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CROYANCE

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nion soit le résultat de ses arguments. [1 y a gros à parier qu’argument et opinion se sont développés ensemble sous l’influence favorable de son climat psychologique. » Op. cit., p. 167. Suivant la remarque du même écrivain protestant. « le pouvoir de l’autorité n’est jamais plus pénétrant et plus efficace que quand il crée une atmosphère ou un climat psychologique favorable à la vie de certains modes de croyances, défavorable et même fatal à d’autres, » p. 163. Après cette constatation, on serait mal venu de reprocher à l’Église le soin qu’elle a toujours pris de placer les âmes, et surtout les jeunes âmes, dans un milieu favorable à la foi, par opposition à la théorie libérale qui leur prescrit, pour arriver à la vérité morale et religieuse, de tout voir, de tout entendre, de tout lire, de comparer librement tous les arguments et tous les systèmes qui se combattent. « Les libéraux, disait W. G. Ward, tournent souvent en ridicule cette expression « une atmosphère catholique, » connue si c’était une figure de rhétorique, vide de sens, inventée pour tourner une difficulté. Nous soutenons, au contraire, qu’il n’y a jamais eu d’expression plus profondément philosophique… L’influence mystérieuse d’autres âmes foncièrement croyantes, avec lesquelles une âme est en contact, a de curieuses analogies avec ces inlluences physiques, qui constituent une atmosphère… Au moins pour la grande majorité, c’est cette sympathie contagieuse qui seule peut développer une manière saine de raisonner. » Dublin Review, octobre 1869, p. 136.

8° Enfin, la volonté libre. — Il dépend d’elle de mettre en mouvement presque toutes les causes de croyance signalées jusqu’ici. — 1. Motifs intellectuels, ignorance des difficultés : la volonté, sans doute, ne peut créer des preuves où il n’y en a pas ; mais c’est elle qui applique l’intelligence à chercher, à recueillir les motifs réels ou apparents qui peuvent se rencontrer, à leur donner un grand relief par l’attention, à en évoquer ensuite le souvenir ; tandis qu’elle la détourne des motifs contraires, des difficultés, ou bien les fait accueillir avec une critique malveillante, empêche l’esprit de se les assimiler, produit au moins l’oubli. « Nos croyances reposent sur nos souvenirs… Or, nous sommes les maîtres de notre mémoire d’une façon presque complète. Nous retenons ce qui nous intéresse, quoi nous avons fait attention, et ce que nous ravivons par une attitude réitérée, tiares sont les souvenirs que nous conservons en dehors de ces trois cas. « ’. op. cit., p. 192. Oportel ut hortw sollicitudinem apponat et affectum mlltibeat ad ea rjuæ vult memorari, disait saint Thomas, Sum. theol., II" IL.q. .

a. I. — 2. Imagination qui concrète la croyance : la volonté, peut lui faire appel, soit par les souvenirs, soit p. Hles moyens extérieurs que fournissent les arts. — .’!. Action. la pratique dépend de notre volonté, il ne tient donc qu’à nous de i vivre t dos croyances.— I, Sentiment : par di rs< a réflexions qu’elle suscite, la volonté peut indirectement produire des sympathies comme des antipathies ; elle peut détourner l’attention d’un sentiment qui s’éveille et profiter de sa mobilité ne me pour le mettre en fuite. — 5. Habitude elle s’acquiert par la répétition des actes, qui dépend de la 0. Enfin, il n’est pas jusqu’à l’influence d’autrui que nous ne puissions provoquer dans le sens que iinus voulons, u non mettant dans mi milieu favorable -m développement de telles croyances ; nos fréquentation litiét di pendent de nous. Objection. Mais nonsentons bien que les chi ml pas parce que nous les voulons’On ob ntions de la volonté libre, qu

manqueront totalement leur but, en nous rendant à

ts : ainsi mêlés de

doute, de suspicion, Ils ne seront pu des croyanceê. « Toute volonté de croire qm dépasserai ! I

