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CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES


arabe et éthiopienne de la Didascalie, et crut pouvoir conclure que la version syriaque n’était qu’un résumé d’un ouvrage grec antérieur aux Constitutions apostoliques et correspondant à leurs six premiers livres-Funk, p. 15. Paul de Lagarde énonça la véritable solution. Il édita la Didascalie syriaque, 1854, et signala qu’elle correspondait au texte cité par saint Épiphane, tandis que les six premiers livres des Constitutions apostoliques n’en étaient qu’un remaniement. Les fragments latins de la Didascalie, publiés par M. Ilauler en 1900, sont enfin venus montrer que la version syriaque reproduit fidèlement le texte grec, car elle concorde très suffisamment avec la version latine. L’origine des six premiers livres des Constitutions apostoliques était dès lors connue avec certitude.

En 1883, Mo-- Philotheos Bryennios publia le texte jusqu’alors inconnu de la Ac6a-/r) tô>v Stôêe/.a àiTo<îTd>.(ov, dans lequel on s’accorda à voir l’ouvrage visé par Eusèbe et par saint Athanase. Or cette Aiôa-/ï] correspond à la première partie du livre VII des Constitutions apostoliques et vient donc nous en révéler la source.

Enfin Paul de Lagarde avait publié en 1856 une édition du 1. VIII des Constitutions apostoliques tel qu’il figure dans un manuscrit de Munich. Ce texte comprend, après une pièce préliminaire, Const. apost., VIII, I, il, des « constitutions des apôtres sur les ordinations, rédigées par saint Hippolyte » et des « constitutions de Pierre » ou « de Pierre et Paul » ou « des saints apôtres » , c’est-à-dire le plus grand nombre des chapitres du 1. VIII, à l’exclusion des passages liturgiques. Les canons des apôtres se retrouvent dans une partie des canons coptes arabes, voir Canons des apôtres, t. il, col. 1615, dans les canons d’Hippolyte, dont la version arabe a été éditée par Haneberg en 1870, et dans le Testamentum D. N. J. C, édité par Mo Rahmani en 1899. Ces textes orientaux ont permis aux savants de quitter le terrain des hypothèses où l’on avait dû se confiner depuis ïorrès, et d’affirmer que les Constitutions apostoliques sont une compilation, accompagnée de quelques remaniements, d’écrits plus anciens regardés comme apostoliques. Ces écrits plus anciens sont la Didascalie, dont le remaniement constitue les six premiers livres des Constitutions ; la Didachèetun formulaire de prières qui ont servi à constituer le 1. VII ; enfin les constitutions d’Hippolyte et les canons ecclésiastiques des apôtres (peut-être les canons d’Hippolyte) qui ont servi, avec une liturgie, à constituer le 1. VIII.

Nous n’avons pas à traiter des écrits antérieurs, utilisés par le compilateur des Constitutions apostoliques ; ils seront étudiés ailleurs. Sur la Didachè, voir t. i, col. 1680-1687. Nous nous bornons ici à caractériser l’œuvre propre du compilateur des Constitutions : ce qu’il a ajouté ou retranché, son époque, ses tendances, son but.

II. Les six premiers livres.

1° Comparaison avec la Didascalie. — L’interpolateur a fort peu modifié les deux premiers livres, car il y avait peu à changer aux préceptes inoraux qui y sont donnés, et il semble d’ailleurs augmenter progressivement son travail personnel : il ajoute, dans le I. III, les c. x, xi, xvii, xviii, xx, et remanie les c. vin et ix ; dans le 1. IV, il ajoute les c. xiixiv, et allonge les c. vi et x (le c. xii figure plus loin dans la Didascalie et a donc été transposé) ; dans le 1. V, il ajoute les c. viii et ix et remanie complètement les C. vii, xiii-xx ; enfin, dans le 1. VI, les c. il, vi, XI, xv-xvii, xxiil-xxviii, lui appartiennent presque complètement ainsi que la plus grande partie du c. xviii.

