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BULGARIE

TABLEAU DES ÉPARCHIES BULGARES EN TURQUIE
éparchies.
LOCALITÉS
chrétiennes.
LOCALITÉS
bulgares.
LOCALITÉS
non bulgares.
PRÊTRES
exarchistes.
PRÊTRES
patriarchistes.
FAMILLES
bulgares.
FAMILLES
non bulgares.
FAMILLES
exarchistes.
FAMILLES
patriarchistes.
ÉGLISES
exarchistes.
ÉGLISES
patriarchistes.
MONASTÈRES
exarchistes.
MONASTÈRES
patriarchistes.
Uskub 
497 445 52 245 61 29 346 50 24 630 4 766 »   »  » »
Ochrida 
240 »   » 108 46 14 597 2 659 13 055 4 201 168 35 12 6
Vélès 
15 »   » 42  5 5 002 70 4 627 445 47  8  » »
Névrokop 
»  »   » 106  6 11 950 100 11 414 516 73  2  4 »
Monastir 
221 216  5 102 55 14 756 2 325 10 531 6 550 94 62  8 6
Stroumitza 
185 156 28 83 21 10 130 »   8 935 1 155 79 10  4 1
Dibra 
178 157 21 85 50 6 820 986 5 696 1 296 83 40  2 1
Castoria 
186 156 30 32  » 7 540 3 488 2 224 8 804 22  »  » »
Drama 
80 54 26 9  » 3 794 3 794 1 448 6 140 »   »  » »
Melnik 
»  »   » 70  » 12 569 1 218 9 507 4 280 55  »  » »
Mogléna 
82 73  9 36  » 5 765 1 376 2 909 4 232 32  »  » »
Polian 
»  103  » 47 15 7 071 »   5 325 1 243 53 13  » »
Salonique 
94 67 27 13  » 4 458 1 934 927 5 465 »   »  » »
Sérès 
94 66 28 18  » 6 836 6 028 2 460 10 404 16  »  » »
Vodéna 
»  88  » 28  » 6 407 »   1 853 4 532 25  »  » »
Andrinople 
178 133 45 93  » 18 194 7 863 14 693 11 144 102  »  » »
Dimotika 
56 23 33 5  » 2 305 5 210 1 207 6 308 7  »  » »
Énos 
25 13 12 8  » 2 092 2 050 1 892 2 250 7  »  » »
Maronia 
29 22  7 14  » 2 435 1 470 2 129 1 776 13  »  » »
Orta-⁠Keuf (Lilitza) 
29 14 15 4  » 1 397 1 928 535 2 790 9  »  » »
Xanthi 
»  74  » 24  » 3 880 »   3 720 160 22  »  » »

