Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/574

Cette page n’a pas encore été corrigée

2415

CULTE EN GÉNÉRAL’2 il 6

nature on essence, une seule vertu ou puissance ; qu’ils sonl une divinité consubstantielle, une seule divinité qui doit être adorée en trois hypostases ou personnes, qu’il soit anatlième. Car il n’y a qu’un seul Dieu et l’ère de qui sont toutes choses, un seul Seigneur Jésus-Christ par qui sont toutes choses et un seul Saint-Esprit en qui sont toutes choses. » Denzinger, Enehiridion, n. 172. Voir col. 1240-1241. Il est impossible d’exprimer plus nettement que Dieu n’ayant qu’une même nature possédée par trois personnes, une seule puissance, une seule domination possédée par trois personnes, celles-ci doivent être adorées toutes trois, mais d’une seule adoration, d’un culte un et identique, inspiré par les mêmes motifs et dirigé uniformément vers les trois personnes divines. Nous comprenons maintenant le sens des mots coadoré, conglorifié, appliqués au Saint-Esprit : cette troisième personne divine doit être adorée, mais d’une seule et même adoration donnée également au Fils et au Père ; la particule co indique distinction de personnes adorées, unité d’adoration. Si donc on adore ou le Père, ou le Fils, ou l’Esprit-Saint, on peut les adorer séparément, mais non exclusivement, c’est-à-dire qu’on peut adorer le Père seul, sans faire mention du Fils ou du Saint-Esprit, mais il faut que cette adoration suppose implicitement le culte des deux autres personnes divines. Sur la dévotion spécialement accordée au Saint-Esprit, voir S. Thomas, Sum. theol., IIP, q. viii, a. 1, ad 3um ; les lettres apostoliques de Léon XIII du 5 mai 1895 ; et son encyclique du 9 mai 1897, où il demande ut obsequii pietalisque studium in eum (S/nritum Sanclum) quam maxime inlendamus. Id autem christiani homines recte oplimequeef fiaient, sieumdem cerlaverint majore quotidie cura et noscere et aniare et orare.

IV. Culte de Jésus-Christ.

Le culte du Christ a donné lieu à des questions spéciales fort agitées dans l’histoire de l’Eglise. En effet, le Christ est Dieu et homme, il est personne divine et possède dans l’unité de personne deux natures inliniment distinctes. Quel culte pouvait-on lui accorder ? De quelle religion honorer son humanité ? La réponse variait suivant qu’on lui accordait ou qu’on lui refusait la divinité ou suivant le genre d’union que l’on professait entre le Dieu et l’homme en lui. Rapportons d’abord les documents scripturaires ou ecclésiastiques relatifs au culte du Christ ; nous en tirerons ensuite les conclusions théologiques nécessaires.

1° L’Écriture sainte proclame si expressément la nécessité d’adorer Jésus-Christ, que la tradition ecclésiastique a pu, à juste titre, s’appuyer sur ses textes pour en déduire la divinité du Sauveur. Notre-Seigneur demande ut omnes lionori/icent Filium sicut honorificant Patrem, ’Joa., v, 23 : le contexte ne laisse aucun doute sur l’interprétation de cette parole : car cet honneur pareil, plus que cela, identique à celui qu’ils accordaient au Père, Notre-Seigneur le réclame des Juifs au moment même où il se proclame l’égal de Dieu son Père, ï<jov sauf’ov Ttotwv -rai &eû>, ꝟ. 18. Partout dans l’Écriture est affirmée l’unité d’adoration au Père et au Christ, Phil., ii, 10 ; Rom., xiv, 10-12 ; Heb., i, 6 ; II Pet., iii, 18 ; Apoc, v, 13 ; ils ont un même royaume. Eph., v, 5 ; Apoc, xi, 15 ; xii, 10 ; un seul trône, Heb., i, 13 ; Apoc, xxii, 1-3 ; une seule lumière, Apoc, xxi, 23 ; les mêmes prémices leur sont offertes, Apoc, xiv, 4 ; les mêmes prêtres leur sont consacrés. Apoc, xx. G. Le culte se traduit surtout par des actes de foi, d’espérance et de charité, et ces actes sont prescrits en l’honneur du Christ aussi bien qu’en l’honneur du l’ère : Credilis in Deum, et in me crédite, Joa., xiv, I ; et cette croyance dans le Christ est le principe de la rémission des péchés, de la justification et du salut ; aussi celui qui ne croit pas est-il déjà jugé et perdu.

