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CHOISKT — CROIX (ADORATION DE LA

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et de conditions, 2 in-12, Lyon, 1730, etc. Le P. Croisel était devenu provincial, puis maître des novices ; il mourut à Avignon, le 31 janvier 1738.

Letierce, S. J., Étude sur le Sacré-Cœur, Paris, 1891, p. 52101 ; Regnault, s. J, , Le R. i’. Jean Croiset de la Compagnie de JéSUS, Toulouse, 1888 (extrait du Messager du Cœur de Jésus) ; Sommervogel, Bibliothèque de la C’de Jésus, t. ii, cul. 1661-1686. Les lettres de la B. Marguerite-Marie au P. Croiset ont été publiées dans le Messager du Sacré-Cœur, en 1880 et 18 !)0, puis dans une brochure : Courte biographie et lettres médites de la B. Marguerite-Marie, etc. Toulouse, 1890 ; A. Hamon, Vie de la bienheureuse Marguerite-Marie, Paris, 1907.

H. DUTOUQI I-.’l.

    1. CROIX (Adoration de la)##


CROIX (Adoration de la). — I. Etat de la question. II. Un culte religieux est dû à la vraie croix. III. Un culte religieux est dû aux images de la croix. IV. Nature du culte religieux dû à la vraie croix et à ses représentations.

I. État de la question.

Nous n’avons à traiter ici que la question théologique de l’adoration, ou, si l’on veut, du culte de la croix. Suivant la doctrine sacrée, un véritable culte religieux, un culte nettement déterminé est dû à la croix de Jésus-Christ, à la vraie croix comme à ses images ou représentations. Cette doctrine théologique a toujours passé dans la vie chrétienne des fidèles, depuis les premiers âges. Nous bornant donc à exposer la théologie du culte de la croix, nous’ne traiterons pas ex professo des fêtes liturgiques de l’Invention et de l’Exaltation de la sainte Croix, du signe de la croix, de la dévotion du Chemin de la croix. Nous n’invoquerons ces actes cultuels et ces fêtes que dans la mesure où ils sont un confirmatur apporté par l’ordre pratique de la liturgie à la théorie spéculative de la théologie.

La doctrine comme la pratique du culte de la croix a rencontré des ennemis. Il suffit de signaler, de façon générale, les adversaires des premiers siècles qui raillaient, blâmaient, calomniaient les chrétiens à l’occasion des hommages rendus par eux à la croix. Celait dans la logique de la persécution, qui raillait, blâmait, calomniait tout de la religion nouvelle. Mais, parmi les ennemis déclarés de la croix, il faut mentionner, à part et au premier rang, Julien l’Apostat. Cet empereur sectaire se moquait des chrétiens qui méprisaient et délaissaient les dieux des païens pour en venir à s’incliner devant la croix. Vous adorez, leur reprochait-il, le vil bois d’une croix, vous formez ce signe sur vos fronts, vous le gravez sur la porte de vos maisons… tô to0 oraupoO jrpoaxuvECTE |û).ov, eixdvaç aûfoO cy.ixypaço’JVTS ; iv Toi ii, eT( » >7rcp, xai Trpo tôv otxïi^àTwv ÈfYpaçovTeç. S. Cyrille d’Alexandrie, Contra Julianum, 1. VI, P. G., t. lxxvi, col. 790-797. Les anciens iconoclastes, si acharnés qu’ils se soient montrés contre les saintes images, ont cependant respecté et vénéré la croix. Il faut arriver au ixe siècle pour retrouver un adversaire systématique ^de la croix, en la personne d’un Espagnol, disciple de Eélix d’Urgel, l’adoptianiste. Placé par Louis le Débonnaire sur le siège de Turin, vers la fin de 817 ou au commencement de 818, dès la première visite de son diocèse, Claude fit briser et brûler toutes les croix des églises. Il soutenait qu’on ne devait leur rendre aucun culte, pas plus du reste qu’aux saintes images ou aux reliques. A l’occasion de ce culte de la croix, il répandait les propos les plus audacieusement inconvenants et les plus scandaleux. Qui honore la croix, disait-il, pour la mémoire du Sauveur qu’elle rappelle, affectionne en Jésus-Christ ce qui a fait la joie des méchants, c’est-à-dire l’opprobre de sa passion et la cruelle ironie de sa mort. C’est, comme les Juifs et les païens, ne pas croire à la résurrection de Jésus. Il recourait aux plus grossières railleries pour attaquer le culte de la croix. Apologclicum ah/ne rescriptum Claudii episcopi [ad versus Theulmirum abbatem, P. L.,

