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pour donner salisfaction aux orthodoxes, consentait à ce que son fils, le prince héritier Boris, recût solennellement la confirmation des mains de l’exarque Joseph, en présence de tous les mrétropolites bulsares et d’un envoyé spécial de la Russie. Le 14 mars suivant, un firman d’Abd-ul-Hamid II contirmait le prince l’erdinand et le nominait gouverneur général de la Roumélie orientale. Les puissances européennes le reconnurent aussitôt. Tout fut dés lors, duins le monde ofliciel, à la russification de l’Église bulsare. Pour complaire à la Russie, le prince avait méme accepté en 1896 un arrangement, conforme peut-étrc à ses intérèts dynastiques, mais contraire à coup sûr aux intérèts de la nation. Le schisme bulgare disparaissait et les Bulgares avec leur exarque rentraient sous l’obedience du patriarcat œcuménique. Dans ce but, l’exarque quittait Constantinople et venait s’installer à Sofia, où il était reconnu par le Phanar comme chef de l’Église orthodoxe bulgare dans les limites de la principauté et de la Roumélie orientale, au même titre que sont reconnus Îles autres chefs des Eglises orthodoxes. On n’oubliait qu’un point : les diocèses slaves si péniblement arrachés à l’hellénisme en Macédoine. L’exarque refusa cet arrangement et, comme le prince se permit d’insister plus que de raison, Mor Joseph lui répondit : « Voire Altesse semble ignorer que nous connaissons le chemin de Rome. » Le compromis proposé par la Russie ἃ été repris derniérement sur d’autres bases avec des clauses spéciales pour les diocèses bulgares de Mactdoine, mais ce projet, qui froisse les Grecs autant que les Bulsares, n’a aucune chance d’aboutir ni au Phanar ni à Orta-Keuï. Du reste, les stamboulovistes, qui viennent de remonter au pouvoir, nourrissent une haine trop vive contre les Russes pour favoriser l1 moindre de leurs prétentions.

La politique de Stunboulof, si dure pour l’Église orthodoxe dans la principauté bulgare, lui permit de se développer librement en Macédoine et en Thrace. A la suite de la guerre russo-turque, le sultan n’avait pas caché ses mauvaises dispositions à l’égard des Bulgares, qu’il abandonnaïit aux rancunes de leurs rivaux, Grecs, Serbes et Valaques ; puis, grâce à la diplomatie de l’exarque, les rapports affectueux s’étaient renoués. En 1880, deux évêques se rendaient en Macédoine et les bérats allaient être délivrés pour les diocèses d’Uskub et d’Ochrida, quand la révolution roumnéliote, 1885, revint meltre les affaires en suspens. Les deux métropolites retournèrent à Constantinople, d’où ils gouvernérent leurs diocèses par des administrateurs. Au mois d’août 1890, la Porte cédait aux demandes de Stamboulof, partisan d’une entente cordiale avec la Turquie, et remettait à l’exarque les bérats d’Ochrida et d’Uskub. Voir le texte du bérat d’Ochrida dans V. Bérard, La Turquie et l’hellènisme contemporain, 3 édit., Paris, 4897, p. 296-300. En 1894, peu aprés la chute de Stamboulof, les métropolites de Vélés et de Névrocop obtenaient la même faveur. À la suite de la guerre grécoturque, fin 1897, trois nouveaux bérats élaient accordés aux métropolites de Bitolia ou Monastir, de Stroumnitza et de Dibra. Cette augmentalion des sièges épiscopaux coincidait avec un accroissement remarquable des écoles. Depuis, l’agitaÿon mactdonienne, les massacres, l’occupation militaire par les Turcs de presque tous les villages de Thrace et de Macédoine, en arrétant la propagande bulgare, ont favorisé le développement des Grecs, des Serbes, des Albanais et des Roumains. Quelle que soit l’issue de cette funeste agitation, la cause bulgare n’est pas complétement compromise et l’exarchat régnera sans doute un jour en maitre sur presque toute cetle contrée.

