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BANQUE


est rarement éloignée — généralement trente ou quatrevingt-dix jours — et souvent on ne remet les traites au banquier que peu de jours avant la date du paiement. Le banquier déduit donc de la valeur nominale de l’effet de commerce l’escompte, c’est-à-dire l’intérêt du capital jusqu’à l’échéance, un droit de commission variant ordinairement entre 1/8 et 1/2 p. 100 et parfois un droit de change si le titre est payable à l’étranger. En général on n’admet à l’escompte que le papier revêtu de deux signatures, ce qui correspond à une allaire achevée.

L’intérêt.

On appelle intérêt la redevance payée

au propriétaire d’un capital pour l’usage de celui-ci pendant un temps déterminé. Le taux de l’intérêt dépend du taux courant du marché et de l’évaluation des risques que court le capital. Souvent le banquier prête sur titres, c’est-à-dire qu’il reçoit comme gage du prêt des titres de rente ou des valeurs mises en dépôt par l’emprunteur.

Les placements et spéculations.

Le banquier

doit employer et faire valoir les fonds disponibles ; les siens comme ceux qui, sous forme de dépôts, lui sont confiés pour un temps plus ou moins long. L’escompte est un placement, mais souvent il ne suffit pas, il n’absorbe pas toutes les disponibilités. Dès lors le banquier engage le reste de ses ressources dans des prêts — avances directes, avances sur titres ou sur lingots — ou bien achète directement des titres et valeurs. L’ensemble des titres, valeurs, effets de commerce, forme ce qu’on appelle le portefeuille de la banque.

Les placements à court terme, l’utilisation du capital circulant, tel est le rôle propre des banques ; les placements à longue échéance, l’emploi du capital fixe appartiennent plutôt aux capitalistes. Cependant les grandes sociétés de crédit, obligées qu’elles sont de rémunérer un capital social considérable, se lancent souvent dans des opérations financières qui ne sont pas du service de la banque proprement dite. Les bénéfices importants que rapportent les grandes banques par actions proviennent de la participation à des affaires qui demandent, pour réussir, des capitaux et du temps, du placement de valeurs soit à la commission soit à forfait, de l’émission de titres. Ces établissements de crédit commanditent des sociétés industrielles dans le but de les développer et de les mettre plus tard en actions, elles emploient une partie de leurs disponibilités en reports ou encore se livrent à de véritables spéculations de Bourse.

I. opérations de caisse. — 1° Le virement. — Le

virement est un système de payement en banque qui s’opère par un simple transfert d’écriture. Il consiste en un échange de créances et de dettes opéré par des écritures sur les comptes de deux clients d’un même banquier, ou dans l’échange de billets par voie de compensation entre deux banquiers ou deux clients d’un même banquier, sans mouvement matériel de monnaie métallique.

Quand le système de relations en banque est organisé, il suffit d’un ordre pour opérer les transactions. L’ordre de payement ou de virement a reçu un nom spécial le chèque. Le régime du chèque suppose pour être généralisé une habitude commune de déposer ses fonds en banque et de se servir pour les paiements et recouvrements de l’intermédiaire des banquiers. En Angleterre l’usage des banques et des dépôts est universellement répandu, les particuliers, les banquiers eux-nièiiies ne conscnrnt d’argent que ce qui est strictement nécessaire, d’où il résulte que la Banque d’Angleterre garde presque toute la réserve métallique du pays.

Les banquiers compensent aussi leurs comptes par virement. C’est en Angleterre que ce système de liquidation a pris à l’époque actuelle le plus grand déve loppement, grâce à l’institution du Clearing-House. Il y

a à Lombard-Slreel, qui est le centre des affaires de banque à Londres, une maison dite de liquidation : Clearing-House. Au début, vers 1775, ce n’était qu’une réunion de quelques banquiers qui échangeaient leurs dettes et leurs créances, mais bientôt l’institution devint universelle. Chaque banque de Londres y a son pupitre, elle inscrit sur un registre [clearing-book) tous les effets qu’elle doit présenter aux autres banquiers et en retour reçoit tous les effets dont on lui réclame le paiement. Après examen, les surveillants du Clearing-House revisent les résultats et font les balances. Les différences se soldent en chèques sur la Banque d’Angleterre où tous les banquiers ont des fonds en dépôt.

Le change.

Les transactions internationales se

règlent généralement par des effets de commerce tires de la place créancière sur la place débitrice. Les banques font le commerce de ces traites et achètent ou vendent par exemple du papier sur Londres, Hambourg, Amsterdam, Anvers, etc. Mais les traites sur une place déterminée n’ont pas toujours une valeur marchande égale à leur valeur nominale. Le change est précisément la différence entre la valeur d’une traite ou d’une lettre de change sur la place où elle se négocie et sa valeur sur la place où elle est payable. On dit que le change est haut ou bas, ou qu’il est au pair, suivant que le papier vaut plus que l’argent ou qu’il vaut moins, ou lui est égal. L’élévation du change dépend du mouvement des affaires entre deux places, c’est-à-dire en dernière analyse de l’offre et de la demande du papier. Les variations du change ont pour limite la valeur du transport des espèces, y compris les frais d’assurance, d’une place à l’autre, c’est le gold point. Si en effet le change était trop élevé, il serait avantageux, au lieu d’acheter du papier, d’exécuter le paiement, en envoyant directement des espèces.

L’arbitrage.

L’arbitrage a pour objet d’acheter

des effets de commerce sur certaines places pour les revendre sur d’autres places où ils sont cotés plus cher. Supposons qu’à Paris le papier sur Londres vaille 23 fr. 20 la livre sterling et que ce même papier soit coté à Marseille 25 fr. 10, à Hambourg 25 fr. 60. Un banquier de Paris, s’il est acheteur, se procure du papier sur Londres à Marseille ; vendeur, il négocie à Hambourg.

Dans un sens plus large l’arbitrage consiste à acheter simultanément, sur différentes places où elles sont cotées, des valeurs et à les revendre sur d’autres places, en profitant de la différence des cours. Les valeurs qui donnent lieu à ce genre d’opération sont celles qui sont appelées internationales. La rente italienne par exemple se négocie à Londres, Bruxelles, Francfort, Berlin, Paris. Un arbitragiste achètera par dépêche télégraphique du 5 p. 100 italien à Francfort qu’il revendra le même jour à Londres et peut-être en même temps rachètera-t-il à Bruxelles pour revendre à Berlin.

Le compte courant.

Le compte courant est le

résumé de toutes les opérations que le banquier fait avec son client ; soit en dépenses soit en recettes, tout est passé au compte courant. C’est donc un contrat spécial qui embrasse foules les opérations et se conclut des deux côtés dans le paiement final du reliquat de compte. M. Lyon-Cæn donne du compte courant cette définition juridique : un contrat par lequel deux personnes, en prévision des opérations qu’elles feront ensemble et qui les amèneront à se remettre des valeurs, s’engagent à laisser perdre aux créances qui pourront en naître leur individualité en les transformant en articles de crédit , iu de débil de façon que le solde final résultant de la compensation de ces articles soit seul exigible. Le compte courant se compose uc trois éléments : rc-