Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 3.2.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)

1470

et prié de les faire exécuter. La chancellerie ottomane est gérée par un fonctionnaire spécial, appelé Kapou-Kéhaya, qui exerce la charge de premier drogman.

Du patriarcat œcuménique dépendent des fonctionnaires ecclésiastiques ou laïques. En dehors des cinq chorévêques déjà signalés, les àpyiepativ.o’i TipoiT-zi^vio’., qui sont préposés aux cinq principaux quartiers grecs de la capitale, on voit le grand protosyncelle, qui a le rang d’archimandrite et jouit de la plus grande autorité après le patriarche. C’est, en somme, son vicaire général, avec ceci de particulier que, outre l’administration du diocèse patriarcal qui lui incombe, la plupart des affaires du patriarcat œcuménique passent par ses mains. Nous dirions donc, en assimilant le patriarche au pape, que le grand protosyncelle concentre en lui les pouvoirs du secrétaire d’État et du cardinal-vicaire. Il n’est pourtant que diacre, bien qu’il atteigne d’emblée, lorsque pour un motif ou pour un autre il résigne ses fonctions, le titre et le rang de métropolite. Il représente le patriarche dans les cérémonies officielles, par exemple à la réception des hauts personnages ou lors des solennités scolaires ; de droit, il est membre et parfois président de plusieurs commissions du patriarcat ; enfin, il est chargé spécialement du clergé de la capitale. Le grand archidiacre lui porte secours dans cette surveillance du clergé byzantin, tout en veillant d’une manière particulière sur les ecclésiastiques appartenant à son ordre. On distingue encore les prédicateurs, salariés par le Phanar et qui prêchent des sermons d’après un plan convenu d’avance et dans les églises qui leur sont désignées. Un rang à part parmi les fonctionnaires du Phanar revient au grand logothète. Choisi parmi les familles grecques les plus riches et les plus en renom, il est nommé à vie, doit être confirmé par la Porte et ne peut être relevé de son emploi que par l’accord des deux pouvoirs. Avant les transformations de 18C0, il était l’intermédiaire obligé, dont se servait le patriarcat pour traiter avec la Porte, de même que les communications officielles écrites du patriarcat étaient transmises par lui au pouvoir civil. Dans l’administration ecclésiastique, le droit lui appartenait, soit qu’il l’eût réellement, soit qu’il se le fût arrogé, de contresigner les décisions synodales ayant trait à la nomination des métropolites et des évêques et, par suite, de leur donner force de loi. Aujourd’hui, le grand logothète n’est plus que l’ombre de lui-même. Toute sa fonction consiste à accompagner le patriarche dans ses audiences au palais et à servir de drogman ou traducteur entre lui et le sultan ; pour les audiences qu’il a de la Sublime-Porte, c’est-à-dire du président du conseil, le patriarche se sert du Kapou-Kéhaya comme traducteur. C’est donc celui-ci qui a ravi au grand logothète la plupart de ses fonctions, et il est très possible qu’à la mort du titulaire actuel, Stravraki bey Aristarki, la charge de grand logothète devienne purement honorifique.

