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CRÉATION


rélléchissent sa perfection : amour inefficace et improductif des êtres, s’il se borne à cette simple complaisance, efficace et productif, s’il lui plaît de se glorifier, en se manifestant ad extra. Dans l’un et l’autre cas, il n’y a pas dualité en Dieu ou mouvement divergent vers le fini : il n’envisage et ne veut rien que par soi et pour soi. C’est logique, si l’on veut échapper au dualisme ; c’est possible, si le fini est en essence ou en existence tout pénétré d’infini.

Une dernière explication achève la théorie. Si grande que soit cette compénétralion, cette immanence de l’Infini dans le fini, dès qu’il reste la moindre distinction de l’un à l’autre, il reste une multiplicité quelconque, infinitésimale, si l’on veut, mais réelle. Comment donc en fin de compte ne pas voir en Dieu deux connaissances et deux amours : la difficulté subsiste. A quoi les scolastiques répondent que cela fait bien deux termes objectifs de connaissance ou d’amour, terminative, mais non forcément deux actes subjectifs distincts, principiative. En effet, disent-ils, il est certain qu’un seul acte, s’il est infini, correspond à tout ce qu’il y a d’énergie dans une multiplicité d’actes finis. Partant, on ne voit pas pourquoi la même essence divine infinie n’aurait pas dans l’unité et la simplicité absolue de son acte tout ce qui correspond à une infinité de déterminations particulières et finies. Pseudo-Denvs, De div. nom., c. VII, n. 2, P. G., t. III, col. 869 ; S. Bonaventure, In IV Sent., 1. I. dist. XXXIX, a. 2, en entier. Comment ? Encore une fois c’est le mystère, et la scolastique ne cherche pas à le dissimuler. Seulement au point d’arrivée où nous sommes rendus, voici le bilan qu’elle dépose : l’expérience enregistrée, la conscience et la raison respectées par l’affirmation des deux termes comme réellement distincts ; la difficulté aplanie autant que faire se peut par la subordination absolue d’un terme à l’autre, la raison satisfaite en partie en voyant qu’il en peut être ainsi du moins sans évidente contradiction et que le problème doit rester obscur, si l’être contingent ne peut légitimement prétendre à comprendre adéquatement l’Infini.

3. Les facteurs de ta synthèse scolastique.

Autre est la question de savoir sous quelles influences cette synthèse s’est élaborée. La thèse récente de M. Picavet, o/i. <it.. c’est que l’influence plotinienne y est prédominante. l de Wulfla réfuie trop imparfaitement en opposant seulement qui i impossible, puisque

la scolastique condamne la thèse centrale du plotinisme, l’émanation, flisi ohie médié vale, p. 348 ; Revue d’histoire et de littérature chrétiennes, janvier 1905 Relevons rapidement analogies

el différences, pour démêler, au ins au sujet du

problème des origines, la pari d> vérité.

a) Dépendances — Les dépendances néoplatoniciennes son) sensibles a u mots : eductio, emaab ente p> imo. s n.-si ridicule d’oublier |. contexti et d’en prendre occasion avec Gfinther, cf. Kl’utgen, Phtion diss. IX, c. iii,

n 906, trad. Sierp, t. iv, p, 183 iq., d’accuser la » co lue de panthéisme, on De saurait nier qui mots ne n l< vent du vocabulaire de Plotin et de Proclus. Thomas ne les emploie pas an sens panthéiste ; M. Harnack le note aussi, Lehrbuch dei i jeschichte, h’.'i, i ii, p, 63 ; b. aux arguments :

tel l’argi ut platonicien di - degrés, cf. Kleul

ti I celui de l’unité prin du nombre, Plotin, III Enn. I. VIII, r. vill, édit, Didot, p. 1*7 ; Proclus, Instit. Iheol., r.. ibid., p. i il, eh ; c. aux tl tins ! île l’expli n du mal pai la pi Ivation "t la limite, de 1 échelle depuis la mat jusqu’à Dieu, du mouvement de Dieu leur auteur I Dieu

b m nu inde idie de Plotin, de Proclus, le plan.lu p » udo Di ny « et celui de la Somme de rainl

Thomas, insi encore, pour une part, de l’immanence de l’Infini en toutes choses.

