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CROIX (ADORATION DE LA

CROYANCE

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rable en raison de ce.qu’elle représente, des souvenirs qu’elle réveille, des pensées qu’elle inspire, soit. Mais ili’lui adresser la parole ; de lui supposer du sentiment, de l’action, de la vertu, de la puissance ; de rappeler qu’elle a entendu les dernières paroles de Jésus-Christ mourant, qu’elle accomplit des prodiges, qu’elle met en fuite les démons, qu’elle est la source du salut et notre unique espérance, voilà qui est bien le langage de la plus grossière idolâtrie. — Non, en vérité, mais c’est le langage qui jaillit spontanément de l’âme chrétienne. Oui pourrait lui interdire d’user de figures et de métaphores pour rendre ses sentiments les plus vifs, les plus délicats et les plus profonds, ceux que fait germer en elle le souvenir du rédempteur immolé pour son salut ? Aussi bien Jésus-Christ a-t-il employé lui-même la métaphore sur ce sujet, quand il veut que le chrétien porte sa croix. Saint Paul recourt à la même figure, en demandant qu’on ne rende pas vaine et vide la croix de Jésus-Christ, en appelant sa prédication la parole de la croix, en se glorifiant dans la seule croix de Jésus. D’ailleurs, toute la liturgie de l’Église est faite de ces métaphores, et, après ce que nous avons dit, personne ne s’y méprendra. Il n’y a, dans notre langage catholique, ni superstition, ni idolâtrie. Mais il y a simplement que, devant la croix et en la contemplant, nous adorons Jésus crucifié et nous l’interpellons. Il y a que, devant la croix et en la contemplant, nous rappelons les mérites du crucifié, et nous attendons de lui, et non de la croix, grâce et miséricorde. Rien de plus correct en doctrine et de plus digne en matière de religion.

Pour les renseignements généraux, voir : 1° Adoration’, t. i, col. 437 sq. ; Dictionnaire de la Bible, v Croix, t. ii, col. 1127 sq. ; v° Adoration, t. i, col. 233 sq. ; Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, y° Croix, Paris, 1877, p. 212-225 ; v° Crucifix, p. 225-231 ; Goscliler, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, v* Croix, Paris, 1869, t. v, p. 450471 ; Bergier, Dictionnaire de théologie, v° Croix, Lille, 1830, t. il, 256-262 ; v Adoration, Besançon, 1841, t. i, p. 42-43 ; 2° les ouvrages des théologiens, qui traitent habituellement la question dans leurs traités De Verbo incarnato, ou De incarnatione, ou même De virtute religionis ; consulter particulièrement : S. Thomas, Siun. theol., III", q. xxv, a. 3-6 ; Bellarmin, Scplima controversia generalis, De Ecclesia triumpliante, . II, C. xxv-xxx, p. 248-274 ; Suarez, De incarnatione, disp. LVI, Paris, 1866, t. XVIII, p. 659-663 ; Theologia Wirceburgensis, De incarnatione Verbi divini, diss. V, sect. iii, a. 3, Paris, 1879, t. iv. p. 343-346 ; Franzelin, De Verbo incarnato, thés, xlv ; Petau, De incarnatione, 1. XV, c. vii-xi ; C. Pesch, Prselectiones dogmaticx, t. iv, Appendix de cultusanctorum, prop. lv, schol. 3, Fribourg-en-Brisgau, 1896, t. iv, p. 329-331 ; Bossuet, Exposition de la doctrine catholique sur les matières de controverse, v, édit. Lâchât, t. xiii, p. 59-62 ; 3° les traités spéciaux : Juste Lipse, De cruce libri très, Anvers, 1595 ; J. Gretser, De sancta cruce, dans Opéra omnia, Ratisbonne, 1734, t. i-m ; Bossuet, Lettre sur l’adoration de la croix, dans Œuvres complètes, édit. Lâchât, Paris, 1875, t. xvii, p. 275-284.

H. QUILLIET.

    1. CROMER Martin##


CROMER Martin, historien polonais, né à Biecz en 1512, mort le 23 mars 1589. Après avoir étudié le droit et s’être fait recevoir vers 1538 à Bologne docteur m utroque jure, il fut secrétaire de Pierre Gamrat, évoque de Cracovie, et archevêque de Gnesen. Sigismond Auguste le créa sénateur et lui confia diverses missions diplomatiques. En 1579, il fut nommé évêque de W’armie par le roi Etienne Bathori. Martin Cromer composa les ouvrages suivants : Vier Dialoge ùber die walire imd falsche Religion, 1518, traduit en latin sous le titre : Monachns seu colloquiorum de religione libri 1 V, Cologne, 1568 ; Joannis Clirysoslomi oraliones octo in latinum versas, in-8°, Mayence, 1550 ; Polonia, sive de origine et rébus gestis Polonorum libri triginta, Bâle, 1558 ; Oratio in funere Sigismundi, liàle, 1558 ; Orechovïus, sive de conjugio et cœlibatu sacerdolum commentalio ad Stanislaum Orechovium, in-8°, Cologne, 1561 ; Polonia, sive de situ, populis, moribus, 7nagistratibus et republica regni Polonim

