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CONSTANTINOPLE (EGLISE DE)

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stantinople possédait alors’22 archevêchés : soil deux en Asie-Mineure : Cyzique et Parium ; sept en Thrace : Andrinople. Héraclée, Trajanopolis, Madytos, Makré, Mérisse et Messinopolis ; trois en Macédoine : Pliilippes, Serrés et Thessalonique ; deux en Thessalie : Larissa et Nouvelle-Patras ; un en Épire : Durazzojdeux en Grèce : Thèbes et Athènes ; deux dans le Péloponése : Corinthe et Patras ; trois enfin dans les îles : Corfou, Candie et Rhodes. Sauf Andrinople, Madytos, Serrés, Durazzo, Corfou et Rhodes, tous les autres archevêchés comptent des sullragants, quelques-uns titulaires, les autres réels ; mais nous sommes encore assez mal renseignés sur le nombre et sur le nom des sièges sullragants, pour la bonne raison que les constantes péripéties politiques amenaient des changements continuels dans la juridiction. Ainsi, par un acte du 13 février 1209, Innocent III avait désigné comme sullragants d’Athènes les onze évêchés de Nègrepont, Thermopyles, Diaulia, Aulon ou La Valona, Oréos, Mégare, Carystos, Coronée, Andros, Skyros et Ccos, en leur recommandant de conserver à leurs diocèses les limites qu’ils avaient au temps de la domination byzantine. Or, le Provinciale romanum, postérieur seulement de quelques années, a modifié complètement cette liste. Au lieu de onze évêchés, la province n’en comprend plus que huit ; cinq de la liste précédente, les cinq derniers, ne sont plus mentionnés, en revanche, on en voit paraître deux nouveaux : Salona et Égine. Paul Fabre, Un vidimus de Conrad, archevêque d’Athènes, dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’école franc, de Rome, Paris, 1895, t. xv, p. 71-76. Ainsi encore, le 22 mai 1212, Innocent III accorda à Gualter, archevêque de Corinthe, la juridiction sur les sept évêchés suivants : Céphalonie, Zante, Damelant, Malvoisie, Argos, Gilas et Giménès. P. L., t. ccxvi, col. 587. Or, le Provinciale romanum, quelques années après, ne lui accorde plus qu’un sufiragant, Céphalonie. De même, l’archevêché de Candie ou de Crète comptait vers 1212 quatre diocèses sullragants et, le 17 avril 1375, dans une lettre de Grégoire XI, on voit que cette province ecclésiastique commandait à neuf évêchés. Lequien, Oriens christianus, t. iii, col. 911. Ces quelques exemples suffiront, j’espère, à prouver qu’il est impossible pour le moment de songer à reconstituer les limites et les extensions du patriarcat latin aux diverses périodes de son histoire, et que ce n’est pas ici, d’ailleurs, le lieu ou le moment de le tenter. Le patriarcat latin de Constantinople comptait, à l’âge d’or de son histoire, c’est-à-dire au moment où fut rédigé le Provinciale romanum, 22 archevêchés, dont 16 avaient en tout 59 évêchés suffragants ; c’est tout ce qu’il importe pour le moment de retenir. Quant aux rapports entre les deux Églises, aux efforts qui furent tentés soit par les papes, soit par les empereurs byzantins pour les réconcilier, il en a été traité longuement à propos du patriarcat grec et il n’y a pas lieu d’y revenir. Notons seulement comme curiosité la traduction en grec de la liturgie latine, avec la transcription du latin en lettres grecques, à l’usage des Byzantins qui s’étaient convertis au catholicisme. Revue de l’Orient latin, 1893, t. i, p. 543-551.

