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CORAN (SA THEOLOGIE) 1786

Les textes cités précédemment démontrent que la théologie coranique a de Dieu une notion élevée et exempte d’erreurs grossières. L’enseignement de Mahomet sur Dieu trahit l’influence du judaïsme et, à un moindre degré, du christianisme. Nceldeke, p. 6. Le prophète recourt à des images et des comparaisons vulgaires pour exprimer les notions abstraites de la tliéodicée, notions qu’il ne pouvait trouver dans le polythéisme des anciens Arabes. On peut cependant lui reprocher d’avoir confondu les noms et les attributs de Dieu, ou de n’avoir pas indiqué la raison de leur distinction. Le nom abstrait, dans la théologie coranique, devient un attribut divin, par exemple, la vie, et l’adjectif substantif, un de ses noms les plus beaux, vivant. Tout en reconnaissant à Dieu les attributs métaphysiques, Mahomet n’a pu éviter l’anthropomorphisme. Si.Ion la remarque de Krehl, il était bien en cela le fils de son temps et de son peuple. Beilràge zur muhammedanischen Dogmatik, p. 194. Il trace de Dieu un portrait moral où figurent les passions humaines, la vengeance, III, 3 ; v. 96 ; la moquerie, il, 14 ; la reconnaissance, iv, lit), etc. Quelques lacunes aussi dans la notion des attributs métaphysiques, spécialement dans la notion de l’éternité qui, dans le Coran, est exprimée par le mot al-qayytnn (persévérant) accompagné du mot vivant, ii, 256, sont énumérées par Krehl, p. 200201 ; Gabrieli, op. cit., p. 11-12.

4 » La Trinité. — Le Coran rejette d’une manière absolue le dogme de la Trinité. Plusieurs causes ont contribué à cette négation. Tout imbu de l’idée de l’unité de Dieu, et dépourvu d’une solide culture théologique, Mahomet ne put jamais concevoir l’unité divine dans la trinité des personnes. Il ne concevait qu’un seul Dieu, ou trois. De plus, selon la juste remarque de Muir, les sources auxquelles le prophète puisait ses renseignements sur le christianisme, n’étaient pas de nature à lui donner une notion précise et exacte du dogme chrétien. Mahomet a subi l’influence des hérétiques qui de son temps avaient en Arabie des adhérents. Quoi qu’il en soit, il est hors de doute que si l’unité de Dieu est la pierre de touche des vrais croyants, la Trinité’est l’antithèse de leur foi. Mahomet reproche souvent aux chrétiens leur adhésion à ce dogme : < vous qui avez reçu les Écritures, ne délimites de votre religion, ne dites de i que ce qui est vrai… Croyez donc eu Dieu et à îles point : Il y a trinité. Cesse/ de 1> faire. Ceci nous sera plus avantageux. Car Dieu est unique, IV, 169. Il t celui qui dit : Dieu est

un Iroisii m de la Trinité, v, 77. Le prophète considère comme un horrible blasphème la paternité divine : les cieux ne se fendent à ces mots (le Miséricordieux a des enfants), que la tem

i que 1rs inouï s’écroulent, de

ce qu’ils attribuent un fils au Miséricordieux. Il ne lui

ir un fils, i xi, 91-93. Mahomet consi it Marie con ! faisant partie de la sainte Trinité

son diin Fils, v, I Ki. 1 1 cette opinion a été admise lus célèbres commentateur ! du Coran, Abdallah bi n Omar al-Beidâwi, dans ses Lumién

de l’interpréta

iment - bévue ? Clodiua el

Mahoroel □ ai riva pa d’et

1

<>ir 170, qui vénérait Marie comme partiel’panl a la nature divine, |iav(av BiaoxsSaro, Hottinger, -, Zurich, 1651, p. 227-228, aurait, d’api nmentateui - arabes du Coran

