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BULGARIE

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encore avec le titre d’évêque d’Hébron. Il a vu se produire moins de retours au catholicisme que dans celui de Macédoine, mais aussi il n’a pas eu la tristesse d’assister à tant de défections. Depuis les apostasies du premier moment, qui suivirent la disparition de Sokolski en 1861 et qui furent surtout occasionnées par le manque de prêtres indigènes, le diocèse compte sensiblement le même nombre de fidèles. Aujourd’hui, d’après un rapport officiel, le vicariat possède 4 600 catholiques, 12 églises et 8 chapelles. Il y a 19 prêtres indigènes séculiers, 6 prêtres assomptionnistes de rite slave et5 prêtres résurrectionnistes de même rite. De plus, 5 résurrectionnistes et une dizaine d’assomptionnistes du rite latin travaillent directement aux œuvres de ce vicariat. Les sœurs oblates de l’Assomption sont au nombre de 45, dont plusieurs Bulgares ; elles tiennent un externat avec 80 élèves, et un postulat, qui compte une trentaine d’élèves. Les sœurs résurrectionnistes, au nombre de 5, ont une école à Malko-Tirnovo avec 86 élèves. Il y a encore 11 écoles, pour les garçons ou pour les filles, qui relèvent directement du vicariat et comprennent 670 élèves ; deux collèges tenus, l’un par les assomptionnistes à Philippopoli avec 120 élèves, l’autre par les résurrectionnistes à Andrinople avec 98 élèves, bien que ces deux établissements admettent des enfants de toutes les nationalités et même de toutes les religions. Pourtant, le collège Saint-Augustin des assomptionnistes contient nombre de Bulgares orthodoxes, qui suivent les offices religieux dans la chapelle slave catholique et celui des résurrectionnistes a donné quelques vocations ecclésiastiques. Il n’existe qu’un séminaire bulgare proprement dit, celui de Kara-Agatch près d’Andrinople, qu’ont fondé et que dirigent encore les Pères assomptionnistes. Ouvert en 1874 à Andrinople sous forme de petit orphelinat pour des enfants de huit à dix ans, il a élé peu à peu transformé en petit séminaire, pour tous les rites d’abord, puis pour le rite bulgare exclusivement, et, après de multiples pérégrinations qu’il serait trop long de raconter ici, a été définitivement fixé à Kara-Agatch. Depuis 1896, ce petit séminaire jouit de l’exemption de l’ordinaire et relève directement du saint-siège. Les séminaristes, une fois leurs études classiques terminées, se rendent au grand séminaire gréco-slave Saint-Léon, que les assomptionnistes ont établi à Kadi-Keuï, Chalcédoine, en 1895. et qui jouit pareillement de l’exemption de l’ordinaire. On comptait, en juillet 1903, 25 élèves sortis d’Andrinople ou de Kara-Agatch et ayant persévéré. Sur ce nombre, 10 étaient prêtres et 2 diacres ; les autres terminaient ou commençaient leurs études de grand séminaire. Les deux tiers environ appartiennent à la nationalité bulgare.

Les paroisses ou stations pour les Bulgares-Unis, dans le vicariat apostolique de Thrace, sont : 1° en Turquie : Andrinople, deux ou trois résidences, Kara-Agatch, Ak-Bounar, Malko-Tirnovo, Elagune, Lisgar, Dougandji, Kaïadjik, Pokrovan et Mostratli ; 2° en Bulgarie : Soudjak, Gadjilovo, Topouzlar, Philippopoli, Yainboli. Sliven.

Sur le vicariat apostolique de Macédoine voir les Échos d’Orient, I&u2, t. v, p. 307 sq. ; le Bessarione, 2’série, 1902, t. iii, p. 341345 ; 1903, t. v, p. 38-40 : sur le vicariat de Thrace voir l’article des Échos d’Orient, 1904, t. vii, p. 35^10. Les principales pièces relatives à l’union des Bulgares avec Rome se trouvent traduites dans la Bévue de l’Orient chrétien, 1897, t. ii, p. 166-172.

