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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)


des Byzantins, des Sarrasins ou des Bulgares. Cependant les progrès du christianisme se ralentirent assez tôt, [’influence de Rome se fit de moins en moins sentir et plus tard, sous Basile le Macédonien, 867-886, lorsqu’une seconde conversion fut jugée nécessaire, on recouru ! à des missionnaires byzantins et l’on adopta le rite grec.

Mentionnons encore d’autres conversions plus ou moins durables auxquelles les empereurs byzantins prirent une assez large part. Ainsi, en janvier 528, Justinien servait de parrain au roi des Hérules, peuplade établie sur les bords du Danube, et nouait avec lui une alliance qui devait amener au christianisme toute sa nation ; de même, le roi des Huns de la Chersonèse acceptait d’être le filleul du basileus. Ce fut ensuite le tour des peuples répandus dans le Caucase et l’Ibérie et sur lesquels s’appuya Iléraclius pour sa grande croisade contre les troupes de Cbosroès. On vit même, au vme siècle, vers l’année 777, un roi bulgare s’enfuir à Byzance et y recevoir, avec le baptême, le titre de patrice, conversion d’ailleurs prématurée, qui ne produisit aucun effet sur l’ensemble de la nation et coûta seulement la couronne à son souverain.

En même temps que l’action chrétienne de Byzance s’exerçait ainsi au loin, jusqu’aux extrêmes limites de l’empire, l’Église, libre désormais de ses mouvements, s’organisait et se hiérarchisait. A sa tête, paraissait le patriarche œcuménique, le premier personnage de la capitale après le basileus ; venaient ensuite les exarques, titre réservé tout d’abord aux prélats qui occupaient les sièges des anciennes Églises indépendantes : Césarée, Ephèse et Héraclée, puis les métropolitains, les archevêques autocéphales, les évêques suffragants et tout le cortège des dignitaires ecclésiastiques : prêtres, diacres, diaconesses, sous-diacres, lecteurs, chantres, etc. Les charges ecclésiastiques étaient fort nombreuses. Au-dessous du patriarche à Constantinople, des métropolitains ou des évêques en province, se tenait primitivement l’archidiacre, sorte de vicaire général qui commandait directement à tout le clergé, sinon à tous les fidèles. La fonction ou plutôt le titre d’archidiacre disparut d’assez bonne heure pour faire place à celui de protosyncelle. On appelait syncelle un secrétaire particulier, qui partageait, ainsi que l’indique le nom, la cellule même du chef ecclésiastique d’un diocèse : patriarche, métropolitain ou simple évêque ; il n’y en eut qu’un d’abord, puis deux, puis le nombre augmenta si bien qu’on dut nommer un protosyncelle. Celui-ci ne tarda pas à cumuler, avec la charge de secrétaire général, celle d’archidiacre ; il en est encore ainsi aujourd’hui. A côté de ces dignitaires, on remarquait les référendaires qui portaient les messages importants et réglaient les alfaires d’un diocèse au nom de l’évêque ; les apocrisiaires ou responsales latins, c’est-à-dire les nonces ou les représentants du patriarche auprès de l’empereur, du métropolitain auprès du patriarche et de l’évêque auprès du métropolitain ; l’économe, chargé de gérer les biens ecclésiastiques et qui confiait l’exploitation des fonds ruraux à des délégués de titres et de noms divers ; le kiméliarque, préposé au trésor de l’Église et qu’on appelait également skévophylax ; le khartophylax ou archiviste, le cancellaire ou maître des cérémonies, etc.

