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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)


l’on ne fuit que des études classiques. L’enseignement qui se donne à Halki est celui d’un grand séminaire ordinaire ; peut-être même n’atteint-il pas ce niveau. Toutefois, le diplôme de maître en théologie orthodoxe, que l’on obtient à la fin des études, correspond au doctorat en théologie ; il n’est donné qu’à ceux qui se vouent à l’état ecclésiastique. Les autres élèves, tout en le méritant, ne l’obtiennent pas. Presque tous les élèves sont entretenus aux frais de Técole qui leur sert les objets indispensables : livres, habits, nourriture, logement, etc. Le programme a été remanié souvent, ainsi qu’il convient à toute institution grecque, dont la vie consiste surtout dans les changements. De 1844 à 1899, il est sorti 350 élèves, qui avaient terminé leurs études théologiques à Halki ; c’est dans leurs rangs qu’on a choisi et qu’on choisira les métropolites et les hauts dignitaires de l’Église phanariote. Actuellement, pour mériter son diplôme, tout élève doit présenter à la fin de la dernière année, un travail manuscrit sur un sujet théologique — au sens des protestants — qu’il détermine lui-même. Bon nombre de ces jeunes théologiens viennent annuellement préparer leurs thèses dans la bibliothèque des augustins de l’Assomption, à Kadi-Keuï.

En dehors de l’école théologique de Halki, quelques jeunes clercs se forment dans deux autres grands séminaires, l’école du Rizarion à Athènes et le grand séminaire théologique de Sainte-Croix, près de Jérusalem, fondé en 1855 ; mais ce ne sont là que des exceptions, puisqu’il faut recourir à des établissements situés hors du patriarcat. Signalons, dans les limites mêmes du patriarcat œcuménique, plusieurs autres écoles hiératiques, qui poursuivent avec plus ou moins de succès le même but que celle de Halki.

1° Près de Césarée de Cappadoce, au couvent de Saint-Jean-Baptiste, fut inaugurée en 1882 une école théologique, qui devait pourvoir à la formation du bas clergé et comptait alors 25 élèves. Peu à peu, le nombre monta jusqu’à 120. L’école comprit d’abord deux sections : l’école préparatoire qui durait deux ans et le séminaire proprement dit qui en durait six. La première section est supprimée maintenant. Les cours des quatre premières années ont un caractère général, comme dans les lycées, les deux dernières un caractère strictement théologique. A la tête de l’école est placé un archimandrite ; le personnel des professeurs se recrute parmi les étudiants de l’université d’Athènes. Quant aux séminaristes, une fois leurs études terminées, ils deviennent curés dans les paroisses ou instituteurs dans les villes.

2° L’archimandrite Abacoum fonda dans son monastère d’Éléousa, situé dans une île de Janina, un séminaire qui se proposait de donner aux futurs ecclésiastiques l’instruction élémentaire et de préparer ainsi des desservants. Depuis 1875, le cours des études est de trois ans ; les élèves doivent avoir 22 ans au moins, 32 au plus. Ils sont obligés, s’ils ne sont pas déjà prêtres, de recevoir les ordres sacrés à la fin de leurs études. Le nombre des séminaristes n’a jamais été bien élevé, une vingtaine en moyenne.

3° A Palmos, au monastère de Saint-Jean-1’Évangéliste, existait, depuis le xvie siècle au moins, une célèbre école, qui obtint en 1713 le titre d’académie et jouit alors d’une renommée universelle. C’était sans contredit le meilleur séminaire de tout l’Orient pour l’enseignement de la philosophie et de la théologie, qui eut d’illustres professeurs comme Macaire et Daniel Kérameus. Avec la mort de ce dernier (1801), commence la décadence de l’école, accélérée encore par les événements de 1821 et la création de l’université d’Athènes ; elle persiste néanmoins jusqu’en 1870, où elle fut transformée en école primaire supérieure. Depuis 1900, l’école théologique a été rétablie, grâce au concours des professeurs d’Athènes ; elle est actuellement en pleine llorescence. On y comptait dernièrement jusqu’à

i() élèves venus d’Athènes, sans parier des moines et des jeunes gens accourus de Samos, de Chio et des autres îles de la mer Kgée.

