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CREATION


n’est pas le dernier mot de la dogmatique chrétienne : l’incarnation, la rédemption, la filiation adoptive, l’eucharistie. .. ont une tout autre valeur religieuse et morale, par cela même que l’amour de Dieu s’y manifeste d’une manière plus évidente et plus attrayante. Mais tous ces articles de foi n’ont pas de sens, si l’on ne suppose à la base la distinction absolue de Dieu et du monde, et la production e.r nihilo. Sous ce rapport de même que, dans l’ordre ontologique, notre création personnelle est la condition première pour que nous profitions des grâces ultérieures de Dieu, de même, dans l’ordre logique, la connaissance de la création ex nihilo est la condition première pour que nous arrivions à la profession normale du symbole. En ce sens, le dogme présent est fondamental, aussi important comme vérité d’ordre naturel que comme article de foi. Il reste donc à signaler :

/II. PLACE DANS LA PHILOSOPHIE. — 1° Problème inévitable avant tout. On a beau dire qu’on se contente d’enregistrer les rapports des êtres sans se préoccuper de leur origine, de leur nature et de leur fin, historiquement c’est une position qu’un homme n’a jamais sutenir, philosophiquement c’est une attitude que la morale et la raison condamnent et à laquelle la pente naturelle de notre esprit ne nous permet pas de nous tenir longtemps. La raison en est dans la nature même de la question présente. — 2° Problème fondamental, en effet. 1. En métaphysique. Les mots d’être, d’individu, de nature, qui ne le voit, prennent un sens tout différent dans la doctrine créalianiste et dans le système moniste. Origine et nature sont ici inséparables : si Dieu produit les êtres en soi, tout est Dieu ; s’il les tire du néant, ils sont autre chose que lui et souverainement dépendants de lui ; dans le premier cas, phénomènes et lois sont des maladies de l’Etre nécessaire, dans le second, des accidents hors de lui. Il faut donc se résoudre au phénoménisme, ou adopter l’une des deux solutions ; et nul n’a le droit de s’en tenir au phénomène, par cela même que cette attitude pratique absolue suppose un principe spéculatif absolu, et donc un dogmatisme justiciable, comme tout autre, de la raison. S’il arrivait par ailleurs que sur ce point capital on adoptât une solution fausse, sur une base de cette sorte, on le voit, les constructions philosophiques du génie le plus puissant ne peuvent être que ruineuses. En ce sens, s’il est vrai que le dogme de la création est la seule solution non contradictoire du problème desoi igines, il devient juste de dire qu’il est le premier mot de la science. C’est dire qu’avec cette solution vraie, la philosophie chrétienne dépasse toutes l"- philosophie » panthéistes ou dualistes avec leurs irréductibles incohi i est dire encore

qu’ayant respecté’la raison au point de départ, elle peut, en restant fidi solution, s’agréger par

la suite tout ce qu’elle découvrira de solide et de profond dans les philosophies hétérodoxes anciennes et

Telle est en fait son his De Margerie, Théodicée, t. ri. p. 358 Bq. — 2. En aie, les conséquences sont aussi gi i i L’obligation morale est aussi bien supprimée dans le monisme matérialiste que dans le monisme idéaliste. Il faut applaudir à l’élévation d< certa i qui, par un heureux illo — comme aujourd’hui, bâtissent une’i ir des pi incipes (aux, mais on

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peut.1 n’r ci. l’éthique, si, n supprimant la distinction de Dieu < : du monde, on supprime en fail iuv( i.iin. i nelr idualité des substances, la liberté, l’immortalité personnelle et la sanction

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préface de la l ie édit., 1873, p. ix. Nous n’avons ici qu’à le rappeler.

Il paraîtrait que cette importance capitale du dogme de la création n’est pas pour rien dans la guerre qu’on lui déclare. On a quelque honte à citer ces lignes : « Toute -puissance de la loi de substance. Notre ferme conviction moniste, que la loi fondamentale cosmologique vaut universellement dans la nature entière, est de la plus haute importance. Car non seulement elle démontre positivement l’unité foncière du Cosmos et l’enchaînement causal de tous les phénomènes que nous pouvons connaître, mais elle réalise négativement le suprême progrès intellectuel, la chute définitive des trois dogmes centraux de la métaphysique : Dieu, la liberté et l’immortalité. » Hreckel, Les énigmes de l’univers, Paris, 1903, p. 265. Cet idéal de progrès intellectuel explique assez bien certaines diatribes extra-scientifiques de l’auteur. Serait-il sans influence sur ses conclusions scientifiques elles-mêmes ?


On voit par là comment la défense du créatianisme intéresse non seulement le christianisme, mais le spiritualisme et toute doctrine philosophique qui n’a pas, comme M. Hoeckel, cette conception du suprême progrès. Avant d’être article de foi, la création est une vérité rationnelle et qui commande toute la philosophie. Qui blesse l’une blesse l’autre. De Margerie, op. cit., t. ii, p. 362 sq.

IV. LA CRÉATION ET L’APOLOGÉTIQUE CATHOLIQUE.— On sait à quel point ce dogme est attaqué dans les publications populaires d’allure scientifique, Delépine. L’enseignement populaire et la vulgarisation scientifique, dans la Revue pratique d’apologétique, Paris, I er août 1906, et quel est son discrédit presque absolu dans le monde savant. La gravité de ce fait exige qu’on se rende compte de ses causes et qu’on essaie d’y porter remède.

1° « Avant tout, les savants contemporains, écrivait Mie d’Hulst, ignorent jusqu’aux éléments de la philosophie. Ce n’est pas leur faute, c’est le malheur des temps. » Mélanges philosophiques, 1892, p. 409. Parole sévère, à qui bien des faits semblent cependant donner raison. Et cela se traduit entre autres : 1. par une confusion presque reçue entre l’image et l’idée, comme si la possibilité ou l’impossibilité d’imaginer une notion équivalait à l’impossibilité ou à la possibilité de la penser. De là des notions irreprésentables par des images propres, parce qu’elles sont, comme la création, hors de l’expérience, sont tenues pour impensables et rejetées a priori ; 2. par une inaptitude plus ou inoins grande à mesurer la portée philosophique defaits. D’une érudition étonnante, d’une merveilleuse rigueur de méthode dans l’étude de* sciences physiques et naturelles, nombre de savants manquent de cette formation philosophique et dialectique générale qui permet de déjouer les sophisme-. Leur dogmatisme est par ailleurs d’autant plus intransigeant, qu’il se croit légitimement appuyé sur di recherches plus méticuleuse-.

i N’y a-t-il pas lieu de signaler aussi la manière souvent défectueuse dont on présente le dogme.’— 1. Le manque de sympathie intellectuelle. Le léle des ie la donm pas toujours, Familiarisé que l’on est la solution chrétienne, on oublie les difficultés trop réelles qu’elle offre à l’imagination et a la raison : les esprits se ferment ne pouvant croire qu’on leur ré ponde, quand on n’a pas l’aii de les c prendn Ni

convient 11, ippeler que les plus grands philo Bophesonl senti plus vivement la gravité du probli Se doit-on pas svoir toujours présent a l’esprit sur quel abîme on pn li nd ainsi jelei un i > i » t vii

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étroits d’exégèse biblique compliquent eni in la difli-