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CONTROVERSE


Baie aussi et à Schaffouse. Au mois d’août suivant, Ixk publia une réfutation de cette dispute de Berne, s’altachant à faire ressortir les contradictions dans lesquelles les zwingliens s’étaient jetés au courant de la discussion. Hergenrœther, op. cit., VIIe période, n. G", t. v, p. 289290 ; Wiedemann, Jean Eck p p. 248 sq. ; Kirchenlexikou, t. iii, col. 1842.

4° Colloque de Lausanne, 1° octobre 1536 ; Farel, Viret contre quelques prêtres catholiques contraints.

— Des contestations en matière religieuse étaient pendantes entre Fribourg et Berne. Ceux de Berne, espérant qu’on s’entendrait mieux dans un colloque, le convoquèrent à Lausanne pour le 1 er octobre 1536. L’empereur, le clergé etles habitants de Lausanne s’opposaient à la réunion : on passa outre, et Berne adressa les lettres de convocation à toutes les paroisses, avec les plus belles promesses d’impartialité. Cependant l’on contraignit les prêtres catholiques à se rendre à la conférence, sous peine d’amende et d’exil. On y appela les ministres de Genève, Guillaume Farel et Pierre Viret. Us présentèrent dix thèses. Lal re affirmait la justification de la foi sans les œuvres ; la 2e soutenait que l’Ecriture ne reconnaît que Jésus-Christ pour chef, pour souverain pontife et médiateur de son Église ; la 3e était dirigée contre la messe et la présence réelle ; la 4e déclarait que l’Église, qui est reconnue de Dieu seul, ne reconnaît pas le baptême et la cène du Seigneur ; la 5e portait que l’Église ne connaît d’autres ministres que les prédicateurs de la parole divine et les administrateurs des sacrements ; la 6e rejetait la confession auriculaire ; la 7e admettait le culte intérieur et spirituel ; la 8e déclarait que l’Église ne connaît d’autre magistrat que le magistrat civil ; la 9e condamnait le célibat des prêtres ; la 10e rejetait le jeûne et l’abstinence.

A la présentation de la l re thèse, les chanoines opposèrent un déclinatoire, rappelant qu’en cas de doute sur la foi, c’est à l’Église seule de juger. S’ils acceptaient le rôle déjuges, ils empiéteraient sur le pouvoir de l’Église ; et, d’ailleurs, s’il était permis à chacun de s’ériger en juge, la religion tomberait rapidement dans une confusion irrémédiable. Embarrassé, Farel répondit par de virulentes attaques contre les papes et les conciles, qui brûlent, sans les entendre, ceux qui cherchent à discuter avec de bonnes raisons. Un dominicain observa ensuite que l’Église a précédé l’Écriture et que cette Écriture n’aurait aucune autorité si elle n’était approuvée par l’Église. Viret répondit simplement que le religieux disait des blasphèmes : c’était plus facile à avancer qu’à prouver. Alors Farel, sans contradiction désormais, put consacrer deux ou trois jours en moyenne à chacune de ses thèses, mêlant à ses exposés toutes sortes d’injures et de plaisanteries grossières. Après ces interminables palabres de Farel, l’avoyer de Watteville, qui présidait, clôtura l’assemblée, et les seigneurs de Berne ordonnèrent à tous les baillis du pays de Vaud de renverser les autels et de briser les saintes images dans les églises et chapelles. C’était leur manière à eux d’inaugurer la réforme de la religion ! Quand on a affaire à de pareils fanatiques, l’on a beau avoir raison ; il est difficile d’attendre un bon résultat des arguments les meilleurs. Darras, Histoire de l’Eglise, continuée par Bareille, Paris, 1884, t. x.xxiii, p. 311-344.

/II. EN hollande. — C’est par la révolte ouverte et par la force des armes que le calvinisme s’était implanté dans le nord des Pays-Bas. Bientôt le fanatisme et l’intolérance des protestants firent peser sur les catholiques du pays, les deux cinquièmes de la population totale, un joug insupportable. Aussi ne trouvons-nous pas, en Hollande, trace de controverses publiques, entre catholiques et hérétiques, du moins de controverses dignes d’être mentionnées ici.

