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BOUQUIN — BOURDALOUE


couvent d’Àix, docteur en théologie de l’université de cette ville ; mort au Buix le 14 février 1698. — Solis Aquinalis splendorcs circa SS. eucharisties mysteriwm aliaque christianse religionis arcana, in-fol., Lyon, 1677 ; De l’origine, antiquité, excellence et utilité de l’état religieux en l’Église, in-8°, Lyon, 1689.

Quétii-Echard, Script, ord. præd., t. H, p. 745 ; Hurter, Nomenclutor literarius, t. il, col. 431.

P. Mandonnet.

    1. BOURCOLACAS##


BOURCOLACAS. Voir Brucolaui l

    1. BOURDAILLE Michel##


BOURDAILLE Michel, docteur de Sorbonne, chanoine et vicaire général de la Rochelle, mort dans cette ville le 26 mars 1694, a composé divers ouvrages entachés bien souvent de jansénisme. L’assemblée générale du clergé de France, en 1700, censura deux propositions de sa Théologie morale de S. Augustin, in-1’2, Paris, 1686. Sont également du même auteur : 1° Théologie morale de l’Évangile, comprise dans les huit béatitudes et dans les commandements d’aimer Dieu et leprochain, in-12, Paris, 1691 ; 2° Défense de la foi de l’Église touchant l’eucharistie, in-12, 1676 ; 3° Défense de la doctrine de l’Église touchant le culte des saints, in-12, 1677 ; 4° De la fart que Dieu a dans la conduite des hommes, livre inséré dans le Traité de la grâce de Nicole, t. il.

Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, Paris, 1822, t. v, p. 223 ; Feller, Biographie universelle, Paris, 1845, t. ii, p. 184 ; Hurter, Nomenclator, t. ii, col. 586.

C. Toussaint.

    1. BOURDALOUE Uouis##


BOURDALOUE Uouis. - I. Biographie. II. Doctrine. III. Méthode oratoire.

I. Biographie.

Né à Bourges, baptisé dans cette ville, le 29 août 1632, Bourdaloue mourut à Paris, le 13 mai 1704. Après de fortes études au collège de sa ville natale, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus à Paris, en 1648. Sa vie ne présente rien que d’uniforme, et l’on a pu la résumer en ces quelques mots : « Il prêcha, il confessa, il consola. » Prolesseur à Amiens, à Orléans et à Rouen, il fit à Nancy sa troisième année de probation. Préfet au collège d’Eu, il y prononça ses grands vœux, le 2 février 1666. Après quelques années de ministère apostolique en province, à Amiens, à Rennes et à Rouen, il arriva à Paris, en 1609, et débuta, comme prédicateur, à l’église de la maison professe des jésuites, rue Saint-Antoine. Ses succès oratoires furent désormais ininterrompus. Il prêcha devant la cour de Louis XIV cinq carêmes et sept avents, ce qui lui valut le surnom de « roi des orateurs et orateur des rois » . Cet illustre jésuite donna toujours l’exemple des vertus religieuses et fut estimé, pour son caractère autant que pour son talent, à l’égal des grands hommes de son temps.

II. Doctrine.

Bien qu’il soit singulier de demander à un poète l’appréciation de Bourdaloue théologien, Ducis a formulé en quelques mots le jugement le plus exact, quand dans son testament il recommandait la lecture fréquente de « cet admirable prédicateur, trésor de toute la doctrine chrétienne, théologie entière du simple chrétien de tous les climats et de tous les siècles » .

1 » Dogmatique. — Le dogme ne tient pourtant que la seconde place dans les sermons de Bourdaloue ; lui-même ne faisait pas difficulté de le reconnaître, au dire de dom Thierry de Viaixiies, rapportant un de ses entretiens ; mais cette seconde place ne laisse pas d’être considérable. Il ne négligeait pas, écrit son premier éditeur, le P. Bretonneau, « d’expliquer les plus hauts mystères et les plus difficiles questions de la loi. Il en parlait avec habileté et même avec d’autant plus d’autorité qu’il possédait parfaitement ces sortes de matières. » Avent, préface.