de croire serait comme un mensonge qu’on essaierait de se faire à soi-même, et dont on ne réussirait pas à se convaincre. En un mot. toute l’olonté de croire est inévitablement une raison de douter. » E. Rabier, Psychologie, 3e édit., p. 270. Toutefois l’expérience prouve que notre volonté peut travailler librement à l’établissement ou à la conservation d’une croyance, sans que celle-ci nous en devienne suspecte ni en soit ébranlée. C’est un fait. M. Pavot en propose cette explication : « Ce long travail sur nos sentiments, nos observations, nos souvenirs, nos idées, que nous avons décrit comme toujours conscient, et nettement conscient, perd bientôt ce caractère. Dès que l’œuvre est dessinée, et que l’élan est donné, le travail d’épuration se fait de lui-même, en quelque sorte, et il échappe en grande partie à la conscience, » p. 195. On ne se souvient même plus que la volonté libre a autrefois donné l’impulsion, dès lors plus de raison de suspecter les résultats. Mais cette explication qui ne vaut que pour certains cas, a besoin de se compléter par cette autre : l’objection part d’un faux supposé, c’est-à-dire que toute croyance où la volonté interviendrait consciemment serait par là même viciée aux yeux de la raison, la volonté libre ne pouvant jamais avoir d’intervention raisonnable et légitime dans la croyance. Supposition gratuite et fausse, comme nous allons le faire voir.

IV. Critique de la valeur des croyances.

Jusqu’ici nous avons traité les croyances en psychologues, à peu près comme on étudie la genèse d’une passion, sans s’inquiéter de savoir si elle est conforme ou non à la règle des mœurs. L’idéalisme subjectiviste de quelques-uns de nos contemporains qui ont étudié la croyance (M. Payot, par exemple) les empêche d’aller plus loin : quand ils ont décrit le mécanisme de la croyance, et jusqu’où il peut dépendre de la force arbitraire et brutale de la volonté, c’est tout : cette volonté est-elle honnête dans certaines conditions, conforme à la règle de la droite raison, cette croyance a-t-elle dans certaines conditions une valeur objective, ces problèmes, les plus difficiles de tous, n’existent même pas pour eux, et pour quiconque emprisonne le sujet pensant en lui-même.

Ils n’existent pas non plus pour le « pragmatisi le

M. W..lames, pour « l’humanisme » de M. Schiller ; chez eux c’est la croyance qui crée la vérité ! Nous n’avons pas dans cet article à réfuter île tels systèmes, qui ne donnent pas de la croyance elle-même une thi spéciale, ni à défendre contre eux l’objectivité de la connaissance : nous la supposons comme un point fondamental, et en conséquence, nous ne nous recon naissons pas le droit d’esquiver le difficile problème. Il nous faut donc passer de la psychologie à la critique, i ibordanl sous un nouveau point de vue l’influence les diverses causes et sur tout de la volonté, séparer tout

d’abord les inlluences abusives et celles qui ne le sont pas.

I Croycmees illégitimes, ou mal formées. — I. Les ânes viennent des passions déréglées, qui tendent à pervertir le jugement moral. N’insistons pas sur un sujet bien connu ; qu’il suffise de citer saint Thon Set viidum quod homo est in passione aliqua, videtur min aliquid conveniens quod non videtur si extra nem existenti. Sum. theol., [ IL. q. i. a. 2. Il compare la perversion des jugements par les passions lu goût, qui |u’o iennenl

de l’altération de l’organe ; dispositionem lingum tequitur judicium gustus. [ IL. q. iwvu.a. l Si par la ii pétition des actes la passion se change en vice, si la volonté ne réagi) pa qui n’était d’abord qu un

jugement h< itanl peut n n jiq emenl

ferme, en croyance illégitime dont la volonté sera responsable, lavant librement laissé se forn’2. D’autres croyances illégitimes sont plus directement el p|m positivement le lait de la volonté libre S’il est physiquement impossible pour elle de produire la