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Nicée et traiter 1 1 < l’unité religieuse ? Socrate, 1. IV, c. xii, P. ( !, t. lxvii, col. 490. Dom Touttée ne le pense pas, appuyé sur des raisons qui ne manquent pas de valeur, diss. I, n. 70, col. "102, mais qui ne paraissent nullement décisives. Mader, p. 34. Sur ces entrefaites, la mort d’Acace, survenue à la (in de 365 ou au début de 3(16, laissa vacant le siège métropolitain de Césarée ; Cyrille mit à sa place Philumène ; celui-ci étant mort ou ayant été déposé par les ariens, l'évêque de Jérusalem conlia, en 367, le siège de Césarée à son propre neveu, appelé Gélase, recommandable par la pureté de sa foi, sa piété et sa science. Mais les ariens le chassèrent et lui substituèrent un des leurs, Euzoius. Cyrille lui-même dut, pour la troisième fois, quitter sa ville épiscopale, quand Valens proscrivit tous les évéques qui, déposés sous Constance, étaient remontés sur leurs sièges à l’avènement de Julien. Ce dernier exil, dont l’histoire ne dit rien, dura onze ans, de 367 à 378.

5° Dernières années de Cyrille (379-386). — La mort de Valens (9 août 378) et l’avènement de Gratien mit un terme à l’exil des évêques bannis. Saint Cyrille rentra dans Jérusalem sur la fin de 378, car il avait déjà repris possession de son siège, quand, le 19 janvier 379, Gratien associa Théodose à l’empire. Socrate, 1. V, c. III J Sozomène, 1. VII, c. il. Il retrouva son Église dans un état déplorable ; sous le gouvernement des évêques intrus qui l’avaient remplacé, tous les hérétiques du jour, ariens, macédoniens, apollinaristes, sans compter les sectes plus anciennes et le schisme produit par la querelle d’Antioche, s'étaient comme donné rendez-vous dans la ville sainte ; de là une perpétuelle surexcitation et division des esprits, que suivit une extrême licence de mœurs. Saint Grégoire de Nysse fut bien chargé par un concile asiatique, probablement celui d’Antioche en 379, de visiter les Églises d’Arabie et de Palestine, pour aviser avec leurs chefs des remèdes convenables, mais cette mission, accomplie dans un milieu et dans des circonstances si défavorables, demeura sans résultat immédiat. S. Grégoire de Nysse, Epist., il, de euntibus Hierosolymam ; iii, ad Eustathiam, P. G., t. xlii, col. 1012, 1017. En 381, saint Cyrille prit part au IIe concile œcuménique, I er de Constanlinople. Sozomène, 1. VII, c. vii, le cite parmi les chefs reconnus du parti orthodoxe, après les patriarches d’Alexandrie et d’Antioche ; mais cet historien ni les autres ne nous disent quel rôle il joua dans ce concile, ni s’il se trouva encore à la réunion complémentaire qui se tint l’année suivante dans la même ville et à laquelle assistèrent la plupart des membres du concile précédent, o nleXatoi -roûxtov. Théodoret, 1. V, c. vin. Voir Aiuan isme, t. i, col. 1846. Ce furent les Pères de cette nouvelle assemblée qui, dans leur lettre au pape Damase et aux évêques occidentaux réunis à Rome, rendirent à saint Cyrille ce témoignage solennel : « Nous vous faisons aussi savoir que l'évêque de l'Église de Jérusalem, cette mère de toutes les Églises, est le révérend et très chéri de Dieu Cyrille, lequel a été jadis ordonné canoniquement par les évêques de sa province, et a soutenu en divers lieux de nombreux combats contre les ariens. »

Tel est le dernier renseignement que l’histoire nous ait transmis sur saint Cyrille. Il semble cependant qu’il faille rattacher à son pontificat la réunion à l'Église des macédoniens de Jérusalem, et la soumission de quatre cents moines, attachés jusqu’alors au parti de Paulin d’Antioche ; conquêtes dues au concours de Rulin et de Mélanie l’ancienne, Hisloria lausiaca, c. cxviii, P. (', , , I. xxxiv, col. 1226, et prémices d’une restauration religieuse qui se poursuivit pendant les huit années de tranquille possession dont jouit l'évêque de Jérusalem après son dernier retour d’exil : Sicpe pulsus ecclesia et receptus, ail extremum sub

Theodosio principe oeto cmnis inconcussum episcopatum tenait, s. Jérôme, De viri » illustribtu, 30. On

conclut de ce témoignage que saint Cyrille mourut en 387, à l'âge d’environ 70 ou 72 ans, après trente-cinq on trente-sept années d'épiscopat, dont il avait passé de seize en exil.

