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CRITIQUE


Voir Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. iv, col. 99-111. L’Académie Je Munich fuit exécuter les travaux préparatoires à une édition critique de ces vieilles versions. De la Vulgate de saint Jérôme nous ne possédons pas encore d’édition critique. L’édition officielle de Clément VIII, de l’aveu du pape, n’est pas parfaite. Wordsworth et White publient une édition critique du Nouveau Testament. Les quatre Évangiles et les Actes ont déjà paru : Novum Testamentum Domini Nostri Jesu Christi laline secundum editionem sancti Hieronymi, in-4°, Oxford, 1889-1898, t. i en 5 fasc.j 1905, t. H, fasc. 1°. En 1907, le président de la Commission biblique a chargé l’ordre bénédictin de continuer le travail, inauguré par le P. Vercellone, barnabite, et de recueillir dans les manuscrits latins les variantes de la Vulgate en vue de préparer les matériaux nécessaires à une revision officielle et critique de cette version. Nouvelle preuve, s’il en était besoin, que l’Église, loin de redouter la critique textuelle, la favorise et espère en tirer profit pour la correction et l’amélioration du texte sacré.

Critique d’interprétation.

Les Livres saints,

étant à la fois des livres divins et humains, exigent d’être interprétés en dehors des règles d’herméneutique communes à tous les documents anciens, suivant des règles spéciales conformes à leur caractère divin et inspiré. Voir Interprétation de la sainte Écriture.

5° Fausse critique et /njpercritique. — Dans son encyclique Jucunda sane pour le 13e centenaire de saint Grégoire le Grand, du 12 mars 1904, Pie X a dénoncé plusieurs abus de la fausse critique, qui nie a priori le surnaturel et prétend l’exclure de l’histoire : Ejusmodi sunt Jesu Christi Jivinitas, mortalis ab eodem assumpta caro Spiritus Sancti opéra, sua ipse virtute a morticis excilalus, omnia denique fidei nostrse cætera capila. Canonisle contemporain, 1904-, t. xxvii, p. 288. C’est pour la même raison que M. Sanday a dit que la critique est infiniment redoutable dès qu’elle devient un instrument servant à justifier empiriquement un postulat de l’ordre spéculatif. Cf. Mu r Batifiol, La question biblique dans l’anglicanisme, Paris, s. d. (1905), p. 34-44.

D’autre part, il est juste de dire encore avec Mo> Batifiol, op. cit., p. 31-34, que l’intempérance hypercritique a toujours sévi spécialement dans l’étude de la Bible. Sans vouloir épuiser le sujet, il suffira de citer comme exemples les conclusions de MM. Havet, Maurice Vernes, Dujardin, sur la modernité des prophètes d’Israël, dont les écrits seraient postérieurs à la captivité des Juifs à Babylone et de l’époque grecque ; celles de l’école hollandaise sur l’authenticité et la date des Épitres de saint Paul, et, dans l’ordre historique, l’importance accordée par Cheyne dans son Encyclopœdia biblica, 4 in-4°, Londres, 1899-1903, au petit clan de Jérahméélites, mentionné deux fois seulement dans tout l’Ancien Testament. De tels excès font tort à la critique biblique, et il est nécessaire, spécialement en ces matières, de faire le départ très exact entre la critique et l’hypercritique, la critique objective et la critique subjective, entre les résultats certains et les hypothèses creuses, entre l’emploi légitime et l’abus.

J. Danl<o, De sacra Scriptura ejusque ititerpretatione commentarius, Vienne, 1867, p. 134-142 ; Encyclopédie des sciences ecclésiastiques de Licbtenberger, t. iii, p. 475-479 ; Kirchenlexikon, t. vii, col. ll’.)7-1209 : Reaumcyclopàdie fur protestantische Théologie und Kirche, t. XI, p. 119-146 ; A. Loisy, De la critique biblique, dans L’enseignement biblique, 1892, n. G, Chronique, p. 1-16, et dans Éludes bibliques, Paris, 1901, p. 725 ; F. Godet, Introduction au X. T., Neuchatel, 1893, t. i. p. 3-70 ; V. Ermoni, Du rôle et des droits de la critique en exégèse, dans la Science catholique, 1895, t. IX, p. 402-414, 432-505, 703-712 ; M" Mignot, L’apologétique et lu critique biblique, dans la Ilcvue du clergé français, 1901, I. xxvii, p. 14-45 : M, Préface du Dictionnaire de la LSible de M. Vigouroux, Paris, 1896,

t. i, p. i.v-lii ; P. Lagrange, La méthode historique, 2’édit.. Paris, 1904, p. 9-34 ;.1. Corluy, d ; ms le Dictionnaire a] tique de la foi catholique de Jauger, Paris, s. d. (1889), col. 659670 ;.M Legendre, De la critique biblique, dan- ! a Revue des Facultés de l’Ouest, 1905, 1906.

