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CAINITES — CAIUS

leur consacrer une seule ligne de réfutation, VIII, vii, 20, p. 422. L’auteur anonyme du Prædestinatus, dont le témoignage est sujet à caution, est seul à prétendre qu’au iie siècle trente-deux évêques de Syrie, réunis en synode à Antioche sous la présidence de Théodore, évêque de cette ville, condamnèrent la secte des caïnites. Inutile de remarquer que l’histoire du droit canonique ignore l’existence d’un tel synode.

Outre les auteurs cités dans le corps de l’article, voir Massuet, Dissertationes, dis. I, a. 3, n. 15, P. G., t. vii, col. 171-172 ; Tillemont, Mémoires, Paris, 1701-1709, t. ii, p. 47 ; Smith et Wace. Dictionary of Christian biography, Londres, 1877-1887 ; Kirchenlexikon, 2e édit-, Fribourg-en-Brisgau, 1880, t. ii, col. 1672-1673 ; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques. Topo-bibliographie, p. 545.

G. Bareille.

1. CAIUS ou GAIUS, pape, élu le 17 décembre 283, mort le 22 avril 296.

Nous ne savons presque rien de ce pape. Eusèbe lui attribue un pontificat de quinze années. H. E., vii, 32, 1, P. G., t. xx, col. 722. La passion de sainte Susanne a donné lieu de croire que Caius était frère utérin de Gabinius, fils d’un consul cousin de l’empereur Dioclétien, et qu’il était mort martyr. Mais la passion de sainte Susanne est peu sûre ; et il est infiniment probable que Caius, mort avant la persécution de Dioclétien, et inscrit comme confesseur dans la première édition du Liber pontificalis, ne fut point martyr. Il fut enterré au cimetière de Calliste et son tombeau devint l’objet d’une grande vénération. Sa fête est célébrée le 22 avril. Une décrétale adressée à l’évêque Félix, Mansi, t. i, col. 1231, prescrivant d’observer les différents degrés de l’ordination depuis celui du portier jusqu’à celui de l’évêque, n’est pas authentique.

Duchesne, Liber pontificalis, 1886, t. i, p. xcviii, 161 ; Jaffé, Regesta pontificum, 2e édit., t. i, p. 25 ; De Rossi, Roma sotterranea, t. iii, p. 114 ; passion de sainte Susanne, Acta sancturum, februarii t. iii, p. 62.

H. Hemmer.

2. CAIUS, Γάϊος. Écrivain ecclésiastique, qui vécut à Rome à la fin du iie siècle et au commencement du iiie, et fut le contemporain de saint Hippolyte et des papes Victor, Zéphyrin et Calliste. Eusèbe l’appelle ἀνὴρ ἐκκλησιαστικός, H. E., ii, 25, P. G., t. xx, col. 208, ce qui ne veut pas dire nécessairement un clerc. Mais Photius, le premier, rapporte le bruit qu’il fut prêtre de l’Église romaine, c’est ainsi qu’il est désigné dans l’histoire, et même évêque des gentils, ἐθνῶν ἐπίσκοπος, Biblioth., 48, P. G., t. ciii, col. 89, titre assez étrange à cette date et qui, s’il pouvait être retenu, rappellerait celui de saint Hippolyte à cause des fonctions quasi-épiscopales qu’il dut remplir à Porto vis-à-vis des étrangers qui affluaient dans ce port, et non celui que les théodotiens voulurent donner à Natalis. Eusèbe, H. E., v, 28, P. G., t. xx, col. 513. Vraisemblablement Caius était Grec d’origine, peut-être Asiate comme saint Irénée et lié avec l’évêque de Lyon, si l’on pouvait tenir pour certaine son identification avec le Caius qui est dit avoir transcrit sur une copie d’Irénée la lettre des Smyrniotes contenant le récit de la mort de saint Polycarpe, c. xxii. Funk, Patres apostolici, Tubingue, 1901, t. i, p. 340-341 ; cf. p. cii-ciii.

