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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)


fouetter et d’emprisonner. La persécution dura, avec plus ou moins de violence, jusqu’au 25 décembre 820, où Léon V fut massacré au pied des autels et Michel le Bègue, les bras encore chargés de chaînes, contraint de chausser les brodequins de pourpre.

Le nouvel empereur (820-829) s’écarta de la politique tracassière de son devancier. Ennemi-né de la violence et des réactions, il rendit aussitôt la liberté aux malheureux qui languissaient dans les cachots et rappela de l’exil tous les confesseurs de la foi ; mais là s’arrêta sa générosité. Sous aucun prétexte il ne voulut rétablir le culte des images, ni modifier le haut clergé officiel. Comme l’écrivait mélancoliquement saint Théodore Studite, l’hiver était passé, mais le printemps n’était pas encore venu, la flamme ardente du bûcher était éteinte, bien qu’il restât toujours une épaisse fumée. Il en fut ainsi dans les premières années du règne de Théophile (829-842), prince aussi instruit que son père était ignorant, mais qui avait hérité de toutes ses préventions contre les images. Tout changea du jour où Jean Lécanomante, l’illustre Ianni, higoumène et sorcier des Saints-Serge-et-Bacchus, s’assit sur la chaire patriarcale, laissée vacante par la mort d’Antoine de Silée, avril 832. A partir de ce moment, les prisons de Byzance et des grandes villes se remplirent de chrétiens de toutes conditions, surtout d’évêques et de moines, fidèles à la foi antique et chassés de leurs diocèses ou de leurs couvents. Le nombre des martyrs fut incalculable. Le 20 janvier 842, Théophile succombait et l’impératrice Tliéodora, après quelques moments d’hésitation bien explicable chez une faible femme, se déclara pour les partisans des images. Aussitôt les portes des prisons se rouvrirent, les confesseurs revinrent de l’exil et reprirent possession de leurs sièges épiscopaux ou de leurs monastères. Le patriarche iconoclaste, Jean Lécanomante, forcé de donner sa démission, ne le fit qu’avec les plus cuisants regrets et sous la menace d’y i sa tête ; à sa place, le concile, réuni pour mettre ordre aux affaires de l’Église byzantine, élut un des vieux chefs de la résistance, saint Méthode, le reclus du sépulcre d’Antigoni. Tous les martyrs qui avaient survécu aux violences de Théophile reçurent des honneurs ecclésiastiques, en dédommagement de leurs souffrances passées, et la fête de l’orthodoxie, Il mars 843, réconcilia la cour et les évoques avec les moines, les Eglises orientait et occidentale, en mettant fin à une politique

qui n’avait déjà que trop affaibli les Byzantins.

Entri les deux périodes de l’iconoclasme (787-.SI 4), se

uni question assez grave, qui divisa les esprits à

i faillit i ncore provoquer une rupture définitive dans le camp des catholiques. L’empereur Constantin VI. le fils d’Irène 780-797), marié contre son gré I ii ii’femm< qu’il n’aimait pas, l’avait répudiée pour

ne suivante’I" sa mère ; le patriarche Tai tout en refusant de bénir l’union, s’était pourtant montré dune indulgi nce que les moines du Stoudion

ri ni excessive à l’égard de l’empereur et du pi qui avait approuvé le mariage adultère. De là, des tiraillements sans nombre, des excommunications, ri union. L’affaire se compliqua loi l’élection au patriarcal de saint Nicéphore, 12 avril 806, qui, n’étant encore que simple laïque, dul franchir d’un hono île la hiérarchie. Les Btudites pro reni violemment contre cette violation des an

nsi que contre la réintégration dans sa charge loseph, qui avait forfait à l’honneur i n inlin VI. Les menât i

I l’exil ne [nirent avoir raison de

n des studiti s et di li urs.unis ; ce ne fut que

le Michel Rhangabé, en 81 1, que la i

i > i que l’apaisemi ni se fil, i ma I m pire

i d’ie. il 610 i une période de 233 m^.

ise byzantine en.1 19 hors de la commu nion romaine. En effet, elle s’était séparée du saintsiège, en tout ou en partie, de 638 à G81, à propos du monothélisme ; de 795 à 811, au sujet du mœchianisme ou mariage adultère de Constantin VI j de 726 à 787 et de 814 à 843, au sujet de l’iconoclasme. Tous ces schismes préliminaires présageaient un funeste état d’esprit, en même temps qu’ils préparaient le clergé et le peuple à une séparation décisive.