III. De la critique dans les autres branches de la THÉOLOGIE. — Il n’est, en dehors de la liible, aucune des branches de la théologie à laquelle les diverses sortes de critique ne puissent s’appliquer. Ouvi des Pères, des scolastiques et des théologiens modi eux-mêmes sont soumis à la triple critique de provenance, de restitution et d’interprétation, comme ils peuvent donner lieu à l’hypercritique. Bornons-nona quelques indications comme simples exemples.

Critique de provenance.

Il est clair qu’il importe

grandement au théologien d’être exactement renseigné sur l’authenticité des écrits patrisliques et théologiques qu’il cite ou qu’il utilise. Ses citations n’ont de valeur qu’autant qu’elles sont empruntées à des ouvrages qui ont été réellement composés par le Père ou le théologien, dont le témoignage est invoqué. Or, il est de notoriété que certains ouvrages ont été attribués faussement à des auteurs qui ne les avaient pas composés. Il suffit de nommer les œuvres du pseudo-Denys i’Aréopagite et les Fausses Décrétales pseudo-isidoriennes. On a déjà fait ici même le triage entre les écrits authentiques et les écrits apocryphes de saint Athanase, 1. 1, col. 21512165, de saint Augustin, ibid., col. 2286-2310, de saint Anselme, ibid., col. 1330-1334, et de saint Bonaventure. t. ii, col. 966-974. On a démontré que la Sumnta sententiarum, attribuée à Hugues de Saint-Victor, ne pouvait être de lui, mais devait être rapportée à un de ses disciples ayant subi l’inlluence d’Abélard, t. i, col. 52-5 5. Dans les notices de divers théologiens, on fait, à l’occasion, la part de l’authentique et de l’apocryphe dans leurs œuvres.

Critique de restitution ou textuelle.

Les éditions

critiques des Pères et des théologiens, lorsqu’elles existent, doivent être citées de préférence à toute autre. Cela se comprend, puisque le texte en a été é d’après les meilleurs manuscrits et à l’aide des ressources combinées de l’érudition moderne. Les éditions des Pères par les mauristes sont ordinairement de bonne marque. Pour les Pères apostoliques, il faut de toute nécessité recourir aux éditions récentes, non seulement à cause de textes nouveaux récemment découverts, tels que la Didachè, mais aussi en raison des améliorations que leur texte a subies grâce aux travaux de divers critiques. Les éditions du Corpus scriptorutn ecclesiastieorum latinorum de Vienne et des Gricchischen christlichen Schriftsteller der ersten drei Jalirhunderte, publiés à Leipzig, sont ordinairement supérieures à leurs devancières. On les utilise ici à l’occasion et on l’a fait spécialement pour Clément d’Alexandrie. Pour des raisons analogues l’édition des Opéra de saint Bonaventure, faite à Quaracchi, et l’édition dite léonine de saint Thomas d’Aquin ont un texte plus sûr et plus critique que toutes les précédentes. Il n’y a pas jusqu’à l’édition toute récente de la Tlteologia moralis de saint Alphonse de Liguori par le P. Gaudé, qui ne présente, sous le rapport du texte, plus d’exactitude. 3° Critique d’interprétation.

Il est manifeste aussi

que les textes d’un l’ère de l’Église, d’un théologien scolastique et même d’un théologien moderne ne peuvent être pris isolément en dehors du contexte, de l’ensemble de la doctrine de l’auteur et du milieu historique dans lequel il a vécu. On courrait de graves risques d’erreur d’interprétation en ne tenant pas compte de divers facteurs et de tous les éléments de contrôle. C’est pourquoi on s’efforce, dans les articles spéciaux de ce Dictionnaire, d’exposer fidèlement la doctrine de chaque Père ou grand théologien, aussi bien que les enseignements propres à chaque époque