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COUR ROMAINE

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souvent en médisances sur le compte du prochain. Aflligé de cet état de choses, et désireux d’y remédier, il conseilla au pape de désigner un prêtre instruit, pour leur donner, pendant ce temps-là, des conférences sur les vérités chrétiennes du dogme et de la morale, llonorius goûta ce conseil, et le chargea lui-même de ce travail. Saint Dominique commença par leur expliquer les Épitres de saint Paul. Les fruits de cette prédication furent si abondants que le pape voulut rendre permanente cette institution si salutaire. Saint Dominique continua, plusieurs années, aux familiers du palais apostolique ce cours d’instructions suivies. Après lui, un religieux de son ordre en fut chargé avec le titre de maître du sacré palais ; et il en est ainsi depuis bientôt sept siècles.

Dans la suite, l’usage s’introduisit, à la cour romaine, de faire aux cardinaux et aux prélats, en présence du pape, des prédications pendant l’Avent et le Carême, tandis que, dans une autre salle, on en faisait aux familiers et domestiques des cardinaux et des prélats. Pour ces prédications aux familiers, le maître du sacré palais se fit alors remplacer par un de ses compagnons ; mais il assista lui-même à celles qui avaient lieu dans la chapelle pontificale. Calixte III, par sa bulle Licet itbilibct ad seminandum verbum dominicum, du 13 novembre 1456, rapportée par Fontana, Syllabits magistrorum sacri palalii, p. 7, et par Catalani, De magistro sacri palalii, p. 18, lui avait donné le droit de reprendre, même en public, les orateurs qui prêcheraient en la présence du pape, dans le cas où ils s’écarteraient des règles de la foi. Calixte III prit cette détermination sévère, dans la crainte qu’une erreur échappée au prédicateur en présence du pape, ne fût ensuite attribuée au saint-siège par les nombreux fidèles qui accouraient à Rome, de tous les points de l’univers. Il décréta, en même temps, la peine de l’excommunication pour tout prêtre, séculier ou régulier, qui prêcherait dans la chapelle pontificale sans la permission expresse du maître du sacré palais. De là vint, pour les prédicateurs des chapelles papales, l’obligation de soumettre au préalable leur sermon au maître du sacré palais, et de lui en laisser une copie que celui-ci parcourt des yeux, en même temps qu’ils débitent eux-mêmes leur discours.

Dans le Ve concile œcuménique de Latran, sess. X, par le décret Nos ne id quod ad Dei gloriam, du 4 mai 1515, Léon X ordonna que nul livre ne fût imprimé à Rome, ou dans la province romaine, sans l’approbation du cardinal vicaire et du maître du sacré palais. Paul V renouvela ces ordonnances, et Urbain VIII alla même plus loin. Il ordonna que l’auteur d’un livre, s’il habitait les États de l’Église, ne pourrait le faire imprimer, même ailleurs, sans la permission du maître du sacré palais. Cf. Fontana, Syllabus magislrorum sacri palatii, p. 11, 16 sq., 29 sq. ; Catalani, De magistro sacri palalii, p. 32. Cette défense fut renouvelée par Benoit XIV, mais il n’en est pas fait mention dans la récente constitution de l’Index, Officiorum ac munerum, publiée par Léon XIII, le 6 février 1897.

A toutes ces fonctions, le maître du sacré palais joignit, pendant quelque temps, celle de professeur de théologie, dans le palais apostolique. Dès le commencement du xve siècle, en 1409, il avait été chargé par Alexandre V d’y enseigner la théologie, et de répondre à toutes les questions qui lui seraient proposées, sur ces matières. Cf. Gattico, Acla selecta cœremonialia sanctse romanse Ecclesisecx variis manuscriptis, codicibus et diariis sœculorum ai, xyi et ai ; /, infol., Rome, 1753, p. 271. Saint Pie V, dans le même but, créa dans la basilique valicane une prébende de chanoine théologal, et l’assigna à perpétuité au maître du sacré palais, avec l’obligation d’enseigner aux membres du chapitre et au personnel du palais la pure doctrine de saint Thomas d’Aquin. Cf. bulle de saint Pie Y. lu eminenli mililantis Ecclesiæ spécula, du 26 juillet