L’histoire politique de la jeune principauté de Bulgarie est tellement mélée à son histoire religieuse qu’il est utile de connaitre les principaux ouvrages parus sur la question. On peut consulter À. Dumont, Le Balkan et l’Adriatique, 2 édit., in-12, Paris, 1874. P. 61-159 ; Cyrille (A. d’Avril, Voyage sentimental dans les pays slaves, in-12, Paris, 1876, p. 63-200 : Ed. Engelhardt, La Turquie et le Tanzimat, ou histoire des réformes de l’empire ottoman depuis 1826 jusqu’à nos jours, 2 in-8°, Paris, 1884, passim ; Pypine, Histoire des littératures slaves, trad. par Denis, in-8°, Paris, 1581 : A. Drandar, Le prince Alexandre de Battemberg en Bulgarie, in-8°, Paris, 1884 : 1d., Les événements politiques en Bulgarie depuis 1876 jusqu’au nos jours, in-8, Paris, 1896 ; Anonyme, Les causes occultes de la question bulgare, in-8°, Paris, 1887 : G. Fillion, Entre Slaves (traite surtout de l’union de la Roumélie avec la Bulgarie et de la guerre serbobulgare), in-12, Paris, 1841 ; H. Beaman, Stambuloff, in-8°, Londres, 1K95 : De Pimodan, De Goritz à Sojia, in-&, Paris, 4593 ; A. d’Avril, Négociations relatives au trailé de Berlin, in-8°, Paris, 1886 ; Un diplomate (A. d’Avril), Les Bulgares, Paris, 4894 ; J. Krdic, En Bulgarie et en Roumélie en 1884, in-42, Paris, 1845 ; L. Léger, La Bulgarie, in-12, Paris, 1885, Lamouche, La Bulgarie dans le passé et dans le présent, in-12, Paris, 1892 ; La péninsule balkanique, Paris, 1899 ; Kanitz, Donau-Bulgarien und der PRatkan, 3 vol., Leipzig, 1876 ; C. Jirecek, Das Fürstenthiuin Biulgarien, in-8°, Prague, 1891, p. 301256, B. von Sydacoff, Bulgurien und der bulgarische Fürstenhoꝟ. 2° édit., in-B*, Berlin et Leipzig, 1890 : À. Durastel, Annuaire international de la Bulgarie (français-Lulgare), in-8°, Sofia, 1898 ; on trouvera dans cet ouvrage le texte du traité préliminaire de San-Stéfano, du traité de Berlin, et de la constitution qui régit actuellement la principauté, p. 9-68, avec le firman du Il mars 1870 relatif à la création de l’exarchat, p. 714-317 ; L. Dupuy-Péyou, La Bulgarie aux Bulgares, in-8&, Paris, 1895 : A. Rambaud, Histoire de la Russie depuis les origines jusqu’à nos jours, 4 : édit., in-12, Paris, 1893, p. 712-739, 782-802 ; Lavisse et Rambaud, Histoire générale du rv° siècle à nus jours, Paris, 1901, t. XI, p. 426-439, 459-478. On peut voir une bibliographie politique et ethnographique plus complète dans Lamouche, La Bulgarie, 4892, p. xVII-XIX, et surtout dans A. Durastel, op. cit., p. 755-759.

