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CREDIBILITE


Albert, qui analyse la foi surnaturelle toute faite, et ne se place pas au point de vue génétique, donne naturellement la prépondérance aux causes divines de la foi et rejette à l’arrière-plan ses prodromes rationnels : Hujusmodi non causant consensum in /ide, sed tantum inducunt cogilalum de credibili. El quia non sufficienter probant, ideo non deserviunt fidei nisi ex parte malerialis partis, quas est tennis cognitio : et formaliter perficitur ex parle affectus. Ibid., lit. A, a. 1, ad 4um. p. 406. Le cogilalum de credibili, l’équivalent de crédibilité rationnelle, n’a qu’un rôle matériel vis-avis de la foi : à celle-ci de donner la science des credibilia. Fides, in eo cjuodest simplex lumen simile veritati primée, dat simplicem scientiam veritalis credibilium. In 1 V Sent., 1. III, dist. XXIII, lit. B, a. 3, ad 1°"’. p. 410.

Il semble qu’Albert ou bien ignore la théorie de la foi acquise introduisant la foi divine, sicut lela filum, d’Alexandre, ou bien ait voulu réagir là-contre, en se refusant à considérer le rôle de la crédibilité autrement que de l’intérieur de la foi.

Saint Bonaventure. — Son commentaire In Sententias est commence, selon Jeiler, en 1248. Nous suivons l’édition de Quaracchi, 1887, t. i-iv. Il semble connaître la terminologie concernant la foi acquise de Alexandre de Haies, mais, comme Albert le Grand, il n’examine son rôle que dans l’intérieur de la foi divine. Il distingue deux sortes de foi acquise, l’une simple présentation d’objet, l’autre accompagnée d’un assentiment naturel : Si loquamur de fide… quantum <nl cognitionem illam i/tici cognoscimus qui sunt articuli fidei… Sic concedendum est quod fidei est per auditum et per acquisilionem secundum legem communem… Si autem loquamur de fide quantum ad formule videîicet quantum n, l iihnl quod facit assentire ; sic dicendum est quod qusedam /ides informis est per acquisitvonem, queedam per infusionem. Nam quidam assentiuni veritati auditx moti humana persuasione, utpote propter… niiracula. .. et talis fides est simplicité » ’acquisita. Quidam autem assentiuni veritati fidei propter divinam illustrationem. In IV Sent., l. III. dist., XXIII, a. 2, q. n. conclutio, Opéra, t. iii, p. 191. C’est, semble-t-il, cette foi informe acquise, qu’ont les dénions : manifesta ratione coguntur credere (idem credentium in Christum veram esse. Ibid., q. III, concl., p. 493. Quia i/isi videbanl miram Christi virtutem’m suis e(Jeclibus, cui nultatenuspoisent resistere, cognoscebanl Ipsum non purum hominem led cliam Deum esse. Ibid., ad3" m. p. 491.

Saint Bonaventure se refuse à regarder cette foi informe acquisi comme une introductrice à la foi, lela filum. Il dislingue d’abord le cas où elle n’a qu une impie probabilité, comportant la crainte de son contraire, et, dans ce cas, devançant Innocent XI, il la déincompatible avec la foi. Si s ; i probabilité est telle qu’une adhésion ferme i i elle n’est pas incom patible avec la foi, quoniatn multi fidèle » habent ad ea qui credunt multa » veritimilei ratione » etmultaspro, , , , ; opinionem. lu I V Sent., I. III, dist. XXIV. a. 2. q. il, Opéra, t. iii, p. 521. Mais I opinion favorable ainsi engendrée ne fonde, ni ne pré-I assentiment de la foi : ainsi, loc. cit., ad J’. s liera non ttal < uni opinione, ita quod lutin opinione tanq amento, immomultoma ceptio illa pr rationibuê acquitita, de

qua itn iii, n est, v’potest. Innititur ipsi

tanquam firmiori… Ideo magis illa acceptio

litut fidei o lu 1 1 aliquo modo illa

(idem fm i t. Ibid., p. 531.

le auquel I" sain) docteur vient de se référer

1 ition I. dition de Qoaracchl n n

iii.ii iiu /, , / 1 Sent., I. I. q. ii, t. i,

[i. 1 1 i i’pliquée la triple utilisation de la i

par la foi : contre ut. nu |.

faible ! M r réjouir li - parfaits Tool g la ne d< ;

pas l’usage de la raison après la foi. Il semble d’ailleurs que le saint docteur ne distingue pas suffisamment les raisons de convenance destinées à illustrer le contenu intrinsèque du mystère, ce que nous nommons la raison théologique, des raisons extrinsèques qui en établissent la crédibilité en général. C’est là une confusion qui lui est commune avec la plupart des théologiens de l’âge précédent et même contemporain avant saint Thomas.

