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CRAINTE


son but soit l’amour de Dieu, ibid., ad 2°" et que la crainte filiale y soit l’objet d’un précepte. Dent., x, 12. Ce qui est bien l’indice de la non-irréductibilité des deux lois, c’est qu’il n’y a pas, à proprement parler, de préceptes positifs concernant la crainte servile dans la loi ancienne, mais plutôt des menaces qui excitent cette crainte et préparent la voie à la crainte filiale. Sum. tlieol., II a Il’q. xxii, a. 2. Le nom commun de la crainte de Dieu y est yire’alh Yaveh, ce qui désigne plutôt la crainte révérentielle que la crainte servile. Voir Dictionnaire de la Bible, art. Crainte.

9. La crainte de Dieu et la vertu théologale d’espérance. Comme passions, la crainte et l’espérance sont intimement liées. Sum. Iheol., Ia-IIæ , q. xxiii, a. 2 ; q. xv, a. 3, i. L’une aspire à conquérir ce que l’autre redoute de ne pas atteindre ou de perdre. La vertu d’espérance et la crainte vertu exercent ces activées de sens contraire en apparence, mais en réalité complémentaires à l’égard de l’objet divin. Sum. iheol., II a IIe, q. xix, a. I, ad 2um. Il n’est pas étonnant dès lors que saint Thomas ait incorporé les questions concernant la crainte de Dieu dans son traité de l’espérance. Malgré cela, la crainte de Dieu n’appartient à aucun titre aux vertus théologales. Celles-ci ont Dieu en lui-même pour objet, et Dieu en lui-même ne peut être considéré connue mal. C’est comme bonté, sous les deux aspects immédiats de bien béatilicateur et de toule-puissance auxiliatrice. qu’il est l’objet de notre espérance. Or, l’objet nécessaire de la crainte c’est ce qui est mauvais ou ce qui est appréhendé comme tel. La crainte de Dieu n’a donc à aucun titre l’essence des vertus théologiques. Sum. theol., Ia-IIæ , q. i.xviii, a. i. ad 1. Il’II’, q. xix, a. 9, ad 2 niD.

Cette réserve faite, la crainte est un précieux concours pour l’espérance, si l’on excepte la crainte servi-Uler tervilU, qui, provoquant un mouvement déloigne i itii t absolu de Dieu, la contrarie manifestement. La crainte servile surnaturelle, et surtout la crainte servile, élément de la crainte initiale et sous l’influence de li charité, répriment la présomption, ce vice opposé à l’espérance. Aussi la présomption coïncide régulièrement avec l’absence de toute crainte même servile. La crainte filiale à ses deux états, initial et parfait, esta ion tour l’aide effii p rance, Sum theol., Il"

II’, q. i. a. 9, ad l um ; elle détruit la présomption

par ses racines, en tempérant la vaine estime d

qui est < a inspirant fortement le sentiment

de la mali hé, el en réprimant ainsi unecon fianc dans la misé rde de Dieu. S uni.

theol., II » II", q. xxi. a. 3.

10. Rapport-p cial de la crainte de Dieu avec la

i di tempérance. Ce rapport a paru aux scolasti ques être indique dans ce < rs< I du ri xviu. 120 :

. tuo carnet méat, a iudii us enim lui »

h, nui, i i ils 91 sont appliqués à le justifier non

tinte, noua l’avons dit, ; i deux actes, un

principal, élicite, qui est de fuir le mal : c’est par

que la crainte filiale, en Fuyant la séparation

lieu, se rattache < I espérance. un acte i on i niimpéré, qui ma i empire de la crainte

u, i quitter quelqui f acte

que la i rainli’t > u rattache-i la tempérance.

h, IV Sent., I. III. dist. l. q. u.., . : s. s., i

Il est évident, i n Het, que d’une maniéi e

pour faire éviter le péché. malo. Prov., w. -" I theol., II » 11 » , q. i.iv, a, 2, ad i I Il

q. i x % iii..i l, ad’i rtouten n gard des al

trail <nldu mal. rem que riniil.il l ; i loin ! i inci. qui la on de la craint*

pourquoi il’i li gilime de reconnaître une affinité -| i"’ntre la crainte de Dieu et la lempé

il il i vu. a. l. ad 3’, et i

nif.T. Dl tiiic » . CATHOL.

encore plus sensible avec la crainte don du Saint-Esprit, si bien que le don de crainte pourra être rattaché sans invraisemblance à la tempérance. Sum. tlieol., Ia-IIæ , ibid., ad I-".

