Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/654

Cette page n’a pas encore été corrigée
2575
2576
CYRILLE DE JÉRUSALEM (SAINT)


tails, In liturgie cyrillienne se rapproche davantagi tantôl de l’une, et tantôt de L’autre ; en somme cependant, elle présente une similitude plus grande avec celle îles Constitutions apostoliques ; ce qui pourrait continuel' l’opinion, émise par beaucoup, que ces Constitutions auraient été rédigées en grande partie à l’usage des Eglises de Palestine, et de Jérusalem en particulier. Toutefois, sur la question du rapport d’origine et de priorité absolue entre ces différentes liturgies, rien n’est encore définitivement acquis.

Dans l’ordre doctrinal, cette catéchèse contient l’affirmation la plus explicite du sacrifice de la messe, dans le passage déjà cité qui vient immédiatement après l’explication de l'épiclèse : « Ensuite, après avoir parfait le sacrifice spirituel, le culte non sanglant, ttjv 7rv£'jp.ocTixr|v 6'j<7t’av, ty|V àvaip.axTOv XotTpeiav, nous invoquons Dieu sur cette victime de propitiation, àrrl t ? ( ç 9'j<jia ; è.'Ei’vri ; xoû i), a<xii.oû, en le priant pour la paix générale de l'Église, pour l’heureux état du monde, pour les empereurs, etc. ; et, en général, nous prions et nous offrons cette victime pour tous ceux qui ont besoin de secours, n. 8. Suit la double commémoraison dont il a déjà été question : simple commémoraison des bienheureux, u.vï)u.ove-jou.ev y.z toov 7rpojrcxoiu.Y)pivcov… ; commémoraison déprécatoire en faveur des défunts de la communauté, xal ÛTtèp tu>v Tipoxexoiu.Y]uiva>v…, n. 9. Qu’il ne s’agisse pas ici simplement de Jésus-Christ considéré comme victime immolée jadis au Calvaire, mais que l’orateur l’ait aussi en vue comme victime présente sur l’autel, ce même passage le prouve expressément, car Cyrille parle de ces supplications comme faites « pendant que la sainte et redoutable victime git là sur l’autel, triç âyîaç v.a’t eppœio8E<rtoctï]î Tipoxetfjivvi ; bvaias » . Doctrine si conforme à l’enseignement de l'Église romaine sur le sacrifice de la messe et sa valeur non seulement latreutique et eucharistique, mais impétratoire et propitiatoire, qu’en ce point, comme en tant d’autres, Plitl a cru devoir conclure, p. 153 : Itaque Iota Ecclesiæ romanse doctrina lantum non tolidem verbis apud Cyrillum invenitur. Cf. Touttée, diss. III, n. 92, col. 276 sq.

12° Conclusion : orthodoxie de saint Cyrille et valeur des Catéchèses. — Quelques mots suffiront à résumer l'œuvre du docteur palestinien. Son orthodoxie résulte de tout ce qui précède. Rien, dans sa doctrine, qui s'écarte de la foi professée alors par l'Église catholique. Mais l’orthodoxie d’un Père et d’un docteur de l'Église n’est pas synonyme d’infaillibilité dans toutes les questions qui n'étaient pas encore définies de son temps ou qui appartiennent au développement théologique du dépôt primitif, considéré dans toute sa virtualité. Saint Cyrille de Jérusalem n’a pas échappé à la loi commune de l’humanité ; sur quelques points, très restreints d’ailleurs, sa théologie n’a pas toute l’exactitude ou toute la netteté désirable.

D’un autre point de vue, il faut distinguer en lui le théologien et le témoin de la foi ou delà tradition chrétienne, soit en général, soit à Jérusalem. Le théologien n’olfre pas la même richesse ni la même complexité doctrinale que d’autres Pères de la seconde moitié du IVe siècle, qui furent les défenseurs attitrés de l’orthodoxie, comme saint Athanase et saint Hilaire, ou qui, comme saint Basile et les autres grands Cappadociens, furent les initiateurs d’un mouvement théologique qui devait ensuite se propager et se développer. C’est en ce sens seulement que l’auteur de l’article consacré à saint Cyrille de Jérusalem dans le Dictionary of Christian biography, Londres, 1900, t. i, p. 763, a pu lui refuser « une place parmi les maîtres de la pensée chrétienne dont les écrits forment la richesse permanente de l’Eglise. » Mais, comme écho de l’antique tradition et de la foi catholique, les Catéchèses du docteur palestinien gardent la valeur que l’Eglise romaine leur a si magnifiquement

reconnue dans la quatrième leçon de l’office du saint : lllas vere mirandas conscripsil catéchèses, quibus lolam ecclesiasiu mu doctrinam dilucide et copiose complexus, singula religionis dogmata cou Ira / hostes soluli' propugnavit. lia vero in his enucleate et distincte disseruit, ut non solum jam exorlus hæreses, sed futuras eliam quasi prsesagiens everterit, quemadmodum preestitil asserendo corporis et sangui Christi realem præsentiam in mirabili eucharisties sacramento. Pour s'être maintenu dans l’exposition ou l’explication familière du dogme, son enseignement n’en est que plus apte à relléter, dans ses lignes principales, la foi commune et la vie chrétienne de son temps.

