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BOURZEIS — BOUVIER


fendit avec ardeur les doctrines du parti janséniste ; il <cri vit même, dans cette intention, son Apologie du candie de Trenteet de S. Augustin, in-4°, Paris, 1650, et Saint Augustin victorieux de Calvin et de Molina, in-4°, Paris, 1652..Mais en 1661, revenu de son erreur, il protesta, en signant le Formulaire, qu’il voudrait pouvoir ellacer de son sang tout ce qu’il avait écrit, et qu’il aurait toute sa vie un souverain et inviolable respect pour les décisions du saint père. Il mourut à Paris, le 2 août 1762, laissant un grand nombre d’écrits de tous genres. Ceux qui intéressent de plus près la théologie sont, en dehors de ceux qui viennent d’être cités : 1° un traité sur l’Excellence de l’Église catholique, et raisons (/ni nous obligent à ne nous en séparer jamais, in-4°, Paris.’1648 ; 2° plusieurs Dissertations sur les jmssages de l’Écriture dont les libertins se servent pour en détruire l’autorité.

Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, Paris, 1822, t. v, p. 233 ; Hurter, Namenclator litcrarius, Inspruck, 1893, t. il, col. 59 ; Niceron, Mémoires, t. xxiv.

C. Toussaint.

    1. BOUSSARD Geoffroy##


BOUSSARD Geoffroy, naquit au Mans en 1439, et y mourut en 1520 ou 1522. Il professa d’abord la philosophie et les humanités au collège de Navarre, reçut le grade de docteur en théologie (1489) et devint, dans la suite, recteur de l’université de Paris. Ce fut comme délégué de cette même université qu’il assista au conciliabule de Pise et en rapporta, pour être soumis à l’examen de la Sorbonne, le traité de Cajetan sur l’autorité du pape et du concile. La même année, 1511, il fut fait chancelier de l’Église de Paris. Sept ans plus tard, 1518, il permuta sa chancellerie pour un bénéfice dans son diocèse d’origine. C’était un homme d’une grande érudition, très versé dans l’histoire ecclésiastique. Voici la liste de ses travaux : 1° une édition de YHistoire ecclésiastique d’Eusèbe, traduite par Rufin, in-4°, Paris, 1497 ; 2° Commentaria in cpist. S. Pauli du diacre Florus ; 3° un commentaire In septem psalmos psenitentiales, in-8", Paris, 1519 ; 4° De divinissimo missse sacrificio, in-4°, Paris, 1511 ; 5° De conlinenlia sacerdotum, Paris, 1505 ; Rouen, 1513.

Ellies Dupin, Bibtioth. des aut. cccles., 1719, t. xiv, p. 9 ? ; Richard et Giraud, Biblioth. sacrée, 1822, t. v, p. 235 ; Hurter, Nomenclator, 1899, t. iv, col. 1148-1149 ; Féret, La faculté de théologie de Paris. Époque moderne, Paris, 1901, t. ii, p. 88-92.

C. Toussaint.

    1. BOUTREUX Jacques##


BOUTREUX Jacques, sieur d’Etiau, écrivain gallican, mathématicien, né aux Ponts-de-Cé, en Anjou, mourut pauvre et âgé en 1682. Discuta avec ardeur les idées de Charles Miron, évêque d’Angers, en écrivant contre lui : Examen des cahiers (c’est-à-dire des pièces que Miron avait fait imprimer dans son palais contre l’archidiacre Pierre Carande), in-8°, Paris, 1625 ; De la puissance royale sur la police de l’Eglise, contre les maximes de M. l’évêque d’Angers, in-8°, Paris, 1625.

Lelong, Bibliothèque historique de la France, p. 132-201 ; Moreri, Dictionnaire, t. ii, p. 204.

L. Lœvenrrugk.

    1. BOUVIER Jean-Baptiste (M’J r)##


BOUVIER Jean-Baptiste (M’J r), évêque du Mans (1831-1854), théologien, né le 16 janvier 1783 à Saint-Charles-la-Forél (Mayenne), professeur de philosophie au collège de Château-Gontier (1808), appelé au grand séminaire du Mans (1811) où il fut d’abord professeur de philosophie et, peu après, de théologie morale, puis supérieur (1819), et enfin vicaire général (1820) jusqu’au moment de sou élévation sur le siège du Mans (1834) ; mort à Rome le 28 décembre 1854.