t. CV, col. 402 ; cf. P. L., t. civ, col. 615-928 ; t. cv, col. 159£64 ; E. Dûmmler, Monumenla Germanise hislorica. Epist., t. iv, Karolini œvi, t. ii, lierlin, 1895, p. 589613. A l’évêqne, mauvais pasteur, son troupeau ci vigoureusement. Au théologien impie ripostèrent des tenants des vieilles traditions. Théodemir, abbé du monastère de Psalmody, au diocèse de Nimes, écrivait : « Quel orgueil de fouler aux pieds, de briser avec mépris ce que, depuis 800 ans, c’est-à-dire depuis l’établissement du christianisme, les saints Pères et les plus religieux princes ont permis, ont ordonné qu’on exposât dans les églises, et même dans les maisons particulières, pour la gloire du Seigneur ! Peut-on compter au nombre des chrétiens celui qui rejette ce que reçoit toute l’Église ? » F. X. de Feller, Biographie universelle, v° Claude de Turin, Paris, 1841, t. m. p. 175-476. Avec Théodemir, protestèrent Févêque d’Orléans Jonas, De cullu imaginum, P. L., t. evi, col. 305-388 ; Dungal le reclus, du monastère de Saint-Deni>. Hesponsa contra perversas Claudii Taurinensis episcopi sententias, P. L., t. cv, col. 465-530 ; Walafrid Strabon, De rébus ecclesiasticis, viii, P. L., t. exix, col. 928-929. Claude fut sévèrement blâmé par le pape Pascal I er, et il répliqua en tournant en dérision ce seigneur apostolique, qui cessait d’être tel par le fait qu’il remplissait mal sa fonction. Il fut aussi censuré par le synode tenu à Paris en 825. Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, Paris, 1870, t. v, p. 236-242. Voir Claide de Tirix, t. iii, col. 16 ; Bergier, Dictionnaire de théologie, v° Claude de Turin, Lille, 1830, t. il, p. 96-98 ; Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, v° Claude de Turin, trad. Goschler, Paris. 1869. t. IV, p. 375-377.

Aux siècles postérieurs, les wicleffites, les sectes protestantes, les calvinistes surtout, ont pris une place prépondérante parmi les ennemis du culte de la croix, et renouvelé, pour leur part, les attaques et les calomnies de Claude de Turin. Au témoignage de Thomas de Vaud, les wicleffites appelaient les images de la croix des troncs pourris, et moins dignes d’hommage que les arbres de la forêt : ceux-ci du moins sont vivants. Guillaume Reginald, Calvino-Turcismus, 1. II, c. XVIII, rapporte que Calvin défendit de porter au cou des crucifix : ses partisans les remplacèrent par des broches d’or ou d’argent avec les traits de leur maître ! On connaît, d’ailleurs, ce propos de Théodore de Bèze : Fateor me exanimo cruci/ixi imaginent detestari. Et Luther, dans un sermon sur l’invention de la sainte croix, s’écriait : Ad diabolum cum ejusmodi imaginibus : nullius enim boni causa sunl… Ubi crux adoratur auroque et gemmis ornatur, ibi imagines crucis confringendse sunt et templa ipsa funditus subruenda. Cf. Jungmann, Traclatus de Verbo incarnato, n. 413. noie. Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 366. Voir encore Calvin, Institut., 1. I, c. n ; 1. IV, c. ix, §9 ; le ministre Jean Baillé, De cultibus religiosis Latinorum, Genève, 1671. passim. Les Réformés, du reste, se sont empressés de glorifier, à ce propos de la croix, l’évêque de Turin comme un illustre ancêtre. Voir Mosheim, Histoire ecclésiastique, IXe siècle, I re partie, c. ii, S 14 ; c. ni. S 17 ; Basnage, Histoire de l’Église, t. n. p. 1306, 1384. Aussi ne faut-il pas s’étonner si les théologiens des XVIe et xvii’siècles se sont spécialement attachés à réfuter les imputations fausses et les prétentions erronées des protestants, sur ce point particulier. L’hérétique russe Cosoi rejetait aussi, au xvie siècle, le culte de la croix. Voir col. 1918.

IL Un cii.te est dC i vraie croix. — Quand il s’agit du culte dû à la croix, il faut considérer d’abord la vraie croix, la croix réelle sur laquelle le Christ mourut, crux realis, comme dit le langage de l’École. Sur celle croix du Sauveur, voir Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, v° Croix, t. ii, col. 1131 ; Rohault de Fleury, Mémoire sur les instrumetits de la Passion, Paris, 1870, p. 45-163 ; Gosselin, Notice historique sur la