XV. L’Église latine en Bulgarie. —

1° L’Église latine est constituée aujourd’hui par l’évèché de Nicopolis, qui relève directement du saint-siège, et le vicariat apostolique de Sofia et Philippopoli. Presque tous les catholiques sont d’anciens convertis de l’hérésie paulicienne ou bogomile, qui ravagea ces contrées au moyen âge et, de là, s’infiltra dans l’Europe occidentale pour donner naissance aux sectes des cathares, des patarins, des albigeois, etc. Il est admis aujourd’hui que l’hérésie paulicienne se constitua avec les débris de diverses sectes gnostiques sous le règne de Constantin Pogonat, G68685, et qu’elle eut pour fondateur un certain Constantin, originaire de la région de Samosate, et dont le dualisme manichéen représentait à peu près toute la doctrine. Ses disciples, sous des noms divers, répandirent partout ses enseignements et les empereurs byzantins, en déportant sur toutes les frontières de leur État ces turbulents hérétiques, ne contribuèrent pas peu à la diffusion de leurs idées. Au Xe siècle, Jean Tzimiscès, 969-976, en transplanta un grand nombre du fond de l’Arménie aux environs de Philippopoli en Thrace. Est-ce à cette déportation en masse qu’il faut attribuer la recrudescence du manichéisme en Bulgarie à cette époque ? Toujours est-il que les traditions conservées par les Grecs, les Latins et les Slaves, sont unanimes à faire vivre sous le tsar bulgare Pierre I er, 927-968, le prêtre Jérémie dit Bogomile, c’est-à-dire Théophile, qui donna un nom nouveau à une hérésie déjà ancienne et, en réveillant l’ardeur religieuse de ses partisans, leur assura un triomphe momentané. En effet, c’est à parlir de ce moment que les diverses sectes manichéennes s’emparent de l’Europe centrale, pour descendre dans le nord de l’Italie et, par la vallée du Bhône, envahir toute la Gaule méridionale, et c’est toujours en Bulgarie que les chefs de la secte s’en vont chercher les instructions nécessaires. Deux communautés surtout se distinguent entre toutes par leur zèle et leur importance, celle de Philippopoli en Thrace et celle de Dragovitza en Macédoine. Il n’entre pas dans mon sujet de détailler ni de poursuivre l’histoire de cette secte en Bulgarie, comment elle fut condamnée officiellement au concile de Tirnovo en 1210, dans d’autres conciles, en 1316, 1325 et 1366, comment elle sembla disparaître, lorsque la Bulgarie tomba aux mains des Turcs à la fin du xive siècle, soit en se prononçant pour l’islamisme, soit en s’effaçant et en se propageant dans l’obscurité ; il suffit de rappeler que les Bulgares latins de nos jours, les pavlicans, comme on continue de les appeler dans le pays, sont les descendants bulgarisés dos pauliciens et des bogomiles du moyen âge. Voir col. 926-930.

La mission latine de Bulgarie, unie à celle de Valachie, fut soumise pendant le xvie siècle à la visite de l’archevêque d’Antivari ; elle reçut au xvir 3 siècle des missionnaires franciscains de la Bosnie et, en 162 i, forma une province indépendante sous le nom de custodia Bulgarie. Confiée, en 1763, à la congrégation des baptistins de Gênes, elle vit, eh 1781, toute une partie de son territoire détachée, sous le nom de mission bulgare, par le pape Pie VI en faveur de la congrégation de Saint-Paul de la Croix. Les passionnistes devenaient, en même temps, dans la personne d’un de leurs religieux, évêques de Nicopolis ou Boustchouk et administrateurs apostoliques de la Valachie laissée aux franciscains ; mais, à la différence de ceux-ci, ils n’ont pas eu et ils n’ont pas encore de maisons canoniques en Bulgarie, ayant pris seulement sur eux la charge des paroisses. Les premiers évêques franciscains de Nicopolis résidaient habituellement à Tchiprovetz, que les Turcs détruisirent en 1688. Par suite de la guerre survenue cette année-là entre les Autrichiens et la Porte, la plupart des catholiques émigrèrent en Transylvanie, où l’empereur Léopold I er leur permit de s’établir. En 1724, nouvelle émigration en Valachie et dans le Banat de plusieurs milliers de familles, qui reçurent divers privilèges des Impériaux. Ils fondèrent quinze villages dont le plus important est devenu la ville llorissante de Binga. Quant à ceux qui étaient restés dans le nord de la Bulgarie, dans cinq ou six villages aux environs de Nicopolis, ils furent longtemps sans prêtre et sans église. A deux reprises différentes, Rome tenta de secourir ces pauvres chrétiens abandonnés, en leur envoyant des évêques et des prêtres, vers la fin du xviiie siècle. C’est à la suite de la guerre russoturque et de la terrible peste de 1812, qu’avec l’autorisation