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COXSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)

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ambassades sont (’changées entre Avignon et Byzance, toutes relatives à l’affaire de l’union. Tout en rejetant sur les Latins la responsabilité du schisme qui sépare présentement les deux Églises, Cantacuzéne s’affirme partisan hardi de la réunion, mais à son avis, seul, un concile vraiment œcuménique pourra délinir la foi. « Je lui obéirai, déclare-t-il, et je forcerai les autres à lui obéir. » Qu’on le réunisse dans une ville intermédiaire entre l’Orient et l’Occident, dans une ville maritime et d’un accès facile à tous. C’était reprendre les propositions de Barlaam en 1339, combattues par le collège des cardinaux, qui ne voulaient pas qu’on remit en question les doctrines de l’Église romaine définies au concile de Lyon, 1274. En 1350, les mêmes propositions trouvent à Avignon un accueil plus favorable ; par deux fois, Clément VI en répondant à Cantacuzéne se déclare prêt à seconder ses desseins, 28 juin 1350. Cependant, il lui est impossible de fixer une date précise pour la convocation du concile général, tant que l’harmonie ne sera pas rétablie entre les princes latins d’Occident. Cantacuzéne envoie alors un dominicain du couvent de Galata, pour ne pas laisser s’interrompre les relations, mais bientôt la mort du pape vient couper court à tous les projets de concile..1. Gay, op. cit., p. 94-118, passim. Ses tentatives, il est vrai, ne sont pas restées sans résultats, au moins à la cour byzantine. En 1355, Jean V Paléologue promet à l’archevêque latin de Smyrne, représentant du pape Innocent VI, de se soumettre à l’Église romaine. A. Theiner et F. Miklosich, Monumenla spectanlia ad unionem Ecclesiarum, Vienne, 1872, p. 29-37.

Innocent VI s’efforça de venir en aide aux Byzantins et projeta toutes sortes de croisades, qui n’eurent pas de résultat heureux ; de même Urbain V, qui offrit à Jean V Paléologue un secours désintéressé. Pressé de plus en plus par les Turcs, qui venaient de conquérir Andrinople et presque toute la Thrace, cet empereur dépêcha au pape des ambassadeurs, qui lui furent présentés à Viterbe (1367). Le pape les reçut avec une grande joie et il écrivit aux princes siciliens de traiter le basileus avec tous les honneurs dus à son rang, dès qu’il aborderait en Italie. Jean V se dirigea, en effet, vers Rome et, à la suite de conférences religieuses, le 10 octobre 1369, il abjura solennellement le schisme entre les mains de trois cardinaux députés par le pape. Cet acte personnel, bien qu’annoncé à son de trompe à tous les souverains chrétiens, n’engageait en définitive que Jean V et ne pouvait en aucune manière se comparer à la rétractation que tout l’empire avait faite lors du concile de Lyon. Néanmoins, il donnait lieu à de belles espérances, car cet exemple fut suivi de plusieurs autres et l’ex-empereur Jean Cantacuzéne lui-même serait venu à Rome en habit de moine, pour abjurer ses erreurs et retourner ensuite à son couvent. Jean V Paléologue n’obtint pas de l’Occident les secours qu’il en avait attendus, il dut se contenter des lellres et des belles promesses qu’on ne lui ménagea pas. Bien plus, il subit le déshonneur en 1370 d’être arrêté à Venise et mis en prison pour dettes et ce ne fut que grâce au dévouement de son second fils Manuel, qu’il obtint sa délivrance. Pour les relations de Jean V Paléologue avec les papes, voir A. Theiner et F. Miklosich, Monumenla spectanlia ad unionem Ecclesiarum, p. 29-43. Mort en 1391, Jean V laissait la couronne à Manuel II, qui guerroya toute sa vie contre les Turcs. Une croisade s’organisa en Europe, surtout en France, pour arrêter la marche des infidèles et procurer quelque soulagement aux Grecs, mais on sait comment elle fut anéantie, en 1396, sous les murs de Nicopolis du Danube. L’empereur se rendit alors lui-même en Occident et resta deux ans et demi à Paris, sauf un voyage qu’il accomplit en Angleterre, magnifiquement nourri et logé aux frais du trésor public, mais toujours ennemi

