Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/455

Cette page n’a pas encore été corrigée

217’CREATION

2178

appelant pour cause immédiate un autre mouvement : d’où série infinie et éternité. L’autre raison principale est le désir de sauvegarder l’immutabilité divine. Op. cit., p. 80. Cf. M. Worms, Die Lehre von der Anfanglosigkeit der Welt bei den millelvlterlichen arabischen Theologen, Munster, 1900.

Saint Thomas s’écarte de la solution d’Albert dès les Sentences, mundutn incepisse non poluit demonslrari, sed per revelalionen divinam esse habitum et creditum, et l’on retrouve là un écho de Maimonide, qu’il cite d’ailleurs dans l’article : et hoc ostendit débilitas rationum gux ad Itoc inducuntur pro demonstralionibus, quse omnes… sunt solutæ, et ideo potius in derisioncm quam in confirmalionem fidei vertuntur. In 1 Y Sent.. 1. II, dist. I, q. i, a. 5, sol., Paris, t. viii, p. 18. Cette position ne va pas sans soulever de vives contradictions, cf. Mandonnet, Revue thomiste, 1886, p. 089, et saint Thomas publie son De aeternitate mundi contra murmurantes, où quelques traits mordants contrastent avec la sérénité ordinaire de sa polémique. Il y voit, ce semble, une question de principe, celle du départ rigoureux entre les questions de foi et les questions libres ; de là sa précision dans la position de la question, Opéra, Paris, t. xxvii, p. 450, et du sérieux dans la polémique, cf. inde est quod rnultorum inexperli ad pauca respicienles enuntiant facile, p. 451, 452. Il se borne à réfuter les objections principales ; plusieurs en effet sont si faibles que par leur faiblesse elles semblent rendre probable l’opinion contraire, p. 453. Sa position est la même dans la Somme, I a, q. XLVI, a. 2 ; enfin le problème est traité avec ie même scrupule de méthode. Cont.’fuies. 1. ii, c. xxxi-xxxix. Il s’applique à montrer comment aucune des réfutations n’est péremptoire. Voir dansl’édit. Uccelli, les Scholiesde Geoffroy de Fontaine, in-fol., Rome, 1878, p. 9-11 ; cf. Quodlib., III, a. 31 ; Quodlib., Ml, q. VI, a. 7 ; De potentia, q. iii, a. 13, l i ; Th. Esser, Die Lehre des hl. Thomas von Ai/, ùber die Môglichkeil einer anfanglosen Schôpfung, Munster. [895 ; Stôckl, Die thomistische Lehre von Weltanfange in ihrem geschichtlichen Zusammenhange, dans Der Kailmlik. 1883, t. I, p. 225 sq.

Ou ne saurait ni suspecter l’authenticité du Contra murmurante* a cause des derniers mots, ailhuc non est denionttratum 7/" » / liens mm possitfacere infinila m i : i. qui semblent aller contre l’opinion ordinaire de saint Thomas sur l’impossibilité du nombre infini, Slentrup, />< Deo uno, c. vi, th. xi.ix, in-8°. Inspruck, 1879, p. 037. ni avec le P. Ilontheim. Tnêtitulioties theodicem, 1899, c. i. < ">. p. 713, note, en appelei de 9aini Thomas jeune au saint Thomas plus mûr de li Somme, I. q. vu. a. i q, xlvi, a. 2, ad8", n ; Quodlib., IX..1. l ""// admisissel si putavistet inde tequi numerum " /" infinitum, ut patebit si Summam legerit. En effet, la Somme écrite pour les débutants hujut doctrina novitiot, I’. prolog., ne nuance pas sa

penséi c ses traités polémiques ou spéciaux ; el de

plus, dans la Sommemémeoù il professe l’impossibilité d’il h nombre infini, il tient aussi que la possibilité d’un monde éternel, mundut vel talteni aliqua creatura, autem homo, I 1. q. xi.vi, a. i. ad v. ne peut se réfuter par lu raison. C’est dire qu’il considèn l objec Il ie bonne pour un cas particulier

seulement.

