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CROYANCE


les mathématiques, dit Vasquez, le sentiment et la bonne disposition de la volonté ne sont pas nécessaires au succès de la démonstration. Mais dans cet ordre de doctrines où la piété est engagée, comme sont l’unité de Dieu, sa science et sa providence, bien qu’il y ait démonstration selon le mode propre à ces vérités, un pieux sentiment est nécessaire. Ces vérités, en effet, sont fort éloignées des sens, et elles ont des conséquences déplaisantes pour nos inclinations sensibles et nos passions ; d’où il arrive que plusieurs, étant mal disposes, quand vous leur proposez les preuves, ne donnent pas leur assentiment. Ici donc, les bons sentiments ont un grand rôle : non pas dans ce sens, qu’étant donné la perception de l’accord entre le sujet et l’attribut de la proposition, il faille une intervention de la volonté pour ajouter l’assentiment : car dans celle perception l’assentiment se trouve déjà ; mais le rôle du sentiment ou de la volonté est de faire intérieurement saisir et former cette proposition d’une manière qui fasse apparaître l’accord de ces termes. » In / am, q. i, disp. I, a. 1, p. 14. Voir aussi Lugo cité col. 2367. 3° Môme en dehors de l’ordre moral et religieux, il est des vérités de sens commun, qui bien qu’admises généralement avec certitude, n’ont qu’une évidence confuse, et laisseront toujours au philosophe une lumière plus distincte à désirer : aussi faudra-t-il parfois contre le doute un effort de la volonté, en présence de subtiles objections dont la pleine et directe solutiuii nous échappe. Telle est la vérité objective du monde extérieur, toujours certaine et toujours attaquée par le subjectivisme ; telle est la certitude qu’en jetant les dés on n’amènera pas mille fois de suite ie même nombre, qu’un chef-d’œuvre de la sculpture n’est pas l’effet du hasard, etc.

i L’exactitude de notre souvenir, au moins quant à la substance des faits, souvent nous la tenons fermement, malgré l’impossibilité de la démontrer, malgré hs détails dont nous ne sommes pas si sûrs, malgré les objections qui nous traversent l’esprit, et que la volonté aide à négliger ; nous en croyons notre mémoire.

5° l.a prévision de l’avenir en vertu d’une loi obtenue par l’induction. L’induction incomplète qui nous fournit les lois de la nature, et qui soutient toutes h -,

oc( a phj sii i naturelles, est difficile a analyser,

son principe mémeest exposé a des objections subtiles. De plu-, le uombre des expériences faites est-il suffisant à établir telle loi avec certitude’.' On ne peut le constater mathématiquement, mais seulement par une

appréciation confuse et i’aie. Enfin l’application de

ci lie lui a la prévision de l’avenir pour un cas particulier reste subordonnée à di ros qui ne sont pas absolument impossibles, par exemple le miracle. Voilà des raisons dont une Beule suffirait à introduire le doute, el pourtant le doute disparaîtra ordin ment, souvent sous l’influence de la volonté. Les prévisions certaines fondées sur l’induction remplissent notre vie. A chaque instant voyant un objet nous croyons que notre m. un le rencontrera^ telle distance, que la partie de l’objet que nous ne voyons p B faite de t.lle façon, etc. I.t la vérification vient ensuite confirmi r la cro ; ance. Cel usaie de la croyam d’autant plus fréquent et plus nécessaire, que l’objet propre du sens de la vue est plus n slreint,

il dan - l< ouvenii < les préi isious qu’api e lill uni école moderne considi ne

i. De I" ». 15..Mais ce poinl de vue est

trope clusif.

frou remarqu nous dispenseront di pousser plus loin notre énuméralion. — I » Comme un.- vérité peul

séparer de sa parfaite de nstration, el n’être

dmise que i nr un léi gnage des savants, ou sur une

ml soit peu confuse, ce qui est objet de n ii nce’dcvenii obji t il ci iiie p mr l’auti e.

DICT. M THEOL. CATHOL.