Cependant, cette dépendance n’est pas immédiate. Le nombre des ouvrages néoplatoniciens qui circulent, au xiiie siècle, est restreint. De Wulf, op. cit., p. 264.

Elle s’exerce en bonne partie par le Fonsvitn ; d’Avicebron. Sur les divergences entre Plotin et lui, voirWittmann, Zur Stellung Avencebron’s jm Enlwickelungsgang der arabischen Philosophie, dans Beitrâge zur Gesch. der Philos, des Miltel., 1903, t. v, fasc. 1. Elle s’exerce surtout par saint Augustin, saint Jean Damascène, et le pseudo-Denys dont on a vu l’influence depuis Scot Erigène jusqu’aux maîtres chartrains. Cf. liste des citations du pseudo-Denjs dans saint Thomas, P. G., t. iii, p. 90 sq. Tandis que par Scot, Amaury et David le néoplatonisme retournait au panthéisme, par les Pères il arrivait déjà amendé et corrigé.

b) Divergences et corrections. — Les divergences vont en s’accentuant à mesure que la théologie médiévale se développe, précisément parce que l’aristotélisme gagne en faveur. L’averroïsme arabe et latin qui provoque les I n t les du xiiie siècle est un aristotélisme chargé de platonisme ; le néoplatonisme du pseudo-Denys et de saint Augustin est un platonisme déjà travaillé’à Alexandrie par l’aristotélisme. L’œuvre du XIIIe siècle consistera dans une seconde retouche du platonisme par l’aristotélisme et conclura aux dépens communs de Plotin et de saint Augustin. On s’en convaincra en voyant l’aristotélisme provoquer le rejet des thèses augustiniennes, voir Ai GUSTIN (Saint), t. i, col. 2503, en se rappelant la résistance qu’il rencontra. Ibid., col. 2306 ; voir Aristotélisme, col. 1871 sq. ; Mandonnet, op. cit., p. LXV sq. ; de Wulf, op. cit., p. 371 sq.

Entre les thèses d’Aristote qui concernent le problème présent, celles-ci sont capitales : a. le rôle de la limite comme principe d’être, non pas positif comme telles expressions de Hegel porteraient à le croire, mais négatif, S. Thomas, Connu, in lib. physicorum, 1. I, lect. xi, xii, Paris, t. xxii, p. 324 sq. ; In lib. metaph., 1. XII, lect. ni. t. xxv, p. 192 sq. ; 6. l’antériorité de l’acte sur la puissance, In lib. metaph., I. IX, lect. m sq., ibid., p. 75 sq. ; lu lh. XII, lect. iv, ibid., p. 199 sq. ; y. la définition du principe premier par l’acte pur, ibid. : S. l’immobilité absolue du premier moteur. Ibid.

On voit comment ces idées introduites dans le platonisme ont pu donner la synthèse de Plotin et de sou école, rami ner au monisme de l’école alexandrine le dualisme apparent ou réel de Platon, el inspirer la théorie des intermédiaires en qui la privation progressive explique l’imperfection croissante. C’est en poussaal les principes aristotéliciens qu’Alberl le Grand et saint rhomaa vonl achever la réaction contre Platon et fan

ce que le Sta^vi’ite Taisem Idalile ment n’aail pas fait,

aller jusqu’au bout de ses principes ou du moins accen tuer catégoriquement l’expression de leurs légitimée conséquences. Ils notent à sa suite que la pensée philosophique B’est élevée progressivement de la considération des causeparticulières a l’étude plus générait n tant qu’être, s. Thomas, Sum. theol., I » , p. sliv, a, 2 ; S. Bonaventure, In IV Sent., I. II. dist, I. p. i. a. I. q. i, et s’attacbanl aux principes plus abstraite et plus généraux d’Aristote, ils les opposent fréqui mnu ut à Platon " Unicité du premier principe. I iques reprennent Bur ce point les argumi nts du rite et de Plotin. Voir leurs thé ea contre la maie n ne i tre la pluralité des principes preénéral, fn l’Sent, I. [I, dist, I. b. Ea

i lusiciit « /es nili |, - lt|| se demande si Platon

n i p. confondu le plus parfait avec le plus général, si l’Un de Plotin n’i il pas une indétermination abaolui u contraire, l kete pur d’Aristote apparaît au plus haut

il. ii détermin ition icepl ni de la plus