Pendant que Gilles de Ko, In IV Sent., |. il,

1. q. iv. a l. 2, et Hervée, De a 1 rem tu te mundi,

q. Il ; In I V Sent., I. II, dist. I, se rallient à la pensée

de uni I homas, Scot, In / V Sent.1. 11, dist. I. q, 111,

idi re la question connue douteuse, lout en marquant

quelque faveur pour la solution thomisti I oissi

.N..h des principau

Knire toutes les objections qui le docteur angélique iquait.1 1 raudi. 1 1 en 1 tail une qui semblait lui faire plus d’impression. Si le mon. h- était

nier Dl mini.. CATHOL.

ab seterno, il s’ensuivrait qu’il y a maintenant, actu, un nombre infini d’àmes séparées de leur coprs : illa objectio forlior est, dit-il, In IV Sent., loc cit., Paris, t. viii, p. 22, et sa réponse est évasive. Même conduite. Sum. theol., 1% q. xlvi, a. 2, ad8um ; il cile les solutions proposées, paraît réserver la sienne et se contente de noter, hœc ratio particularis est : c’est une objection dont la force tient à la nature particulière de l’âme, non à la notion générique de créature ou d’être fini. undeposset dicere aliquis quod mundus fuit œternus, vcl saltem aliqua creatura ut angélus, non autem homo. Pour lui, abstrayant de ce cas particulier, il prétend ne traiter que le cas général, inlendimus universalité)- utrum aliqua creatura fuerit ab seterno, Sum. theol., ibid., et ailleurs, quod autem de animalibus objicitur difficilius est, sed tamen ratio non est multum utitis quia mulla supponit, Cont. gent., 1. II, c. XXXVIII, fin, non est ad proposition. Cf. Contra murmurantes.

Des difficultés il y en avait en effet de très grandes pour saint Thomas : toutes ces âmes séparées ne restaient individuées dans son système que par leur relation à la matière de leurs corps. Où trouver dans une quantité finie de matière de quoi sauvegarder l’individuation d’un nombre d’àmes infini ? Enfin, et c’est la difficulté qui semble surtout dans sa pensée, toutes ces âmes constituaient un infini réalisé actu. Voir Cajetan sur ces paroles mulla supponit. In 7 am, q. xlvi, a. 2. Or saint Thomas voyait, avec beaucoup d’autres, comme une contradiction manifeste dans ces mots, nombre infini. Sum. theol., I » , q. vii, a. 4 ; Quodlib., XII, q, 11, a. 2. On peut douter qu’il tint le raisonnement par lequel il le prouve comme apodictique, Cont. gent.. 1. II, c. xxxviii, ad 6° m ; Contra murmur., fin ; réservant du moins ce cas particulier des âmes humaines qui occasionnait la difficulté, il ne voyait pas d’impossibilité à admettre ni une infinité de révolutions sidérales, Cont. gent., 1. II, c. xxxviii, ad 4° m ; ni une série de mutations pour un ange ou quelque autre créature, Sum. theol., I » , q. xlvi, a. 2, ad 8°" l’infini successif ne donnant pas lieu aux mêmes difficultés logiques, qu’un infini actuel composé d’unités distinctes.

On retint l’objection tirée du nombre infini des â s,

comme la plus forte, on crut même voir une difficulté analogue dans l’infini successif, el l’on pensa les évincer en restreignant la possibilité dune création éternelle à des créatures immobiles et impassibles comme les anges. Durand, lu IV Seul.. I. ii, dist, I, q. 11, a. 3. Suarez admit cette solution et la compléta en concédant la même possibilité pour des créatures corruptibles g condition d’écarter les causes de corruption ou de changement. Disp. metaph., disp. O., sect. v, n. 14 sq., Paris, t. xxv, p. 783. On s’étonnera sans doute de pareille réponse, qui s’appuie sur une note tout accidentelle de 1.1 créature, d’être soit par nature, soit providentiellement immuable, et non sur la sociabilité- ou l’insociabilité essentielle des concepts de création et d’éternité, et qui aboutit à cette conséquence singulière .le concéder i Dieu le pouvoir de créer ab mterno, pourvu qu’il garde bs cri aturesans mouvement pendant l’éternité. Comment le fait d’avoir créé ab a ?li pourrait-il lier Dieu i ce sujet ? D’ailleurs l’immobilité de la créature ne fait guère échapper aui difficultés qu’on voulait éviter, s. Thomas. Sum. theol., I » , q…1- i… « i’. le temps ne mesure pai seulement le mouvement, mais aussi le repos de l’i Ire qui est apti au mouvement et ne se meut pis. Qu’il ait donc

dans le momie une autre créature soumis, , , ii, hjQgi.

ni. elle fournira une unité de temps au moyen d<

laquelle on pourra mesurer l’immobilité de 1., pré© dénie.1 partir d’un moment donné, >i ion obtiendra al on nombre Infini " parte mite, fini, / parte post, celi’me qu’on redoutai ! On croit donc

III. - 68