La crainte et les vertus morales.

La crainte,

comme son contraire l’amour, est incluse dans tout péché. Tout péché procède d’un amour désordonné de soi et d’une crainte désordonnée de perdre son bien propre. L’avare craint par dessus tout la perte de ses biens ; l’intempérant celle de ses plaisirs, etc. Sam. tlieol., IIa-IIæ , q. cxxv, a. 2. Cependant la crainte excessive s’oppose tout particulièrement à la force, et, par suite, elle a une relation toute particulière avec cette vertu. Certaines espèces de crainte manifestent aussi un rapport spécial avec la tempérance.

I. La crainte comme matière de la vertu de force. — a) La vertu de force a pour objet de prémunir l’âme contre les dangers, spécialement les dangers de mort. Klle doit, pour cela, modérer les mouvements de crainte ou d’audace que ces dangers provoquent. Le support, sustinere, est l’acte principal de la force, et la crainte est, par suite, le sujet principal de son exercice. S. Thomas, Sum. theol., ll a II » , q. cxxin. a. 2-G.

b) La peur, timor, et spécialement la peur de la mort, est le péché directement opposé à la force. La peur n’est pas simplement la crainte, c’est la crainte déraisonnable. Par la peur, nous échappons à l’empire de la raison nous ordonnant de modérer nos craintes, de supporter en patience les maux qui nous menacent en vue de biens majeurs qu’il est de notre devoir de sauvegarder. Ce n’est donc pas avoir peur ni pécher que de craindre et de fuir le mal, dans la mesure où la raison nous le permet ou nous y invite, lorsqu’aucun avantage supérieur ne nous oblige à nous exposer au péril, Sum. theol., IIa-IIæ , q. cxxv, a. 1, ad 3um, au martyre par exemple, ibid !, q. cxxiv, a. 1, ad 3°" 1. ou lorsqu’une crainte modérée agit dans le sens de la loi, cf. Ia-IIæ , q. cxii, a. 2, ad i 1’", ou de la vertu, comme, il arrive pour toutes les vertus qui règlent les rapports avec les supérieurs, respect, déférence, piété filiale, religion, obéissance. IIa-IIæ , q. cxxv, a. 1, ad 2°"

c) La crainte, surtout dans les grands périls, est fondée sur la nature, voir plus haut, col. 2(111-2012. Aussi la peur, qui est la crainte déréglée, n’est-elle péché mortel que lorsqu’elle entraîne d< s péchés graves d’omission ou de commission, opposés à îles préceptes de la loi divine en matière importante. Dans les autres cas, m< ni euieii I s i nsl i net il’.-, ou même rélléchis, mais de conséquence légère, il y a tout au plus péché véniel. Il ne faut donc pas se laissi r entraîner ici par les préjugés courants, si sévères pour la peur. Certes, la peur n’a rien d’une belle altitude, mais elle comporte bien plus d’excuses, an point de vue delà culpabilité, que l’intempérance par exemple, pour laquelle les mêmes préjugi - sonl si indulgents, cai

du peureui est mélangé d’involontaire, voir col, 2013, ce qui n existe pas peur l’impudique. Sum. theol., Il II » , q.’xiii, a. 3.

d) Si la peur est un péché i nuire l.i force, le manque de rainte, I insouciance en présence du dangi r, < » (’midilas, en est un autre. H est rentre nature de mé san* raison sa i ie et les biens indisp ueil "u la stupidité Beuls peuvent i ausi r l indifférence impassible en face de la mort, Dans les deux cas, sauf surprise ou incurabililé, il a fauti I la force de réprimer ce vii par défaut comme la

peur l’est pai tcê i a i rainte modérie par la raison est seule dans la vérité. Sum. theol., IIa-IIæ , q. cxxvi.

i i.i vertu cardinale de i icbent la

gnanimilé el la magnificence, auxquelles sonl op| deux nu. u-. i ne ni i pa ionni Is dérégli rele aol de la crainte, la pusillanimité el la parcimonie La pusillanimité consisti m bien que l’on i il

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