A cette valeur doctrinale s’ajoute, comme titre secondaire, l’intérêt que les Catéchèses peuvent présenter pour l’histoire ecclésiastique ou topographique de la ville sainte par les nombreuses et intéressantes références à la localité, qui s’y trouvent disséminées. Voir, sous ce rapport, la seconde partie de la monographie de Ph. Gonnet, Qv.id ad Ilierosolynisc historiam aut descriptioneni in Cyrilli Calechesibus conducat.

I. ÉDITIONS DES ŒUVRES DE SAINT CYRILLE. — 1' G. M’T’II.

Catéchèses, id est instituliones ad res sacras, texte grec et version latine, Paris, 1564 ; édition incomplète ; 2* J. Prévôt, Catéchèses grxce et latine ex interpretalione Juan. Grodecii nunc primum editx ex variis bibliothecis, prxcipue Yaticana, Paris, 1608 ; 1e édit.on complète du texte grec ; 3* Th. Milles, Sancli Cyrilli Hierosolyrnitaniarchiepiscopiopera qux su sunt omnia, Londres 1708 iditicn biui supérieure a la | dente ; 4° dom Touttée, S. P. N. Cyrilli archiep. Hierosol. opéra quse extant omnia, Paris, 1720 ; la meilleure de toutes les éditions, réimprimée par Migne, P. G., t. xxxiii ; 5° G. C. Reischl, S. P. N. Cyrilli Hierosolymorum archiepiscopi opéra qux supersunt omnia, 2 in-8°, dont le second volume a été édité par J. Rupp, Munich, 1848, 1860, édition commode et critique, où quelques nouveaux manuscrits ont été utilisés ; apparatus litterarius, p. cxlvii sq., sur les codices, etc. ; 6* To3 i jjp.3v KupiTuu àj/'.^-.Txi-oj 'lEpo<roXû|iov -, J in-8°, com prenant seulement les catéchèses ad i luminandos, Jérusalem, 1867-1868 ; édition faite à la demande de l’archevêque Cyrille II, sur un manuscrit nouveau, commencée par Denis Cléophas, principal de l'école théologique de Jérusalem, et continuée par son successeur Photius Alexandridès.

II. Traductions.

1° Latine, par J. Groddeck. doyen de Glogau en Bohême, Catéchèses ad illuminandos et mystagogicx, Rome, 1564. — 2° Françaises : Louis Ganey ou de Gante, Vingt et trois Catéchèses, ou Instructions verbales du saint Père Cyrille Archevesque de Jérusalem, Paris, 1564 ; J. Graiicolas, Les Catéchèses de saint Cyrille de Jérusalem avec des notes et des dissertatiorts dogmatiques, Paris. 1715 ; A. Faivre, Œuvres complètes de saint Cyrille, patriarche de Jérusalem, traduites du grec sur l'édition du Père Touttée, 2 in-8 #, Lyon, 1844 (traduction peu exacte). — 3' Anglaises : The catechetical Lectures of S. Cyril, archbishop of Jérusalem, translatai, with notes and indices, Oxford, 1838, dans A Library oftlie Fathers, t. ii, la préface est de Newman ; même traduction revue par E. H. Giiïord, avec une bonne inU-oduction et des notes utiles, dans A sélect Library of Xicene and Post-Nicene Futhers, 2 « série, Oxford, 1894, t. vu. — 4° Allemandes : J. M. Feder, Cyrill’s Schriften ùbersetzt und mit Anmerkungen vorsehen, Bamberg, 1786 ; J. Nirschl, dans Bibliothek der Kirchenvàter, Kempten, 1871. —5° Arménienne : Cyrilli Hieros. Catéchèses in armenam linguam versx, Vienne, 1832, traduction incomplète.

Il y a eu, de plus, des éditions et des traductions partielles des Catéchèses, soit, à pari, soit dans des ou ri »i. se rap portant à l’histoire de la liturgie, des sj mboles, du catéctauméiiat ou de la catéchèse.

III. Ouvrages généraux.

En premier lieu, les prolégomènes de dom Touttée. comprenant d’abord trois dissertations importantes : De l’ita et rebusgestisS. Cyrilli ; De scriptis S. Cyrilli. De variis cyrilliansB doctrinæ capitibus ; puis les Veterum testimoniadeS. Cyrillo Hierosolym.ejusqu La première dissertation ayant été attaquée, sur la question des rapports de saint Cyrille ; ivec les homéousiens, dans les Mémoires de Trévoux, décembre 1721. a. 102, p. 2353 sq., dom Maran, l'éditeur de dom Touttée, publia une Dissertation sur les ariens, dans laquelle on défend la nouvelle i suint Cyrille de Jérusalem contre les auteu ' - de Trévoux, Paris, 1722 : apologie qui, abstraction laite de quelques détails, semble

et efficace. — Pour les autres ouvrages généraux qui traitent de