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CONTEMPLATION


dont la contemplation acquise fait les frais principaux, n’est autre que celui qui, dans les ouvrages d’ascétisme, prend le nom d’oraison de simplicité ou de simple regard. Avant de décrire la contemplation acquise sous cette forme qui a cessé d’être transitoire pour revêtir un caractère plus fixe, plus permanent, il sera utile d’embrasser dans une sorte de synthèse les diverses étapes par lesquelles l’âme doit ordinairement passer pour arriver à ce Urine.

2° Aux débuts de la vie spirituelle, nous rencontrons la méditation ordinaire : c’est l’intelligence qui tient ici le rôle principal : l’àme raisonne, elle considère, elle discourt, comme on disait au xviie siècle. Tous ces actes ont pour but de créer en nous des convictions solides. Aussi à mesure que les convictions s’implantent dans notre âme, les raisonnements deviennent moins nécessaires, et du coup la place des affections s’élargit. Bientôt un simple coup d’œil nous suffira pour raviver notre conviction, et presque tout le temps que nous donnions autrefois aux raisonnements, sera occupé par les affections. Cette manière d’aller à Dieu mérite d’elle classée à part, au-dessus de la méditalion, sous le nom d’oraison affective. Puis un nouveau travail, un travail de simplification, cette fois, s’opère en nous. Sous l’influence de la grâce, nos affections et nos résolutions tendent de plus en plus à l’unité ; elles deviennent moins variées et s’expriment par moins de paroles. Par une évolution qui pour l’ordinaire ne s’opère pas par des sauts brusques, mais lentement, progressivement, l’oraison affective se transforme alors en une oraison qui est une succession de simples regards, c’est-à-dire une succession d’actes de contemplation acquise. Si l’âme correspond fidèlement à la grâce, il est à présumer que ces acles occuperont dans son oraison une place toujours plus large, et que le droit de cette oraison à être appelée du nom de contemplation acquise sera chaque jour mieux établi. riplions de l’état d’oraison qui nous occupe font souvent honneur à l’imagination des écrivains plus (nielles ne servent la vérité. « On dépeint ces états, dit le P. Poulain, de manière à laisser croire que l’intelligence et la volonté sont devenues complètement immobiles. La multiplicité des acles aurait disparu entièrement. Non ; elle a seulemen notable’diminué, assez pour attirer l’attention N’inventons pas des états chimériques, et ne les substituons pas am véritables, > Le » grâces de l’oraison, Paris, 1901, I partie, c. ii, n. 6.

Lorsqu’on nous représente une âme immobili pendant an quart d’heure et même pendant une demiheure par une pensée ou un sentiment unique, est-ce la réalité que i on - i si attaché à peindre’.' ou bien n’at-on pas reproduit, sans la contrôler, une assertion trouvée dans un livre quelconque ? Il est de ces affirmations que les auteurs se transmettent commi axiomes indiscutables, et dont personne ne songe à vérifier l’exactitude. Beaucoup répètent, pour I a lu dans Brancati, qui lui-même l’avail sans doute lu ailleurs, qu’un acte de contemplation acquise peut durer une demi-heure. L’étrangeté du fait en question il. irrail pourtant rendre ces écrivains 1res circon-| ii les inviter ; i réserver leur jugement. Qu’une ; tout spéciale puisse ainsi tenir une intelligence ou une volonté immobiles durant un temps relativement

idérable, la chose est bien certaine : il Berail puéril d’assigner à l’action divine ses limites, de l’emprisonner dans un cadre de convention. Hais il s’agil de

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titue la façon habituelle dont Dieu traite avei

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ne ni arrivi r à la certitude en ce point, si l’on n’inter n’s, si l’on n’étudie sur elles le* proo divins.’Suarei lem blable, concluait que l’oraison de simple regard ne consiste pas à n’avoir qu’une idée et qu’un sentiment ; un certain renouvellement de sentiments lui parait, au contraire, nécessaire. « C’est seulement en ce sens, dit-il, que cette oraison peut d’habitude se prolonger ; mais il est très rare qu’un acte simple dure longtemps, n De oratione, 1. II, c. x, n. 13.

Toute étude des faits aboutira nécessairement à des conclusions identiques, elle démontrera que l’unité absolue de pensées et de sentiments, qui est décrite dans certains livres, est une pure chimère. Par conséquent, on est encore dans l’oraison de contemplation acquise, lorsque, après avoir épuisé une pensée ou un sentiment, on passe à une autre pensée et à un autre sentiment. Ce qui caractérise cette oraison, ce n’est pas l’immobilité absolue de l’àme arrêtée devant une seule idée, et se nourrissant d’un seul sentiment : une certaine variété de pensées et de sentiments n’est nullement incompatible avec ce que l’on nomme la simplicité dans l’oraison. Lorsqu’une oraison nous apparaîtra comme un composé d’actes d’intuition, comme une série de simples regards se succédant d’une façon lente et douce, nous aurons donc le droit d’appeler cette manière de traiter avec Dieu du nom de contemplation acquise.

4° On exagère encore lorsqu’on attribue à cette sorte d’oraison un objet unique, lorsqu’on pense que son champ d’action ne s’étend pas au delà d’une simple attention à Dieu présent. Que l’attention à Dieu présent constitue une des variétés, la plus intéressante peut-être, de la contemplation acquise, personne ne songe à le contester ; mais ce n’est pas une raison de croire qu’elle soit à elle seule toute la contemplation. Voici une personne qui, durant son oraison, se sent pénétrée du néant des choses humaines, ou de la pensée de la mort, ou du souvenir des souffrances de Jésus sur la croix. Elle n’exécute sur ce thème aucune variation ; son imagination se refuse même à composer une scène, un tableau. Une simple idée qui revient sans cesse et avec force : telle est la note caractéristique de cette oraison. L’attention à Dieu présent n’est ici qu’accessoire, c’est certain. Néanmoins, si l’on nous demande quel nom il faut donner à cette oraison, nous n’hésiterons pas à dire qu’elle réunit tous les traits d’une contemplation véritable. Parfois, c’est sur Dieu lui-même que notre attention est appelée avec cette force et cette insistance ; mais ne peut-il se faire que ce soit quelqu’un de ses attributs, son incompn liensibilité, par exemple, ou sa bonté, que nous avons en vue plutôt que sa présence’.' L’oraison d’attention amoureuse à Dieu présent décrite par Courbon, Instruction sur l’oraison, Paris, 1685, 1874, part. IIP. i r * instr., est donc un des modes de la contemplation acquise, mais ce n’est pas son mode unique.

Notre manière de voir était celle de Bossuet ; c’est ce dont il n’est pas permis de douter lorsqu’on a lu son opuscule sur la Manière de faire l’oraison de foi, i mie, dit-il, reçoit une oraison plus pure et plus intime, que l’on peut nommer oraison de simplicité’, qui consiste dans un simple regard vers quelque objet divin, soit Dieu en lui-même ou quelqu’une de ses perfections, soit Noire-Seigneur Jésus-Christ ou quelqu’un de ses mystères, ou quelques autres vérités chrétiennes. » S.’A.

La contemplation acquise a été désignée par saint îles sous l< nom i d’oraison de sin i lit ii, / ;. ponses sur le coutumù < l I. de Chantai, a.’. ! ’» , (dit. Migne, t. ii, col. 236.

. Lorsqu’une Ame commence < jouir de la contemplation,

elle est parfois hantée d’un scrupuli P toul le temps de l’oi primer ou i savourer un

entiment une.