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CYRILLE h ALEXANDRIE SAINT,

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la paix ou l’exil, el personne ne pouvait plus parler des écrits de Nestorius qui étaient condamnés au fou. Cf. Code théodosien, XVI, v, liii, édit. Hænel, p. 1572. Par crainte, un certain nombre firent semblant de céder, tout en gardant au fond du cœur leurs sentiments hété rodoxes. L’excessive condescendance de Jean d’Antioche était de nature, il faut le dire, à augmenter le nombre de ces soumissions apparentes. Par un désir exagéré de voir le schisme cesser à tout prix, il se contentait de professions de foi très imprécises et de promesses vagues. Cyrille dut s’en plaindre et lui rappeler que, « si la paix est désirable, elle ne doit pourtant pas se faire au détriment de l’orthodoxie : tous doivent condamner Nestorius et ses impiétés. » P. G., t. lxxvii, col. 325, 327.

Les Orientaux finirent en etl’et par abandonner Nestorius et ses écrits, en apparence du moins ; c’est qu’ils avaient trouvé un moyen moins dangereux de propager les mêmes doctrines. On se mit à traduire et à répandre partout et jusque dans les provinces voisines les livres de Diodore de Tarse et de Théodore de Mopsueste. Cyrille en fut informé pendant un voyage à Jérusalem. Episl., lxx, P. G., t. lxxvii, col. 341. Ses amis lui demandaient de faire officiellement condamner les écrits de Diodore et de Théodore, comme on l’avait fait pour ceux de Nestorius. Avec beaucoup de calme, le patriarche d’Alexandrie sut modérer la fougue excessive des siens : il n’y avait pas lieu de condamner des évêques qui étaient morts dans l’Eglise. Cependant il ne se dissimulait pas les erreurs et les dangers de leurs écrits ; et il s’indigne que Jean d’Antioche ait songea comparer ces hommes à des Pères comme Athanase, Basile, Grégoire et Théophile. P. G., t. lxxvii, col. 332, 336. 11 approuve donc le Tome de Proclus aux Arméniens, cf. P. G., t. lxv, col. 856 sq., et il écrit lui-même contre Diodore et Théodoredes traités dont malheureusement nous n’avons que quelques extraits.

Jean d’Antioche était mort en 441 ; Domnus, qui lui succéda, semble avoir entretenu avec son collègue d’Alexandrie les meilleures relations. Cf. P. G., t. lxxvii, col. 359. Cyrille mourut lui-même en 444.

Acta sanctorum, au 28 janvier, t. ii, p. 813-854 : reproduit dans P. G., t. lxviii, col. 9-’10 ; Amédée Thierry, Nestorius et Eutychès, 1879, p. 1-178 ; A. Largent, Saint Cyrille d’Alexandrie et le concile cïÉphèse, dans les Études d’histoire ecclésiastique, Paris, 1892, extrait de la Revue des questions liistoriques, juillet 1872, t. xii, p. 5-70 : Schàfer, Cyril of Alexandria and the murder of Hypatia, dans The catlwlic university Bulle-Un, Washington, 1902, t. viii, p. 411-453.

IL Écrits. — L’activité littéraire de saint Cyrille d’Alexandrie fut considérable : ce qui nous reste de ses ouvrages remplit dix volumes de la collection de Migne. Cette édition (1859) qui reproduit celle du chanoine Aubert (1638) avec quelques additions empruntées au cardinal Mai, est la seule édition complète que nous ayons. Malgré ses défauts, c’est donc à elle que, jusqu’à nouvel ordre, il faudra recourir. Je prendrai soin cependant d’indiquer les références au travail plus scientifique de P. I’]. Pusey pour les écrits qu’il a réédités.

Les œuvres de Cyrille sont : 1° des œuvres exégétiques ; 2° des traités dogmatiques et apologétiques ; 3° des homélies ; i°des lettres ;  ; 5 nous ajouterons quelques mois sur les ouvrages douteux ou apocryphes.

I. ŒUVRES EXÉGÉXJQUES — l°Le llep’t Tï| « h « VS’JjMCTI xat àXqSsîa 7cpoffxvrvr l o, sti)ç, ou De adoratione in spirilu et veritate, P. G., t. lxviii, col. 133-1125, est signalé par Cyrille lui-même, P. G., t. lxix, col. 16 ; t. lxxvii, col. 221, et par André de Samosate, cf. Anastase le Sinaïte, Hodegos, P. G., t. i.xxxix, col. 293 ; sans parler des attestations plus récentes, Pholius, Bibliotheca, cod.49, 229, P. G., t. ciii, col. 850, 997. Il parut pour la première fois en latin dans l’édition de liàle