Jugements des anciens sur Cyrille.

Des nombreux témoignages groupés par dom Touttée sous le

titre de Veterum lestimonia de S. Cyrillo, col. 293sq., il résulte que saint Cyrille fut très diversement apprécié par les anciens. Saint Epiphane le rattache au parti de Basile d’Ancyre, sans jamais prononcer le mot d’arianisrne dans les quelques passages où il est ami parler de lui. User., lxxiii, n. 23, 27. 37. Rulin l’accuse, I. 1, c. xxiii, d’avoir varié dans sa foi, et plus souvent encore dans sa communion : aliquandoin /ide, ssepius in communione variabat. Saint Jérôme, dans le passage cité de sa Chronique, traite plutôt de son élévation à l'épiscopat que de sa doctrine ; il n’en paraît pas moins prévenu contre son orthodoxie, puisqu’il le range simplement parmi les ariens qui envahirent le siège épiscopal de Jérusalem après la mort de saint Maxime. Socrate, 1. V, c. vin. et Sozomène, 1. VII, c. vii, le présentent, à l'époque du IIe concile œcuménique, comme un macédonien repentant et converti à la foi nieéenne. Au début du ixe siècle. Théophane rapporte dans sa Chronographie, à Tannée 335, que de son temps quelques-uns le jugeaient imbu de sentiments ariens, àpîtav&çpova, pour les raisons déjà dites : omission de l’d|xoov(710ç dans ses Catéchèses et attribution à l’empereur Constance de l'épithète EÙaeëe’cTaToç.

A ces témoignages, et autres postérieurs qui n’en sont que la reproduction ou l’exagération, s’opposent ceux des évêques orientaux réunis à Constantinople en 382 ; de Théodoret, spécialement versé dans l’histoire du patriarcat d’Antioche ; de Théophane, qui traite de calomnieuse l’imputation ci-dessus rappelée ; enfin des nombreux auteurs ecclésiastiques qui, dans leurs ouvrages, ont invoqué l’autorité de Cyrille. C’est à ce second groupe d’appréciations que se rattache la tradition officielle des Églises d’Orient et d’Occident, dont les livres liturgiques contiennent, au 18 mai, la mémoire du saint avec des éloges qui portent directement sur son orthodoxie. Acta sanctorum, Anvers, 1668, t.nmarlii, p. 625. Les Menées l’appellent, en reprenant les termes mêmes de Théodoret, un ardent défenseur de la doctrine, T&v aTcoaroXi'/fdv Soy|j.iT<j)v 7cpo6ûu.<oc ûitsp|iaxôv. Le Martyrologe romain s’approprie le témoignage éclatant que, dans leur lettre au pape Damase, les évêques orientaux rendirent à la pureté de sa foi. cujus intemeratse l’ulei synodus œcumenica, Damaso scribens, præclarum testimonium dédit. Dernier et suprême hommage, le pape Léon XIII, étendant en 18821a fête de saint Cyrille à toute la catholicité, lui a décerné solennellement le titre de docteur de l’Eglise.

Que dans ses écrits saint Cyrille ait toujours professé une doctrine orthodoxe, la troisième partie de cet article le prouvera. Qu’il ait varié dans sa communion, c’est un fait, vrai en ce sens que nous le voyons en rapports d’abord avec des eusébiens, puis avec les homéousiens et les méléciens, enfin avec les nicéens. Mais pour réduire ces apparentes évolutions à leur juste valeur, il ne faut oublier ni les circonstances où vécut le successeur de saint Maxime soit avant soit après son élévation à l'épiscopat, ni les considérations générales laites dans l’article Abiamisme, t. i, col. 1801. 1822, à propos des eusébiens, des homéousiens et des méléciens. Tant qu’il fut diacre ou simple prêtre de l'Église de Jérusalem, Cyrille n’eut évidemment pas d’autre communion que celle de son premier pasteur. Or saint Maxime n’avait pas compris dès le début la portée île la lutte engagée entre les nicéens et les eusébiens ; en.'î-T>. il s'était laissé entraîner au concile de Tyr, où saint Atha-