Il n’est guère, en effet, de vérité chrétienne qu’il n’ait

traitée, l’exposant toujours avec un large ei lumineux bon sens, ne s’altachant exclusivement à aucune école, ni à aucune opinion particulière, mais développant dans sa plénitude l’enseignement traditionnel de l’Église. Certaines questions toutefois, questions rendues de son temps plus actuelles par la lutte du catholicisme en France contre les protestants, les jansénistes, les quiélistes et les libertins, l’ont particulièrement occupé, comme il convenait à la nature de son éloquence essentiellement pratique et adaptée aux besoins présents de ses auditeurs.

1. En face des protestants.

Ce n’est qu’en passant qu’il attaque Luther ou Calvin. Cependant il a plus d’une fois combattu l’erreur de la justification par la loi seule sans les o’uvres. Il démontre d’une part, avec les Pères, que sans la foi toutes les œuvres sont mortes, et d’autre part que la foi non vivifiée par les œuvres n’est qu’une foi chimérique et imaginaire. La foi, 3e dimanche après l’Epiphanie. Quant à l’attitude à garder vis-à-vis des hérétiques, il partagea l’opinion de ses contemporains et félicita Louis XIV de la révocation de l’édit de Nantes : « Il faut, disait-il, pour venir à bout de l’hérésie, un bras qui la dompte et une tête qui la réfute. » Eloge funèbre de Henri de Bourbon. Personnellement, il s’était employé à contribuer par la persuasion à la conversion des réformés en allant prêcher le carême à Montpellier en 1686. Mais la controverse proprement dite l’attirait peu. Les discours qui appartiennent à cette catégorie assez restreinte sont YEssai d’octave du Saint-Sacrement et des sermons ou parties de sermons sur le culte de Marie et la prière pour les morts. On trouve exposés, d’une manière qui sent moins la polémique, ses principes et ses idées soit sur le protestantisme français, soit sur les hérésies en général, dans l’Eloge funèbre de Henri de Bourbon, ce prince né huguenot et devenu l’un des adversaires les plus ardents des réformés ; dans ses exhortations sur la charité envers les Nouveaux catholiques et en faveur du Séminaire des Irlandais, dans le sermon pour la fête de saint Pierre sur l’Obéissance à l’Église, ainsi que dans le panégyrique de Saint François de Sales ; enfin dans les pensées sur la Naissance et le progrès des hérésies.

2. En face des jansénistes.

Il consacra une plus grande somme d’efforts contre le jansénisme, demeuré l’une des querelles religieuses les plus vives de son époque. Au dire du P. Rapin, Mémoires, t. iii, p. 411, dès la première année où il monta dans les chaires de la capitale, il aurait donné occasion à Boileau, qui lut l’un de ses admirateurs et de ses amis, de dire « que les jésuites avoient délait les jansénistes en bataille rangée, le P. Bourdaloue par sa prédication, etc. » . L’on a souvent répété de son œuvre qu’elle fut la meilleure réponse à Pascal et au grand Arnauld, la véritable revanche des Provinciales.

Sur la question alors tant agitée de la grâce, préoccupé de rester dans de justes limites, il remettait en lumière contre les pélagiens et les semipélagiens la nécessité de la grâce prévenante ; mais il avait soin de maintenir les droits du libre arbitre. A ses yeux, nous ne sommes pas libres de refuser ou d’avoir a volonté la grâce, mais, après l’avoir reçue, nous sommes libres d’en bien ou mal user. De plus, il ne veut pas que dans l’état de péché nos bonnes actions deviennent mauvaises ; même alors elles ont leur utilité, parce qu’elles peuvent nous aider à rentrer dans la voie du salut. Il convient d’ajouter qu’il semble parfois, en parlant de Dieu qui retire sa grâce au pécheur et l’abandonne à lui-même, prêter le tlanc à l’accusation de rigorisme. Sermon sur le retardement de la pénitence.

Dans la contestation alors si vive touchant la sévérité de la pénitence, les théories de Saint-Cyran sur la nécessité de la conversion intérieure préalablement aux