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BOURSE (JEUX DE]

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tensité et une rapidité extrêmes, l’offre et la demande d.ms le temps et dans l’espace.

On appelle biens fongibles ceux qui se déterminent par leur quantité et leur qualité, en sorte que ces marchandises jouissent en divers temps et divers lieux d’une échangeabilité parfaite. De cette manière les demandes et les offres peuvent être faites sans qu’il soit nécessaire de présenter des échantillons et le nombre des marchandises admises à la bourse peut être considérablement augmenté. Alors que dans un marché ordinaire ne peuvent entrer en concurrence que les marchandises ainenées en nature, on fait à la bourse des transactions sur des objets qui se trouvent sur tous les points du globe et même sur ceux qui n’existent pas encore au moment où se font les négociations.

Au point de vue juridique les bourses sont des réunions périodiques, ou même quotidiennes, de négociants cl de personnes prenant part au commerce, dont le but est la conclusion d’affaires commerciales sans présentation, transmission et paiement immédiat de la marchandise.

Division.

On divise les bourses en bourses des

valeurs ou bourses financières et bourses des marchandises ou bourses de commerce. Les bourses financières sont celles où s’opèrent la vente et l’achat de lettres de change, de fonds publics, de valeurs industrielles, d’actions et d’obligations de sociétés de crédits, de chemins de fer, etc. Dans les bourses de commerce on effectue la vente et l’achat de marchandises disponibles ou à livrer : matières premières, céréales, cafés, pétrole, laines, cuivre, etc., dans certaines conditions déterminées de qualité et de quantité.

A Paris les deux bourses ont un local distinct ; à Hambourg les valeurs et les marchandises se négocient dans le même édifice.

II. Historique.

i° c période : Moyen âge et XVIe siècle. — Le commerce d’argent exercé au Forum par les banquiers de Rome peut-il être assimilé aux bourses modernes, c’est un point d’histoire qui reste extrêmement douteux. Il semble bien que le trafic de bourse prit naissance au moyen âge seulement. Comme nous l’avons exposé à l’article Banque, les négociations de banque reçurent au moyen âge un très grand développement. De bonne heure, les marchands — les exportateurs surtout — prirent l’habitude de se réunir pour traiter les affaires d’argent, de change ou d’assurances maritimes autour du bureau du changeur. C’est là qu’on apprenait les nouvelles des pays étrangers, c’est là que se discutaient et se formaient les prix. Telle fut l’origine des réunions de bourse au Rialto à Venise, au Mercato Nuovo à Florence, sur la Piazza de’lianchi à Gênes ; dans les grandes villes commerçantes de Provence et de Catalogne c’étaient les « Places des Changes » , les ci Plazas de los Cambios » .

Le nom de bourse est originaire de Bruges ; la place où se tenait le commerce d’argent et de change s’appelait « de Burse » , parce que c’est là que se trouvait la maison des grands banquiers des Flandres, les van der Burse, dont l’écusson portait trois bourses. Au XVe siècle le nom de bourse passa à Amiens, au xvi 8 il était répandu dans toute l’Furope. A Londres, la bourse établie par Thomas Gresham (1556-1570) reçut pour des motifs d’ordre national le nom de Royal Exchange et dès lors l’appellation de Excliange pour désigner la bourse fut reçue et se propagea dans tous les pays de banque anglaise.

A partir du xvr siècle, le commerce de bourse prend son essor. Les causes de ce mouvement ascensionnel sont nombreuses et variées : le développement du commerce d’exportation occasionné par les découvertes géographiques, l’accroissement de la circulation monétaire, l’expansion du crédit, l’évolution de la grande industrie, I amélioration des moyens de communication, enfin la

disparition des entraves apportées à la liberté- du commerce et des échanges. A cette époque les deux bourses principales étaient celles de Lyon et d’Anvers. C’est là que se concentraient les nouvelles commerciales du monde, donnant les éléments nécessaires pour établir un prix de bourse, sorte de cours officieux.

Cependant au xvie siècle, la technique des bourses est encore très imparfaite. Si les marchés à terme n’étaient pas, comme au moyen âge, tout à fait exceptionnels, ils ne constituaient pas encore, comme de nos jours, le levier de la spéculation. En règle générale, les affaires se traitaient au comptant, les marchés étaient effectifs. La compensation, déjà en vigueur au moyen âge, prit une grande extension à la fin du xvi a siècle chez les banquiers génois qui, après une série de crises financières, avaient concentré entre leurs mains la plus grande partie du change international.’2' période : xyii* et xviw sirdes. — Au commencement du xviie siècle, les gros capitaux affluent à Amsterdam et c’est dans cette place que se dessinent les traits caractéristiques de la bourse moderne. Nous voyons s’introduire à la Bourse d’Amsterdam le commerce des actions de sociétés commerciales ou industrielles. Il est vrai qu’au moven âge les parts des « Monti » avaient été l’objet de transactions, mais ce fut un fait isolé qui ne franchit pas les Alpes.

En 1602, se fonda à Amsterdam la Vereenigde Oostindische Compagnie, la première société moderne par actions, dont les titres étaient régulièrement négociés à la bourse. La spéculation s’en empara, se mit à la hausse et poussa le mouvement d’ascension des titres pendant plusieurs années. Mais, par suite de difficultés de diverse nature, une réaction se produisit ; une puissante coalition de baissiers se forma, vendant à découvert de gros paquets de titres. Ce fut l’origine de la pratique des opérations à terme et à découvert. Aussi, dès 1610, parut la première législation prohibitive des marchés à découvert, successivement renforcée de 1621 à 1675. Elle n’eut du reste aucun résultat appréciable. On retrouve une situation semblable en 1622, à la fondation de la Compagnie des Indes orientales.

Au ww siècle, la technique des opérations de bourse atteint à Amsterdam un degré de perfection qui n’a point été dépassé dans les temps modernes. On rencontre les marchés à terme avec des époques fixes de liquidation, les opérations à découvert, le report et la compensation. On constate aussi les mêmes abus de la spéculation de bourse, les mêmes plaintes, les mêmes remèdes inefficaces, que de nos jours. Dès le xviue siècle la plupart des Etats, besogneux d’argent, ont recours à l’émission de gros emprunts, qu’ils négocient à la Bourse d’Amsterdam.

En Angleterre le commerce des valeurs avec sa technique complète s’introduit à Londres après la révolution de 1688. A partir de 1691, une multidude de sociétés industrielles par actions prennent naissance. Signalons à cette époque la première banque par actions : la Banque d’Angleterre. Le xviiie siècle amena une période de spéculation effrénée, la période dite des Sinttli Sea Bubbles, de 1711 à 1720. Le lord chancelier, le comte d’Oxford, pour combler un large déficit du Trésor, fonda la Compagnie de la mer du Sud ayant pour but d’exploiter les immenses richesses de l’Amérique du Sud. Alléché’par des promesses fantastiques, le public souscrivit en masse, mais bientôt le lord chancelier contraignit la société à prêter au Trésor dix millions de livres sterling, nécessaires pour consolider la dette flottante. Un krach suivit, mais n’arrêta pas les excès de la spéculation. En 1760 la bourse des valeurs, le Stock exchange, s’érigea en corporation.

lui France, après l’effondrement de la Bourse de Lyon, le gouvernement décréta l’établissement d’autres bourses : celles de Toulouse en 1549, de Rouen en 1556,