précisément parce qu’il ne croit pas dans le nom du Fils uniqu.- de Dieu. Joa., ni. 18, 36 ; vi, 17 ; xi, 25 ; Act., x. & ; xvi, 31 ; xxvi, 18 ; Gal., n. 16 ; l Pet., i.8, 9 ;

I Joa., ni, 23. La vie éternelle, c’est connaître le vrai Dieu et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ. Hac est vita eeterna ut cognoscant le. solum Deum veruni et quem misisli Jesum Chvistum. Joa., xvii. 3. Le Christ est aussi notre espérance, spes nostra, I Tim., i, 1 ; en son nom nous serons sauvés, Act., iv. 12 ; et tout ce qui sera demandé en son nom, nous l’oLtiendrons, Matth., XVIII, 19, 20 ; XXVIII, 20 ; Luc, xxi, 15 ; Joa., XIV, 13. H ; xv, 5, xvi, 33. Il est plus que le motif et la raison, la garantie et la sécurité -de notre espérance, il en est l’objet, quoniam videbimus eum sicuti est. I Joa., ni, 2, 3. Cf. Matth., v, 8 ; xviii, 10 ; I Cor., xiii, 12 ; Phil., I, 23 ; Tit., il, 13 ; Apoc, xxii, 17, 20. Il doit surtout être l’objet de notre amour, Joa., xiv, xv ; et d’un amour de préférence. Qui amal palrem aut malvenu plus quam me, non est me dignus ; et quiamal filium aut filiam super me, non est me dignus. Matth., x. 37. Cf. Luc, xiv, 26. Et cette charité doit se traduire par les actes et envahir toute la vie. Il faut omnia lacère in nomine Domini Jesu C/irisli, Col., III, 17, vivre non pour soi, mais pour le Christ, non sibi vivant sed ei qui pro ipsis mortuus est elresurrexit. II Cor., v, 15. Cf. Rom., xiv, 7-9. La formule d’initiation, celle du baptême, contient le nom du Mis ou du Christ. Matth., xxmii, 19 ; Act., il, 38 ; viii, 16 ; x, 48 ; xiv, 5.

II faut donc adorer, non seulement le Fils, mais Jésus-Christ, c’est-à-dire le Fils incarné, le composé de Dieu et de l’homme.

2° Plusieurs documents ecclésiastiques fixent la religion de l’Église et des chrétiens sur la nature du culte dû au Sauveur. Et d’abord le concile d’Éphèse délinissant l’unité personnelle du Christ dans la dualité de nature, anathématise « celui qui oserait dire qu’on doit coadorer, conglorifier et coappeler Dieu, l’homme assumé et le Dieu Verbe, comme isi c’était) un autre dans un autre. La particule con oblige à entendre cela en elfet. » L’Église entend par le prélixe con la signification de deux personnes distinctes unies par un lien qui laisse subsister la distinction des personnes : aussi tandis qu’elle confesse que l’Esprit est coadoré avec le Fils et le Père, parce qu’il y a distinction de personnes honorées d’un même culte : elle ne veut pas coadorer l’homme et le Dieu dans le Christ, parce qu’il y a unité de personne. Il faut donc « honorer l’Emmanuel d’une seule adoration, et lui déférer une seule doxologie, puisque le Verbe s’est fait chair. »

Au IIe concile de Constantinople, il est à plusieurs reprises question du culte du Christ. Dans le 4e anathématisme, Denzinger, n. 175, le concile condamne « celui qui essaie d’introduire dans le mystère du Christ deux hypostases ou deux personnes et affirmant ouvertement l’existence de deux personnes, prétend ne parler d’une seule personne et d’un seul Christ qu’au point de l’appellation et de l’honneur et de la dignité et de l’adoration. » Voir col. 1243-1245. Théodore de Mopsueste voulait, pour sauver la distinction des natures en Xotre-Seigneur, maintenir aussi la distinclion des personnes. Il y avait donc, selon lui, deux personnes en Xolre-Seigneur, et s’il tolérait qu’on dit qu’il n’y en avait qu’une, c’était seulement dans ce sens que chacune d’elles porte le même nom de Christ, que chacune d’elles est également honorée, ou qu’une seule d’elles, la personne divine, mérite et revoit l’adoration. Quelle que soit l’hypothèse admise. l’Église condamne : elle ne veut pas de deux adorations données a deux personnes distinctes, elle ne veut pas d’une seule adoration accordée à la seule divinité du Christ. Elle veut une seule adoration allant au Verbe incarné, c’est-à-dire à la personne unique en qui se rencontrent la divinité et l’humanité C’est ce qui découle du 9* anathématisme,