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BULGARIE

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tribut à Pierre, refusèrent dorénavant de le faire. La guerre s’ensuivit, Pierre lut battu par le basileus Nicéphore Phocas et par les Russes de Sviatoslav qui envahirent ses États. G. Schlurnberger, Un empereur byzantin au Xe siècle, Nicéphore Phocas, in-8°, Paris, 1890, p. 339-343, 5Î8-576, 735-742. Après sa mort, 969, les Russes s’emparèrent de Péreiaslavets, sa capitale, et firent son fils, Boris II, prisonnier, 970. Celui-ci appela à son secours l’empereur grec Jean Tzimiscès, qui accourut en effet, reprit Péreiaslavets, délivra Boris, et, traître à sa parole, l’amena à Constantinople, 972, pour le faire renoncer à la couronne et devenir patrice byzantin. Par le fait de ces victoires et de cette trahison de Tzimiscès, la descendance d’Asparouch était à tout jamais exclue du trône et la Bulgarie orientale incorporée purement et simplement à l’empire grec. G. Schlurnberger, L’épopée byzantine, Paris, 1896, t. i, p. 585-673, 751-755.

Restait la Bulgarie occidentale ou ochridienne, séparée de l’autre depuis 963 par la révolte de Chichman et qui avait réussi à garder son indépendance. Entre elle et l’empire byzantin s’engagea un duel à mort, qui dura près de cinquante ans et se termina par la ruine définitive de l’un de ces États. Devenus les seuls maîtres du parti national, lors de la déposition de Boris II par Tzimiscès, les fils de Chichman, David d’abord, 968-977, puis Samuel, 977-1014, luttèrent sans relâche contre les Byzantins. Pendant cinq campagnes successives, le basileus Basile II, surnommé le Bulgaroclone ou tueur des Bulgares, tourna toutes les torces de son empire contre les tsars de Bulgarie. Battu en 986, il reprit en 991 les hostilités qui durèrent jusqu’en 995, G. Schlurnberger, L’épopée byzant ine à la /indu Xe siècle, Paris, 1900, t. ii, p. 42-58 ; durant la seconde campagne, 996-999, il remporta de nombreux succès et s’empara de Durazzo, G. Schlurnberger, op. cit., t. il, p. 131-150 ; durant la troisième, 1001-1005, il emporta d’assaut les villes de Verria, Servia, Mogléna, Scopia et autres places de la haute et de la basse Macédoine, ainsi que de l’Albanie, G. Schlurnberger, op. cit., t. ii, p. 211-232 ; durant la quatrième, 1006-1015, presque toute la Bulgarie fut conquise et le terrible adversaire de Basile II, le tsar Samuel, expira de douleur, 24 octobre 1014, à la vue de 15000 prisonniers bulgares que le basileus vainqueur lui renvoyait, après leur avoir crevé les yeux, G. Schlurnberger, op. cit., t. ii, p. 333-366 ; enfin, la cinquième campagne se termina par la mort violente du tsar Gabriel Romain, fils de Samuel, 1015-1016, puis de Jean Vladistlav, son neveu, 1016-1018, et par l’annexion de toute la Bulgarie à l’empire byzantin. G. Schlurnberger, op. cit., t. ii, p. 375-397.

Au milieu de ces rivalités et de ces luttes d’extermination, que devenait le patriarcat bulgare ? Il changeait de siège, aussi souvent que les tsars changeaient de résidence, se fixait d’abord à Péreiaslavets, la première capitale bulgare retrouvée naguère près de Choumla, Découverte archéologique de M. Ouspenskij, dans les Échos d’Orient, t. ni (1900), p. 209-211, puis à Dorostolon ou Dristra, la Silistrie moderne, puis à Sraditza ou Sofia, puis à Viddin, puis à Mogléna, puis à Prespa, et enfin à Ochrida. Nous tenons ces renseignements d’une Notitia episcopatuum, publiée par Du Cange, Familiie augustge byzantines, citée par Le Quien, Oriens christianus, t. ii, col. 289-292, et rééditée par H. Gelzer, Der Patriarchat von Achrida. Geschichle und Urkunden, Leipzig, 1902, p. 6, 7, et surtout d’une Novelle de Basile II, le Bulgaroctone, celui-là même qui mit fin à ce patriarcat. Novelle de mars 1020, publiée par H. Gelzer, Vngedruckte und wenig bekannte Bistùmerverzeichnisse der orientalischen Kirche, dans Byzantinische Zeilschrift, t. n (1893), p. 44, 45. On voit donc combien est erronée l’opinion de ceux qui fixent le siège du premier patriarcal bulgare soit à Prestav ou Péreiaslavets, soit à Ochrida.