en 1528, et en grec en 10.’18 dans l’édition Aubert. C’est un dialogue entre Cyrille et son ami Palladius. !.’bul du traité, indiqué dès les premières lignes, col. 133, 136, est de chercher c ce qu’a voulu dire Notre-Seigneur par cette parole : Je ne suis, détruire la loi et les prophètes, mais lus perfectionner, et ce qu’il faut entendre par l’adoration en esprit et en vérité dont il entretint la Samaritain.-. Les deux textes évangéliques, explique Cyrille, se complètent et s’éclairent mutuellement : la loi et les prophètes ne sont pas abolis, mais perfectionnés, pn ment parce que les rites pratiqués matériellement par les Juifs se continuent dans l’adoration spirituelle rendue à Dieu par les chrétiens ; les observances judai étaient l’ombre et la figure du culte nouveau. L’ouvrage se divise en 17 livres. Cyrille lui-même, selon une habitude fréquente chez lui, cf. In Joa., prsef., P. G., t. lxxiii, col. 160 ; Pusey, t. I, p. 7, nous donne en tète la table des matières : 1. I, du péché et de la pénitence ; comment l’esclavage du vice et la conversion à une vie meilleure sont figurés dans l’Ancien Testament, col. 133-209 ; 1. II et III, la justification ne pouvait être opérée que par les mérites de Jésus-Christ : la loi ne faisait que la préparer et la figurer, col. 212-301 ; 1. IV etV, générosité que les chrétiens rachetés etjusl par Dieu, doivent montrer à son service, col. 3011. VI, amour de Dieu ; la loi ancienne commandait d’aimer Dieu seul ; à plus forte raison, la loi nouvelle qui est une loi d’amour, col. 408-477 ; 1. VII et VIII, charité fraternelle et dévouement an prochain, col. 480588 ; 1. IX el X, le tabernacle de l’ancienne loi était le type de l’Église, col. 588-725 ; 1. Xl-XIII, le sacerdoce légal était la figure du sacerdoce chrétien, col. 725-885 ; 1. XIV et XV, la pureté ; les adorateurs du Christ doivent être purs et exempts de toute tache pour se présenter devant Dieu, col. 885-1009 ; 1. XVI, des offrandes spirituelles ; c’est nous-mêmes que nous devons offrir par la mort au péché, col. 1009-1061 ; 1. XVII, les fêtes solennelles sont un avant-goût des réjouissances célestes, col. 1061-1 125.

2° Les PXaapupâ ou Glaphyres, P. G., t. LXIX, col. 9-679. — Cyrille en parle dans une lettre à Rufus de Thessalonique. P. G., t. lxxvii, col. 224. Ils furent publiés pour la première fois en latin dans l’édition de Paris 1605 (traduction du jésuite Scholt) ; puis en 1618 en grec et en latin à Anvers. Le but de cet écrit, d’après le prologue, col. 13, est de prouver que « dans tous les livres de Moïse le mystère du Christ se trouve figuré « .C’est un complément de l’ouvrage précédent : on ne revient pas sur ce qui a été dit : on ne prend d’ailleurs dans l’œuvre mosaïque que les passages d’où la thèse ressort plus directement. C’est là ce qu’indique le titre Vkapjpâ (explication de passages cltoisis) : ’ApËôijieOa toi’vjv twv et :  ! r » j Tv/lm : vXaçvpio-Épo >v o(J~ti> te Xoiicôv £^ :  ; r, ; "i jtévte Munréio ; opau. Ôvts ; fSiëXi’a, 7rspi£pya<jO|j.î6a Tïph : aOroV ; -/.ai -x iv. trfi ÉTÉpa ; ypaçTJi ; zi’o xpov.ii.u-V’M y_pr ( <71u.a gaoti’ï), lisons-nous dans la préface. P. G., t. lxix, col. 16. Les sep’premiers livres, qui s’occupent de la Genèse, col. 13385, expliquent comment tous les patriarches, Adam. Abel, Noé et ses fils, Abraham et Melchisédech, Isaac, Jacob et ses fils, sont des types de Notre-Seigneur. Dans les trois livres consacrés à l’Exode, col. 385-537, l’histoire de Moïse (buisson ardent, agneau pascal, manne, etc.), est interprétée comme figure des mystères du Christ. Les prescriptions du Lévitique, col. 540-589, figurent la passion du Christ et notre sanctification. Les Nombres, col. 589-641, nous offrent comme figures du Christ les éclaireurs envoyés pour explorer la terre promise, la vache rousse immolée hors du camp, le serpent d’airain. Enfin le Deutéronome, col. 644-677, fournit, lui aussi, ses sujets typiques : la génisse que l’on tue dans la vallée : la femme captive, à qui le vainqueur