Eusèbe le dit homme de grand savoir, λογιώτατος, ce que répète fidèlement saint Jérôme. Mais ce dernier, mieux à même de connaître les traditions de l’Église romaine, ne donne pas un renseignement de plus que l’évêque de Césarée. Ce qui est certain, c’est que Rome n’a pas inscrit Caius dans son martyrologe et ne l’honore pas du titre de saint. Caius n’en a pas moins occupé une place importante dans l’histoire littéraire du christianisme au début du iiie siècle. Il est vrai que le temps n’a guère épargné ses travaux. A pari l’important document, connu sous le nom de Canon de Muratori, et les célèbres Philosophumena que quelques critiques modernes ont voulu lui attribuer, il ne reste que quelques fragments inscrits sous son nom, recueillis par Routh, Reliq. sac., 2e édit., Oxford, 1846-1849, t. ii, p. 123-158 ; P. G., t. x, col. 17-24, et qui sont loin de lui appartenir dans leur totalité. D’après les anciens écrivains ecclésiastiques, Caius aurait composé : 1° Un Διάλογος πρὸς Πρόκλον, contre les montanistes, Eusèbe, H. E., ii, 25 ; iii, 28, 31 ; vi, 20, P. G., t. xx, col. 209, 273, 281, 572 ; 2° un traité sur la cause de l’univers, Περὶ τῆς τοῦ παντός οὐσίας, Photius, Biblioth., 48, P. G., t. ciii, col. 86, contre la doctrine platonicienne ; 3° le Petit labyrinthe, Σμικρὸς λαβύρινθος, dont Eusèbe cite des passages sans faire connaître le nom de leur auteur, mais que Théodoret lui attribue, Hæret. fab., ii, 5, P. G., t. lxxxiii, col. 392 ; 4° un traité contre l’hérésie d’Artémon, Κατὰ τῆς Ἀρτέμωνος αἱρέσεως, cité par Eusèbe sans nom d’auteur, H. E., v, 28, P. G., t. xx, col. 512, mais assigné à Caius, au rapport de Photius. Loc. cit.

Or, toutes ces références sont loin d’être l’expression de la certitude ; ces attributions appellent d’expresses réserves. La question de savoir quel est l’auteur du Canon de Muratori, P. G., t. x, col. 33 sq., reste encore sans solution précise. Muratori et d’autres après lui l’ont attribué à Caius parce que, entre autres motifs, Caius ne retenait dans son Dialogue, d’après Eusèbe, H. E., vi, 20, P. G., t. xx, col. 571 ; S. Jérôme, De vir. ill., 59, P. L., t. xxiii, col. 669 ; Photius, Biblioth., 48, P. G., t. ciii, col. 86, que treize épitres de saint Paul et rejetait l’épitre aux Hébreux ; arguments insuffisants, dont le P. de Smedt a pu dire : œque imo potius probant Hippohjtum esse hit jus fragmenti auctorem. Dissertationes, Paris, 1876, p. 169, note 2. Dès l’apparition des Philosophumena, Caius passa quelque temps pour être l’auteur de cet ouvrage ; mais aujourd’hui, d’après l’opinion la mieux accréditée et qui rallie la presque unanimité des critiques appartenant à des écoles opposées, c’est à Hippolyte qu’on attribue la paternité des Pliilosophumena, Bardenhewer, Patrologie, 2° édit., Fribourgen-Brisgau, 1901, p. 186 ; trad. franc., t. i, p. 214, ainsi que des autres traités, à l’exception du Dialogue.

Et d’abord le Κατὰ τῆς Ἀρτέμωνος αἱρέσεως, que tout porte à identifier avec le Petit labyrinthe, Σμικρὸς λαβύρινθος, mentionné par Théodoret, Hæret. fab., ii, 5, P. G., t. lxxxiii, col. 392, car, bien que les fragments qui en restent visent surtout le monarchien Théodote, Eusèbe, qui les a transcrits, dit qu’ils sont tirés d’un ouvrage écrit contre l’hérésie d’Artémon, H. E., v, 28, P. G., t. xx, col. 512 ; d’autre part, Théodoret précise que c’est contre Artémon et Théodote qu’a été composé le Petit labyrinthe. Loc. cit. Ce Petit labyrinthe ne saurait se confondre avec le Labyrinthe signalé par Photius. Il y a lieu de croire qu’il est d’un même auteur, composant d’abord un ouvrage général sur les hérésies, puis un traité spécial sous le titre de Petit labyrinthe. Reste à savoir quel est cet auteur. Photius nous apprend qu’une note marginale du manuscrit, où il lisait le Περὶ τῆς τοῦ παντός οὐσίας, attribuait ce traité à Caius, prêtre de Rome, également auteur du Labyrinthe et du Dialogue. Loc. cit. Or, ce Labyrinthe ne semble pas être différent des Philosophumena, qui est désigné comme τὸν λαβύρινθον τῶν αἱρέσεων, dans le résumé de tout l’ouvrage. Philos., X, i, 5, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 47L De plus, à la fin de ce résumé, l’auteur renvoie ses lecteurs à l’un de ses ouvrages Περὶ τῆς τοῦ παντός οὐσίας. Philos., X, xxi, 32, p. 515. De sorte que le traité contre Artémon, identifie avec le Petit labyrinthe, et le traité Περὶ τοῦ παντός ; sont de la même main qui a écrit le Labyrinthe, ou les Philosophumena, c’est-à-dire d’Hippolyte et non de Caius. Dans ces conditions, Caius serait uniquement railleur du Dialogue Πρὸς Πρόκλον, trouvé à Jérusalem par Eusèbe, H. E., vi, 20, P. G., t. xx, col. 572.