Péreiaslavets et Ochrida ne sont que le premier et le dernier séjour de ce patriarcat nomade, ambulant, qui compte jusqu’à sept sièges différents, et encore en oubliant que saint Gorazd dirigea l’Église bulgare, sans avoir de siège fixe, et saint Clément comme évêque de Vélitza.

Les noms des titulaires de ce patriarcat ne sont pas tous également connus et surtout également sûrs. Le premier est Joseph, envoyé par saint Ignace en 870. et dont le nom est certifié par un document bulgare contemporain, Goloubinski, Précis d’histoire des Eglises orthodoxes, p. 34, 256 ; après lui viennent Georges, qui figure dans une lettre du pape Jean VIII à Boris, datée du 16 avril 878, P. L., t. cxxvi, col. 276 ; Jaffé-Wattenbach, Regesta ponti/icmn, n. 2357, et Agathon, qui assiste au concile photien de 878. Goloubinski, op. cit., p. 35 sq. Cependant, Georges et Agathon ne portent que le titre d’évêque, et rien ne nous assure que Joseph fût déjà mort à ce moment. Nous trouvons ensuite Léonce, Dimitri, Serge, Grégoire, dont les noms figurent dans un Synodicon bulgare et qui sont placés à cette époque, mais d’une manière dubitative, par Goloubinski, op. cit., p. 36. N’oublions pas saint Gorazd et saint Clément, mort en 914, qui, tous les deux, exercèrent le pouvoir d’archevêque de Bulgarie, sans en porter le titre. Enfin, nous abordons un terrain plus solide avec Damien, qui fut reconnu comme patriarche par Rome d’abord, ensuite par Constantinople. Chassé de Dorostolon ou Dristra, siège de son patriarcat, et déposé par Jean Tzimiscès en 972, lors de la prise de cette ville et de la conquête de la Bulgarie orientale, Damien se réfugia auprès de David tsar de la Bulgarie ochridienne, et fut accueilli comme le chef véritable de l’Église bulgare. Ses successeurs furent Germain ou Gabriel, qui résida à Viddin et à Prespa, Philippe, qui, le premier, se fixa à Ochrida, David, qui dut assister à la ruine de sa patrie, et Jean, qui, après la suppression du royaume bulgare occidental, fut confirmé dans sa charge par Basile II le Bulgaroctone, mais avec le simple titre d’archevêque de Bulgarie. Du Cange, loc. cit. ; G. Schlurnberger, L’épopée byzantine, t. il, p. 418-432 ; Zacharias von Lingenthal, Beitrâge zur Geschichle der bulgarischen Kirche, dans les Mémoires de l’Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. vin (1864), p. 9-11, 14-16.

Quant à l’étendue de la juridiction de ces patriarches et au nombre des sièges épiscopaux qui leur étaient soumis, nous les connaissons suffisamment, depuis qu’on a retrouvé, dans un chrysobulle de Michel VIII Paléologue, daté de 1272, trois Novelles jadis envoyées à Jean d’Ochrida par Basile II, en vue de réorganiser l’Église bulgare et de lui assigner des limites bien précises. Un fragment de ce chrysobulle fut d’abord édité par Rhallis et Potlis, Sj-Tavij.a -ràiv xotvôvuv, t. v, p. 266 sq., et reproduit par Zacharioe von Lingenthal dans son Jus grseco-ronmnum, t. iii, p. 319. Porphyre Ouspenskij retrouva dans un manuscrit du Sinaï le texte complet, qui fut édité, d’après sa copie, par E. Goloubinski, Précis d’histoire des Églises orlliodoxes, p. 259263, et réédité d’une manière vraiment critique p ; r H. Gelzer, Vngedruckte und wenig bekannte Bistùmerverzeichnisse. .., dans la Byzantinische Zeilschrift, t. n (1893), p. 42-46. On y voit tout d’abord que, tout en le maintenant sur son siège d’Ochrida, Basile II concédait à Jean la même juridiction qu’il avait possédée, ainsi que ses prédécesseurs, sous le tsar Samuel, 977-1014. Par suite de ce premier règlement, l’archevêché d’Ochrida comptait seize évêchés suffragants, Castoria, Glavinitza, Mogléna, Bitolia ou Pélagonia, Stroumnitza, Morozvisd, Vélévouzda ou Kustendil, Triaditza ou Sofia, Nich, Vranitza, Belgrade, Thromos, Scopia ou Uskub, Prizdriana ou Prizrend, Lipainion ou Lipljan, enfin Servia. H. Gelzer, op. cit., p. 42, 43, 48-55. Le métropolitain de