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CONSTANTINOPLE (ÉGLISE DE)

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450 0C0 Bulgares, avec GOC prêtres. En acceptant lis chiffres les plus favorables aux Grecs, 450 UUO, il y aurait encore 890 000 orthodoxes Bulgares soustraits à la juridiction du Phanar. En les ajoutant aux 1 228 000 Bosniaques, Serbes et Roumains, qui jouissent d’une sorte d’autonomie, nous avons donc 2 1 18 000 orthodoxes que le Phanar compte parfois parmi ses fidèles et qui ne le sont qu’à demi. En dehors des 450 000 Bulgares, qui reconnaissent le patriarche oecuménique, il ne faudrait pas oublier, non plus, un contingent assez considérable d’Albanais, qui ne sont pas encore constitués en communautés particulières, mais que l’exemple des Bulgares, des Serbes et des Boumains, pourrait bien ne pas laisser indifférents. Mentionnons également les 200 000 Cretois, qui attendent à tout instant la permission de l’Europe pour s’unir à leurs frères de Grèce et se placer sous l’obédience du saint-synode d’Athènes. Dans ces conditions, on conçoit qu’il soit malaisé d’indiquer, même de façon très sommaire, les fidèles orthodoxes d’origine et de langue grecques, qui restent malgré tout fidèles à la cause phanariote. J’ai dit d’origine et de langue grecques, car la langue grecque, à elle seule, ne suffit pas à constituer un vrai Grec, ainsi que le réclament les chauvins d’Athènes et de Constantinople. Les Boumains aussi parlaient grec et beaucoup le parlent encore, sans que l’on puisse cependant les ranger parmi les Grecs orthodoxes. Il n’y a de vrais Grecs que dans les lies, sur les cotes de la mer Noire ou des autres mers baignant la Turquie d’Europe, et aussi dans les villes et les grandes agglomérations de l’intérieur.

Pour la Bulgarie, voir t. ii, col. 1224-1228 ; pour les Roumains de Turquie, voir dans les Échus d’Orient, La nationalité roumaine en Turquie, t. vii, p. 47 sq. ; Les Roumains de Macédoine, t. vii, p. 178 sq. ; Les Koutzo-Valaqv.es, t. vii, p. 302-305 ; Deux princes roumains, t. vii, p. 257-260. Chassiotis, L’instruction publique chez les Grecs, Paris, 1881, p. 494 sq., estime la population grecque de la Turquie d’Europe de la manière suivante : 495 355 habitants en Épire, 321 072 en Thessalie, 606 368 en Macédoine, 739 648 en Thrace, 662403 dans les îles, en tout 2 824 840 habitants. Pour établir cette statistique, Chassiotis a rangé parmi les Grecs tous les chrétiens de religion orthodoxe ; mais il faut en enlever les orthodoxes de diverses nationalités, ainsi que nous venons de le faire, Avec ces restrictions, la statistique a quelque chance d’être exacte.

XXV. Règlements généraux du patriarcat œcuménique. — Au cours du xixe siècle, le gouvernement turc, pour obtenir des satisfactions de l’Europe, dut faire des concessions aux rayas. Le massacre des janissaires, 15 juin 1826, tout en marquant la fin de l’ancien régime, ne modifia pas trop la situation des chrétiens. Une première dérogation provint du Haïti Chérif, dit de Gul-Khané, lu le 3 novembre 1839 et qui attribuait aux sujets infidèles les mêmes droits qu’aux musulmans. L’application de cette charte ne fut pourtant pas aussi complète qu’elle semblait le comporter et le seul changement appréciable fut dans le prélèvement du Kharadj. Cet impôt, qui tenait lieu pour les chrétiens de tous les autres, était jusque-là arraché à chaque raya par la brutalilé des collecteurs et souvent aggravé par les exactions locales ; désormais, il fut recouvré par les communautés municipales, qui devaient en verser le montant dans les caisses des receveurs généraux. En 1847, était reconnue la validité du témoignage des cbrétiens, même contre des musulmans, disposition qui abolissait une loi régissant depuis des siècles les rapports de la classe mahométane avec les chrétiens indigènes ou étrangers. De même, on rapporta — et cela au détriment de l’orthodoxie — le firman de 1834, qui interdisait le passage d’une communauté chrétienne dans une autre et s’opposait ainsi aux progrès du catholicisme.