Sur le conflit gréco-bulgare qui précéda ct suivit la création de l’exarchat, il existe une infnité de brochures, parues en grec, cn bulgare et en français. Les citer toutes serait renouveler inutilement les travaux d’Hercule ; il importe néanmoins d’en constituer un dossier, afin de faciliter les recherches à celui que tenterait jamais l’histoire de ce différend qui reste toujours à écrire en notre langue : Ἡ Βουλγαροσλαβική συμμορία καὶ ἡ τριανδία αὐτῆς, πραγματεία συγγραφεῖσα μετὰ πλείστης ἐπιμελείας παρὰ Γεωργίου Τσουκαλᾶ τοῦ Ζακυνθίου, in-8o, Constantinople, 1859 ; Μετάφρασις ἐκ τοῦ Βουλγαρικοῦ, ἀπὰντησις εἰς τὸν λόγον τοῦ κ. Σ. Καραθεοδωρῆ, in-4°, 1860 ; Les Bulgares et le haut clergé grec, trad. du bulgare (maniteste des Bulgares de Constantinople contre le patriarche œcuménique et le clergé phanariote) en date du 15/27 avril 1860 : Les Bulgares et le patriarche œcuménique, in-&, Constantinople, 1861, manifeste dirigé contre le Plhanar, la Russie et surtout les lazaristes ; Circulaire patriarcale de Joachim 11, en grec et en bulgare, datée du 25 fevrier, 9 mars 1561, in-8°, 15-16 pages ; Ἢ cuvi, τῆς ἀλυ θείας, par un chrétien orthodoxe (en grec et en bulgare), Constantinople, 1801 ; La question bulgare et la propagande romaine, une voix de l’Orient, par P. S.(en grec et en français), in-&, Athènes, 1861 ; Soubiranne, Les Bulgares, les Grecs, les Arméniens, Paris, 1862 ; Actes relatifs à l’Église bulgare, extrait de la Revue de l’Orient, de l’Algérie et des colonies, in-8°, Paris, 1863 ; G. Lazopoulos, Ὁ χριστινισμὸς τῶν Βουλγάρων κατᾶ τὸν θ’αἰῶνα, ἡ ἕνωσις αὐτῶν μετὰ τῆς ἀνατολικὴν ὀρθόδοξον Ἐκκλησίανη, καὶ τὶς ἡ σχισματικῆ Ἐκκλαησία, Constantinople, 1863 ; Ὁ βουλγαρισμὸς πρὸ τοῦ ἱστορικοῦ, τοῦ ἐθνοπολιτικοῦ καὶ τοῦ ἐκκλησιαστικοῦ βήματος, par E., in-8°, Constantinople, 1864 ; Grégoire, Πραγματεία περὶ τῆς κανονικῆς δικαιοδοσίας τοῦ οἱκουμενικοῦ πατριαρχικοῦ θρόνου ἐπὶ τῶν ἐν Βουλγαρίᾳ ὀρθοδόξων Ἐκκλησίων, in-8°, Constantinople, 1860 ; Τα ἐν τῇ ἁρμονίᾳ περὶ τοῦ Βουλγαρικου ζητήματος, in-8°, Constantinople, 1866 ; Ἀπάντησις τῆς τοῦ Χριστοῦ μεγὰλης Ἐκκλησίας πρὸς τὰ παρὰ τῆς Ὑψηλῆς Πύλης ἀρτίως ἀποσταλέντα ἔγγραφα περὶ τοῦ βουλγαρικοῦ ζητήματος, in-4°, Constantinople, novembre 1868 (réponse de Grégoire VI et de son synode, 45, 27 novembre 1868, à la Porte au sujet de deux projets d’exarchat bulgare présentés par le premier ministre) ; Ἐπιστολιμαῖον ὑπομνημα τῆς τοῦ Χριστοῦ μεγὰλης Ἐκκλησίας πρὸς τὰς λοιπὰς ὁρθοδόξους αὐτοκεφάκους ἁγίας Ἐκκλησίας περὶ τῆς κατὰ τὰ ἐτη, 1868-1870, πορείας τοῦ κατὰ Βουλγὰρους ἐκκλησιαστιχοῦ ζητήματος, in-8°, Constantinople, 1870 (recueil des pièces officielles grecques et turques se rapportant à ce différend) ; une autre édition de cette brochure a paru à Constantinople en 1894, au Phanar, in-8° : Κανονισμὸς περὶ τῆς διοικήσεως τῆς βουλγαρικῆς ἑξαρχίας, in-4, Constantinople, 1870 (règlement organique de l’Église bulgare, octobre 1870) ; Ἀντιρρησις εἰς τὸ ἐπιστολιμαῖον ὑπόμνημα τοῦ πατριαρχείου ἢ ἀπολογία τῶν ὀρθοδόξων Βουλγάρων πρὸς τοὺς ὁμοδόξους αὐτῶν χριστιανούς, in-8°, Constantinople, 1871 ; Ἐγκύκλιος ἐπιστολὴ τῆς ἱερᾶς βουλγαρικῆς Συνόδου πρὸς τᾶς αὐτοκέφαλους Ἐκκλησίας, Constantinople, 1871 ; Διευκρένησις