C’est par voie d’élection que l’épiscopat byzantin se recrute encore au VIe siècle. Les notables, unis au clergé de l’endroit, arrêtent, dans le délai de six mois, une liste de trois candidats, qui est soumise au choix définitif du patriarche, s’il s’agit d’un métropolitain, au choix du métropolitain et des évêques de la province, s’il s’agit d’un simple évêque. Assez souvent, même pour les simples titres épiscopaux, c’est la volonté du souverain qui décide en dernier ressort. Quant à l’élection patriarcale, elle revenait de droit ecclésiastique, d’abord au clergé de la capitale, ensuite à une commission de mé tropolitains et d’évêques ; en fait, c’est encore l’empereur qui se l’adjuge ou plutôt qui agit de telle sorte que la décision suprême dépend de sa volonté. Sur la liste des trois candidats que lui présentent les évêques, il en désigne ! un pour être patriarche, et si aucun des trois noms proposés ne lui agrée, il communique simplement au collège un nouveau nom. Les évêques n ont qu’à s’incliner devant ce choix et à l’approuver. A partir du viie siècle, les invasions des Slaves en Europe et des Arabes en Asie forcent nombre de pasteurs a déserter leur siège épiscopal et à se réfugier à la capitale ou dans les environs. Le concile in Trullo (692) régularise leur situation en leur reconnaissant le droit lie conférer les ordres, de siéger à leur rang dans les conciles, d’aller de pair avec leurs collègues ; situation qui a beaucoup d’analogie avec celle de nos évêques in partibus in/idelium. Sous le nom voilé de coutumes, les charges ecclésiastiques donnaient lieu, lors de l’entrée en fonction, à de petits cadeaux qui avaient attiré déjà l’attention de Justinien ; au viiie siècle, avec les évoques iconoclastes, les coutumes s’étendent à tout, même aux ordinations, introduisant ainsi la simonie dans le sanctuaire. Contre ces abus, le concile de 787 porta des canons sévères, les canons 4 et 19, qu’on dut mitiger l’année suivante, tellement était grand le nombre des coupables. Pour remédier à ces désordres et à quelques autres, ainsi que pour aviser à une ligne de conduite générale, les canons avaient jadis imposé deux synodes annuels, qui devaient grouper tout l’épiscopat d’une province pendant la quatrième semaine du temps pascal et au mois d’octobre. Cet usage était vite tombé en désuétude et Justinien n’ordonna qu’une réunion plénière de l’épiscopat provincial, soit en juin, soit en septembre. Son ordonnance, du reste, dut être plus ou moins suivie, car nous voyons le concile de 692 et celui de 787 revenir encore sur cette excellente pratique. De même, la loi de la résidence imposée aux évêques et aux prêlres dut être renouvelée à plusieurs reprises et elle subissait quand même de nombreuses dérogations. Pourtant, le séjour du clergé dans la capitale était devenu inutile, depuis que les principaux sièges épiscopaux avaient des représentants en permanence à Constantinople auprès du patriarche ou de la cour.

Les établissements et les œuvres de bienfaisance nécessitaient également un personnel de choix, qui se partageait les fonctions et les titres. Aucune société n’a peut-être songé plus que la société byzantine à remédier aux maux innombrables, qui sont l’apanage ordinaire de l’humanité. A toutes les souffrances, à tous les besoins physiques ou moraux répondait un ensemble d’institutions charitables destinées à les soulager et. depuis les empereurs jusqu’aux simples particuliers, tout le monde s’employait avec zèle à les entretenir. En dehors de l’hospice et de l’hôtellerie qui ne faisaient défaut nulle part, il existait des xenodokhia pour recevoir les étrangers, des gcrontocomia ou maisons de retraite pour les vieillards, des ptokholrophia pour héberger les pauvres, des nosocomia ou hôpitaux pour les malades, des orphanotropliia pour les enfants privés de leurs parents ou abandonnés, des crèches ou bréphotrophiæl même des lobotrophiaou léproseries. Ces établissements ne relevaient pas tous de ce que nous appellerions aujourd’hui le clergé séculier, bien au contraire ; c’est aux moines qu’en incombait principalement la charge et ceci nous amène à dire un mot du inonachisme. La vie religieuse ne remonte pas a Byzance aussi haut qu’a bien voulu le penser l’historien récent des Moines de Constantinople, II. Marin, sur la foi de documents trop tardifs. On a prouvé, et je crois, sans réplique, J. Pargoire, Les débuts du tnonachisme à Constantinople, dans la Revue des questions historiques, janvier 1899, qu’il n’existait aucun monastère orthodoxe dans la capilale de 1 empire d’Orient avant l’avene-