Entre hérétiques, il y eut quelques disputes, peu nombreuses toutefois, précisément parce que le parti le plus fort persécuta et finit par écraser l’autre. Parmi les calvinistes des Pays-lias, deux partis s’étaient formés à propos de la doctrine de Calvin sur la prédestination. Les infralapsaires, appelés aussi arminiens ou remontrants, soutenaient que la prédestination au ciel ou à l’enfer n’a été définitivement faite par Dieu qu’après la prévision du péché originel. Au contraire, les supralapsaires, dits encore gomaristes ou contre-renu tranls, prétendaient qu’avant toute prévision de la faute originelle. Dieu a définitivement prédestiné chacun des hommes au ciel ou à l’enfer. Les chefs de partis étaient deux professeurs de l’université de Leyde, Jacques Harmensen ou Arminius, soutenu par le monde des hauts fonctionnaires, et François Gornar, appuyé par la majorité des prédicants et du peuple.

Arminius avait demandé à justifier sa doctrine devant un synode. En attendant, on lui accorda de soutenir une discussion contradictoire avec Gomar, devant une députation des États. Elle eut lieu en 1608. Le rapport de cette députation fut favorable à Arminius, et l’on demanda aux uns comme aux autres de garder le silence désormais. Arminius mourut en 1609, mais il eut d’ardents successeurs en la personne de Jean Uytenbogart, Conrad Vorstius et Simon Episcopius. Ce sont ces trois champions qui présentèrent en 1618 une justification en cinq articles, appelée Remontrance, à laquelle les gomaristes opposèrent une Contre-Remontrance. Voir Contre-Bemontrants, col. 1670-1671.

La lutte continuait donc très vive, et pour l’apaiser, les États convoquèrent inutilement des colloques religieux, l’un à La Haye, en 1611, l’autre à Delft, en 1613. Mais les gomarisles, favorisés par le gouverneur général Maurice d’Orange, ne tardèrent pas à opprimer leurs adversaires. Maurice convoqua, non plus un colloque, mais un synode, à Dordrecht, maigri’l’opposition de plusieurs États. Ce pseudo-concile s’ouvrit le Il mai 1618, et bien qu’on y eut accueilli vingt-huit théologiens étrangers, les remontrants n’y furent pas admis comme membres du synode, mais seulement comme accusés. Dans la XXIIe session, Episcopius déclara qu’il était tout prêt à soutenir une conférence publique et contradictoire ; mais sa proposition, tout acceptable qu’elle fût au point de vue protestant, ne reçut même pas l’accueil d’une prise en considération. Le synode finit en mai 1619 par la condamnation des arminiens. Us furent déclarés hérétiques et traités comme tels. Deux cents perdirent leur situation, quatre-vingts furent exilés, quarante passèrent aux gomaristes, et quelques-uns se firent catholiques. Hergenrœther, loc. cit., n. 225-227, t. v, p. 536-541. Voir Arminius, t. i, col. 19631971 ; Gomar.

iv. en POLOGNE. — Colloque de Thorn, octobrenovembre 1645, entre catholiques et protestants de toutes sortes. — Le protestantisme s’était infiltré, dès le début du xvie siècle, jusque dans la catholique Pologne. Il y rencontra, de la part du gouvernement, un mélange d’opposition et de faiblesse. Sous le règne de Sigismond III, la réaction fut vive contre les dissidents, tant par les influences politiques que par l’action religieuse. Les hérétiques en furent tellement irrités qu’ils en vinrent à des tentatives de révolte et à des projets d’alliance avec l’étranger. C’est alors que le bon roi Ladislas IV. voulant éviter à son pays les malheurs dont les divisions religieuses avaient accablé déjà la plus grande partie de i’Europe, essaya de calmer les esprits en provoquant la réunion d’une conférence. Il mettait d’autant plus sa confiance dans l’efficacité de ce moyen, qu’il avait observé le récent retour à la foi catholique de plusieurs protestants de marque, Iierthold Nihns, Christophe Behold ou Besold, Barthélémy N131’inus. D’un autre côté, l’altitude prise par Hugo Gro-