas lieu_ d’opérer un rapprochement avec l’Église catholique. Échos d’Orient, t. v, p. 243 ; t. vi, p. 270. Le texte grec intégral avec traduction française a paru dans la Revue catholique des Églises, 1904, t. i, p. 101-112. Les réponses de ces Églises que l’on trouvera dans les Echus d’Orient, 1904, t. vii, p. 91-99, ne sont pas favorables. Joachim III a tenté récemment une nouvelle démarche auprès de l’Église russe par une lettre qui n’a pas été rendue publique, mais que l’on connaît par la réponse défavorable et publiée, elle, du saint-synode russe.

XXIV. Haute hiérarchie et population du patriarcat œcuménique actuel. — Nous allons donner la liste des métropoles qui relèvent aujourd’hui du patriarcal œcuménique, d’après le rang ofliciel qu’elles occupent dans la hiérarchie, la faisant suivre de quelques indications sur le nom et la situation de ces diocèses, sur les revenus des métropolites et des évéques, enfin sur la population orthodoxe de diverses nationalités située en Asie et dans l’Europe ottomane.

Le chiffre qui précède le nom du diocèse marque le rang qu’il occupe actuellement dans la hiérarchie. Les lettres A. E. I. sont des abréviations indiquant que le diocèse est situé en Asie, en Europe, ou dans les îles comprises entre ces deux parties du monde. Le nom propre qui suit ces abréviations indique quelle est la résidence habituelle du métropolite ; parfois ce n’est que la transcription moderne ou le nom turc de l’appellation ancienne. On remarquera que, sur 79 métropoles, 20 seulement se trouvent en Asie, 12 dans les îles et 47 en Europe. Cette proportion ne répond guère à la population, encore moins au territoire. Il est vrai qu’en Asie le patriarcat œcuménique est le maître incontesté, tandis qu’en Europe il doit faire face aux Serbes, aux Roumains, aux Grecs de la Hellade, et surtout au redoutable exarchat bulgare. Ainsi deux évêques grecs ont en Bulgarie des concurrents redoutables, installés dans les mêmes villes : à Varna et à Philippopoli, et, dans la Turquie d’Europe, les 21 éparchies bulgares, dont 7 sont déjà pourvues d’un évêque, mineDt sourdement l’influence des métropolies grecques du même nom. En dehors de Varna et de Philippopoli, trois autres métropoles : Mésembrie, Anchialos et Sozoagathopolis, se trouvent en Bulgarie et sans doute sont appelées, ainsi que les deux précédentes, à disparaître dans un avenir très prochain. Deux autres métropoles, celles d’L’skub et de Raskoprizrend, sont occupées par des prélats serbes, relevant encore du Phanar, mais elles pourraient bien, à la longue, obtenir une sorte d’autonomie, qui les mettrait plus ou moins dans la dépendance de Belgrade. Je n’ai pas mentionné les quatre diocèses de Bosnie-Herzégovine, le concordat du 28 mars 1880 intervenu entre Joachim III et le gouvernement austro-hongrois ayant, en somme, arraché ces deux provinces serbes à la tutelle du patriarcat œcuménique. En fait, les quatre prélats de Séraïévo, Svornik, Ilersek et Banialouka-Bihatch ne sont jamais invités à siéger dans le saint-synode constantinopolifain, bien qu’ils occupent toujours, sur la liste des métropoles relevant du Phanar, les rangs 19e, 53’, 59e et 78’, c’est-à-dire qu’ils se glissent, Séraïévo entre la Pisidie et la Crète, Hersek entre Vodéna et Korytza, Svornik entre Siatista et Mogléna, Banialouka enfin après Vêla. Pour plus de facilité, nous les avons omis dans la liste précédente. Une autre métropole, la Crète, tend à former avec ses nombreux évêchés, une aulocéphalie distincte : son titulaire ne vient jamais siéger au saint-synode. Elle restera, comme le groupe de Bosnie-Herzégovine, dans une situation ambiguë, jusqu’au jour où un changement politique, prévu depuis longtemps, lui permettra de se rattacher à l’Église nationale de Grèce. Enfin, pour terminer ce qui concerne le nom des diocèses il