VII. Missions et organisation intérieure du patriarcat byzantin. — De bonne heure, l’empire byzantin se préoccupe de garantir la sécurité de ses frontières en important le christianisme chez les peuples voisins. Il y aurait une curieuse étude à écrire sur ce sujet, afin de bien montrer à nos contemporains que rien n’est nouveau sous le soleil et que les contrées les plus reculées, dans lesquelles pénètrent nos missionnaires, risquent fort d’avoir été déjà évangélisées par des prêtres grecs. Ma r Duchesne a ouvert cette voie en consacrant dans ses Eglises séparées un savant mémoire aux Missions chrétiennes au sud de l’empire romain, p. 281-353. Ces missions-là n’intéressent pas directement l’Église de Constantinople, qui ne les a pas fondées et qui ne les a soutenues que par les émissaires ou les ambassadeurs impériaux ; elles lui appartiennent tout de même en partie, parce que, inspirées par le zèle propagandiste de Justinien, elles transmirent et développèrent son inlluence jusqu’aux confins du monde connu d’alors. En dehors de ces colonies, établies au sud et à l’est de l’empire romain et qui n’eurent qu’une durée éphémère, d’autres s’installèrent au nord et à l’ouest de la Thrace et de -la Macédoine byzantines et devaient jouer un jour dans la presqn’ile balkanique un rôle tout à fait prépondérant. Mentionnons en passant l’Eglise de Gothie, qui adressait, vers la fin du IVe siècle, une belle lettre sur le martyre de saint Sabas à tous les catholiques et nommément à l’Église de Cappadoce. Le christianisme avait été importé chez ce peuple pendant le nie siècle par des prisonniers grecs de liithynic, de Pont et de Cappadoce, à la suite d’une incursion que lesGoths avaient faite en ces provinces, en l’an 259. Ulfilas, le plus célèbre apôtre de cette nation, était né en 3Il d’une famille cappadocienne de Sadagolthina, emmenée au delà du Danube, et l’évêque des G-olhs, Théophile, siégeait à Nicée, en 325, parmi les Pères du I" concile œcuménique. Cette Église embrassa de bonne heure l’arianisme et se tint, par suite, éloignée de l’influence byzantine. Le grand mouvement de pro ade religieuse chez les peuples slaves : Moraves, Bulgares et Dusses, ne s’est produit que dans la seconde moitié du ixe siècle et n’appartient pas, par conséquent à notre période ; néanmoins, il convient de signaler ici l’introduction sur les terres de l’empire des Serbes et des Croates, que l’empereur Héraclius (610-641) ap pour lutter contre les Avares d’origine turque. Ces deux peuples slaves apparentés occupèrent, au nom du gouvernemenl grec, la Serbie actuelle. l’Herzégovine, la

ie, la Dioclétie ou Monténégro et une partie de la Macé’doine et de la Dalmatie actuelle ; une colonie même se fixa prés de Thessalonique, ainsi que l’atteste encore la ville de Servis. « Croates et taienl

groupés en tribus, à la tête desquelles était un chef appelé joupan. Peu à peu, une certaine centralisation se produisit. Il v eut un grand joupan croate et un

d joupan serbe, ipie l’on peut considérer comme le

chef national, a Les Croates auraient été Convertis à la

foi chrétienne par <les pi êtres venus de Rome, du n à ce’i ni Constantin Porpb i et le Liber

pontiftcalis. La date a i si pas absolument certaine, bien qu elle m place au milieu du vir siècle. Quanl aux Serbes, ce seraient également di i pn 1res romains qui

luraient baptiséi I et les autres reçurent

évêquei et restèrent Qdéles à l’obédience romaine, tout en relevant, au point de vue politique.