Par l’inlluence intellectuelle considérable qu’il a exercée sur le clergé de sou temps, grâce à la diffusion dans presque tous les séminaires de France, des quinze éditions de ses Institutiones theologicse, Mo » Iiouvier mérite une place à part, et un.’place d’honneur, dans l’histoire de la théologie au xixe siècle. Sa théologie

a eu la rare fortune d’être le premier, et, pendant longtemps, l’unique manuel qui convint à la période de transition (1830-1870) caractérisée par l’agonie des deux erreurs, gallicane et janséniste, et par l’aurore des justes restaurations dans tous les ordres de la vie ecclésiastique : philosophie, théologie, droit, histoire, liturgie, etc.

Publiée d’abord par traités séparés, 13 vol., 1818-1833, la théologie de Ns’Bouvier ne parut qu’en 1834 en première édition complète, avec la distribution en 6 volumes qu’elle a toujours gardée depuft. Au cours des rééditions qu’il en avait lui-même préparées jusqu’en 1852, l’auteur s’était constamment appliqué à améliorer son travail, sans toutefois l’expurger assez des traces de gallicanisme qui lui valurent dans l’opinion publique, vers 1850, des critiques suscitées par le développement progressif des idées ultramontaines. Plus gallican d’esprit que de cœur, et par vitesse acquise d’éducation première plus que par conviction personnelle, Ma^ Bouvier accepta très volontiers de faire reviser sa théologie à Rome, sous les yeux de Pie IX. Une nouvelle édition, la huitième, parut en 1853, modifiée d’après les indications des correcteurs romains. Plus tard enfin, après la mort du savant et saint évêque, les professeurs du séminaire du Mans firent une nouvelle revision de son œuvre, qui élimina encore un bon nombre d’imperfections échappées à la correction trop hâtive de 1853.

Les variations successives et profondes qu’ont subies les Institutiones theologicæ obligent le critique d’histoire à se montrer réservé dans l’appréciation d’ensemble que mérite cet ouvrage célèbre, répandu, dès 1853, dans plus de soixante séminaires français. Pour en porter un jugement équitable, il convient d’y considérer à part le dogme, la morale et les qualités pratiques du manuel. Pour la partie dogmatique, au moins en ce qui concerne les premières éditions, il y a lieu de ne pas admirer, sans de sérieuses réserves, l’orthodoxie générale de l’auteur. Aussi peu gallican que possible, tout près même de ne l’être plus du tout, Mu r Bouyier l’a été cependant, comme l’était communément l’élite intellectuelle ecclésiastique de son époque. On doit attribuer aussi à la mode du temps les inspirations cartésiennes dont son esprit était préoccupé, ainsi qu’en témoignent expressément, par ailleurs, ses publications philosophiques. Ces erreurs ou défauts de rédaction ont à peu près disparu à partir de 1853.

Au point de vue de la morale, l’œuvre de l’évêque du, Mans était, au contraire, et est restée tout à fait remarquable. Elle prend netteinent position contre le jansénisme ; elle introduit les doctrines de saint Alphonse de Liguori dans l’enseignement, et si cette réaction, aussi méritoire que courageuse, contre les sévérités de Collet et d’autres innombrables manuels de casuistique plus ou moins issus de la même source, n’atteint pas du premier coup, et sur tous les détails, la perfection de nos théologies morales actuelles, on doit dire cependant que Mar Bouvier en a été, avec le cardinal Gousset, parmi les théologiens français, le plus puissant initiateur.

Reste à parler des qualités pratiques du manuel fameux. On a blâmé, comme œuvre de confusion indigeste, l’amoncellement, en 6 volumes, d’une foule de connaissances (histoire, liturgie, droit canonique, droit civil, etc.) qui n’ont qu’un rapport indirect avec la théologie proprement dite. Pour l’heure présente, où l’on peut diviser et spécifier utilement les diverses parties de la science ecclésiastique, la critique serait fondée. Elle l’est beaucoup moins si l’on se reporte à quatrevingts ans en arrière, au temps où il fallait, sans grandes ressources pratiques de travail, dans la pénurie des hommes, des idées et des choses, en présence de besoins sociaux urgents et d’ordre moins spéculatif que pratique, infuser eu trois ans aux jeunes clercs la somme strictement indispensable de notions que réclamait alors la