Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

171

BAPTÊME DANS LA SAINTE ÉCRITURE

172


explication, qui ne fait d’ailleurs que compléter la première, l’antithèse énoncée par saint Jean aurait pour objet son propre baptême et l’initiation chrétienne tout entière, comprenant à la fois les deux sacrements de baptême et de confirmation. Les apôtres, en général, les administraient l’un après l’autre, et cette coutume, qui subsista longtemps chez les Latins, est encore en vigueur chez les Grecs. Presque tous les passages où il s’agit du baptême chrétien contiennent des allusions assez claires au sacrement de confirmation. Voir Confirmation. <in s’explique mieux, dés lors, la mention du Saint-Esprit et du feu dans la prophétie de saint Jean, surtout si on la rapporte à cette effusion merveilleuse du Saint-Esprit qui vint transformer les apôtres au jour de la Pentecôte. Jésus-Christ lui-même en avait parlé c.jinme d’un baptême dont l’action devait compléter celle du rite baptismal proprement dit. Act., i, 5. Voir Baptême PAR LE FEU.

2° L’eau dit baptême doit être appliquée (matière prochaine) par ablution, c’est-à-dire soit par immersion, soit par infusion, soit par aspersion. —

Le Nouveau Testament nous fournit peu de renseignements sur cette partie du rite baptismal. Saint Paul appelle le baptême’/ojTpov toj flSatoç, lavacrum aquee. Eph., v, 26. Cf. Tit., ni, 5 Le seul cas où le mode d’ablution soit mentionné d’une façon certaine est celui de l’eunuque de la reine Candace, baptisé par le diacre Philippe. « Tous deux (l’eunuque et Philippe) descendirent dans l’eau, et celui-ci le baptisa ; et après qu’ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe. » Act., viii, 38, 39. Le fait de descendre tous deux dans l’eau et d’en remonter ensuite suppose évidemment un baptême par immersion, sinon totale, au moins partielle. On a voulu nier la chose, sous prétexte qu’en cet endroit, appelé fontaine de Philippe, l’eau a très peu de profondeur, ce qui rend toute immersion impossible. Mais pour que cette objection fût sérieuse, il faudrait d’abord connaître avec certitude l’emplacement de la fontaine — ce qui n’est pas — et prouver ensuite que son niveau n’a pas changé depuis les temps évangéliques, ce qui parait difficile. Sans désigner l’immersion en termes aussi formels, saint Paul y fait pourtant une allusion manifeste, quand il dit que nous sommes ensevelis par le baptême. Rorn., vi, 4. Cette expression, rapprochée surtout de celle qui a été employée par Jésus-Christ pour caractériser l’action du sacrement, renaitre, ne peut s’appliquer qu’à l’immersion proprement dite.

Est-ce à dire qu’il n’y ait pas eu d’autre mode d’ablution baptismale au I er siècle ? Non, assurément, et le témoignage des anciens Pères, aussi bien que les données de l’archéologie chrétienne le prouvent sans conteste. Mais l’Ecriture n’en parle pas. Ce n’est qu’à l’aide d’une induction, d’ailleurs très légitime, qu’on y retrouve les traces très probables du baptême par infusion, et peut-être aussi du baptême par aspersion. En elfet, sans parler des malades alités dont la plupart ne pouvaient recevoir le sacrement que de cette manière, l’Écriture mentionne plusieurs baptêmes qui ne peuvent bien s’expliquer que parle système de l’infusion. A deux reprises différentes, Act., IX, 18 ; xxii, 10, elle nous apprend que saint Paul se leva debout, dans la maison où il était, pour recevoir le baptême des mains d’Ananie. L’immersion, en pareil cas, ne se conçoit guère. De son côté, saint Paul, détenu en prison, convertit et baptisa son geôlier, avec les membres de sa famille. Act., xvi, 33. Difficilement, il aurait pu avoir recours à l’immersion. Cette difficulté eût été encore plus considérable quand il s’agit de baptiser, au jour di’la Pentecôte, les trois mille hommes qui se converlirentà la parole de saint Pierre. Act., Il, 41. (In a conjecturé que cette multitude avait été baptisée par aspersion ; mais ce n’est qu’une conjecture. Voir, en sens contraire, Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 203.