Les fonctions que je viens d’indiquer ne sont pas les seules, car, sauf le Vatican, il n’est pas de cour ecclésiastique qui ait multiplié les titres honorifiques et les appellations sonores autant que le patriarcat oecuménique. Son nombreux personnel de dignitaires et de fonctionnaires rivalisait jadis avec celui de la cour byzantine ; plusieurs portaient les mêmes titres et géraient les mêmes emplois que certains officiers de la cour. Depuis la prise de Constantinople, beaucoup de ces charges ecclésiastiques ont disparu en fait ; il serait même fort laborieux aujourd’hui de vouloir en arrêter la nomenclature très précise, tant les listes que nous ont transmises les auteurs et les manuscrits présentent entre elles de divergences. M. Clugnet a publié 1 une série d’articles, Les offices et les dignités ecclésiastiques dans l’Eglise grecque, dans la Bévue de l’Orient chrétien, t. iii, p. 142-150, 260-261, 452-457 ; t. iv, p. 116-128, d’après les traités des canonistes et auteurs grecs, Bal samon, Syméon de Thessalonique, le curopalate Codinus, Chrysanthe, patriarche de Jérusalem en 1715. et le P. Goar, prenant surtout pour base les listes dreî par Codinus et Chrysanthe et consacrant une notice plus ou moins longue à chacun des offices en question. c On trouve habituellement, dit cet auteur, deux sortes de classement des offices ecclésiastiques, suivant les listes que l’on consulte. Dans les unes, ils sont di en deux séries. La première, appelée chœur de dt /op’oç 6 SeE-.ô ;, comprend quinze offices répartis également en trois groupes, qu’on nomme r, usi/jt/, , r. ÎE^ripa, r| rpÎTir, mevrâ ;  ; la deuxième ou chœur de gauclie, yoph( >’i e-jtivju.0 ;, se compose ordinairement de dix-neuf offices. Quant aux noms de cliœur de droite et chœur de gauche, ils sont dus à la place qu’occupaient devant le sanctuaire les ecclésiastiques chargés des offices en question. Dans d’autres listes, par exemple dans celle que Codinus nous a transmise, les offices, plus nombreux, sont classés cinq par cinq en neuf groupes, appelés y) 7tpcoT/), r) SeuTépa…, i l êvvdtTj] irevrâc ; mais la division en deux chœurs n’y est pas mentionnée. » Ri de l’Orient chrétien, t. iii, p. 144 sq. C’est cette seconde division en neuf groupes, de cinq membres chacun, que l’on suit habituellement et que l’on reproduit dans les manuels canoniques ou dans les ouvrages récents. Voir I. Silbernagl, Verfassung und gegenwârtiger Bestand sàmllicher Kirchen des Orients, Ratisbonne, 1904, p. 20-22. Inutile d’ajouter que, depuis les réformes de 1858-1860, cette armée d’affamés de titres et d’argent a disparu. Aujourd’hui pourtant, au dire de M. Sakellaropoulos, ’ExxXijfftaOTixov Ssxatov t ?, ; àvaro/ixr, ; ôp606ô ?ou’ExxXvjaîac, Athènes, 1898, p. 210 sq., il existe encore les titres suivants : le SeuTepeûtov et le TpiTE-juv — second et troisième diacres — le grand archimandrite, le grand ecclésiarque ou sacristain, le syncelle, le primicier ou scribe, le secrétaire du protosyncellat et le skévophylax ou gardien des ornements et des vases sacrés. En dehors de ces titres, qui sont toujours portés et rémunérés, il en existe d’autres purement honorifiques, attribués à des ecclésiastiques ou à des laïques, comme le grand économe, le grand rhéteur, le grand chartophylax, le proto-notaire, le protecdique, le référendaire, le protopsalte, etc., qui sont empruntés aux quarante-cinq anciens signalés tout à l’heure. Ce qu’il y a d’intéressant à noter pour ces titres honorifiques, c’est qu’ils placent ceux qui en sont investis — fussent-ils simples laïques — parmi les clercs, qu’ils leur sont conférés par une véritable imposition des mains, ys ; poOs<j ! a, et leur donnent le droit d’avoir une place réservée dans le sanctuaire. Tous ne sont pas portés en même temps et il arrive aussi que, en dehors du patriarche, des métropolites en accordent quelques-uns à des personnes de marque dans leurs diocèses respectifs.

Avant les nouveaux règlements de 1858-1860, les lois canoniques n’étaient pas toujours observées pour la nomination et l’élection des métropolites, et l’épiscopat était conféré, non pas nécessairement à ceux que recommandaient leurs vertus et leurs qualités personnelles, mais à ceux que des protections ou de l’argent bien distribué autorisaient à y prétendre. De nos jours, bien que les intrigues ou les cadeaux ne soient pas toujours mis hors de cause, un peu plus d’ordre et de dignitérègne en cette matière. Il existe des règles fixes, dont on ne s’affranchirait p.is sans graves inconvénients. Ainsi tout candidat à l’épiscopat ne peut être que sujet ottoman et.de plus, il doit jouir des qualités physiques et morales que demande tout droit canonique, aussi bien en Orient qu’en Occident. Outre la connaissance du grec, celle d’une autre langue est requise, le turc ou le slave ; il faut encore — bien qu’il y ait de nombreuses exceptions — un diplôme constatant que le candidat a achevé M.s études de théologie orthodoxe. En