Dans l’édition de M. Funk, les textes propres à l’interpolateur sont soulignés. Ainsi la différence des Constitutions et de la Didascalie frappe les yeux du lecteur. Ces modifications, surtout dans les deux premiers livres, sont souvent accidentelles ; l’auteur écourte un texte de l’Écriture, ou bien en ajoute de nouveaux que lui fournit

sa mémoire. Le plus souvent, il accommode à son époque le texte de la Didascalie : il proscrit les bains mixtes, il abrège ou remanie les passages antijudaïsants, il augmente les pouvoirs de l’évéque, il complète la hiérarchie en mentionnant des lecteurs et des chantres. Quant aux passages ariens et macédoniens, ils sont si peu nombreux et si peu décisifs que l’auteur ne semble vraiment pas avoir voulu contribuer à répandre ces hérésies.

2 » Époque et pairie de l’interpolateur. — M. Furk fait remarquer, p. 78, qu’il utilise des formules courantes seulement au ive siècle, et que les ordres inférieurs du clergé nommés par lui, sa liturgie, le baptême des enfants, les fêtes qu’il connaît et les jeûnes qu’il impose nous reportent encore à la même époque. Il serait d’ailleurs postérieur au concile de Nicée à cause de sa détermination de la Pàque et de l’égale importance qu’il attribue au samedi et au dimanche. Funk, p. 8284. M. Funk s’attache en particulier à la fête de Noël que les Constitutions apostoliques, V, xiii, col. 858, placent au 25 décembre. Or, pendant longtemps en Orient on fêtait la naissance de Notre-Seigneur au 6 janvier, jour de l’Epiphanie. Ce fut sans doute l’an 388 que la fête de la naissance fut portée à Antioche pour la première fois au 25 décembre. Devrait-on remonter dix ans plus haut, que l’interpolateur, en tant que témoin de cette fête, ne devrait toujours pas être placé avant 380. Il est même plus raisonnable de dire qu’il a dû vivre au moment où cette fête était depuis longtemps établie, sinon il n’aurait pas osé la donner comme apostolique. Le véritable terminus a quo, dit M. Funk, p. 93, serait donc le commencement du ve siècle. D’ailleurs, on ne peut le placer beaucoup plus tard, car on ne trouve dans son ouvrage aucun écho des controverses christologiques qui allaient passionner toute la chrétienté autour des noms de Nestorius et d’Eutychès.

L’interpolateur nous a appris incidemment à quel pays il appartenait, lorsqu’il a donné aux mois les noms syro-macédoniens, par exemple, V, xiv, col. 872, « le premier mois qui est ZavOizô ;  ; » V, xvii. col. 888, « le douzième mois, qui est appelé Ajuzpo ;  ; » V. xx, col. 896, « le dixième jour du mois Fopîtcaîoç. » Ces noms furent portés en Syrie par les Macédoniens et comme on sait qu’ils furent en usage à Éphèse, Paul de Lagarde supposa qu’une partie des Constitutions apostoliques provenait de ce diocèse. M. Funk montre avec raison, p. 96, qu’il n’en est rien, car le calendrier des Éphésiens faisait commencer le mois A-jorpoç au 24 janvier, tandis que les Constitutions apostoliques, V. xvii, col. 888, font correspondre le 22 de ce mois à l’équinoxe du printemps, ce qui exige que le mois de A-Jarpo ; des Constitutions coïncide avec notre mois de mars. Or c’est ce qui avait lieu en Syrie. On ne peut pas d’ailleurs placer l’auteur en Palestine, car la fête de Noël ne fut introduite à Jérusalem que par Juvénal, évêque de 425 à 458, et comme notre auteur la mentionne explicitement comme apostolique et ne peut pas avoir écrit après 425. parce qu’il ne fait aucune allusion à Nestorius ou à Eutychès, il nous reste donc à le placer en Syrie à l’exclusion de la Palestine. Funk, p. 97.

Son école théologique et ses sources.

Le concile

in Trullo ayant décrite que des falsifications et des choses étrangères à l’Église (les hérésies) avaient été ajoutées aux Constitutions apostoliques par quelques hétérodoxes, on se préoccupa dès lors de retrouver les passages qui avaient motivé la décision du concile. Photius, cod. 112-113, cité P. G., t. i, col. 548-519, y signalait des fictions (-/axo-ÀaiTTia) et le mépris de la deutérosis (seconde loi ou loi juive), mais avouait en même temps que ces reproches ne lui paraissaient guère dignes d’attention ; il ajoutait enfin qu’on pouvait accuser les Constitutions d’arianisme, mais qu’il était possible, toutefois non sans difficulté, de les laver de