S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ , q. I, a. 5 ; q. il, a. 4. Combien croient savoir par exemple que la terre tourne, et n’en ont qu’une preuve trop imparfaite pour que ce soit chez eux de la science, quoiqu’ils n’en doutent nullement ? Aussi, pour savoir exactement s’il y a science ou croyance dans un cas donné, il faut regarder plutôt l’acte du sujet, dans l’ensemble concret de ses motifs et de ses causes, que la vérité en soi avec la démonstration maximum que la raison humaine pourrait en obtenir. — 2° Plus on a, de nos jours, analysé dans chaque science les bases premières où elle s’appuie, plus on y a découvert ce que l’on a appelé des croyances ; ce sont des principes philosophiques d’une analyse difficile (par exemple le principe de causalité), dont bien des modernes, tout en les tenant fermes par une certitude implicite sans s’en apercevoir, ne se font pas faute de douter explicitement quant à leur valeur objective, ce qui peut donner lieu à une intervention de la volonté, et à une sorte de croyance. Voir le P. de la Barre, Certitudes scientifiques, Paris, -1897, p. 21sq. — 3° Plus on a fait la critique de la connaissance humaine, plus s’est manifestée notre immense et triste faculté de douter : mécontent de ne pouvoir tout démontrer ni tout analyser à sa guise, réclamant plus de lumière, l’homme se prend à douter des principes les plus fondamentaux, doute obsédant que la volonté doit arrêter, sous peine de laisser l’intelligence tomber dans un scepticisme qui serait l’anéantissement de la raison. Voir col. 2384 sq. — Observons ici, à propos du doute, que ce mot a deux sens différents, opposés du reste tous les deux à cette conviction ferme, élément de la croyance. « Doute » signilie : 1. un état négatif de l’esprit, qui de peur de se tromper n’ose rien affirmer sur une question, et reste en équilibre entre les deux assertions opposées ; 2. une crainte de se tromper qui, se mêlant a l’affirmation, la tempère et l’affaiblit. Dans ce 2e cas, l’intelligence est sortie de l’étal négatif, elle a rompu l’équilibre en faveur d’une îles deux thèses opposées : mais en penchant d’un côté, elle reconnaît, par un jugement secondaire, le risque qu’elle court : cet acte complexe est l’opinion. Saint Thomas a liés bien distingué ces deux états d’esprit. De verilate, q. xiv, a. I. Comment expliquer plus profondément encore ce < doute » au second sens, cet élément qui térise l’opinion, et que la croyance rejette ? Plusieurs scolastiques en oui tenté l’analyse psychologique, l’ont discutée entre eux et poussée assez loin. Voir discussion dans Haunold, Theologia, p. 376 sq. ; De Benediclis, Logica, t. i, p. 513 sq.

III. Causes.

Question psychologique des plus intéressantes el des plus complexes. Nous la traiterons en purs psychologues, sans nous inquiéter encore de la valeur ou de la non-valeur des diverses croyances. . Unsi considérées, elles ne sont que (v> produits formés dan-- des conditions naturelles, comparables à la dore et à la faune des continents et des mers. » Balfour, Bases de la croyance, p. 1 i. s - De ci tte formation nous distinguerons des causes nombreuses, dont quelques-unes n’inlerviennent pas toujours, Nous lirons la

cause surnaturelle, la grâce, dont l’étude appartient & d’autres articles. Voir, Foi, Grâce. |o L’habitude et l’association des idées. C’est une aéra le de nos actes, qu’étant souvent répétés, ils , i ni en nous une facilité è les reproduire, une loi (, qu’on nomme habitude. Pourquoi nos jugements échapperaient-ils i cette loi commune de nos opéra lions’D’ailleurs, l’expérience est i., ; on ébranle plus difficilement une conviction enracinée par une longue habitude, ce qui prouve que la certitude ou fermeté il.elle -e. n.i grandi en intensité, Parfois mé l’habitude transformera l’eu.i peu, sans nouvelles pri

irte opini n certitude.

M hil ne faudrail pase bornet i cell pri mière

III.