1570, rapportée par Fontana, Syllabus magislrorum sacri palalii, p. 36 sq. ; Bullar. roman., t. IV, part. III, p. 117 sq. Le P. Manriquez, espagnol, en fut le premier titulaire. A sa mort, survenue trois ans après. Grégoire XIII, par déférence pour les chanoines, enleva cette prébende au maître du sacré palais, et régla qu’elle serait attribuée, à l’avenir, à l’un des membres du clergé romain, docteur en théologie. Collectio bullarum, brevium, aliorumque diplomalum sacrosanctx basiliese vaticanæ, 3 in-i’ol., Rome, 1747-1752, t. iii, p. 102 sq. ; Novaès, Storia de’pontefici, t. vii, p. 246. Le maître du sacré palais reçut, en retour, une large compensation. Cf. bulle de Sixte-Quint. Ronianum decet ponlificem, du 29 octobre 1586, publiée par Fontana, Syllabus magistrorum sacri palatii, p. 51 sq. Il garda cependant la faculté qu’il avait, depuis fort longtemps, de conférer aux séculiers et réguliers les grades de docteur en philosophie et en théologie. Ce droit, comme celui de présider le collège de théologie à l’université de la Sapience, lui fut confirmé par plusieurs papes, entre autres par Léon XII, bulle Quod divina sapienlia, du 26 août 1824. Cf. Caterini, Collectio légion et ordin. de recta studiorum ratione, t. i, p. 17 ; t. il, p. 53, 271.

Depuis saint Dominique (1218) jusqu’à nos jours, la charge de maître du sacré palais a toujours été confiée à un dominicain. Il n’a jamais été dérogé à cet usage sept fois séculaire, quoiqu’il n’y ait aucune prescription écrite à ce sujet. Ce poste n’est pas, à proprement parler, cardinalice ; mais un bon nombre de ceux qui l’ont occupé, ont été élevés aux honneurs de la pourpre romaine. Comme prélat palatin, le maître du sacré palais timbre ses armes d’un chapeau noir, d’où pendent six glands de la même couleur.

L’histoire des maîtres du sacré palais a été écrite par le dominicain Fontana, jusqu’à la biographie de Raymond Capizucchi, élu en 1654, et créé cardinal en 1681. par Clément X. Syllabus magistrorum sacri palatii apostolici, in-4", Rome, 1663. Elle l’a été aussi par l’oratorien Catalani, jusqu’à la vie de Ridolfi, élu par Clément XII, en 1738, et mort en 1749. De magistro sacri palatii apostoloci libri duo, quorum aller originem, prærogativas ac munia ; aller eorum seriem continet qui eo munere ad hanc usque diem donali fucre, in-4°, Rome, 1751. Au point de vue de la critique historique, l’ouvrage de Catalani est plus estimé. La série chronologique des maîtres du sacré palais a été continuée par Moroni, depuis l’an 1751 jusqu’au pontificat de Pie IX, Dizionario, v° Mæstro del sagro pala ::o aposlolico, t. XLi.p. 209-218. Ceux qui viennent ensuite, depuis le pontificat de Pie IX jusqu’à nos jours, sont indiqués par Ma r Battandier, Annuaire pontifical catholique, 1901, p. 182.

Les papes, pendant leur résidence à Avignon, eurent près d’eux les maîtres du sacré palais. Durant le grand schisme d’Occident, les antipapes voulurent en avoir aussi. Parmi ceux-ci, le fameux et tenace Benoit XIII (Pierre de Lune) choisit, pour remplir ces fonctions auprès de lui, le dominicain saint Vincent Ferrier, qui était de son obédience. Le saint conserva cette charge jusqu’à la tenue du concile de Constance et à l’élection de Martin V (1417).

Dans la partie du palais du Quirinal, habitée par les mattres du sacré palais jusqu’en 1870, se trouvaient des fresques représentant les portraits de tous ceux qui occupèrent ce poste, depuis l’origine jusqu’au pontificat de Pie IX. Ces fresques sont actuellement détruites ; m lis une gravure en a été’faite. Elle a été reproduite par les soins du P. Lcpidi, actuellement maître du sacré palais. On en voit un exemplaire réduit dans quatre planches insérées par Mfl r Battandier, dans [’Annuaire pontifical catholique, 1901, p. 475-481.

Autrefois, le mailre du sacré palais avait une audience du pape chaque semaine, le mardi malin. Maintenant,