4° Apres 1453, le mont Athos devint l’asile le plus sur pour les savants et pour les littérateurs ; c’est là aussi que se formèrent les jeunes théologiens. En 1758, s’ouvrit au monastère de Vatopédi, sous le nom d’acad’de l’Athos, un collège dirigé par Eugène Boulgaris. La nouvelle organisation de l’école et les méthodes raisonnées dont se servaient les professeurs attirèrent beaucoup d’élèves, qui s’en allèrent peu à peu, de sorte qu’il fallut bientôt tenter une réforme. Au début du xixe siècle, l’école restait encore, tout en ne jouissant plus de sa vieille réputation. Fermée durant de longues ann on l’ouvrit à nouveau, puis on la referma encore en 1895, à la suite de querelles monastiques. En septembre 1899, on inaugura peut-être pour la dixième fois l’école théologique du mont Athos, destinée à enseigner aux moines grecs les sciences théologiques et les éléments de l’ascétisme ; en fait, deux ou trois moines d’un certain nombre de couvents y sont réunis pour apprendre les premiers rudiments de l’écriture.

5° Dans l’éparchie de Lampa. au monastère de Saint-Jean le Théologien, le haut clergé de l’île de Crète inaugura en 1894 un séminaire aflecté surtout aux besoins de l’île. L’école hiératique avait des statuts spéciaux, approuvés par le patriarche ; elle cessa lors de la révolte en 1897. Depuis, avec l’insécurité qui est en permanence dans cette province, je ne sais si elle a été rouverte.

Signalons d’autres essais tentés pour instituer des séminaires et qui n’ont pas abouti. Ainsi, lors de son premier patriarcat, 1835-1840, Grégoire VI ouvrit une école théologique au Phanar, sur les bords de la Corne d’Or, pour contrebalancer l’inlluence antichrélienne de l’école de Théophile Kaïris, dans l’île d’Andros. Après la fermeture de celle-ci, le séminaire du Phanar cessa d’exister ; il avait duré deux ans. Ouvert une seconde fois sous le patriarcat de Joachim III (1878-1884), il fut encore fermé sous Denys V, faute de ressources. De même, à Samos existait en 1878 un séminaire qui comptait alors treize élèves et rendait à l’île de grands services ; de même, à Trébizonde, un autre séminaire fut établi en 1875, lequel eut une année d’existence ; de même, Joachim III inaugura à Chio un séminaire, qui devait être exclusivement affecté à la formation et à l’instruction du bas clergé ; il a dû fermer comme les autres. La situation n’est pas, on le voit, très brillante et je ne sais s’il existe ici-bas une autre Eglise, que la Grande Église du Christ, qui puisse présenter un clergé aussi ignorant. Je ne parle pas du haut personnel, qui a reçu une bonne éducation à Halki, qui l’a parfois complétée dans les universités d’Allemagne ou d’Angleterre, mais qui, entré sans vocation aucune dans le sanctuaire, n’y voit qu’un excellent moyen de se créer une rapide fortune et de jouir d’honneurs inespérés.

Ce tableau serait bien incomplet, si un mot n’était consacré aux Syllogues, c’est-à-dire aux sociétés chargées de travailler à la diffusion de l’instruction publique. Ils pullulent sur la terre grecque, même dans l’empire ottoman. Notons le Syllogue épirote, fondé le 24 juin 1872 par Zographos et qui entretient des écoles normales en Épire ; il a pour objet l’amélioration des écoles primaires de cette province et a publié quelques annuaires, contenant des travaux scientifiques, la plupart d’ordre religieux ; le Syllogue de Thessalie, fondé en 1874, qui entretient et subventionne les écoles primaires de cette province ; la Société philecpédeutique de Macédoine, instituée en 1871, et qui poursuit des vues analogues dans son domaine propre ; le Syllogue de Thrace, fondé le 15 octobre 1872 par le riche banquier Zariphis et qui a publié plusieurs annuaires ; le Syllogue des Alicrasiates ou des habitants