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CROIX (ADORATION DE LA’2346

surtout dans l’exposition de la croix aux regards des fidèles. Saint Paulin de Noie, dans la lettre déjà citée à Sulpice Sévère, P. L., t. lxi, col. 325 sq., mentionne la cérémonie : Qaani (crucem) episcopus urbis ejus quolannis, cum Pascha Domini agitur, adorandam populo princeps ipse veneranliuni promit. Il décrit les rites observés pour la célébration de ce mystère de la croix : dieni qua crucis ipsius mysterium celebratur. A raison du concours des pèlerins qui accouraient de toutes paris et de très loin, un autre jour dut être ajouté. Saint Grégoire de Tours († 585) nous apprend que ce jour supplémentaire était alors le mercredi. Etait-ce le mercredi de cliaque semaine ou seulement le mercredi-saint ? Il est diflicile de le déterminer d’après son texte : Crux dominica, quse ab Helena Augusla reperla est Hierosolymis, ita quarto, et se.rla feria adorabatur. Libri miraculorum, 1. 1, De gloria B. martyrum, c. v, P. L., t. lxxi, col. 709.

En tout cas, nous savons par le Vénérable Bède que, sous l’empire d’IIéraclius, quand une notable portion de la vraie croix eut été transférée de Jérusalem à Sainte-Sophie de Conslantinople, l’adoration ou l’ostension, à cause de l’aflluence des pèlerins, avait lieu trois fois durant la semaine sainte : le jeudi, le vendredi et le samedi. Cet usage se maintint, soit à Jérusalem, soit à Constantinople, jusqu’au VIIIe siècle. A cette époque, on commença, chez les Grecs, à reporter la cérémonie au troisième dimanche de carême, qui est le deuxième des Lalins. Vers la même date, s’introduisit la coutume liturgique d’oindre avec du baume les croix, soit celles dérivées de la vraie croix, soit ses images, avant de les exposer à la vénération des fidèles. La fonction avait lieu soit au diinanclie de carême, soit encore aux calendes d’août. Ce sont sans doute ces nouveaux usages cultuels qui tirent peu à peu tomber en désuétude, chez les Grecs, l’adoration de la croix du vendredi-saint. Il persévéra cependant cbez les Syriens, les Copies et les Arméniens. Cf. Martigny, "/’. cit., v" Croix Culte de la), Paris, 1877, p. 219220. Schrôdl, dans Dictionnaire encyclopédique de lu théologie catholique, v Croix, trad. Goschler, Paris, 1869. t. v, p. i(is. est plus précis que Martigny. Il explique qu’on exposait la sainte croix à l’adoration du peuple de Jérusalem : I" le dimanche de Pâques ;

2° au milieu lu Carême ; 3° par extraordinaire, quand il avait foule de pèlerins accourus de très loin ; 4° le ptembre.

3. C’est de i Eglise orientale que les Latins onl reçu

discipline liturgique qui consiste a exposer, le vendredi saint acre de la vraie croix, là où

l’on en possède quelques reliques. Elle fut introduite en Occident wt< le vu mi vin 1 siècle, car les rites en sont décrit a inextt nso dans le Sacramentaire gélasien, dans I Antiphonaire rfi saint Grégoire, el dans tous nos docn menti liturgiqui les plus anciens. Duchesne, "/>. cle, -amie Radegonde sollicita

lini de l’empereur Justin II un fragment de la portion considérable de la crois possédée par le i. impérial de Constantinople. C’est pour l’arrivé) de cette

le relique que Venance Fortunat composa son hymne admirable

. lingua, glori’isi’< - m jamais célébré, du moins uni llement et de façon solennelle, une fête dénommée

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qui associe bculte de la crois aui fétei pasi Pour saisii l’origine de relie solenniti. il est bon de se rappeli i que i on avait construit A Rome, sur l< - jai dm i de Si nde basilique en mémoire

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suivant la tradition, sainte Hélène apporta une partie de la vraie croix. En souvenir de cette précieuse relique, le peuple romain appela désormais ce sanctuaire la basilique de Sainte-Croix en Jérusalem. L’on comprend ainsi que la fête du 3 mai se trouve elle aussi mentionnée au Sacramentaire et à Y Antiphonaire. De Rome, elle se répandit peu à peu par tout l’Occident. Duchesne, <>/>. cil., p. 264.