i il blâmait le « chréth ni di ii, arder

Mari une divine. Mais celle hvpo document ne pi

et la diiïu ion en Arabie des erreurs collyri très suggestif. Zaborovsky, Doctrines du Coran puisées dans le christianisme (en russe), Kazan, 1675, p. 58. D’ailleurs, le Coran ne fait pas allusion à cette secte, et il paraît presque certain que le prophète, en attaquant la Trinité, avait en vue tous les ebrétiens en général. L’idée de l’unité de Dieu lui faisait exclure toute participation humaine dans l’œuvre de la providence divine. Le terme de Théotocos (mère de Dieu) lui paraissait abaisser Dieu au niveau de l’homme. Son impuissance à saisir les idées métaphysiques des dogmes chrétiens, Noeldeke, p. 4, lui faisait croire que la paternité en Dieu ne pouvait exister sans le concours de la femme. « Dieu, disait-il, n’a ni épouse, ni enfant, r> i.xxii, 3 ; il n’a point enfanté, et n’a point été enfanté, cxii, 3. Il revient à plusieurs reprises sur la négation de la paternité divine, xvii, 111 ; xviii, 3-4 ; xtx, 91 ; xxiii, 92 ; xxv, 2 ; xxxix, 0, sur l’absence en Dieu, d’épouse el de compagne, vi, 101. L’insistance même qu’il met à répéter que Dieu est unique, dans ce sens que, dans l’être divin, il n’y a pas d’hyposlases distinctes, la violence de son langage, lorsqu’il traite d’impiété et de mensonge le dogme chrétien, prouvent qu’il n’a jamais eu une conception exacte de la Trinité, et qu’il était convaincu que son admission était la négation de l’unité de Dieu. De l’enseignement chrétien, il n’a retenu que le prétendu polythéisme. La négation de la Trinité a facilité peut-être la diffusion de l’islamisme. Il est avéré que l’islam fait de continuels progrès en Afrique, et pénètre aisément dans les milieux d’une civilisation rudimentaire. Comme Marracci l’observait déjà, le monothéisme des musulmans gagne plus facilement des adhérents chez les peuples plongés encore dans la barbarie, tandis que le christianisme, avec la sublimité de ses dogmes, rencontre parmi eux une plus forte opposition. La -négation de la Trinité était, du reste, pour Mahomet, une nécessité logique du développement de son système religieux. S’il avait admis ce dogme, il lui eût été difficile de nier la divinité du Christ et sa mission rédemptrice, et de s’attribuer à lui-même la prérogative de prophète appelé par Dieu à combler les lacunes de la révélation divine contenue dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament.

Jésus-Christ.

1. Ses noms. — Le Christ est

appelé dans le Coran’Isa, nom qui n’a pas chez les Arabes une signification spéciale. Zaborovsky, p.’di. A ce nom, qui désigne le Christ comme le (ils de Marie, Mahomet ajoute celui de Messie (Al-Masih), iii, 40 ; IV, 156, 170 ; v, 19. Le Coran emploie aussi pour désigner le Christ l’expression de Verbe de Dieu [Kàlimat Allah) : <t Le Messie est l’apôtre de Dieu et son Verbe qu’il jeta dans Marie, » iv, 169 ; m. lii. 10. Cependant, selon les commentateurs arabes, il ne faut pas y voir une preuve de la divinité du Christ. Le Verbe de Dieu est créé comme les (très qui n’existaient ivanl que Dieu les eût tirés du néant. Djélâl-eddin, cité par Marracci, enseigne que Jésus-Christ est dit

Vi rbe de Dieu i parce qu’il a été créé par la parole divine, il Béïdâvi donne plusieurs explications d

nom. Le Christ est appelé ainsi, parce qu’il est tenu BU monde par l’ordre de Dieu, sans qu’il eut un père naturel. Il ressemble aux premières créatures, qui ont

l’existence par la parole divine. <>n pourrait an i ntendre par là le livre de la parole de Dieu., m

le râla joué par le Christ dans l’établissement de la

"il. Marracci. Rgfutatio. 1. III, p. 8 1.

Zaborovsky, p. 56. Cependant Mahomet n’applique ce nom qu’au Christ. C’est pourquoi d’autres commentateurs ont pensé qu’il voulait indiquer plus sp

l nt que le Christ avait été créé parla parole de

Dieu, el était un

, , , ii - du Coi on touchant lei ; -„, / Tettanient en russe), haI. m. 1895, p. 1 1 1 i iplication ne p