juré’de la foi des Latins. C’est ainsi qu’il occupait ses loisirs, pendant son séjour à Paris., à rédiger un grand ouvrage sur la procession du Saint-Esprit et à soutenir des discussions avec les docteurs de la Sorbonne. L’intervention inattendue de Tamerlan ayant pour quelques années encore arrêté les progrès des Turcs, Manuel ne songea plus aux Latins ; puis, quand le danger reparut, il envoya, en 1417, une ambassade au concile de C ustance et auprès du pape Martin V. Il en obtint l’autorisation de marier ses six enfants à des princesses catholiques, mais sa députation, composée d’un grand nombres de seigneurs et de dix-neuf archevêques ou évêques, se buta au point de vue religieux contre une résistance absolue. La mission, que le pape envoya à Conslantinople en 1422, ne réussit pas davantage à vaincre l’opposition byzantine. Quelques jours avant l’arrivée d’Antoine Messanus, chef de la mission, Mourad II avait dû lever le siège de Constantinople et la suffisance qu’avait causée aux Grecs ce succès les rendait peu favorables aux propositions du légat romain. Messanus attendit plus d’un mois pour exposer sa requête et quand, à l’église de Saint-Etienne, en présence du patriarche Joseph II et des évêques réunis, il parla de sa mission, il fut d’une telle maladresse qu’il froissa tous les assistants. La réponse lui arriva sous forme de rescrit impérial. Il portait en substance que, pour opérer l’union, un concile général était nécessaire à Constantinople et que le pape devrait couvrir une partie des frais. Bien entendu, ce concile n’était possible qu’après la conclusion de la paix avec les Turcs. En attendant, le saint-siège avait à défendre, sous les pires menaces, à tous les chrétiens de l’Occident, particulièrement à ceux de Gènes et de Venise, de mettre leurs navires à la disposilion des infidèles pour continuer la guerre qu’ils faisaient aux Byzantins. Donné le li novembre 1422, ce rescrit fut lu au concile de Sienne le 8 novembre de l’année suivante. Deux ans après ꝟ. 425), Manuel II laissait en mourant à son fils Jean VII ses dernières recommandations : « Il ne nous reste, lui disait-il en raccourci, pour toute ressource contre les Turcs que la crainte de notre réunion avec les Latins. Dès que tu seras pressé par les infidèles, fais-leur envisager ce danger. Propose un concile, commence les négociations, mais prolonge-les toujours ; étude la convocation de cette assemblée qui ne te serait d’aucune utilité. La vanité des Latins et l’opiniâtreté des Grecs ne s’accorderont jamais. En voulant accomplir la réunion, tu ne ferais que confirmer le schisme et vous exposer sans ressource à la merci des barbares. »

Jean VII devait être fidèle à ces novissima verba de son père et, pour éloigner le péril turc, se confier, lui et son Église, à la miséricorde de l’Occident. Dès 1430, le parti de l’union réunissait à Constantinople les hommes les plus influents, comme Marc Iagros, Macaire Macrès, higoumène du Pantocralor, Isidore, futur métropolite de Kiev, Jean Disshypatos et surtout Bessarion. Un délégué impérial se rendit auprès de trois patriarches d’Orient pour sonder leurs dispositions et les convier au futur concile ; le mont Athos lui-même, le centre du fanatisme orthodoxe, fit preuve dans certains monastères d’une assez grande bienveillance. L’ne première ambassade dépêchée à Borne en 1-431 dut revenir à Byzance, après avoir appris en route la mort du pape Martin V ; une seconde en rapporta une lettre d’Eugène IV invitant les Grecs au concile œcuménique qui se tiendrait en Italie, celui de Bàle ayant presque dès le début manifesté des sentiments schismatiques. Malheureusement, tandis que le légat Garatoni négociait à Constantinople, le concile de Bâle cherchait aussi par ses délégués à attirer les grecs à lui. Jean Paléologue se tint sur ses gardes et il traita simultanément avec les deux partis. Son frère Démétrios, assisté d’Isidore, représenta l’Église orientale au con-