5. Après sa victoire sur les Perses, Héraclius leur imposa, par traité, la restitution de la vraie croix, enlevée comme un gage inappréciable, en 614, par leur roi Cbosroès. Au printemps de l’année 629 (630), l’empereur vint la rapporter lui-même solennellement à l’église du Saint-Sépulcre, parmi de nombreux prodiges, dit la tradition. Ce retour de la croix et les faits prodigieux qui l’accompagnèrent n’ont pas manqué d’imprimer un nouvel éclata la fête grecque de l’Exaltation de la croix ; et dès lors on commença de la célébrer aussi en Occident, le 14 septembre. Mais tandis que cetle date ramenait chez les Orientaux la glorilication de la croix en général et sous tous rapports, les Occidentaux fêtaient uniquement, en ce jour, la reprise sur les Perses du bois si précieux de la croix. Cf. Schrôdl, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, v° Croix (Exaltation de la sainte), Irad. Goschler, Paris, 1869, t. v, p. 462-463.

6. De ces fonctions publiques si anciennes, aujourd’hui encore universellement accomplies dans tout l’univers catholique, nous pouvons et devons conclure quelle est la pensée de l’Eglise sur le culte dû à la vraie croix. Sa pratique nous révèle sa doctrine sur ce point : Legem credendi slatuit le.v supplicandi.

III. Un culte religieux est dû ai x images de la croix. — 1° L’image de la croix, par opposition à la vraie croix de Jésus-Christ, se nomme dans le langage de l’Ecole : crux cxemplala. Si cette croix porte en même temps l’image du Sauveur, elle s’appelle alors crucifix : imayo cruci/ixi.

2° En général, nous rendons un culle aux images saintes, parce qu’elles sont des représentations ou des signes qui provoquent en nous le souvenir des originaux. On ne peut nier, par exemple, que l’image « de Jésus-Christ crucifié, lorsque nous la regardons, n’excite plus vivement en nous le souvenir de celui qui nous a aimés jusqu’il se livrer pour nous à la mort. Gal., il, 20. Tant que l’image, présente à nos yeux, fait durer un si précieux souvenir dans notre âme, nous sommes portés à témoigner, par quelques marques extérieures, jusqu’où va notre reconnaissance ; et nous Faisons voir, en nous humiliant en pré ie de l’image, quelle est notre soumission pour son divin original… Bossuet, Exposition de la doctrine de l’Eglise catholique sur les mata ces de controverse, Œuvres complètes, édit. Lâchât, Paris, 187.">, t. xiii, p, 60. Telle est la raison profondément naturelle qui explique et commande le culte de la m aie croix, considérée non plus comme relique, mais commi signe évoquant le souvenir du divin crucifié, le culte aussi

de imites ses images.

Bossuet développe ce principe, à sa docte mani dans une fort belle Lettre sur l’adoration de lu croix. Pour réfuter l’objection protestante, il fait très habilement cet argument ad hominem, qui a pourtant une valeur absolue : Qu’es ! ce donc que i, , croix, A voire avis, sinon l’abrégé de n vangile, tout l’Évangile, dans

il signal et dans un seul caractère’Pourquoi

doue ne la baisera Iron pas.’Et si on lui rend cette

orte d’honneur, pourquoi non les autres ? Pourquoi

niraion <ajusqu’à la génuflexion, jusqu’au,

nement entier ! Je ne sais que Jésus, et Jésus crucifié,

lainl Paul : voila doue tout ce que je sais ramassé, et parfaitement exprimi dans la crois coi

par une seule lettre ton imenta de pii ti