C’est que, dans cet âge de foi, le problème des antécédents rationnels à la foi ne se posait pas avec autant de précision que plus tard. C’est aussi que la distinction de la nature et de la grâce, de la raison et de la foi, n’avait pas encore le relief que lui donna saint Thomas. Pour les augustiniens, la raison est déjà une illumination divine, lumen indilum, qui est coordonnée à l’illumination de la foi, lumen infusum, et est destinée à se résoudre en elle. Les arguments rationnels sont donc déjà sous l’empire d’une grâce, de la foi commencée. Ils constituent des auxiliaires intérieurs, qui, s’ils ne sont pas homogènes à la foi, sont sous sa direction. C’est là l’explication profonde de l’attitude de saint Bonaventure, et lui-même ne nous le laisse pas ignorer : Si ergo quseritur : quid movet ad illud credendum, ulrum videîicet Scriptura, vel miracula, vel gratia, sire ipsa veritas xterna ? dicendum est quod principaliter movens ad hoc est ipsa illutninatio quæ inclioatur in lumine infuso, quæ quidem facit nos non solum aile, verum etiam pie sentire de Deo ; el hoc, quia illuminatio procedit ab ipso lumine seterno in cujus obsequium nostrum captivai intellectum et… reddil liabilem ad credendum qumeumque ad divinum honorent et cullum spectant, etsi sint super rationem nos tram. Moventia autem sicut ADMINICVLANtia, el quodam modo inducentia, plurima sunt : quia movent Scripturæ testimonia aulhentica, movent sanctorum exempta et marlyria, movent doclorum argumenta et ipsius universalis Ecclesiie sententia, movent et ipsa miracula irrefragabilia. Qusest. disp. de Trinilale, (. i, a. 2, sol. Quamvis ergo Deum esse trinum sit credibile ex ratione niera, est tamen credibil ratione adjuta per gratiam et lucem desuper infusant. Et quod sic est credibil, - non irrationabiliter creditur quia gratia et lux desuper infusa potins rationem dirigit quam pervertat. Ibid., ad 3 nm.t. v, p. 56, 57.

Saint Thomas d’Aquin. — Le principal apport de saint Thomas à la théologie traditionnelle est la précision laquelle il distingue l’ordre naturel et l’ordre surnaturel. Cf. A. Vacant, Étude » comparées sur la philosophie de saint Thomas et de D. Scol, Paris. 1891, p. 12 sq..Nous venons de le voir, on supposait toujours dans la nature comme un germe du surnaturel. L’histoire révélée montrait la nature et la grâce agissant de concert dans l’être humain concret, innocent, coupable, racheté, sans préciser philosophiquement le point critique mi finit la nature, où commence la grâce. La psychologie toute vivante et laite d’expériences Intimes de s.iint Augustin, qui domine presque exclusivement la spéculation théologiqu sidentale jusqu’à s.iint Bonaventure, n’étail pas ar pour résoudre ce problème

ontologique ; ei l.i métaphysique platonicienne, dont us.di ce Père, métaphysique du bien et de I action rét Ile plutôt quede l’éire ei des prédicaments, entretenait l’idée de la fusion des deui ordres, sur un point ou sur un autre, contre Pelage etautres hérétiques, l’Église et lesP< rea paraient aux inconvénients de cette conception en limitant sur tel ou tel point le d aine naturel, cf. Il’concile d’Orange, sans parvenir è formuler une donnée .1 1 nsemble qui marquât la distinction radicale desdeux règni i iri lotélisme enfin, en jetant dans la cil lien théologique une psychologie faite de l’hommenatun ani aucun alliage de luniaturel, provoque