3° La formule du baptême (forme) consiste en ces paroles : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » —

C’est la formule même qu’emploie l’Église latine. Les Crées se servent dune formule équivalente : Le serviteur de Dieu, N…, est baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

L’invocation expresse des trois personnes de la sainte Trinité est nécessaire pour la validité du baptême, de l’aveu de tous les théologiens. Un ordre formel à cet égard fut donné par Jésus-Christ à ses apôtres avant l’ascension. « Allez, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Matth., xxviii, 19. Voir cependant Schanz, Commentâtïiber das Evangelium des heil. Matthaïis, Fribourg-en-Brisgau, 1879, p.559 ; Knabenbauer, Comment. inEvang. see. Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 563-564. Que cet ordre ait été fidèlement exécuté par les apôtres, on ne saurait en douter. Nous en avons d’ailleurs une preuve indirecte dans un passage du livre des Actes. Saint Paul, ayant un jour rencontré à Éphèse des disciples du Christ, leur demanda s’ils avaient reçu le Saint-Esprit. Ils répondirent : « Nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Saint-Esprit. — Quel baptême avez-vous donc reçu ? » leur demanda saint Paul. Act., xix, 2, 3. Cette réflexion de l’apôtre, établissant un lien immédiat et spontané entre le Saint-Esprit et le baptême, suppose clairement qu’on faisait mention de ce dernier dans l’administration du sacrement. Si les Éphésiens avaient reçu le baptême chrétien, ils n’eussent pas ignoré l’existence des trois personnes divines au nom desquelles il était conféré.

D’autres textes, il est vrai, semblent indiquer que les apôtres employaient une formule différente dans l’administration du sacrement. Il est dit, en effet, à plusieurs reprises, qu’ils baptisaient au nom de Jésus. Act., ii, 38 ; vin, 12, 16 ; x, 48 ; xix, 5. Cette expression a été diversement commentée par les théologiens et les exégètes. D’après l’opinion de Pierre Lombard, Cajetan et quelques autres, le baptême aurait été réellement conféré avec cette formule, et pourrait l’être encore d’une manière valide. Une seconde opinion, représentée surtout par saint Thomas, Sum. theol., III a, q. lxvi, a. 6, ad l um, restreint l’emploi valide de cette formule au I er siècle, et croit que les apôtres ont usé d’une dispense spéciale en la substituant à la formule ordinaire. Ils auraient fait cette substitution pour glorifier davantage le nom de-Jésus, que les Juifs et les Gentils avaient alors en hoiv reur. Enfin une troisième opinion, de beaucoup la plus probable et la plus commune, soutient que l’expression en litige, in nomine Jesu, ne désigne nullement la forme du baptême. C’est simplement une formule antithétique destinée à caractériser le baptême chrétien par ! opposition au baptême de saint Jean. Cette opposition est facile à remarquer dans le discours de saint Pierre, Act., il, 38, où il y a une allusion au baptême de pénitence du précurseur ; et elle apparaît surtout dans le passage où saint Paul demande aux Éphésiens quel baptême ils avaient donc reçu, puisqu’ils n’avaient pas entendu parler du Saint-Esprit. « Le baptême de Jean, » lui fut-il répondu. « Jean, dit l’apôtre, a baptisé le peuple du baptême de pénitence, disant de croire en celui qui devait venir après lui, c’est-à-dire en Jésus. » Et le texte ajoute qu’après cette déclaration, « ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus, » c’est-à-dire reçurent le baptême chrétien qu’ils ne connaissaient pas encore. Act., xix, 3, 5. L’auteur des Actes, comme on le voit, ne pense nullement à la formule employé pour le baptême, mais indique avec soin qu’il s’agit d’une cérémonie chrétienne, et non d’une autre.

Les théologiens de l’école libérale, tout en admettant que, des le début du christianisme, le baptême a été requis pour entrer dans la communauté, prétendent qu’on ne peut prouver directement que Jésus a institua