libri duo, Cologne, 1578 ; PhœlydU poema, gr ; > latine, in-8°, Cracovie, 1587 ; Epislolx adregem, proceres equitesque Polonot, Cologne, 1589. La meilleure édition des œuvres historiques de Martin Cromer fut publiée à Cologne, in-fol., 1589. Divers écrits de Crorner ont été publiés par Hipler, Monumenla Cromeriana, dans Zeilschrift [mGeschichle un<i Altertumskunde fur Ermland, Ilraunsberg, 1892. t. x, p. 145-290. Huiler, Nomenclator, 3e édit., 1907, t. m. col. 212-213.

11. Ill.i I.TI BIZE.

    1. CROYANCE##


CROYANCE. -I. Délinition. II. Objet. III. Causes.

IV. Critique de sa valeur. V. Rôle providentiel.

I. DÉFINITION.

La grande difficulté du sujet a été augmentée par l’ambiguité du terme, dont il faut soigneusement distinguer les divers sens.

Sens très large.

Parfois, chez les philosophes

contemporains, « croyance » , « croire » , se dit de toute affirmation, de tout jugement. « Nous croyons, dit Stuart Mill, tout ce à quoi nous donnons notre assentiment. » Examen de la philosophie de Hamilton, p. 75. La philosophie du XVIIe siècle avait parfois donné l’exemple ; Bossuet dit des axiomes : « De telles propositions sont claires par elles-mêmes, parce que quiconque les considère et en a entendu les termes, ne peut leur refuser sa croyance. » Connaissance de Dieu, c. i, n. 13, 63. Les scolastiques avaient noté une semblable extension du terme. Et adlnte magis extenso nomine, dit saint Thomas, omnis certitudo quse fit per ralionem humanam, etiamsi ad visionem inducat, dicitur fides. In IV Sent., 1. III, dist. XXIII. Il observe aussi que chez les Arabes tout jugement est appelé foi. De veritale, q. xiv, a. 1. Divers passages de Platon, d’Aristote et de Clément d’Alexandrie, où le mot t ::tt :  ; a déjà ce sens très large, sont cités par Ollé-Laprune, Certitude morale, c. iv, p. 216 sq. Les scolastiques ne s’arrêtèrent pas à ce sens très large, et restreignant le mot fides à une catégorie de jugements, l’opposèrent à scientia ; credere à scire. Les modernes font de même. Kant a opposé le savoir (das Wissen) et le croire (das Gla ubi opposition qui aujourd’hui revient à chaque instant. Nous négligerons donc le sens très large comme tout à fait impropre, et n’offrant d’ailleurs aucun intérêt spécial.

Sens large.

Une première notion de la croyance

s’obtient en la comparant à d’autres états d’esprit plus simples ou plus connus, la science, ou connaissance relativement parfaite, l’opinion, ou affirmation mêlée de doute. Il est remarquable que les philosophes des écoles les plus différentes s’accordent à placer la croyance ou foi entre la science et l’opinion ; les modernes avec Kant dans un chapitre célèbre de la Critique de la raison pure, intitulé : De l’opinion, de la science et de la croyance ; les scolastiques avec Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, 1. I, c. x, P. L., t. clxxvi, col. 331, et saint Thomas, Sum. theol., II a ID, q. iv, a. 1. Si à la suite du grand docteur on applique à la foi divine elle-même cet axiome : Fides est supra opinionem et infra scientiam, on rencontre une difficulté que nous n’avons pas à résoudre ici ; nous traitons de la croyance en général, et non de la foi surnaturelle en particulier. Voir Foi.

Mais quel est ce milieu entre la science et l’opinion" ? La croyance a-t-elle avec l’opinion une simple différence de degré ? Oui, suivant un usage assez fréquent. noté par saint Thomas, In IV Sent., loc. cit. : Dicitur fides opinio vehemens ; et De veritate, q. xiv, a. 2 : Credere dicimur quod vehementer opinamur. En ce sens large, la croyance, comme l’opinion, resterait mêlée d’un certain doute ; telles sont ces « pieuses croyances » pie creditur), qui restent bien au-dessous des dogmes. C’est surtout dans l’usage vulgaire que le mot croire est ainsi employé. « Je crois l’avoir aperçu » est plus fort que l’opinion à ses plus bas degrés : « il me semble l’avoir aperçu ; » mais ce n’est encore