70 maîtres et 1 637 élèves ; 23 écoles roumaines avec 69 maîtres et 1 177 élèves. On le voit, la statistique roumaine ne donne que 210 écoles aux Bulgares dans ce vilayet, tandis qu’ils s’en attribuent eux-mêmes 281. Si nous passons aux chiffres de la population, nous devons également faire des réserves. Dans le même vilayet de Monastir, d’après le document de l’exarchat, les Bulgares seraient au nombre de 346 348. Or, le consul russe de Monastir, plus désintéressé dans la question, ne compte dans ce vilayet, Lamansku Jivaya Starine, 1899, livraison 1re, p. 111, que 280 350 Slaves, dont 186 656 exarchistes et 93 694 patriarchistes. Et l’on aura sans doute remarqué qu’il n’est jamais question, dans le premier document bulgare, de Serbes, qui ne sont pas précisément une quantité négligeable. D’après des documents officiels serbes que nous avons lieu de croire tout aussi exacts que les communiqués officiels bulgares, les Serbes avaient en 1900 environ 19 681 familles dans le diocèse de Prizrend et 8 197 dans celui d’Uskub. Voir M. Théarvic, L’Église serbe en Turquie, dans les Échos d’Orient, 1900, t. iii, p. 343-351. On sait, du reste, qu’à force de diplomatie et de patience la nation serbe est parvenue à faire reconnaître par le sultan et le Phanar deux évêques serbes, sujets ottomans, il est vrai, à la place des deux métropolites grecs qui gouvernaient jusqu’alors les diocèses de Prizrend et d’Uskub. Ces deux victoires, dont l’une remonte à 1895 et l’autre à 1902, n’ont pas été obtenues sans difficulté, et les Bulgares ne se sont pas encore décidés à reconnaître le fait accompli, au moins pour le diocèse d’Uskub, mais leurs protestations ne changeront rien à l’ordre des choses. Leur situation pourrait même subir quelque atteinte du mouvement révolutionnaire qu’ils ont suscité en Macédoine. En effet, pour se ménager les bons offices de la Serbie, qui serait peut-être tentée de chercher dans une guerre contre la Turquie une diversion à ses troubles intérieurs, le sultan vient de décider en principe, bien que la loi n’ait pas encore paru à l'Officiel, la reconnaissance de la nationalité serbe en Turquie. Voir les Échos d’Orient, 1904, t. vii, p. 46 sq. Ce fait, gros de conséquences, amènera très probablement la fondation d’une Église serbe en Turquie, indépendante du patriarcat œcuménique, alors que les deux métropolites serbes de Prizrend et d’Uskub sont toujours soumis à la juridiction de ce dernier. Par suite, beaucoup de Slaves, qui reconnaissaient l’exarque bulgare pour échapper à l’autorité abhorrée des Grecs, se retrouveront ce qu’ils étaient en réalité, c’est-à-dire des Serbes. De plus, à moins de changement politique dans le sort des provinces de Macédoine et de Thrace, les révolutionnaires bulgares auront contribué à détacher de l’exarque un grand nombre de leurs compatriotes. Ceux-ci, en effet, pour détourner les soupçons des Turcs, se hâtent d’envoyer en masse leur soumission aux évêques grecs de Macédoine, afin que, reconnus comme Grecs et n’ayant rien de commun avec les Bulgares, ils échappent à la confiscation et à la mort qui les guettent à toute heure. Il est vrai que ce que la peur a causé ne sera pas une œuvre de longue durée. Dès que la tranquillité sera tant soit peu rétablie en ces contrées, les Bulgares patriarchistes se détourneront avec horreur des Grecs, et ils leur porteront une haine d’autant plus violente que la crainte de leurs dénonciations les aura contraints à s’humilier davantage devant eux.

Cl. Nicolaïdès, La Macédoine (au point de vue grec), ouvrage paru à Berlin en 1899 en plusieurs langues, dont le grec, le français et l’allemand ; La Macédoine et les Grecs (au point de vue serbe), dans les Échos d’Orient, 1900, t. iii, p. 148-151 ; P. Balkanski (serbe), Le peuple serbe dans l’éparchie d’Uskub et ses écoles, dans le Délo, revue mensuelle de Belgrade ; L’Église serbe en Turquie, dans les Échos d’Orient, 1900, t. iii, p. 343-351 : sur Uskub, voir la même revue, t. i, p. 67 sq. ; 1902, t. v, p. 310-312, 390-392.

XIV. L’Église bulgare uniate, 1860-1903. — J’ai déjà dit que, vers le milieu du xixe siècle, les Bulgares, opprimés par les Grecs, voulaient se soustraire à la juridiction du patriarche œcuménique ; mais les uns entendaient se servir de leur indépendance pour rétablir l’ancien patriarcat de Tirnovo ou d’Ochrida, les autres pour opérer leur union avec l’Église romaine. Les efforts des premiers aboutirent, après plusieurs années de luttes, à la création de l’exarchat et à la reconstitution de la nationalité bulgare ; les tentatives des autres ne furent couronnées que d’un médiocre succès. Ce furent

dict de théol. cathol.II. — 39