Après la guerre de Crimée et lors du protocole de Vienne, 1 er février 1855, on songea à retoucher lus

immunités des populations chrétiennes et, par suite, à une transformation complète de l’Église grecque, à Laquelle elle-même serait appelée à concourir. C’est ce qui eut lieu par la promulgation du fameux Ilaltillumaïoum, du 18 février 1856 — voir le texte dans Ed. Engelhard, La Turquie et le Tanzimat ou histoire des réformes dans l’empire ottoman depuis 1826 jusqu’à nos jouis, Paris, 1882, t. i, p. 263-270, que le patriarche Cyrille VII se décida, après quelques moments d’hésitation, à faire lire dans les églises. Comme le synode se montrait rebelle et cherchait par son inaction à éviter une loi qu’il qualifiait de révolutionnaire, le grand-vizir l’invita à s’exécuter. Un règlement minutieux, élaboré dans le conseil, prescrivit une série de mesures destinées à établir le nouvel ordre de choses. Voir le texte publié par le P. Petit dans la Revue de l’Orient chrétien, 1898, t. iii, p. 397-401. Celle il rence directe du pouvoir fut le signal de violentes protestations au sein de la communauté grecque, qui eut recours à la publicité pour intéresser l’Europe a griefs ; bon gré mal gré, il fallut pourtant s’exécuter. Dès le mois d’août 1858, l’assemblée nationale, réunie au Phanar, procéda à la formation du conseil provisoire national, en se conformant aux dispositions de la circulaire ministérielle. Cette assemblée comprit sept métropolitains, choisis par le saint-synode, dix représentants des divers quartiers de Constantinople et onze délégués des provinces ou vyalets ; soit, avec le président et le secrétaire, un total de trente personnes. On élabora tout d’abord un règlement minutieux, en 28 articles, destiné à fixer les attributions du conseil, les obligations de ses membres, les devoirs du secrétaire et ceux du président. Voir Pevi/.ot y.avovc<7u.o itepl Sie-jŒrr^so) ; twv… Tipaynâtuv, Constantinople, 1888,

p. iï’-is’1" Le patriarche. — La première question portée à l’ordre du jour était l’élection du patriarche. C’est sur ce point que le conflit éclata dès l’origine entre les deux corps. Depuis le VIIe siècle au moins jusqu’à la fin de l’empire (1453), le souverain réunissait une douzaine de prélats parmi les évêques de passage à Constantinople et ces évêques formaient une liste de trois noms qu’on apportait au prince. « L’esprit de Dieu, au dire de Codinus, leur inspirait ces noms. » Sur cette liste l’empereur désignait le patriarche et, lorsque aucun des trois noms proposés ne lui agréait, il en choisissait un autre. A. Gasquet, De l’autorité impériale en matière religieuse à Byzance, Paris, 1889, p. 85-89. Cet usage se conserva, même après la conquête turque, sauf que les métropolites préférant le séjour de la capitale à la résidence dans leurs diocèses, les membres du saintsynode se trouvèrent beaucoup plus nombreux. Les titulaires des métropoles voisines de Constantinople en furent affligés et, de là, naquirent des rivalités mesquines qui troublèrent l’orthodoxie durant plusieurs siècles. Finalement, la victoire revint aux métropolites voisins de Constantinople et, en 1741, Gérasime d’Héraclée obtint du sultan Mahmoud I er, un firman qui modifiait la pratique usitée jusqu’alors, et qui fut confirmé en 1757 par un liait souverain. A. Ypsilanti, là u.= : à Tr, v âXuo-tv, Constantinople, 1870, p. 350, 376. D’après ces documents, le choix du saint-synode n’était sanctionné par le sultan, que si l’élu présentait un certificat de bonne conduite signé des métropolites d’Héraclée, de Cyzique, de Xicomédie. de Xicée et de Chalcédoine, qui jouaient le rôle de gérontes et exerçaient > ! mais une influence décisive sur les alfaircs de la nation. Ce fut le régime du gerontisme, odieux entre tous, et dont l’assemblée nationale de 1859 demanda la suppression. Le patriarche et les métropolites visés protestèrent et l’on dut recourir au gouvernement turc pour obtenir la paix. Celui-ci refusa la démission de Cyrille VII, renvoya les gérontes dans leurs diocèses et,