S’il est malaisé de reconstituer les limites et l’étendue de la juridiction de l’ancien patriarcat latin, du xiiie au XVIIIe siècle, la difficulté n’est pas moins grande d’indiquer les centres principaux du catholicisme et des ouvriers évangéliques qui tendaient à le répandre. Même à Constantinople, où l’élément occidental est plus en vue, grâce aux rapports des Génois et des Vénitiens avec les Byzantins ou les Turcs, on ne peut toujours fixer la date de l’installation des missionnaires ni dire de quelles maisons et de quelles églises ils disposaient. Deux ordres religieux pourtant y ont travaillé des la première heure, c’est-à-dire dés le xin 8 siècle, les dominicains et les franciscains, bien que des récits plus ou moins légen daires circulent sur leurs origines. On dit que les fils de saint Dominique y étaient déjà en 1232 et qu’ils s’y maintinrent jusqu’en 1335. Ln 1298, ils possédaient deux couvents et deux églises, dont Saint-Paul, qui fut prise par les Turcs en 103.") et convertie en mosquée. De 1335 à 1601, ils furent remplacés par une branche de dominicains qui s’appelaient Fratres pereg pro Christo, et, de 1601 à nos jours, les maisons de l’ordre sont desservies par la congrégation d’Orient. Lorsque l’église Saint-Paul leur fut dérobée par les musulmans, les dominicains se retirèrent au couvent de Saint-Pierre qui, jusque-là, avait appartenu à des religieux de leur ordre et qui devint dés lors leur maison centrale. Cetle église brûla en 1660, et depuis, à plusieurs reprises ; le couvent et l’église actuelle oui été bâtis sur son emplacement. De 1557 à 1583, les m «  religieux desservirent, toujours dans le quartier de Galala, l’église Saint-Benoit, qui passa alors aux jésuites italiens, et une cinquantaine d’années après, en 1636, ils perdaient les deux seules églises qui s’élevaient dans Stamboul : Sainte-Marie et Saint-Xicolas. Quant aux franciscains, il est encore plus difficile de préciser à quelle époque ils se sont établis dans Constantinople. Ils paraissent s’y trouver déjà avant la réoccupation de la ville par les Grecs en 1261 et ils s’y trouvaient sûrement en 1341, où leur supérieur sert d’arbitre pour un litige survenu à la cour impériale. Ils résidaient alors au couvent de Saint-François, dont l’église servait de paroisse aux catholiques de Galata, et qui était, lui, le chef-lieu de la province de Romanie. S’ers l’an 1400, cette province comptait trois custodies, et la custodie de Constantinople possédait sept couvents. La distinction ne s’était pas encore faite entre mineurs observantins et mineurs conventuels. Ce n’est qu’en 1445 que le pape Eugène IV décida finalement que tous les couvents de la custodie de Constantinople resteraient aux observantins, à l’exception de Saint-François qui appartiendrait aux conventuels. En 1639. cette église fut brûlée par un incendie, rebâtie sur de petites dimensions et brûlée encore. Celle qui la remplaça alors fut confisquée par les Turcs en 1697. Le vicaire patriarcal, qui en avait fait sa cathédrale, fut contraint de s’instalier ailleurs. Quant aux conventuels, réfugiés à Péra, ils ne possédaient plus qu’une toute petite église, dédiée à saint François ; enfin, en 1721, ils purent construire l’église Saint-Antoine, qui a brûlé plusieurs fois et qu’on va bientôt transporter ailleurs. Une fois séparés de leurs frères, les conventuels, les mineurs observantins s’établirent au couvent de Saint-Antoine, vers la pointe du sérail, d’où ils montèrent rapidement à Galata et obtinrent d’une dame l’église Sainte-Marie in Drapéris, en 1584. Ils y restèrent jusqu’en 1660, où l’église brûla. A partir de ce moment, les religieux observantins et réformés pérégrinent dans toutes les rues du quartier européen jusqu’en 1691, où ils s’établissent à Péra, sur le terrain qu’ils occupent encore. Leur église actuelle ne date que de 1709. En 1704, la custodie de Constantinople devint préfecture apostolique, comprenant, outre la maison de Constantinople, les résidences de Smyrne, Chio, Tinos. Rhodes et Mycone.

Vers la fin du XVIe siècle, deux ordres nouveaux, les jésuites et les capucins, s’établirent à Constantinople et posèrent les bases de missions florissantes. C’est en 1583 que les premiers jésuites arrivèrent au nombre de cinq : trois Pères et deux frères. Cinq jours après leur débarquement, le liai le de Venise leur donnait l’ancien couvent de Saint-Benoit, à Galata, fondé deux siècles auparavant. En 1586, tous les religieux mouraient de la peste et, comme ils ne furent pas remplacés, des capucins italiens prirent leur succession en 1587 et la gardèrent jusqu’en 1589, où ils retournèrent en Italie. Vingt ans après, en 1609, les jésuites français,